Laurent de La Hyre

Laurent de La Hyre (né à Paris le - ) est un peintre et graveur français du XVIIe siècle, père de l'académicien Philippe de La Hire. C'est l'un des principaux représentants de la peinture française des années 1630 et 1640, particulièrement réputé pour ses paysages historiques.

Pour les articles homonymes, voir La Hire.

Allégorie de la musique.

Biographie

Laurent de La Hyre, né le à Paris[1] dans le milieu de la bourgeoisie marchande, reçoit une éducation soignée. Il a brièvement été l'élève de Georges Lallemant, peintre lorrain installé à Paris pratiquant un maniérisme tardif, et a étudié les œuvres de Francesco Primaticcio (Le Primatice) lors d'un séjour au château de Fontainebleau, mais n'aurait jamais visité l'Italie.

Ses premières œuvres, dans les années 1620, sont marquées par un maniérisme tardif, d'inspiration bellifontaine, comme La Tuile (Paris, musée du Louvre). Les années 1630 sont marquées par l'expérimentation de plusieurs manières avec une progression vers une peinture assagie et classicisante. À partir des années 1640, son style évolue vers un classicisme épuré qui fit sa réputation tandis que les dernières années de son activité, de la fin des années 1640 à sa mort en 1656, sont marquées par une prédilection pour les peintures de paysages.

La Hyre est considéré comme le plus parfait exemple de l'atticisme parisien (ce terme fait référence à la région de Grèce nommée l'Attique où s'était développé durant l'Antiquité un courant rhétorique fondé sur la pureté de la langue grecque), c'est-à-dire un art plein de retenue et de mesure, fondé sur le dessin et l'harmonie de couleurs clairs et pures, tout à l'opposé des tendances baroques de Vouet, rentré d'Italie en 1627. Ce courant fleurit dans les années 1640, à Paris, après le passage de Nicolas Poussin, présent dans la capitale entre 1640 et 1642.

Les premières toiles religieuses de La Hyre sont remarquées et lui valent, dès les années 1630, des commandes pour la cathédrale Notre-Dame de Paris (il réalise deux Mays de Notre-Dame) et pour le palais de Richelieu, le palais cardinal (actuel Palais-Royal).

Entourage de Laurent de La Hyre, L’Atelier de Laurent de La Hyre, vers 1630.

Mais La Hyre est surtout célèbre pour ses peintures de paysage qui intègrent des scènes souvent tirées de l'Antiquité classique. Il représente régulièrement des arrière-plans de ruines traités de manière très précise et transcrivant avec un grand souci d'exactitude la texture de la pierre et les jeux de la lumière sur sa surface. Ses compositions sont épurées, avec une lumière claire qui baigne la scène de manière raffinée, et se basent sur un dessin très soigneux tout en faisant preuve d'une réelle qualité d'observation bien que ses paysages soient purement imaginaires, mettant en scène une nature idéalisée qui se veut être une image de l'Arcadie antique, à l'opposé du paysage topographique des Hollandais à la même époque. Ses paysages sont rarement des paysages purs, dénués de personnages. Ce sont le plus souvent des paysages historiques, représentant des scènes bibliques ou mythologiques dans un cadre naturel mais qui a, chez La Hyre, autant sinon plus d'importance que l'épisode narratif dépeint.

Laurent de La Hyre a connu de son vivant la célébrité, ce qui lui a valu de figurer, en 1648, parmi les douze membres fondateurs de l'Académie royale de peinture et de sculpture, au sein de laquelle on retrouvait les principaux tenants du courant atticiste de la peinture, notamment Eustache Le Sueur.

Laurent de La Hyre est mort le à Paris[1]. Après sa mort, malgré la réputation dont il avait joui de son vivant, il est moins considéré que les autres grands peintres de son temps, tels Vouet, Champaigne ou Le Sueur, du fait du jugement négatif porté sur son œuvre par les historiographes de la fin du XVIIe siècle.

Il est le père du scientifique Philippe de La Hire, qu'il forma à la peinture.

