Képi
Le képi est un couvre-chef d'origine militaire porté dans les forces armées ou dans certains métiers civils.
Il n'est généralement porté que par les hommes, le calot ou autre chapeau est préféré pour les femmes.
Étymologie
Le mot képi est emprunté à l'alémanique Käppi. C'est un diminutif de l'allemand Kappe, « chapeau », lui-même emprunté (VIIIe siècle) au latin cappa « manteau à capuchon » d'où découlent également cape, chape, etc.
L'artisan qui fait des képis a reçu le nom de képissier.
Description
En France
Le képi est porté dans l'Armée de terre et la Gendarmerie nationale française, mais pas dans la Marine, ni dans l'Armée de l'air et de l'espace. En règle générale, les femmes militaires portent, en France, le tricorne.
Le képi fut introduit dans l'armée française à partir de 1861 où il remplaça le shako. Il trouve son origine dans la « casquette d'Afrique ».
Cependant, ce mot apparaît pour la première fois dans l'Inventaire du général Lassale en 1809, sous le Premier Empire.
Le képi a une forte présence en France, ce qui fait qu'à l'international c'est un élément de tenue militaire associé aux français. Le port et l'usage du képi sont en constante régression depuis une trentaine d'années :
- abandon du port du képi dans la police nationale (il a été supprimé en 1984 au profit d'une casquette plate qui était déjà en usage depuis toujours au sein des compagnies républicaines de sécurité et de la police de l'air et des frontières ainsi que dans les unités fluviales et motocyclistes). Jacques Rouland, dans l'émission Monsieur Cinéma, avait d'ailleurs regretté cette suppression du port du képi au motif qu'elle portait atteinte à l'image de la France et de Paris. Jusqu'en 1995, les commissaires et les inspecteurs divisionnaires chefs de circonscription portaient le képi ainsi que, uniquement en grande tenue, les officiers de paix tout comme les gradés et gardiens de la paix jusqu'en 1991 ;
- abandon du port du képi pour les surveillants pénitentiaires ou les préfets dès la fin des années 1940 ;
- usage réservé à la tenue de ville, aux cérémonies ou aux services d'honneur pour les officiers, les sous-officiers et les militaires du rang de la Gendarmerie nationale (depuis la généralisation, fin 2006, du port de la « tenue d'intervention » comportant une casquette-képi souple, abandonnée en 2017 au profit du bonnet de police — également appelé calot). À noter que les officiers de gendarmerie peuvent porter le képi en tenue de service courant. Dans les douanes (depuis le début des années 1990), chez les forestiers de l'Office national des forêts, chez le personnel de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, de l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques et chez les agents des parcs nationaux où une casquette souple de type « baseball » remplace le képi pour la tenue de service courant.
Tout képi français est constitué comme suit :
L'extérieur se compose d'un bandeau en « bandoleum » de 105 à 110 mm de haut recouvert de tissu (ou drap de distinction) ou de velours, cousu à l'arrière. Ce tour du képi est recouvert d'un turban lui aussi en drap de distinction sur lequel sont cousues une ou plusieurs soutaches selon le grade.
Le dessus du képi s'appelle le calot chez les militaires ou fond chez les sapeurs pompiers civils (également en drap de distinction). Il porte un « nœud hongrois (en) » pour les officiers (brodé de trois soutaches pour les officiers généraux et supérieurs, de deux pour les capitaines et d'un pour les lieutenants et sous-officiers)[1]. Quatre montants en soutache sont cousus au centre devant, à l'arrière et sur les côtés du képi à hauteur du turban à partir du grade d'adjudant.
Sur le devant du bandeau est fixée une visière en vinyle noir. Une fausse jugulaire de 12 mm de haut, noire pour le personnel du rang ou aux couleurs de l'arme (dorée ou argentée), est fixée sur le bandeau juste au-dessus de la jugulaire par deux boutons d'arme à tige de 10 mm.
Un insigne distinctif, propre à chaque arme ou régiment, est généralement présent au milieu du bandeau à l'avant (au-dessus de la visière). L'insigne peut être brodé (en cannetille pour les officiers) ou métallique. Il est absent sur le képi de certains médecins, pharmaciens, vétérinaires militaires et sur celui des commissaires de l'armée de terre (sauf ceux qui servent dans les régiments de la Légion étrangère et des troupes de marine, qui sont autorisés à porter l'attribut distinctif (grenade ou ancre d'or).
L'intérieur est entièrement doublé par une feuille en matière plastique transparente. Une bande de sudation est cousue sur le pourtour intérieur du képi. Elle est en cuir pour les officiers et sous-officiers supérieurs et en synthétique pour le personnel du rang et les sous-officiers subalternes[2].
Dans le domaine militaire
Insignes de grades
Pour les officiers généraux, le képi d'apparat est orné de feuilles de chêne et le nombre d'étoiles est représenté sur le devant du couvre-chef. Les généraux de brigade portent un rang de feuilles de chêne, les généraux de division deux rangs et les maréchaux de France trois.
