Jiddu Krishnamurti

Jiddu Krishnamurti (ou Jidhu Krishnamurti) (en télougou జిడ్డు కృష్ణ మూర్తి et en tamoul ஜிட்டு கிருஷ்ணமூர்த்தி), né à Madanapalle (Andhra Pradesh) le 12 mai 1895 et décédé à Ojai (Californie) le , est un penseur indien promouvant une éducation alternative. Apparue au sein de la théosophie et de la contreculture des années 1960, sa pensée exerça une influence notable sur des auteurs et des personnalités de différentes disciplines.

D'abord présenté dès son adolescence par la société théosophique de l'époque comme un messie potentiel, il a opéré un revirement un peu plus tard pour développer une thèse radicalement opposée, reposant principalement sur l'idée qu'une transformation de l'humain ne peut se faire qu'en se libérant de toute autorité[2]. Sa conviction était qu'un tel changement devait passer par une transformation de ce qu'il appelait le « vieux cerveau conditionné de l'homme » (« mutation de la psyché »)[3] afin d'accéder à une liberté que ni les religions, ni l'athéisme, ni les idéologies politiques ne seraient capables de produire, puisque, selon lui, ces formes de pensée ne font que perpétuer les conditionnements.

Biographie

« L'instructeur du monde »

Krishnamurti est né en 1895 à Madanapalle au sein d'une famille de brahmanes de l'Andhra Pradesh dans l'Inde sous administration britannique. Huitième enfant masculin, il lui fut donné, selon la tradition hindoue, le nom de Krishna[4] (murti signifiant la forme, ou la manifestation). Sa mère, Sanjeevamma, dont il était très proche, mourut quand il avait 10 ans[5]. Selon la biographie de Mary Lutyens, il était un enfant de santé fragile et régulièrement battu par ses instituteurs et son père, Narainiah[6].

En 1909, il n'a que 14 ans quand, accompagné de son frère Nityananda, il croisa Charles Webster Leadbeater sur une plage privée dépendant du siège de la Société théosophique, où était employé son père[7],[8], à Adyar, un quartier de Chennai. Leadbeater prétendit avoir décelé chez le jeune garçon une aura exceptionnelle[9]. Leadbeater qui disait pouvoir explorer les vies antérieures des personnes qu'il connaissait aurait découvert que la destinée de Krishnamurti était d'être sur terre le véhicule de l’« instructeur du monde », le « Lord Maitreya » que les théosophes attendaient[8],[10]. Cet « instructeur » est décrit comme une figure messianique combinant divers aspects du Christ, du Maitreya bouddhiste, et des avatars hindous. Krishnamurti considéra cette période d'éducation à la société théosophique comme salutaire, y compris sur le plan de sa santé. Il déclara que sans la rencontre avec Leadbeater, il n'aurait pas survécu[11].

Annie Besant en 1897

Leadbeater et Annie Besant, qui dirigeaient à cette époque la Société théosophique, commencèrent son enseignement afin de le préparer à son destin. Pour le « protéger », il fut alors appelé « Alcyone ». Il fut demandé le plus grand secret aux théosophes connaissant son existence et son identité[8]. D'autre part, Annie Besant devint une nouvelle mère pour lui[12], au point qu'elle obtint du père la garde légale de Krishnamurti et de son frère Nitya[8],[13],[14]. Elle perdit la garde par une décision de justice en 1913. En effet, le père essaya de récupérer la garde de ses enfants, en utilisant le scandale Leadbeater de 1906-1907[N 1]. Après avoir perdu en appel, Annie Besant dut rendre les garçons à leur père. Ils étaient alors avec elle en Grande-Bretagne et elle refusa de les renvoyer en Inde. Un ultime appel fut déposé auprès du Privy Council qui décida de laisser Krishnamurti et son frère décider. Mais, ils ne furent pas consultés. Il fut considéré que le fait de ne pas retourner en Inde exprimait leur volonté de rester en Grande-Bretagne, et donc avec Annie Besant. De la même manière, il fut considéré que le père ne faisant pas appel de la décision du Privy Council pouvait signifier qu'il l'acceptait. La « victoire » d'Annie Besant pour la garde de Krishnamurti et son frère était donc toute technique[15].

