Julie Billiart

Sainte Julie Billiart, née Marie-Rose-Julie Billiart le à Cuvilly, près de Compiègne, dans l'Oise (Royaume de France) et décédée le à Namur (royaume des Belgiques, actuelle Belgique) est une religieuse française, fondatrice des Sœurs de Notre-Dame. Béatifiée par Pie X, le , Julie Billiart est canonisée par Paul VI le . Liturgiquement elle est commémorée le 8 avril.

Julie Billiart
Sainte, fondatrice
Naissance
Cuvilly, Royaume de France
Décès (65 ans) 
Namur, royaume des Belgiques (aujourd'hui Belgique)
Nationalité française
Ordre religieux Sœurs de Notre-Dame de Namur
Vénérée à Namur, et chez les sœurs de Notre-Dame.
Béatification
par Pie X
Canonisation
par Paul VI
Vénérée par L'Église catholique
Fête 8 avril

Biographie

Famille et jeunesse

Née le , à Cuvilly, un village au nord de Compiègne, Julie est la sixième des sept enfants de Jean-François Billiart et Marie Debraine. À l’âge de sept ans, elle connaissait son catéchisme par cœur et prenait plaisir à réunir d’autres enfants autour d'elle pour le leur faire réciter. Pour le reste, son éducation se limite à des rudiments d’alphabétisation acquis à l'école de village tenue par son oncle, Thibault Guilbert. Mais en matière spirituelle elle montre une telle dévotion et maturité que le curé, le père Dangicourt, n’hésite pas à l'autoriser à faire sa première communion et recevoir la confirmation à l’âge de 9 ans. Elle fait un vœu privé de chasteté cinq ans plus tard.

À vingt-trois ans (1774) Julie Billiart subit un grave choc nerveux, causé par un coup de pistolet tiré sur son père par un ennemi inconnu (sans doute un rival en affaires commerciales). Cela entraîne une grave maladie qu’elle supporte avec courage. Huit ans plus tard (1782), nouvelle épreuve physique. Julie est victime d’une épidémie. Mal soignée par le médecin de village (qui lui fait de nombreuses saignées aux pieds) elle reste paralysée des membres inférieurs.

Les années qui suivent, elle reste confinée à son lit et est frappée d'incapacité partielle pendant 22 ans. Elle reçoit quotidiennement la sainte communion et peut laisser libre cours à son inclination pour la prière: elle y passe plusieurs heures par jour. Cependant, jamais fermée sur elle-même, elle rend service à l’église paroissiale en confectionnant du linge d’autel. Surtout elle continue à domicile la catéchisation des enfants du village qu’elle rassemble autour de son lit, en accordant une attention particulière à ceux qui se préparent à leur première communion.

Formation du groupe à Amiens

À Amiens, où elle s’est réfugiée avec la comtesse Baudoin durant la période révolutionnaire, un petit groupe se forme autour d'elle, comprenant Françoise de Gizaincourt et Françoise Blin de Bourdon (en) (38 ans ; sont-ils la même personne ?) qui avaient échappé de peu à la Terreur ainsi que d’autres. Elles se réunissent dans la chambre de la ’sainte’ handicapée qui les forme à une vie intérieure plus profonde et au service de Dieu et des pauvres. Quelques exercices religieux de vie communautaire sont également pratiqués. Mais ce groupe ne se soudera pas. Seule Françoise Blin de Bourdon restera avec Julie Billiart.

Fondation de l’institut

En 1803, suivant les indications de son guide spirituel le père Joseph Varin, supérieur des « Pères de la Foi », elle propose à l’évêque d’Amiens la fondation d’un institut qui s’appellerait « Sœurs de Notre-Dame », ayant pour objet principal le salut des enfants pauvres. Les statuts sont rédigés avec l’aide du père Varin. Plusieurs jeunes personnes animées du même idéal s’offrent pour assister les deux fondatrices Julie et Françoise. Par ailleurs huit orphelins sont reçus.

En la fête du Sacré-Cœur, le , à la suite d’une neuvaine faite en obéissance à son confesseur le père Varin, Julie Billiart est guérie de son infirmité. Quelques mois plus tard, le , elles sont quatre à prononcer leurs premiers vœux de religion dans le nouvel institut religieux : Julie Billiart, Françoise Blin de Bourdon, Justine Garson et Victoire Leleu. Leur travail sera l’éducation des jeunes filles, et la formation d’enseignants chrétiens.

Une règle provisoire (pour une période d’essai) leur est fournie par le père Joseph Varin. Elle est si clairvoyante et ouverte que pour l’essentiel elle n’a pas subi de modification majeure au cours des deux siècles d’existence de l’institut. Elle est inspirée des Constitutions de la Compagnie de Jésus. Le gouvernement est assuré par une supérieure générale qui visite régulièrement chaque maison, et désigne les responsables locales, tout en correspondant directement, quand nécessaire, avec les membres dispersés. La distinction séculaire (très ‘Ancien Régime’) entre ‘sœurs de chœur’ et ‘sœurs converses’, n’existe pas. Cette égalité de rang permet que chaque religieuse reçoive un travail adapté à sa formation et ses capacités. Une grande importance est accordée à la formation des sœurs destinées aux écoles, ce en quoi elle est grandement aidée par Françoise Blin de Bourdon (devenue ‘Mère Saint-Joseph’) qui elle-même avait reçu une excellente éducation.

Lorsque la congrégation de Sœurs de Notre-Dame reçoit l’approbation impériale officielle () elle compte une trentaine de membres. Des fondations ont été faites dans plusieurs villes de France, ainsi qu’à Gand et Namur, en Belgique. Mère Saint-Joseph est la première supérieure de la maison de Namur.

