Les Bronzés
Les Bronzés est un film français écrit et interprété par la troupe du Splendid, réalisé par Patrice Leconte et sorti le .
Pour les articles homonymes, voir Les Bronzés (homonymie).
Titre original | Les Bronzés |
---|---|
Réalisation | Patrice Leconte |
Scénario | La troupe du Splendid et Patrice Leconte, d'après la pièce Amour, Coquillages et Crustacés du Splendid |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Trinacra Films |
Pays d’origine | France |
Genre | Film de mœurs |
Durée | 92 minutes |
Sortie | 1978 |
Série
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le scénario du film est l'adaptation d'une pièce de théâtre, Amours, Coquillages et Crustacés[1], parodie des clubs de vacances du type Club Méditerranée écrite par la troupe du Splendid.
Les Bronzés remporte un succès correct à sa sortie en salles (2,2 millions d'entrées) et devient, au fil du temps, un classique du cinéma populaire français[2].
Synopsis
1978. Gigi, Jérôme, Christiane, Jean-Claude et Bernard arrivent en même temps au club Med d'Assinie en Côte d'Ivoire, avec chacun son caractère bien différent.
C'est un club de vacances, où l'on paie avec des perles que l'on porte en collier et où on bénéficie d'une succession d'animations et des loisirs partagés[3], gérés par des "gentils organisateurs" pour les "gentils membres". Bernard vient retrouver son épouse Nathalie, installée au village depuis déjà une semaine. Popeye, chef des sports, Bobo et Bourseault, animateurs, les accueillent.
Immédiatement, des affinités s'installent dans le petit groupe, où chacun est venu dans l'espoir de faire de nouvelles conquêtes[3].
Inspiration
Le film reprend la trame, placée cette fois en Afrique, et l'humour plus grinçant de la troupe du café-théâtre le Splendid[4], adapté au nouvel humour de la fin des années 1970[5], qui avait fait le succès vingt ans plus tôt d'une autre comédie mettant en scène des scènes de séduction plus ou moins réussies dans club de vacances décontractées au bord de la mer. C'était Le Village magique, film franco-italien réalisé par Jean-Paul Le Chanois, sorti en 1955, tourné dans un des villages magiques fondés en 1950 pour les lectrices du magazine Elle, qui sont devenues ensuite le Club Med, après avoir fait connaitre les paysages et le potentiel touristique de l'Italie du sud auprès de la clientèle des jeunes touristes français. Patrice Leconte s'inspire aussi du ton de film écrit l'année précédente pour la même bande, par Jean-Marie Poiré, fils d'Alain Poiré, « grand producteur à la firme Gaumont »[4].
Les gags du films s'inspirent de situations parfois vécues, dans les années 70, aux cours desquelles le Club Med est un grand succès sur les plages de l’Afrique et de la Méditerranée[5] et devant les clients duquel se produit régulièrement la troupe du Splendid[5], encore inconnue, mais dont les acteurs ont gardé de précieuses anecdotes[5], que la troupe a dans un premier temps utilisées pour des scènes devenues culte sa pièce de théâtre « Amour, coquillages et crustacés », au succès remarqué[4]. L'acteur Michel Blanc a confié quatre décennies après, dans le documentaire Les Bronzés : les secrets de 40 ans d'amitié et de succès, s’être inspiré de ses propres expériences de rejet sur le plan sentimental, tandis que le rôle de séducteur accompli joué par Thierry Lhermitte s'inspire aussi de son passé[5].
Dès 1959, un article ironique mais approfondi d'Henry Raymond dans la revue Esprit [6], avait analysé le fonctionnament social d'un village de cases du Club Med, « un microcosme vécu de la culture de masse » au sein duquel émergent déjà deux catégories de membres bien différents, les "actifs", sportifs et séducteurs et les autres, plus spectateurs et qui les contemplent[7]. En 1976, le Club Med avait lancé une campagne de publicité appelée « Verbes », qu'il décline autour de « rêver », « contempler », « rire », avec des images exotiques et des gros plan de membres en vacances, sur le thème « sea, sex & sun » alors « populaire à l’époque », notamment via Sea, Sex and Sun chanson à succès de Serge Gainsbourg, sortie uniquement en disque 45 tours en juin 1978, mais cette image donnée à l'entreprise, « très stéréotypée va être largement critiquée », en particulier quand sort le film « Les Bronzés » en 1978[8].
