John de la Pole (1er comte de Lincoln)

John de la Pole, né en 1462 ou 1464 et mort le lors de la bataille de Stoke, 1er comte de Lincoln, est le fils aîné de John de la Pole, 2e duc de Suffolk, et d'Élisabeth d'York, fille de Richard Plantagenêt, 3e duc d'York, et de Cécile Neville. Il est de ce fait un neveu maternel des rois d'Angleterre Édouard IV et Richard III, ainsi qu'un cousin d'Édouard V. Lincoln est une personnalité importante de la fin de la guerre des Deux-Roses en tant que dernier leader des prétentions au trône de la Maison d'York.

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John de la Pole

Titre

Comte de Lincoln

13 mars 146716 juin 1487
(20 ans, 3 mois et 3 jours)

Prédécesseur Création du titre
Successeur Confiscation du titre
Fonctions militaires
Commandement Lord lieutenant d'Irlande
Faits d’armes Bataille de Bosworth
Bataille de Stoke
Conflits Guerre des Deux-Roses
Biographie
Dynastie Famille de la Pole
Distinctions Ordre du Bain
Naissance 1462 ou 1464
Décès
East Stoke (Nottinghamshire)
Père John de la Pole
Mère Élisabeth d'York
Conjoint Margaret FitzAlan

En , Richard III le désigne héritier du trône. Après la défaite et la mort de Richard à la bataille de Bosworth le , Lincoln se réconcilie avec le nouveau roi, Henri VII. Mais il se montre vite impatient de prendre le pouvoir et soutient pour cela l'imposteur Lambert Simnel. On ignore encore si Lincoln désirait s'emparer pour lui-même du trône si la révolte de Simnel s'était révélée fructueuse. En définitive, il est tué à la bataille de Stoke en et est peu après déclaré félon à titre posthume.

Biographie

Jeunesse et mariage

John de la Pole est le fils aîné de John de la Pole, 2e duc de Suffolk, et d'Élisabeth d'York[1]. Son père est l'unique enfant de William de la Pole, 1er duc de Suffolk et conseiller du roi d'Angleterre Henri VI jusqu'à son exécution pour haute trahison en 1450, et d'Alice Chaucer, petite-fille du célèbre poète de la fin du XIVe siècle Geoffrey Chaucer. Sa mère Élisabeth est quant à elle le sixième enfant et la troisième fille de Richard Plantagenêt, 3e duc d'York, et de Cécile Neville. John de la Pole est en conséquence par sa mère le neveu maternel d'Édouard IV, premier souverain de la Maison d'York à accéder au trône en 1461 au cours de la guerre des Deux-Roses à la suite de la déchéance d'Henri VI. En 1463, Édouard restaure à son beau-frère John de la Pole le titre de duc de Suffolk, confisqué en 1450, et, le , crée son fils aîné John comte de Lincoln, bien que celui-ci ne soit âgé que de cinq ans tout au plus[2]. Le jeune John est aussi fait chevalier de l'Ordre du Bain le .

Le comte de Lincoln épouse, sans doute à la fin des années 1470, Margaret FitzAlan, fille de Thomas FitzAlan, 10e comte d'Arundel, et de Margaret Woodville, sœur d'Élisabeth Woodville, l'épouse d'Édouard IV[3]. John de la Pole aurait eu trois enfants de cette union : un fils prénommé Edward, qui serait mort prématurément, et deux filles, Isabel et Margaret, qui auraient épousé respectivement William Miner et John Hardy. Mais les différents historiens ne s'accordent pas sur le nombre et le nom des enfants de Lincoln. D'après George Cokayne, le comte n'aurait eu qu'un seul fils, prénommé Alan de la Pole, mort en bas âge. Cependant, Rosemary Horrox conteste cette théorie et pense que Lincoln n'a eu aucun enfant de son mariage avec Margaret FitzAlan, qui serait née aux alentours de 1475 et aurait été trop jeune pour enfanter. Dans le testament qu'il rédige peu avant de mourir en , Thomas FitzAlan lègue à sa fille quelques effets personnels et laisse entendre qu'elle ne s'est pas remariée. Sa date de décès reste inconnue[4].