D’Amiens à Namur

En l’absence de père Varin, le confesseur de la communauté, l'abbé Louis de Sambucy Sainte-Estève, ancien prêtre réfractaire et fort marqué de l’esprit de ‘Restauration’ post-révolutionnaire, tente d’imposer aux religieuses des changements aux statuts et règles de la nouvelle congrégation afin d’en ramener l’esprit et la vie aux anciens ordres monastiques. Il parvient à en convaincre l'évêque d’Amiens, Jean-François de Mandolx.

Julie Billiart n’a d’autres choix que de quitter le diocèse d'Amiens. Par ailleurs, fort satisfait du travail accompli dans son diocèse par les sœurs de Notre-Dame qui s’y trouvent déjà, Mgr Joseph Pisani de La Gaude, évêque de Namur, s’empresse d’inviter Julie Billiart à faire de sa ville épiscopale le centre de sa congrégation.

Avant de quitter Amiens Mère Julie Billiart présente la situation aux membres de la congrégation. Elles sont libres de la suivre à Namur ou de rester à Amiens. Toutes sauf deux choisissent de l’accompagner à Namur. Ainsi, au cours de l’hiver 1809, le couvent de Namur devient la maison-mère de la congrégation des sœurs de Notre-Dame, ce qu’elle est encore aujourd’hui. Reconnaissant son erreur Mgr de Mandolx fait tout pour que les sœurs reviennent dans son diocèse. La mère Julie Billiart lui rend visite mais, constatant que les obstacles à leur épanouissement apostolique ne sont pas encore entièrement levés, retourne définitivement à Namur.

Sept dernières années

Chapelle Sainte Julie Billiart, à Namur

Les sept dernières années de sa vie se passent à consolider la jeune congrégation, y formant ses filles à une piété solide et à une vie intérieure intense, dont elle est elle-même le modèle. Maurice de Broglie, évêque de Gand, dira de Julie Billiart qu'elle a sauvé plus d'âmes par sa vie intérieure d’union intense à Dieu que par son activité apostolique.

En l'espace de douze ans (de 1804 à 1816) la mère Julie Billiart a fondé 15 couvents et, comme supérieure générale, fit plus d’une centaine de voyages pour les visiter régulièrement – souvent dans des conditions pénibles de transport – et entretenu une correspondance suivie avec ses filles spirituelles. Des centaines de ces lettres sont conservées aux archives de la maison-mère.

En 1815, la Belgique est le champ de bataille des guerres napoléoniennes, ce qui donne beaucoup d’anxiété à la supérieure générale car plusieurs de ses couvents se trouvent sur les chemins des armées, mais ils sortent de la tourmente sans dommage majeur.

En janvier 1816, Julie Billiart tombe malade. Trois mois plus tard, le , elle meurt au couvent de Namur qu'elle avait fondé plusieurs années auparavant. Son corps y repose dans la chapelle. Elle avait 65 ans.

Vénération et souvenir

Le procès en vue de sa béatification est ouvert en 1881. Béatifiée le par le pape Pie X, elle est canonisée en 1969 par Paul VI. Liturgiquement elle est commémorée le 8 avril[1] par l'Église catholique.

Citations

  • Sa devise : « Une grande foi, vivre un amour sans borne, une simplicité d'enfant ».
  • « Quand je me réveille, ce qui se présente d'abord à moi, c'est un sentiment d'admiration et de reconnaissance de la bonté de Dieu qui veut bien me donner encore un jour pour le glorifier ».
  • « Je dois bien mettre ma confiance en Dieu dans mes voyages ; je vois si visiblement la Providence dans tant d'événements dont je ne saurais comment me tirer et, toutes les fois que je suis embarrassée, le Bon Dieu vient à mon secours ; aussi je ne m'inquiète de rien. Vous savez que je n'ai pas d'esprit ; il faut que le Bon Dieu fasse tout ».

Notes et références

  1. « Sainte Julie Billiart », sur nominis.cef.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • François Charmot, Dans la lumière de la trinité - Spiritualité de la bienheureuse Julie Billiart fondatrice des Sœurs de Notre-Dame, Bruges, Desclée de Brouwer, 1960, 212 p.
  • (nl) Paul Haimon, Mère Julie Billiart. Stichteres van de Zusters van Onze-Lieve-Vrouw te Namen, Utrecht, Lumax, 1969.
  • Histoire des saints et de la sainteté chrétienne, Paris, Hachette-Département Histoire chrétienne, 1986-1995, 11 vol. Sur sainte Julie Billiart, vol. X, p. 193.
  • Marie Halcant, Les idées pédagogiques de la bienheureuse mère Julie Billiart, fondatrice de la Congrégation des sœurs de Notre-Dame de Namur, Paris, P. Lethielleux, [1921], 3e éd., 66 p. (Les idées pédagogiques, 2).
  • Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon, vol. XVI, Herzberg: Verlag Traugott Bautz, 1999, col. 128-129 (notice de Ekkart Sauser, avec bibliographie).
  • Jaume Marzal (illustrateur), Sainte Julie Billiart, fondatrice des Sœurs de Notre-Dame de Namur. Une femme qui a su croire et aimer, Strasbourg, Éd. du Signe, 2000, 26 p. (Bande dessinée, scénario de P. Dhombre).
  • Myra Poole, Prayer, protest, power: the spirituality of Julie Billiart today, Norwich, Canterbury Press, 2001, 223 p.

Liens externes

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