Durant son éducation, en 1910, Krishnamurti passa deux jours et deux nuits dans les appartements d'Annie Besant, enfermé seul avec Leadbeater pour son « initiation ». Il serait alors remonté dans ses vies antérieures (il en fit le récit dans son ouvrage The Lives of Alcyone publié à l'automne 1910) et aurait finalement été accepté par les mahatmas de la théosophie[8].

Ses tuteurs travaillèrent à polir son image publique, son apparence, et à lui inculquer une attitude de détachement, un flegme britannique, dans sa présence, qu'il conserva toute sa vie[16]. Dès 1910, les plus zélés des théosophes d'Adyar créèrent un Order of the Rising Sun qui vénérait l’« instructeur du monde » en la personne d'Alcyone. Cet ordre, considéré comme un simple culte de la personnalité fut dissous en 1913. Il fut cependant assez vite remplacé par l’Order of the Star of the East (ordre de l'Étoile d'Orient) créé et sanctionné par Annie Besant. Elle considérait que cet ordre n'était pas lié à la théosophie, mais était l'ébauche d'une future religion universelle[N 2].

En 1911, Annie Besant emmena donc Krishnamurti et son jeune frère à Londres où il rencontra Emily Lutyens, fille de l'ancien Vice-roi des Indes, Robert Lytton et épouse de l'architecte Edwin Lutyens. Ce dernier fut envoyé à Delhi comme architecte officiel en 1912. Emily Lutyens, sur qui Krishnamurti avait fait forte impression, se convertit à la théosophie afin de passer le plus de temps possible à ses côtés. Elle apporta aussi un important soutien financier à l'éducation du jeune homme, le sien et celui de deux amies, l'Américaine Mary Dodge et la comtesse britannique Muriel de la Warr[17]. Les deux frères passèrent toute la Première Guerre mondiale en Grande-Bretagne, se déplaçant de résidence en résidence et passant leur temps à étudier et à s'occidentaliser. L'idée était à terme de réussir à les faire entrer à Oxford. Cependant, le caractère « rêveur » et le manque d'attention de Krishnamurti finit par faire renoncer leur mère adoptive, restée en Inde et engagée dans la lutte pour l'indépendance, à cet espoir. Elle en vint même un temps à douter qu'il était vraiment l'« instructeur » attendu[18].

En 1921, il contracta une bronchite qui devint une maladie chronique chez lui. C'est aussi la même année qu'il tomba amoureux d'une jeune femme de 17 ans, Helen Knothe, dont les parents étaient impliqués dans la société théosophique. Mais il s'en sépara rapidement à cause du sens de sa mission à venir qui devait, selon lui, lui empêcher toute vie normale[19]. L'année suivante, il se rendit en Australie puis en Californie avec Annie Besant. À Ojai, elle acquit un terrain d'où elle espérait que se produirait le renouveau que devait apporter Krishnamurti[20].

Un bâtiment de la ville d'Ojai en Californie près de laquelle vécut Krishnamurti et où fut fondé une de ses écoles

À l'été 1922, selon ses propos rapportés par Lutyens, il vécut une expérience « transformatrice » qui, bien que systématiquement accompagnée de violents maux de tête, fut qualifiée par lui-même d'éveil spirituel, qui devait changer sa vie. Ce qu'il baptisa « le processus » (the process)[21] et qu'Annie Besant appelait le réveil de la Kundalinî[22] et au cours duquel il dit avoir ressenti une « Présence », une « bénédiction », une « immensité », un « état Autre » (Otherness) et un sens du « sacré » auxquels il fit souvent référence en ces termes dans son enseignement, en particulier dans ses « carnets », réapparut de façon récurrente tout au long de sa vie. À cela s'ajouta la mort de son frère en 1925, à l'âge de 27 ans qui l'ébranla fortement. Si bien qu'après avoir passé toutes ces années soumis à la vision que ses tuteurs avaient de lui, déclarant même souvent qu'il ferait tout ce qu'on lui demandait[23], il commença à partir de ces événements à contester les directives qui lui avaient été imposées sans pourtant tout à fait désavouer l'idée selon laquelle il serait ce messie[24].