Désigné chef du cortège funéraire à la mort d'Édouard IV le , John de la Pole est partisan de l'avènement au trône de son autre oncle, Richard III. Lincoln porte ainsi son orbe lors de son couronnement le . Il reçoit un revenu annuel de 500 livres et est chargé de présider le Conseil du Nord[5]. À la suite de la mort de son unique fils Édouard de Middleham le , Richard nomme de la Pole Lord lieutenant d'Irlande le , même si ses fonctions sont en réalité exercées par Gerald FitzGerald, 8e comte de Kildare[2]. Désormais sans héritier, Richard III semble avoir désigné Lincoln pour lui succéder en , mais sans cérémonie officielle[6],[7]. Le jeune Édouard Plantagenêt, 17e comte de Warwick, a en théorie une revendication au trône supérieure, mais l'exécution pour haute trahison de son père Georges, frère puîné d'Édouard IV, en 1478 le prive de ses droits[2]. Richard accorde d'importants dons en terres à Lincoln, notamment celles confisquées à Marguerite Beaufort, ainsi que les revenus du duché de Cornouailles, traditionnellement reçus par l'héritier au trône[2].

Rébellion et mort

Après la bataille de Bosworth le lors de laquelle Richard III est tué, le comte de Lincoln se soumet au vainqueur issu de la Maison de Lancastre, Henri VII, qui lui accorde son pardon pour l'avoir combattu. Lincoln jure d'être loyal envers le nouveau souverain et reçoit dès le des commissions d'oyer et terminer. Mais de la Pole se met rapidement à convoiter la couronne. Au début de l'année 1487, un ecclésiastique nommé Richard Symonds lui présente Lambert Simnel, qui a une forte ressemblance physique avec le comte de Warwick. Le véritable comte est en réalité enfermé à la tour de Londres par Henri VII. Lincoln décide alors de promouvoir Warwick comme le véritable héritier de la Maison d'York, en se servant de Simnel pour le représenter, et devient le leader naturel de la cause yorkiste. John de la Pole part pour la Bourgogne le afin de persuader sa tante Marguerite d'York de financer son expédition militaire pour renverser Henri VII. Tout en soutenant nominalement Simnel, il est possible que Lincoln ait contemplé son propre avènement comme le but final de l'entreprise[2].

Avec une armée de mercenaires, le comte de Lincoln s'embarque pour l'Irlande le , où le comte de Kildare, désireux de voir la Maison d'York restaurée en Angleterre afin de pouvoir librement gouverner l'Irlande comme sous le règne de Richard III, lui apporte son soutien[8]. Lambert Simnel est proclamé roi d'Angleterre en Irlande et est couronné le à Dublin sous le nom d'Édouard VI. Avec une armée essentiellement composée de recrues irlandaises levées par Thomas FitzGerald de Laccagh, Lincoln débarque à Piel dans le Lancashire le et marche vers York, bastion des soutiens de Richard III. Néanmoins, la ville refuse de l'accepter. Les Yorkistes remportent ensuite une victoire contre une petite force lancastrienne de 400 hommes à Bramham Moor au soir du , ce qui permet à Lincoln d'échapper au gros des forces d'Henri VII, qui a mobilisé ses troupes dès l'annonce de l'invasion. Malgré cette diversion fructueuse, l'armée yorkiste est en permanence harassée par la cavalerie lancastrienne d'Édouard Woodville.

Les Yorkistes franchissent ensuite le fleuve Trent et établissent leur position au sommet d'une colline près du village d'East Stoke, situé dans le Nottinghamshire. Peu après, l'avant-garde lancastrienne commandée par John de Vere, 13e comte d'Oxford, rencontre le l'armée yorkiste et engage le combat. Au cours de la bataille de Stoke, les Yorkistes sont sévèrement battus. Lincoln est lui-même tué au cours des combats, tout comme les autres éminents commandants yorkistes. En , le Parlement d'Angleterre confisque ses titres et terres de manière posthume. Sa mort ne met cependant pas fin à la revendication de la famille de la Pole au trône, malgré la loyauté de son père envers Henri VII. En effet, son frère puîné Edmond de la Pole devient le prétendant yorkiste jusqu'à son exécution sur ordre d'Henri VIII en 1513. Leur jeune frère Richard de la Pole poursuit sa propre revendication jusqu'à sa mort à la bataille de Pavie en 1525, tandis que le quatrième frère de la Pole, William, demeure incarcéré à la tour de Londres jusqu'à sa mort en 1539.

Héritage artistique

Le comte de Lincoln est un personnage majeur dans les premiers épisodes de la série dramatique diffusée par BBC 2 The Shadow of the Tower, consacrée au règne d'Henri VII d'Angleterre. Il est incarné par James Laurenson.

Ascendance

Notes et références

  1. Cokayne 1910, p. 249–50.
  2. Wagner 2001, p. 211–2.
  3. Cokayne 1910, p. 250.
  4. Horrox 2004.
  5. Ross 1981, p. 159.
  6. Kendall 1955, p. 349–50.
  7. Ross 1981, p. 158.
  8. Chrimes 1999, p. 73.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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