Lee Miller

Lee Miller, née Elizabeth Miller le à Poughkeepsie dans l'État de New York aux États-Unis et morte le à Chiddingly (en) dans le Sussex de l'Est en Angleterre, est une photographe et modèle photo américaine.

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Biographie

Née dans une famille protestante[1], privilégiée et cultivée aux opinions progressistes, Elizabeth Miller est marquée par un viol subi à sept ans et une maladie sexuellement transmissible qui s'ensuit[2]. Elle entreprend en 1925 des études de théâtre et d'arts plastiques à l'École nationale supérieure des beaux-arts puis à New York à partir de 1927, où elle pose pour des photographes, dont son père et aussi, Edward Steichen ou George Hoyningen-Huene. À New York, elle est repérée par hasard par Condé Nast, le fondateur du magazine Vogue dont elle ne tarde pas à faire la couverture[1].

Paris et Man Ray

En 1929, Lee Miller quitte l'Amérique pour Paris et fait la connaissance de Man Ray, dont elle devient à la fois la muse, la maîtresse et l'assistante[2]. En 1930, elle crée son propre studio photographique. Lee Miller reprend notamment des commandes du monde de la mode que Man Ray n'est plus en mesure d'honorer. Ainsi à cette époque, des images signées Man Ray sont en fait l’œuvre de Lee Miller. Avec Man Ray, elle redécouvre la technique photographique de la solarisation.

Lee Miller participe au mouvement surréaliste en produisant des images pleines d'esprit et d'humour. À cette époque, Lee Miller se lie d'amitié avec Paul Éluard, Pablo Picasso et Jean Cocteau. Ainsi elle interprète le rôle de la statue dans le film de Jean Cocteau Le Sang d'un poète.

New York

En raison de la jalousie possessive de Man Ray[2], Lee Miller le quitte et revient à New York en 1932[3] où elle ouvre son propre studio, assistée d'Erik, le plus jeune de ses deux frères[4],[5]). La galerie Julien Levy organise sa première exposition personnelle.

Deux ans plus tard, elle épouse Aziz Eloui Bey, un riche homme d'affaires égyptien et ils s'installent au Caire. Elle photographie alors le désert et des sites archéologiques, et produit une photo connue Portrait of Space.

Lors d'un voyage à Paris en 1937, elle fait la connaissance de l'écrivain surréaliste anglais Roland Penrose. « Penrose avait séduit Lee en Cornouailles et à Mougins en 1937, l'avait poursuivie à travers les Balkans en 1938, conquise en 1939 avec « The Road is Wider Than Long » en Égypte, enlevée et ramenée à Londres via Antibes au début de la guerre »[6].

Elle fréquente le groupe des surréalistes et devient un modèle pour Pablo Picasso qui réalise de nombreux portraits d'elle[7].

Correspondante de guerre pour Vogue

L’équipe des correspondantes de guerre. Lee Miller est l’avant dernière sur la droite.

En 1940, Lee Miller travaille à Londres pour le magazine Vogue. En 1942, elle devient correspondante de guerre au sein de l'armée américaine et ses reportages et photographies sont publiés dans Vogue. De 1944 à 1946, en équipe avec David Sherman, photographe du magazine Life, elle suit l'armée américaine depuis le débarquement en France jusqu'en Roumanie, en passant par l'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie.

Lee Miller témoigne de la vie quotidienne des soldats et découvre les camps de concentration de Buchenwald et Dachau. Ses photographies, dont celle de deux soldats ouvrant en pleine clarté un camion rempli de cadavres entassés, sont les premières à révéler le concret de l'horreur des camps. Il lui faudra écrire à Vogue et certifier que les clichés sont authentiques pour que le magazine les publie[8].

Elle fait également alors avec David E. Scherman, correspondant de Life, l'une de ses plus célèbres photos, son portrait prenant un bain dans la baignoire personnelle d'Hitler dans son appartement privé au 16, Prinzregentenplatz à Munich[9].

Max Ernst et Picasso

En 1946, avec Roland Penrose, Lee Miller rend visite à Max Ernst et son épouse l'artiste, Dorothea Tanning, en Arizona.