Œuvre

Peintures

Gravures

  • Le Châtiment de Marsyas
  • Abraham sacrifiant Isaac, 1650
  • La Sainte Famille avec putti, 1640, Art Institute, Chicago
  • Deux religieux dans la solitude, vers 1630, musée du Louvre, Paris

Dessins

  • Le Sacrifice d'Abraham, pierre noire et lavis d'encre de Chine. H. 0,233 ; L. 0,334 m[5]. Paris, Beaux-Arts de Paris. Ce dessin date vraisemblablement de la fin des années 1640. L'artiste fait preuve d'une grande liberté dans la manière et la composition de cette feuille. Le trait et le positionnement des figures sont spontanés, le volume des drapés est indiqué de manière très linéaire. L'artiste utilise peu d'estompe mais joue magistralement avec les réserves de papier blanc pour suggérer l'espace[6].
  • Déploration sur le Christ mort, devant un hôpital, 1645, musée du Louvre, Paris[7]
  • La Lapidation de saint Étienne, pierre noire et lavis d'encre de Chine. H. 0,325 ; L. 0,402 m[8]. Paris, Beaux-Arts de Paris. Ce dessin est préparatoire à un épisode de la Tenture de l'histoire de saint Étienne, commandée entre 1646 et 1648. La Hyre ne fournit que des dessins aux commanditaires entre 1646 et 1647. Il propose une lecture fortement antiquisante du sujet. Il est fortement possible que le commanditaire lui ait demandé de modifier sa composition, ce qui expliquerait la présence au Louvre d'un dessin présentant une autre version de cette iconographie[9].
  • L'apparition du Christ à Madeleine, pierre noire et lavis d'encre de Chine. H. 0,230 ; L. 0,257 m[10]. Paris, Beaux-Arts de Paris. C'est en 1656 qu'il entre en relation avec les chartreux et réalise l'Apparition du Christ aux pèlerins d'Emmaüs et l'Apparition du Christ à Madeleine, dont ce dessin est une étude préparatoire, le dernier dessin en date de la main de La Hyre. La rigueur formelle à l'oeuvre dans cette feuille traduit l'aspiration à un art monumental, dépouillé voire austère, caractéristiques en adéquation avec la règle et les préoccupations de l'ordre commanditaire, la Grande Chartreuse. On note que le Christ est encore muni de la pelle, attribut du jardinier, conformément aux traditions anciennes[11].

Notes et références

  1. (en) Ian Chilvers, The Oxford Dictionary of Art and Artists, Oxford University Press, (ISBN 9780191782763, lire en ligne)
  2. Voir Alastair Laing, « Le véritable sujet du tableau de La Hyre à Arras », Revue de l'Art, 1990, vol. 89, pp. 82-83, consultable sur le site Persée.
  3. « Site du musée de Grenoble - Fiche de l'œuvre », sur www.museedegrenoble.fr (consulté le )
  4. Laurent de la Hyre. Noli me tangere (1656).
  5. « Le Sacrifice d'Abraham, Laurent de la Hyre », sur Cat'zArts
  6. Brugerolles, Emmanuelle, Le Dessin en France au XVIIe siècle dans les collections de l’Ecole des Beaux-Arts, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts éditions, 2001, p. 244-247, Cat. 61.
  7. Notice no 30065, base Atlas, musée du Louvre
  8. « La Lapidation de saint Etienne, Laurent de la Hyre », sur Cat'zArts
  9. Brugerolles, Emmanuelle, Le Dessin en France au XVIIe siècle dans les collections de l’Ecole des Beaux-Arts, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts éditions, 2001, p. 239-243, Cat. 60.
  10. « L'Apparition du Christ à Madeleine, Laurent de la Hyre », sur Cat'zArts
  11. Brugerolles, Emmanuelle, Le Dessin en France au XVIIe siècle dans les collections de l’Ecole des Beaux-Arts, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts éditions, 2001, p. 247-251, Cat. 62.

Annexes

Bibliographie

  • (nl) Cornelis de Bie, Het Gulden Cabinet, 1662, p. 327
  • Pierre Rosenberg, Jacques Thuilier, Laurent de La Hyre, Cahiers du Dessin Français, n° 1, de Bayser éditeur, 1985.
    • Pierre Rosenberg, Jacques Thuillier, catalogue de l'exposition, Laurent de La Hyre, Grenoble, Rennes et Bordeaux, 1989-1990.
    • Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier, Laurent de La Hyre, 1606-1656, Skira, , 383 p. (ISBN 978-2-6050-0134-7)
  • Marianne Le Blanc, "La notion d'atticisme français à l'épreuve de la perspective", dans L'artiste et l'œuvre à l'épreuve de la perspective, M. Cojannot-Le Blanc, M. Dalai Emiliani, P. Dubourg Glatigny ed., Rome, 2006, p. 431-448.
  • Madeleine Pinault Sorensen, Laurent de la Hyre : Illustrated édition, 5 Continents, , 83 p. (ISBN 978-8-8743-9528-6)

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