En , il décida de dissoudre l'organisation mondiale, établie en 1913, pour le soutenir et qui avait été appelée « l'Ordre de l'Étoile du Matin », déclarant à cette occasion : « La Vérité est un pays sans chemin, que l'on ne peut atteindre par aucune route, quelle qu'elle soit : aucune religion, aucune secte. »[25]. Il considérait que les rituels et exercices spirituels de cet ordre étaient au mieux dénués d'intérêt et au pire absurdes. Il déclara aussi que dans cet ordre, la seule personne réellement sincère était Annie Besant[26]. Son opposition à toute notion de sauveur, de gourou ou de tout médiateur pour faire l'expérience de la « réalité » allait devenir sa ligne directrice. Selon Mary Lutyens, le dernier lien avec la société théosophique fut rompu avec la mort d'Annie Besant en 1933[27].

« Toute autorité, particulièrement dans le domaine de la pensée, est destructrice, une mauvaise chose. Les leaders détruisent leurs adeptes et les adeptes détruisent les leaders. Vous devez être votre propre enseignant et votre propre disciple. Vous devez mettre en doute tout ce que l'homme a accepté comme valable ou nécessaire[28]. »

« Mais ayant réalisé que nous ne pouvions dépendre d'aucune autorité extérieure, il reste l'immense difficulté à rejeter l'autorité intérieure de nos petites opinions, nos savoirs, nos idées et idéaux[29]. »

Une autre direction

Il se consacra alors à voyager à travers le monde pour exposer ses idées qui firent rapidement de lui une attraction inhabituelle en son temps par la distance parfois virulente qu'il prenait avec les religions et les gourous, même s'il finissait, inévitablement, par être perçu lui-même comme tel[30].

Aldous Huxley, un temps ami proche de Krishnamurti

De 1930 à 1944, ses tournées étaient organisées par la Star Publishing Trust (SPT) sous la direction de D. Rajagopal (Desikacharya Rajagopal) lequel prenait en charge tous les aspects matériels qui ennuyaient Krishnamurti[31]. C'est à cette époque que Krishnamurti a vécu une relation amoureuse avec l'épouse américaine de D. Rajagopal, Rosalind. Leur fille, Radha, ajoute dans le livre qu'elle a consacré à ses années auprès de Krishnamurti (Vies dans l'ombre, avec J Krishnamurti), qu'il s'agissait probablement de sa première véritable relation intime avec une femme. Toujours selon Radha, Rosalind avait été particulièrement proche de Nitya, le frère de Krishnamurti, avant sa mort et avait fréquenté les deux frères de façon quotidienne, les maternant tous deux dans leurs nombreux moments de détresse ou de maladie, et cela bien avant son mariage avec D. Rajagopal (que Krishnamurti aurait perçu comme une formalité sans importance et n'affectant pas sa relation privilégiée avec elle)[32]. Sa biographe, Mary Lutyens évoque également cette relation.

C'est à cette même époque qu'il fonda les premières écoles selon sa vision de l'éducation (Rosalind fut la directrice de la Happy Valley School). Dans cette période, Krishnamurti réside principalement à Ojai en Californie où il reçut la visite de plusieurs personnalités comme Aldous Huxley, Igor Stravinsky, Bertolt Brecht, Thomas Mann, Bertrand Russell ainsi que Greta Garbo qui se présenta à lui comme une aspirante spirituelle sérieuse[33]. Aldous Huxley étant, parmi eux, l'ami le plus proche. En 1946, il subit une sérieuse infection des reins qu'il ne souhaita d'abord pas voir soigner, ne tolérant que la présence de Rosalind Rajagopal près de lui. Il accepta plus tard d'être soigné[34].

Il commence à évoquer un thème qui devait revenir fréquemment dans ses conférences, celui de la « véritable méditation », dont le sens est différent de celui qui était acquis à cette époque[35]. De la même façon, il critiquait fréquemment la division faite entre le conscient et l'inconscient[36].