Minée par un passé d’abus sexuel et un syndrome post-traumatique, elle sombre dans l’alcool et la dépression.[1].

Penrose et Lee Miller se marient l'année suivante, en Angleterre et ont un fils Anthony. De 1948 à 1973, elle poursuit son travail pour Vogue et ses photos illustrent les ouvrages de Penrose, Picasso et Antoni Tàpies.

En 1949, Lee Miller s'installe avec son mari à Farley Farm House (en) dans le Sussex en Angleterre.

Lee Miller meurt chez elle à Chiddingly d'un cancer le 21 juillet 1977 à l’âge de 70 ans.

Postérité

Son fils, Anthony Penrose, a fondé les archives Lee Miller dans le Sussex et a publié plusieurs livres sur la vie et l'œuvre de sa mère.

Expositions

Notes et références

  1. Teresa Griffiths, « Lee Miller - Mannequin et photographe de guerre », ARTE, 2020.
  2. Guy Duplat, « Couples d'artistes: Lee Miller et Man Ray », La Libre Belgique,
  3. (en-GB) « Man crush: When Man Ray met Lee Miller », The Independent, (lire en ligne, consulté le )
  4. (Erik Miller sera par la suite embauché comme photographe chez le constructeur aéronautique Lockheed Aircraft Corporation
  5. Katherine Slusher, Lee Miller, Roland Penrose: The Green Memories of Desire, Prestel, 2007, page 95.
  6. Sarah Wilson, La Planète affolée. Surréalisme, dispersion et influences, 1938-1947, catalogue d'exposition au Centre de La Vieille Charité, Marseille, Édition Musées de Marseille/Flammarion, 1986, page 163.
  7. William Rubin (sous la direction de) Picasso et le portrait, coédition Réunion des musées nationaux et Flammarion, Paris, 1996, p. 78 et 86, (ISBN 2-7118-3489-1).
  8. A.-J. Bizimana, 60e anniversaire de la libération d'Auschwitz - Comment la presse a découvert l'Holocauste dans Le Devoir du 27 janvier 2005.
  9. L'étonnante histoire d'une séance photo dans la baignoire d'Hitler pour le magazine Vogue sur www.slate.fr le 2 avril 2013.

Annexes

Bibliographie

  • Eleonora Antonioni, Les Cinq vies de Lee Miller, Éditions Steinkis, 2021, bande dessinée inspirée de la vie de Lee Miller.
  • Carolyn Burke, Lee Miller dans l'œil de l'histoire, éditions Autrement, 2007.
  • Georgiana Colvile, Scandaleusement d'elles. Trente-quatre femmes surréalistes, Jean-Michel Place, Paris, 1999, pages 196 à 205 (ISBN 2-85893-496-7).
  • Marc Lambron, L'Œil du silence, 1993 (Prix Femina 1993) : de 1944 à 1946, la vie romancée d'Elizabeth Miller.
  • Jessica Nelson, Debout sur mes paupières, Belfond, 2017, roman inspiré par la vie de Lee Miller.
  • Antony Penrose, The Lives of Lee Miller, Thames and Hudson, Londres, 1985.
  • Antony Penrose, Lee Miller's war 1944-1945, Condé Nast Books, Londres, 1992. Traduction française de Noëlle Akoa Lee Miller photographe et correspondant de guerre, éd. Dumay, Paris, 1994.
  • Antony Penrose, Lee Miller, muse et artiste surréaliste, in La Femme s'entête/La Part du féminin dans le surréalisme, textes réunis par Georgiana Colvile et K. Conley, Lachenal & Ritter, Paris 1998.
  • The Legendary Lee Miller photographer 1907-1977, Lee Miller Archive, East Sussex, 1998.

Documentaires

  • Lee Miller ou la Traversée du miroir, film de Sylvain Roumette, France, 1995, 54 min, Production Terra Luna Films.
  • L’amour à l’œuvre - Lee Miller et Man Ray, documentaire de Delphine Deloget, France, 2018, 25 min. Arte.
  • Lee Miller - Mannequin et photographe de guerre, documentaire de Teresa Griffiths, Royaume-Unis, 2020, 60 min. Arte.

Liens externes

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