Le képi de service courant est de couleur terre de France ou noir (gendarmerie) en fonction de l'arme, avec les étoiles sur le devant. La fausse jugulaire reproduit le motif feuilles de chêne. Le képi des ingénieurs généraux des Eaux et Forêts est vert foncé, dit « vert finance » et comporte aussi des feuilles de chêne sur son pourtour.
Les officiers et les sous-officiers supérieurs portent sur le haut du képi le nombre de soutaches correspondant au grade du porteur. Par ailleurs, le dessus du képi est décoré d'un « nœud hongrois » symbolisant le statut. Ce nœud est constitué de trois galons pour les officiers généraux et supérieurs, d'un pour les officiers subalternes et les sous-officiers supérieurs.
Pour les sous-officiers subalternes et les militaires du rang, le képi ne porte pas d'insigne de grade. Néanmoins, les soldats et caporaux portent une fausse jugulaire en cuir noir, alors que les caporaux-chefs et les sous-officiers subalternes portent une fausse jugulaire en galon de la couleur de l'arme (or ou argent)[3].
Particularités
En fonction de l'arme ou de la subdivision d'arme d'appartenance, le képi est de couleurs différentes. Un képi se décompose en trois parties: le bandeau, qui est la partie entourant la tête, le turban qui couronne le képi et le calot qui joint bandeau et turban et qui supporte les soutaches de grade (galons).
- Gendarmerie
- Bandeau noir, turban et calot bleu foncé, passementerie variable :
- - Argentée (officiers et sous-officiers de la gendarmerie départementale ainsi que du corps de soutien technique et administratif) ;
- - Dorée (officiers et sous-officiers de la gendarmerie mobile / officiers et gradés de la garde républicaine) ;
- - Rouge et or (gardes républicains non gradés) ;
- - Ou bleue et argent (militaires du rang et maréchaux des logis du volontariat de toutes les subdivisions d'arme).
- En plus des soutaches identifiant le grade du porteur, tous ces képis sont ornés du galon d'élite.
- Polytechnique
- Bandeau, turban et calot noirs. Passementerie dorée. Bande d'arme d'élite (élèves uniquement)[4].
- Saint-Cyr
- Bandeau bleu clair ; turban et calot rouges. Passementerie dorée. Bande d'arme d'élite (élèves uniquement).
- Infanterie - zouaves - chasseurs-parachutistes
- Le bandeau est bleu foncé, le turban et le calot rouge garance, les passements dorés
- BSPP
- Bandeau velours noir ; turban et calot noirs. Passements dorés.
- Tirailleurs
- Le bandeau est bleu ciel, le turban rouge garance, les passements dorés
- Parachutistes de choc - commandos de choc - train - commissariat
- Le bandeau est bleu foncé, le turban rouge Garance, les passements argentés
- Légion étrangère
- Militaires du rang : Bandeau, turban et calot blancs sans passementerie sauf une fausse jugulaire noire. Sous-officiers et officiers : bandeau bleu foncé, couleur de l'infanterie métropolitaine, turban et calot rouges, passementerie or.
- Chasseurs (à pied)
- Le bandeau est en velours noir (officiers et adjudants) ou bleu foncé (sergents et militaires du rang), le turban bleu foncé, les passements argentés
- Cuirassiers - dragons - chasseurs à cheval métropolitains et chasseurs à cheval d'Afrique - hussards - chars de combat - arme du matériel
- Le bandeau est bleu ciel, le turban rouge garance et les passements argentés
- Spahis
- Le bandeau est bleu ciel, le turban rouge garance et les passements dorés
- Artillerie - troupes de marine - transmissions
- Le bandeau et le turban bleu foncé et les passements dorés
- Train
- Le bandeau est bleu foncé, le turban est rouge garance et les passements argentés.
- Génie - musiques
- Le bandeau et le turban noir et les passements dorés
- Aviation légère de l'armée de terre
- Le bandeau et le turban bleu roi et les passements dorés. Jusqu'en 2001, le personnel de l'aviation légère était doté du képi de l'artillerie, mais les boutons de la fausse jugulaires comportaient le vol étoilé
- Commissaires servant dans l'armée de terre
Le bandeau est noir, le turban et le calot sont rouge garance et les passements argentés.
- Médecins
- Le bandeau est rouge cramoisi, le turban rouge garance et les passements dorés
- Pharmaciens
- Le bandeau vert, le turban rouge garance et les passements dorés
- Vétérinaires biologistes
- Le bandeau est violet grenat, le turban garance et les passements argentés
- Chirurgiens-dentistes
- Le bandeau violet prune, le turban rouge garance et les passements dorés
- Saumur
- bandeau noir, turban noir, calot noir, passements dorés. Les personnels militaires ont une grenade dorée sur le bandeau tandis que les cavaliers civils portent une étoile dorée. Les écuyers ont une bande de type arme d'élite au-dessus des soutaches[5].