À partir de 1950, il vit en partie à Paris, et rencontre Léon de Vidas qui possédait une propriété à Cuzorn, en Lot-et-Garonne, où il séjourna et rédigea une partie de Commentaires sur la vie, sur le conseil d'Aldous Huxley[37]. S'ajoute alors, à ses discours sur l'introspection méditative, des critiques acerbes des structures de la société[38]. En 1953 son premier ouvrage est publié par un éditeur important et non spécialisé en spiritualité.

Krishnamurti se plaignait fréquemment autant de la vénération dont il était l'objet en Inde que de l'approbation molle et inactive de ses auditoires occidentaux[39]. Il mentionna un cas de conférence durant laquelle il se réjouit d'avoir entendu un désaccord de la part de son public, indiquant qu'ils commençaient à penser par eux-mêmes. En Inde, sa popularité était très importante et il rencontra plusieurs autres figures notables de la spiritualité telles que Ramana Maharshi, Mâ Ananda Moyî et Vimala Thakar[40]. En 1956, il rencontra également Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, avec qui il eut une relation de respect mutuel[41]. Le 14e dalaï-lama qui se rendit en Inde à l'occasion du 2 500e anniversaire du parinirvana du bouddha Siddhartha Gautama du à [42] avait entendu parler de Krishnamurti par Apa Pant qui l'accompagnait. Le dalaï-lama demanda à le rencontrer en décembre à Chennai (Madras) quand il apprit qu'il se trouvait à Vasanta Vihar. Apa Pant décrit la rencontre[43]. Sa visite à la Société théosophique de Chennai lui fit une forte impression, en raison de l'ouverture de ce mouvement aux principales religions du monde[44].

Le physicien David Bohm, interlocuteur et ami de Krishnamurti

En 1960, il rencontre le physicien David Bohm dont les vues lui semblent proches des siennes. Les deux hommes devinrent rapidement amis et enregistrèrent un certain nombre de dialogues qui se déroulèrent sur une vingtaine d'années. Selon certains observateurs, le langage de Krishnamurti gagna en précision et en vocabulaire au contact des scientifiques[45]. C'est à partir de ces années 1960 que son entourage note une modification générale de son comportement, auparavant joyeux, rieur, il devint plus sérieux parfois impatient et véhément[46]. Il interpelle son auditoire de façon plus radicale, comme s'il y avait une urgence à comprendre ce qu'il voulait leur transmettre. Or, ce changement intervient au moment des divers mouvements de la contreculture, et il apparaît à beaucoup trop austère dans cette période, ce qui ne l'empêcha pas d'organiser des rassemblements à succès à Saanen en Suisse, dédiés aux « personnes sérieuses, concernées par les énormes défis de l'humanité »[47]. Krishnamurti n'admettait pas l'existence d'un changement intervenu en lui, il ne reconnaissait qu'un changement dans la « formulation, le vocabulaire et la gestuelle »[48]. En 1970, il rencontre Indira Gandhi à plusieurs occasions et Pupul Jayakar, proche de Gandhi, affirme que Krishnamurti aurait eu une influence sur la politique indienne après ces discussions[49].

En 1980, il réaffirme les grandes lignes de sa philosophie dans une déclaration écrite connue sous le nom « le cœur des enseignements ». Au même moment, il affirme à son entourage que l'expérience intérieure, le « processus », qu'il décrivait les premières années, avait pris une force nouvelle, que ce mouvement intérieur aurait atteint la « source de toute énergie » et qu'il ne restait en lui qu'« espace incroyable et une immense beauté »[50]. En 1981, à la suite d'une grippe qui l'affecta profondément, au point de dire qu'il lui aurait « été plus facile de se laisser mourir que de survivre », il commença à évoquer plus fréquemment le thème de la mort dans ses écrits et ses conférences[51]. Bien que dans les années 1980, certains notèrent des signes de fatigue physique et mentale, après une vie où s'étaient succédé diverses maladies, il continua à donner une moyenne de 120 conférences par an jusqu'à sa mort[52]. Son mode de vie était austère et rigoureux, il ne fumait pas, ne buvait pas d'alcool, ne consommait pas de caféine et faisait un exercice physique régulier[53].

À l'âge de 90 ans, il s’est adressé aux Nations unies sur le sujet de la paix et de la conscience et a reçu la Médaille de l'ONU pour l'année 1984[54].

