Lilli Lehmann

Lilli Lehmann, de son vrai nom Elisabeth Maria Lehmann, née le à Wurtzbourg[1] et morte le à Vienne[1], était une soprano allemande.

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Biographie

Elle passa sa jeunesse à Prague où sa mère, Maria-Theresia Lehmann-Löw, amie d'enfance de Richard Wagner, cantatrice et harpiste, lui enseigna le chant. Son père Karl-August Lehmann est un ténor, et sa plus jeune sœur, Marie sera également cantatrice.

Elle débute en 1865[2] dans le rôle d'un des trois garçons de La Flûte enchantée de Mozart, avant d'interpréter Pamina puis, par la suite, la Reine de la nuit. Ensuite, elle se produit dans les villes de Dantzig, Leipzig puis à l'Opéra d'État de Berlin où elle chante Marguerite dans Les Huguenots de Meyerbeer en 1869 ; elle est un peu plus tard engagée par l'Opéra, où elle a remporté d'énormes succès. Elle est d'abord une « soprano d'agilité », une colorature puis, grâce à un travail acharné, elle réussit à transformer sa voix en puissance et en ampleur.

En 1876, elle est invitée au premier Festival de Bayreuth[2] par Richard Wagner qui lui confie les rôles de Woglinde dans L'Or du Rhin[3], d'Ortlinde dans La Walkyrie[3] et de l'Oiseau de la forêt dans Siegfried[3] pour la création de la Tétralogie. Ses relations avec Wagner remontaient à 1863, à Prague où il était venu diriger des concerts et où elle avait assisté à toutes les répétitions. En 1896, elle y chante Brünnhilde[2]. Elle est ensuite invitée dans différentes capitales, Londres, Paris, Stockholm, Vienne et à l'Opéra d'État de Prague où elle obtient de grands succès.

Le , elle débute au Metropolitan Opera de New York, dans le rôle-titre d'une version en allemand de Carmen. Le lendemain, le New-York Times souligne : "The audience was quick to recognize Fräulein Lehmann's excellences". Elle rompt son contrat avec l'Opéra de Berlin. Elle traversera dix-huit fois l'Atlantique au cours de sa carrière et y chanta le répertoire le plus étendu qui ait jamais existé.

Dès 1891, à Berlin où elle retrouve sa place à l'Opéra grâce à l'intervention de l'empereur Guillaume II, elle commence à enseigner et a comme élèves, notamment, Geraldine Farrar, Viorica Ursuleac (une des meilleures interprètes de Richard Strauss), Emmy Krüger et Germaine Lubin.

À l'âge de soixante-deux ans, elle renonce à la scène pour se limiter au concert. Elle enregistre encore quelques disques malgré le déclin de sa voix.

Entre 1901 et 1910, elle tente d'implanter un festival à Salzbourg et y fait jouer Don Giovanni de Mozart[1], où elle chante Donna Anna, et La Flûte enchantée. Elle assume la direction artistique de l'entreprise et devient l'un des plus ferme soutiens du Mozarteum.

Sa vie privée fut calme. Elle se marie en 1888 avec le ténor Paul Kalisch et, par la suite, s'en sépare car elle était trop indépendante pour supporter les contraintes de la vie conjugale. Elle était végétarienne, amie et protectrice des animaux, s'engageant dans la lutte contre la vivisection.

Tombe de Lilli Lehmann au cimetière de Dahlem (Berlin)

Reynaldo Hahn disait d'elle qu'elle était « la plus grande technicienne vocale qui ait jamais existé[4] ». Elle s'éteint à Vienne le . Une de ses dernières paroles fut : « Pourquoi n'ai-je plus de temps pour apprendre… L'art est trop difficile et la vie trop courte ».

Bibliographie

  • Lilli Lehmann (trad. de l'allemand par Maurice Chassang), Mon art du chant [« Meine Gesangkunst »], Paris, Rouart, Lerolle (1re éd. originelle en allemand publiée en 1902 à Berlin (OCLC 475009685) et rééditée en 1922 chez Bote & G. Bock (OCLC 924357101) ; première traduction initiale en français d’Edith Naegely en 1909 (OCLC 718719098) et, la même année, en anglais, par Richard Aldrich sous le titre How to sing (OCLC 938924776) puis, en 1922, sous une nouvelle traduction en français effectuée cette fois-ci par Maurice Chassang (OCLC 17704389) avec mise à jour considérablement supplémentée en 1960 (notice BnF no FRBNF41099870)), traduction issue de la troisième édition de la version originale allemande publiée en 1922 avec un contenu revu, augmenté et refondu de fond en comble par l’auteur (notice BnF no FRBNF41099870), lire en ligne : → [pdf de la version de 1909][version française de 1922][3e édition originale en allemand de 1922]

Liens externes

Références

  1. Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : Tome 2, Les Hommes et leurs œuvres. L-Z, Paris, Bordas, , 1232 p. (ISBN 2-04-010726-6), p. 633
  2. Dictionnaire de la musique : sous la direction de Marc Vignal, Paris, Larousse, , 1516 p. (ISBN 978-2-03-586059-0), p. 789
  3. Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 1691
  4. « Les introuvables du chant mozartien : airs et scènes extraits de La finta giardiniera, Il Re pastore ... », L’avant-scène opéra, Boulogne-Billancourt, prod. Emi Pathé Marconi (France), nos 79-82, , p. 114 (notice BnF no FRBNF38116398, lire en ligne)
    Brochure d’accompagnement consistant dans les n° 79-80 de L’Avant-scène opéra parus en septembre-octobre 1985, études et notices d’Alain Duault, André Tubeuf, Lotte Lehmann, Gabrielle Ritter-Ciampi, Irmgard Seefried, Roland de Candé, Alain Gueulette, Pierre Flinois, Piotr Kaminski ; référence commerciale : La voix de son maître 2905983 (coffret)
    « ... et même son mari, Paul Kalisch, d’avance et à jamais éclipsé, quoique ténor, par l’impérieux éclat de l'arrogante vestale du chant mondial, celle en qui Reynaldo Hahn reconnaissait « la plus grande technicienne vocale qui ait jamais existé ». Il se gardait bien de dire : la plus belle voix. Assurément la voix de Lilli fut quelconque. »
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