Anecdote
Le PDG de l'époque du Club Med, Gilbert Trigano, ne voyait pas d'un bon oeil le projet de film et n'a ouvert aucun de ses villages. Le metteur en scène en a choisi un situé à Assouindé, construit par le gouvernement ivoirien à environ 80 kilomètres d'Abidjan, dont le nom a inspiré le célèbre refrain "Bienvenue à Galassouinda" déformation du nom[9]. La végétation a plus tard envahi ce village, fermé en 2005, sur fond de crises politiques successives qui ont pénalisé le tourisme en Côte d'Ivoire[9].
Fiche technique
- Titre : Les Bronzés
- Réalisation : Patrice Leconte assisté de Jean-Claude Sussfeld, Michel Such et Stéphane Clavier (stagiaire)
- Scénario : La troupe du Splendid et Patrice Leconte, d'après la pièce Amour, Coquillages et Crustacés du Splendid
- Musique : Michel Bernholc et Serge Gainsbourg pour la chanson du générique : Sea, Sex and Sun
- La chanson Village a été enregistrée et chantée par la fanfare Adélaïde
- Décors : Jacques d'Ovidio
- Costumes : Cécile Magnan et Francesco Smalto pour les costumes de Michel Creton
- Maquillage : Jean-Pierre Eychenne
- Accessoiriste : Roland Picherit
- Photographie : Jean-François Robin
- Ingénieur du son : Paul Lainé
- Perchman : Michel Villain
- Bruitage : Jean-Pierre Lelong
- Mixage : Maurice Gilbert
- Chef électricien : Marcel Moncel
- Montage : Noëlle Boisson assistée de Joëlle Hache, Dominique Roy, Annick Rousset-Rouard et Patricia de Keyser
- Montage sonore : Martine Rousseau
- Société de production : Trinacra Films
- Producteurs : Yves Rousset-Rouard (délégué), Michel Choquet (directeur de production), Gérald Molto (administrateur de production) et Simone Clément (secrétaire de production)
- Régisseur : Jacques Schaeffer assisté de John Pepper
- Attachée de presse : Caroline Vignes
- Distributeur : CCFC
- Format : Couleurs - Mono - 35 mm - Filmé avec du matériel Panavision
- Chef machiniste : Louis Balthazard
- Cadreurs : Edouardo Serra et Gérard Sterin
- Laboratoires Éclair
- Auditorium et mixage : Studios de Billancourt
- Générique : Euro-Titres
- Genre : comédie
- Durée : 92 minutes
- Pays d'origine : France
- Lieux de tournage : Assinie, Côte d'Ivoire[10]
- Date de sortie :
- France :
- Box-office français : 2 308 644 entrées
Distribution
- Josiane Balasko : Nathalie Morin, la femme de Bernard
- Michel Blanc : Jean-Claude Dusse
- Marie-Anne Chazel : Gisèle André alias Gigi
- Christian Clavier : le docteur Jérôme Tarayre
- Michel Creton : André Bourseault, un animateur surnommé « bip bip »
- Gérard Jugnot : Bernard Morin, le mari de Nathalie
- Martin Lamotte : Miguel Weissmuller, un animateur
- Dominique Lavanant : Christiane
- Thierry Lhermitte : Robert Lespinasse alias Popeye, le prof de gymnastique
- Bruno Moynot : l'homme au slip noir
- Luis Rego : Georges Pelletier alias Bobo, un animateur
- Guy Laporte : Marcus, le chef du village
- Michel Such : le gros homme
- Yvon Brexel : le cuisinier
- Mirella Rancelot : la fille de la cuisine
- Greta Vlietinck : L'allemande
- John Pepper : le mec italien
- Doris Thomas : la grande allemande
- Patricia Raux
- Pascale Deneu
- Marion Lanez
- Sylvie Obry
- Suzanne Wahlgren
- Hélène Aubert : Anne-Marie, une animatrice
Personnages
- Bernard Morin (Gérard Jugnot) : vient retrouver sa femme Nathalie (Josiane Balasko) qui est dans ce club depuis une semaine. Chacun des deux trompe son partenaire, mais le fait de manière ouverte, dans une forme de compétition.