Son dernier entretien public eut lieu à Madras, en Inde, en janvier 1986, un mois avant son décès, à Ojai, en Californie. S'étant préparé à sa mort, il avait demandé que personne ne soit désigné ou ne se désigne comme son représentant, interprète ou porte-parole[55]. Au cours d'une des dernières réunions avec son entourage, il aurait également demandé que « ses résidences ne deviennent pas des lieux de pèlerinage et qu'aucun culte ne soit développé autour de sa personne »[56]. Il mourut en , quelques semaines après qu'un cancer du pancréas avait été diagnostiqué[57].

La pensée de Krishnamurti

La pensée de Krishnamurti est, selon lui, résumée dans son texte de 1980 « Le cœur des enseignements ». Il se fonde sur sa citation de 1929, selon laquelle « La Vérité est un pays sans chemins ». L'acquisition de cette « vérité » (qu'il appelait aussi « l'art de voir ») ne peut, selon lui, se faire au travers d'aucune organisation, aucun credo, aucun dogme, prêtre ou rituel, ni aucune philosophie ou technique psychologique. Elle serait mieux connue par le miroir des relations et l'observation du contenu de son propre esprit. Les images, les symboles, les idées, les croyances seraient tous des obstacles et la cause des difficultés humaines. La perception de la vie serait conditionnée par les concepts enracinés dans l'esprit. L'individu ne serait ainsi que le produit superficiel d'une culture. À partir de ce constat, une liberté peut être entrevue dans l'observation attentive de son propre manque de liberté. La connaissance du mouvement de ses propres pensées révèle l'esclavage au passé, la division entre le penseur et sa propre pensée, l'observateur et l'objet d'observation, l'expérimentateur et son expérience. Quand cette division se résorbe, l'observation « pure », libérée du temps et des conditionnements provoquerait une mutation radicale de l'esprit[58]. Bien que sujet britannique par sa naissance dans la période où l'Inde était sous administration britannique, puis résident américain (un visa qu'il devait renouveler pour demeurer à Ojai)[1], il se disait libre de toute nationalité (comme de toute culture ou religion) parce que, selon lui, l'attachement à la nationalité provoque la séparation qui est à son tour à l'origine des conflits[59].

Interrogé en 1979 sur la nature de l'énergie appelée kundalini et la prétention du yoga postural moderne à la canaliser, il plaisante et exprime un point de vue sceptique : le raja yoga concerne avant tout une éthique de vie et les pratiques physiques (asanas) ne doivent pas être le lieu de superstitions sur l'énergie, ni plus ni moins que tout exercice physique[60].

Les écoles Krishnamurti

Des élèves à l'école d'Oak Grove

Krishnamurti est à l'origine de plusieurs écoles : de la KFI, Krishnamurti Foundation Trust en 1968[61], du Centre éducatif Krishnamurti de Brockwood Park en 1969 et d'Oak Grove à Ojaï en Californie en 1975. Plusieurs écoles ont été ouvertes en Inde, à Rishi Valley[62], et Rajghat Besant[63], auxquelles il rendait visite tous les ans. Une autre école a été créée à Wolf Lake au Canada. Selon Krishnamurti, leur vocation était de susciter l'apparition d'une nouvelle génération d'êtres humains, libre d'égocentrisme et de permettre à la fois à l'enseignant et à l'enseigné d'explorer non seulement le monde du savoir mais aussi leur propre pensée et leur propre comportement[64].

Le paradoxe Krishnamurti ?

Krishnamurti était connu pour critiquer la pensée, la religion et la philosophie. Ce qui lui faisait répondre, quand on le questionnait sur son statut, qu'il n'était ni penseur, ni gourou, ni philosophe[65],[66],[67]. Enfant au regard vague, peu enclin aux études, fragile, il a été propulsé « messie » à l'adolescence, sous le tutorat de personnalités de la théosophie avant de prendre une direction apparemment très opposée aux projets théosophiques, pour finir par être vénéré par des milliers de personnes comme un maître spirituel.