- Le képi blanc
Il est synonyme de légionnaire dans le monde entier. À l'origine, il s'agissait en fait d'un couvre-képi de couleur kaki comme en portaient toutes les unités qui participaient à la pacification du Maroc. À la Légion, sous la double action du soleil et des lavages répétés, il prit vite un aspect immaculé et devint l'objet de fierté des anciens. Il fera sa première grande apparition officielle à Paris le et son port sera étendu à tous les régiments à la fin de la guerre. Si au début il était porté par tous, il n'est plus aujourd'hui arboré que par les militaires du rang ; les sous-officiers et les officiers (ainsi que les caporaux-chefs de plus de quinze ans de service à la Légion) portent le képi bleu foncé frappé de la grenade à sept flammes. Cette grenade est d'argent pour les unités de cavalerie et d'or pour les autres.
- C’est aussi le nom de la revue de la Légion étrangère : Képi blanc.
- Képi d'adjudant chef d'infanterie.
- Képi des troupes de marine de caporal - chef ou de sergent.
- Képi blanc de la légion étrangère.
Dans le civil
Les képis sont également portés par plusieurs autres professions non militaires, comme :
- chez les sapeurs-pompiers : la forme, le type et la couleur dépendent des pays voir des services ;
- dans la police de certains pays où il fait partie de la tenue de cérémonie. Dans la Police nationale française, le képi faisait partie de la tenue de service général et de la tenue de cérémonie jusqu'en 1985, date à laquelle il fut remplacé par la casquette ;
- dans les polices municipales en France : avant la réglementation sur l'uniforme de 2002; chaque collectivité employeuse habillait sa police municipale comme elle le souhaitait : ainsi certaines portaient le képi d'autres la casquette. À noter que cette dernière était déjà de loin la plus commune ;
- dans les douanes françaises : bandeau bleu foncé, turban rouge, calot bleu foncé. Passementerie argent. Une grenade à sept flammes incluse dans un cor de chasse sur le devant du bandeau ;
- Forestiers de l'Office national des forêts et de l'État Français[6] : il est un héritage du Corps des chasseurs forestiers militaires avec bandeau, turban et calot vert foncé dit « vert finance », cor de chasse en canetille argentée pour les officiers et sous-officers, indépendamment de la couleur des galons et passements qui peut être or chez certains corps[C'est-à-dire ?].
- Gardes des divers offices environnementaux de l'État français[7] : il est aussi un héritage du Corps militaire des chasseurs forestiers avec bandeau, turban et calot gris, couleur des galons et passements argentée.
- Gardes champêtres : la tenue n'est pas uniforme, la casquette comme le képi peuvent être en dotation. Toutefois, le képi est la coiffe la plus présente dans ce corps : noir, bleu marine, bleu foncé ou/et vert forestier.
- dans le domaine du transport ferroviaire : le képi est porté par les certains agents des compagnies de chemin de fer, notamment en Belgique et en Suisse
- Lieutenant de louveterie : bandeau, turban et calots bleu roi. Passementerie noire. Bande d'arme d'élite[8].
- Cheminots américains, belges et suisses.
Bibliographie
- Charles-Daniel Salch, avec la collaboration de Danielle Fèvre, Képis de l'armée française 1871-1959 (3e et 4e République)[9], Strasbourg, Castrum Europe, Editions Accès, , 78 p. (ISSN 1253-6008)Dédicace du général Jean-François Lafont-Rapnouil, gouverneur militaire de Strasbourg, commandant la 2e brigade blindée, et avant propos de Charles-Laurent Salch, docteur en anthropologie historique
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
- Liliane Funcken, Fred Funcken, L'uniforme et les armes des soldats du XIXe siècle, Casterman, , p. 40
- « NIT 320 Képis Sapeurs Pompiers »
- (fr)« Insigne de grade de .... Soutaches sur le képi des sous-officiers subalternes et militaires du rang »
- « Polytechnique » (consulté le )
- Dossier Presse, DP Cadre noir à Bordeaux 5Fevrier2015.pdf, Bordeaux, www.jumping-bordeaux.com,
- Arrêté ministériel du 10 juillet 2009 relatif à l'uniforme et aux insignes des grades des agents assermentés et commissionnés de l'Office National des Forêts
- Arrêté du 19 avril 2010 relatif à la tenue des agents techniques et des techniciens de l'environnement, commissionnés et assermentés, en fonctions à l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques, à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage et dans les établissements publics des parcs nationaux.
- « Képi de Lieutenant de Louveterie » [archive du ] (consulté le )
- Reconnaître les képis de l'armée française 1871-1959 (3e et 4e République), 13e Salon européen du livre ancien et de la gravure à Colmar, Charles-Daniel Salch), Page 61
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