- Jean-Claude Dusse (Michel Blanc) : un célibataire maladroit venu davantage dans ce club pour faire des rencontres que pour se reposer. Il est également amateur de solfège et médiocre joueur d'harmonica. Il est ceinture orange de karaté.
- Jérôme (Christian Clavier) : un médecin. Il est sans cesse dérangé mais ne perd jamais une minute pour draguer.
- Gigi (Marie-Anne Chazel) est une jeune femme un peu naïve qui cherche l'amour…
- Christiane (Dominique Lavanant) : une esthéticienne venue de province, qui souhaiterait rencontrer quelqu'un.
- Popeye (Thierry Lhermitte) : de son vrai nom Robert Lespinasse, le seul à ne pas venir au club, puisqu'il y est animateur annuel. Dragueur invétéré, il trompe constamment sa femme mais ne supporte pas que celle-ci ait une liaison, il lui arrive aussi de manquer parfois de confiance en lui.
- Bourseault (Michel Creton) : un animateur comique qui prend plaisir à faire rire tous les participants. Il est le seul personnage à connaître une fin tragique (il meurt piqué par une raie).
- Bobo (Luis Rego) : un autre animateur, de son vrai nom Georges Pelletier. Il n'apparaîtra pas dans les deux volets suivants.
- Marius (Guy Laporte) : le chef du village.
- Miguel Weissmuller (Martin Lamotte) : un autre animateur qui donne des cours de dessin.
- L'Homme en slip noir (Bruno Moynot) : un vacancier dont les raisons de venue à ce club sont assez mystérieuses. Il ne s'amuse jamais et est toujours en colère.
Production
Préproduction
L'idée de transformer la pièce Amours, coquillages et crustacés en film vient du producteur Yves Rousset-Rouard, l'oncle de Christian Clavier. Les membres de la troupe du Splendid choisissent pour le réaliser un de leurs copains, Patrice Leconte, dont ils avaient beaucoup aimé le film Les vécés étaient fermés de l'intérieur[11].
Tournage
Gilbert Trigano, PDG du Club Med, voit d'un mauvais œil la thématique du film reposant sur « la triple obsession de la nourriture, de l'amusement obligatoire et du sexe [qui] gouverne le séjour et fait passer l'inconfort relatif des cases[12] », si bien qu'il refuse que le tournage ait lieu dans un de ses villages. L'assistant de Leconte, Jean-Claude Sussfeld, part plusieurs semaines en repérage dans différents pays (Saint-Domingue, Sénégal) mais ne parvient pas à trouver des clubs de vacances aux structures similaires à ceux du Club Med, jusqu'à ce qu'il trouve en Côte d'Ivoire, à Assinie, un village de vacances construit par le gouvernement ivoirien sur le même modèle que celui du Club Med qui se trouve à quelques centaines de mètres à Assouindé[13]. Le lieu est surnommé Galaswinda en raison des nombreuses soirées de gala qui y sont données[14].
Musique
Le producteur Yves Rousset-Rouard suggère au réalisateur Patrice Leconte, qui cherche une musique de générique, d'utiliser la chanson Sea, Sex and Sun de Serge Gainsbourg, parue en juin 1978[15]. Bien que, selon Jacky Jakubowicz, attaché de presse de Gainsbourg à l'époque, cela ne soit pas son univers et son humour, l'auteur-compositeur-interprète, amusé, l'a laissé faire[15]. Mais peu sûr de lui, Gainsbourg se rend discrètement à la première du film à l'automne 1978 : Leconte se souvient que le chanteur a « regardé le générique avec sa chanson », ajoutant qu'« il a regardé un peu le début du film, puis il devait avoir quelque chose à faire, il est parti »[15].
La bande originale comprend une reprise de la chanson de Dalida Darla dirladada[16], qui date elle de 1970, dont les paroles ont été modifiées en « Viens nous voir à Galaswinda, darla dirladada / Y a du soleil et des nanas, darla dirladada / On va s'en fourrer jusque-là, darla dirladada / Pousse la banane et mouds l'kawa / Tous les soirs on f'ra la java, darla dirladada / En hurlant "Agadaouba !", darla dirladada (bis) »[17].