Selon le professeur de philosophie Raymond Martin, la pensée de Krishnamurti est assez éloignée de la philosophie académique, particulièrement dans la tradition analytique[68]. Il trouve cependant des similitudes avec la méthode socratique et l'enseignement originel de Siddhārtha Gautama. Toujours selon ce philosophe, l'approche de Krishnamurti s'apparente plutôt à une « méditation guidée ».

Des personnalités de tous bords ont cependant mentionné avoir été influencées par Krishnamurti, comme Joseph Campbell[69], Jackson Pollock[70] Beatrice Wood[71], Alan Watts[72], Bruce Lee[73] et plus récemment Eckhart Tolle, Pierre Rabhi, Deepak Chopra[74], Denis Robert [75]. Iris Murdoch rencontra également Krishnamurti[76] mais selon Lutyens[77] cette association ne produisit aucune étincelle. Bien que peu connu dans les milieux académiques, il a eu des entretiens avec Fritjof Capra, George Sudarshan, Jonas Salk, Rupert Sheldrake et David Bohm.

Controverses

Une carte de membre de « l'Ordre de l'étoile d'Orient », lequel avait été fondé pour la promotion de « l'instructeur du monde » que devait devenir Krishnamurti. Ce dernier a ensuite rejeté ce projet pour fonder son propre enseignement

Un conflit avec D. Rajagopal, directeur du Star Publishing Trust et organisateur des activités de Krishnamurti, au sujet de droits d'auteurs les conduisit tous deux dans une bataille légale qui eut raison de leur amitié. Le conflit qui débuta officiellement en 1971 dura plusieurs années. Une quantité importante d'ouvrages retournèrent en la possession de Krishnamurti de son vivant mais l'affaire n'arriva à son terme qu'après sa mort[78]. Certains documents sont cependant restés en la possession de D. Rajagopal. Les échanges verbaux et écrits des deux parties étaient si acerbes, et certains rendus publics, que la réputation de Krishnamurti fut ternie durant cette période. Selon Lutyens, cela était dû au ressentiment consécutif à la perte d'influence progressive de Rajagopal sur Krishnamurti[79]. Selon Radha, la fille de Rajagopal, les causes sont simplement en rapport avec le litige lui-même[80]. Mais c'est aussi à cette occasion que la relation amoureuse de Krishnamurti avec la femme de Rajagopal apparut au grand jour. Krishnamurti s'expliqua à ce sujet en déclarant qu'on attendait toujours de lui qu'il soit un « messie » malgré son éloignement de la théosophie et en évoquant un « conditionnement » de son entourage au sujet de ce que devrait être le « comportement idéal d'un enseignant spirituel »[81].

David Bohm se dit également choqué de la révélation de cette liaison amoureuse. Mais ce dernier évoquait une autre raison à la distance qu'il prit à certaines périodes avec Krishnamurti : il trouvait qu'il y avait autour de lui une attitude révérencieuse excessive dans son cercle privé, une attitude constante dont, selon lui, Krishnamurti ne semblait pas vouloir discuter[82]. Enfin, il jugeait que Krishnamurti recourait occasionnellement à des manipulations oratoires quand il était confronté à certaines questions ou certains défis[réf. nécessaire].

La vie privée de Krishnamurti n'a jamais été publique de son vivant, il ne l'évoquait jamais dans ses conférences, ne parlant jamais de lui, ou toujours à la troisième personne, selon ses dires afin que « l'attention ne soit pas sur l'orateur mais sur ce qu'il dit ». La biographie de 1991 de Radha Rajagopal[83] qui avait vécu plusieurs années dans la résidence de Krishnamurti, fut la première cause de controverses. Le portrait qu'elle faisait de Krishnamurti était en effet très différent de celui de Lutyens, par exemple, au point que cette dernière publia divers droits de réponses et réfutations[84]. Selon Radha Rajagopal, les personnes qui connaissaient bien Krishnamurti lui trouvaient une « double personnalité », l'une confiante, forte, charismatique et une autre, quand il n'enseignait pas où il semblait vulnérable et démuni, parfois puéril. Le passage de l'une à l'autre aurait plus d'une fois surpris ses proches. Pour certains il n'était qu'inspirant, amical et pour d'autres, il pouvait être très froid et manquer de tact[85],[86].