Faux raccords[18]
- Lorsque Christiane et Gigi discutent sur la plage tandis que Jean-Claude s'installe derrière elles, Christiane termine de vernir ses ongles puis range son vernis dans une petite pochette rouge. Au changement de plan, on la voit de nouveau en train de vernir ses ongles puis ranger son vernis dans la même pochette.
- Après que Bobo et Bourseault lui ont arraché son slip de bain, Jean-Claude récupère des algues pour cacher son entre-jambe et son postérieur. Or, en Côte d'Ivoire, où l'action se déroule, il n'y a pas d'algues dans la mer, la production ayant en fait importé quelques branches de Bretagne pour la scène.
- Lorsque Jérôme secourt Jean-Claude dans la piscine, il est aidé par Popeye et les deux hommes déposent son corps inanimé au bord du bassin. Peu après, lorsqu'ils le portent, Jean-Claude a du sable sur ses dessous de pieds alors que son corps n'avait pas été posé sur du sable. De plus, Popeye a un pansement sur sa cheville gauche alors qu'il n'en avait pas au bord de la piscine.
- Lorsque Bourseault débarque sur scène et fait son fameux « bip bip », tout un public se trouve face à lui. Plus tard, lorsqu'il achève son sketch avec ce même « bip bip », le public est absolument identique mais sous un éclairage plus sombre. La production a tout simplement filmé un même plan, pour des raisons économiques, et celui-ci a été assombri au niveau de la colorimétrie.
Notes et références
- « Amours, coquillages et crustacés - Spectacle - 1977 », sur data.bnf.fr (consulté le )
- « Les Bronzés », Cinéma, sur La Libre.be,
- "LES BRONZÉS", PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ", site de la RTS
- "Age tendre et gueule de bois", Le Monde du 7 avril 1996
- "Les Bronzés : 3 choses que vous ignoriez sur ce film culte", par Claire Beguin le 28 MAI 2020 dans Vogue
- « Hommes et dieux à Paliniro (Observations sur une société de loisirs) », par Henry Raymond dans la revue Esprit de juin 1959, cité dans "Une certaine idée de l’Italie. Attitudes et politique françaises 1958-1969" par Stéphane Mourlane, Thèse de doctorat en Histoire en 2015<
- "Sources de la France du XXe siècle: De 1918 à nos jours", par Pierre Milza, Odile Gaultier-Voituriez, et Carole Giry-Gautier, en 1997
- HES Valais . Etude de cas sur le Club Med, en novembre 2012
- "Les Bronzés : Le triste destin du club de vacances du film...", le 28 mai 2020 sur Pure People
- « Sur les traces des Bronzés », Société, sur lalibre.be, La Libre Belgique, (consulté le )
- Patrice Leconte, François Vey, Le dictionnaire de ma vie, Kero, (lire en ligne), p. 37.
- Gilles Ferréol et Anne-Marie Mamontoff, Tourisme & sociétés, EME éditions, p. 26.
- Philippe Lombard, Le Petit Livre des Bronzés, éditions First, , p. 31.
- Amandine Réaux, « "Bienvenue à Galaswinda" : 40 ans après, le village vacances des "Bronzés" en Côte d'Ivoire est à l'abandon », sur Franceinfo, (consulté le )
- Barbara Azais, « 25 ans de la mort de Serge Gainsbourg : Sea, Sex and Sun son premier gros succès en France à 50 ans », sur MYTF1 News, (consulté le ).
- « "Les Bronzés" : la B.O rééditée en vinyle à l'occasion de ses 40 ans », sur Melody.tv, (consulté le )
- « Darla dirladada (Les Bronzés) par Le Splendid », sur www.bide-et-musique.com (consulté le )
- « Les ERREURS des films Les Bronzés » sur YouTube.
Voir aussi
Bibliographie
- Philippe Lombard, Le Petit Livre des Bronzés, First, 2016 (ISBN 978-2-7540-8355-3)
- Alexandre Raveleau, Les Bronzés : la véritable histoire, Hors collection, 2019 (ISBN 978-2-7014-0049-5)
Articles connexes
- Les Bronzés (série de films) :
- Les bronzés font du ski (1979)
- Les Bronzés 3 : Amis pour la vie (2006)
- Film culte
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Portail du cinéma français
- Portail de l’humour
- Portail des années 1970