L'insistance de Krishnamurti sur l'inutilité voire la dangerosité de chercher « une aide extérieure » a produit de nombreuses réactions, exprimées fréquemment au cours de ses conférences, sur un éventuel manque de compassion. Lutyens indique dans sa biographie que le message de Krishnamurti n'était pas destiné à fournir un soutien psychologique ou des solutions clé en main mais voulait inciter les auditeurs à trouver leurs réponses eux-mêmes[87].

Enfin, pour beaucoup d'observateurs, l'ironie suprême tient dans le fait que Krishnamurti est généralement considéré comme un des gourous les plus notoires du XXe siècle après avoir été celui qui avait le plus critiqué ce genre de statut[88], sans l'avoir, selon certains, assez franchement combattu pour lui-même[89].

Voir aussi

Bibliographie

Notes

  1. Leadbeater déclarait que la masturbation servait à libérer les tensions sexuelles et donc à libérer l'esprit en vue d'une quête spirituelle. Il fut accusé de pédophilie en 1906 pour avoir enseigné comment se masturber à des adolescents. Il était accusé d'en avoir invité dans son lit et d'avoir pratiqué la « réciprocité ». Un comité d'enquête au sein de la société théosophique fut mis en place, composé entre autres de Henry Steel Olcott, Alfred Percy Sinnett et G. R. S. Mead. En mai 1906, le comité laissa Leadbeater démissionner. Cependant, il fut réintégré par Annie Besant en 1908. Cette décision controversée de la présidente de la société entraîna une scission au sein la société. (Owen 2004, p. 105-106)
  2. Cette création fut d'ailleurs une des raisons du départ de Rudolf Steiner qui quitta la société théosophique pour créer sa société anthroposophique. D'autres théosophes protestèrent énergiquement et démissionnèrentTaylor 1992, p. 295-296

Références

  1. C. V. Williams, Jiddu Krishnamurti : World Philosopher 1895-1986, Motilal Banarsidas, (présentation en ligne), p. 255
  2. « Dès l'instant où vous suivez quelqu'un, vous cessez de suivre la Vérité »
  3. Se libérer du connu, Le livre de poche p. 103
  4. M. Lutyens 1975p. 1. Krishnamurti signifie l'image ou la forme de Krishna. Krishna, dans la légende hindoue, était le huitième enfant de sa mère.
  5. M. Lutyens 1975 FSG, p. 5.
  6. M. Lutyens 1975 Discus, p. 3, 4, 22, 25.
  7. « Il fut embauché par la société comme agent de bureau et lui et ses fils déménagèrent en janvier 1909 » M. Lutyens 1975 p. 8.
  8. Taylor 1992, p. 290-291
  9. M. Lutyens 1975 FSG, p. 21
  10. L'historique par Theosophical History
  11. M. Lutyens 1995
  12. Vernon 2001 p. 47. M. Lutyens 1975 FSG, p. 31, 62. M. Lutyens 1975 FSG, p. 308
  13. Jayakar 1986 "Chapter 3: The Dream: 'Is That You My Lord?'" p. 30–44.
  14. M. Lutyens 1975 FSG, "Chapitre 7: Legal Guardianship" p. 54–63; "Chapitre 8: The Lawsuit" p. 64–71; p. 82-84. Privy Council 1914. Court decision. p. 324.
  15. Taylor 1992, p. 297-298
  16. Vernon 2001 p. 53
  17. Taylor 1992, p. 293-294
  18. Taylor 1992, p. 298
  19. M. Lutyens 1975 FSG, p. 131–132, 258, 308 Le 17 novembre 1921, Krishnamurti écrit à Emily Lutyens (mère de Mary Lutyens) sa frustration « je suis terriblement amoureux [de Helen Knothe], c'est un grand sacrifice pour moi mais je n'y peux rien. » + Il avait déjà exprimé le fait que sa mission l'empêcherait de se marier [p. 118] et « croyait, avec la majorité des théosophes, que la sexualité était quelque chose de sale qui devait être sublimé » [p. 114] et était un « obstacle au progrès spirituel » Vernon 2001 p. 95 « Krishnamurti était contraint par ses aînés à une vie de célibat » + « Krishnamurti n'eut aucune relation sexuelle avant 1932 » Sloss 1993 p. 117) « à cette époque, son regard sur le sexe et la vie avait radicalement changé et avec l'âge avait même oublié l'idée de tomber amoureux ». M. Lutyens 1983 KFT, p. 18.
  20. Taylor 1992, p. 323-324
  21. Jayakar 1986 p. 46–57. M. Lutyens 1975 FSG, "Chapter 18: The Turning Point" through "Chapter 21: Climax of the Process" p. 152–188 [cumulative]
  22. Taylor 1992, p. 324
  23. Jayakar 1986 p. 28
  24. M. Lutyens cite Krishnamurti dans une discussion de 1979 : « Depuis 1922, il avait trouvé son propre langage » M. Lutyens 1983
  25. Discours de dissolution par Jiddu Krishanmurti en français
  26. Taylor 1992, p. 325
  27. M. Lutyens 1975 FSG, p. 285 [in "Postscript"]. « Il avait démissionné de la Société en 1930 » M. Lutyens 1975 FSG, p. 276.
  28. J. Krishnamurti 1975b p. 21. para. 36
  29. J. Krishnamurti 1975b p. 19.
  30. http://membres.lycos.fr/jacquesvigne/jv6.htm Krishnamurti était-il un gourou ? par Jacques Vigne
  31. M. Lutyens 1983 KFT, p. 17. Vernon 2001 p. 199
  32. Lives in the Shadow With J. Krishnamurti, 1991 Bloomsbury Publishing
  33. Vernon 2001 p. 205.
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  65. Sur les gourous : Dialogue avec Ma Anandamayi « Pourquoi rejetez-vous les gourous vous qui êtes le gourou des gourous ? » Krishnamurti répond « Les gens se servent des gourous comme de béquilles » "Krishnamurti" de Jayakar p. 144
  66. Sur la pensée : Il se présentait comme quelqu'un qui souhaitait libérer l'homme de tous les conditionnements psychologiques et sociaux par "l'éveil de l'intelligence". Krishnamurti critiquait la notion de pensée au profit de la notion d'intelligence. L'intelligence est, selon lui, l'art de voir les choses telles qu'elles sont. Krishnamurti's tenth public talk at Saanen, 1er août 1965 Collected Works Vol 15, p. 245
  67. sur la religion : Krishnamurti: Qu'est-ce que la vraie religion ? Elle est libre des rituels, des maîtres, des sauveurs. L'esprit peut rejeter tout cela intelligemment, parce que nous avons vu que ce n'est pas de la religion
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  84. M. Lutyens 1996. In 1995, KFA publie un pamphlet de 16 pages pour répondre aux livre de Sloss KFA 1995. Vernon, reconnaissant que « l'Histoire ne verra plus Krishnamurti de la même manière » met en doute l'impact de ces révélations en comparaison de l’œuvre monumentale de Krishnamurti et ajoutant que selon son opinion « Les dommages seront à la mesure de l'effondrement des spéculations des gens sur Krishnamurti » Vernon 2001 p. 202–204.
  85. Sloss 1993 p. 295, 315. Vernon 2001 p. 141–142, 228–229, 246–247.
  86. Ravindra 1995 p. 25–26. Page 28, il ajoute, « cette division radicale... pourrait être une forme de « schizophrénie sacrée » qui n'est pas inhabituelle dans la littérature mystique »
  87. M. Lutyens 1990 KFT, p. 96. J. Krishnamurti 1955b para. 19  actually I am not telling you anything at all »), para. 20 Si vous demandez comme être libre, c'est que vous n'écoutez pas ») Buultjens 1996 p. viii. « Inlassablement, Krishnamurti disait aux gens qu'ils n'avaient pas besoin d'être guidés, qu'ils avaient besoin de s'éveiller » I. Smith 1999 "[Chapter:] First Meeting" p. 15–16. Smith, un associé de Krishnamurti décrit sa première rencontre avec lui comme celle avec un « miroir » »
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Ouvrages de références

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Articles connexes

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