Jeff Bezos
Jeffrey Bezos (prononcé [ˈbeɪzoʊs]), dit Jeff Bezos, né Jeffrey Jorgensen le à Albuquerque (Nouveau-Mexique), est un entrepreneur, industriel, propriétaire de médias et milliardaire américain. Il est notamment connu pour être le fondateur, principal actionnaire et ancien président-directeur général (PDG) d'Amazon et le fondateur de l'entreprise spatiale Blue Origin, proposant notamment un accès à l'espace pour le tourisme spatial.
Le magazine Forbes le classe première fortune mondiale au , avec des actifs estimés à 209,2 milliards de dollars américains.
Biographie
Enfance et formation
Jeffrey Preston Jorgensen naît le , fils de Ted Jorgensen et Jacklyn Gise, à Albuquerque, au Nouveau-Mexique[1]. Au moment de sa naissance, ses parents sont tous deux lycéens : son père vient d'avoir 18 ans tandis que sa mère en a 16[2]. Son père l'abandonne à sa naissance et se remarie un an plus tard[3]. Sa mère fait ensuite la connaissance de Miguel Bezos, un immigré cubain installé aux États-Unis depuis l'âge de quinze ans et étudiant à l'université d'Albuquerque (en). Elle l'épouse en avril 1968, et celui-ci adopte Jeff peu de temps après, qui dès lors porte son nom, et l'élève comme son propre fils[4]. Enfant surdoué, Jeff est doté d'un très haut QI[5].
Il crée sa première entreprise alors qu'il est au lycée, un camp d'été pour enfants[6].
Diplômé de l'université de Princeton en 1986 avec un Bachelor of Arts and Science[7] en sciences de l'informatique[5], il travaille dans plusieurs entreprises financières de Wall Street, dont D.E. Shaw & Co[8].
Amazon
En 1994, Jeff Bezos, alors âgé de trente ans, se laisse de plus en plus tenter par une idée qui l’obsède depuis un moment :
« J’ai appris que l’utilisation du web augmentait de 2 300 % par an. Je n’avais jamais vu ou entendu parler de quelque chose avec une croissance aussi rapide, et l’idée de créer une librairie en ligne avec des millions de titres — quelque chose de purement inconcevable dans le monde physique — m’enthousiasmait vraiment[9]. »
Considérant qu'il pourrait regretter plus tard de ne pas avoir participé à l'aventure internet, il fonde Amazon.com (voulant bâtir la plus grande librairie du monde comme l'Amazone est le plus grand fleuve de la planète[10]) le , à Seattle. Au début du lancement de l'entreprise, Jeff Bezos travaillait avec ses employés dans son garage notamment pour le développement d'un logiciel.
Afin de faire décoller sa société, il demanda à ses parents d'y investir, ce qu'ils firent à hauteur de 245 573 dollars[11]. La société ouvre son premier site en . Elle est actuellement la plus grande entreprise mondiale de vente en ligne, avec un chiffre d'affaires de 280,5 milliards de dollars en 2019[12]. En 2000, il fonde une jeune entreprise spécialisée dans les bourses et Blue Origin, spécialisée dans les voyages spatiaux[13]. Fortune faite, il y investit un milliard de dollars par an[5].
Le 5 juillet 2021, il démissionne de son poste de PDG d'Amazon, mais reste le président exécutif de son conseil d'administration. Son successeur est Andy Jassy.[14]
Blue Origin
En 2000, Bezos fonde Blue Origin, une société spécialisée dans la production aérospatiale et dans les vols sub-orbitaux. Le premier lancement d'une fusée est réussi en 2015. Son activité principale est centrée sur la construction du lanceur lourd New Glenn qui doit effectuer son premier vol en 2023 et le développement de moteurs cryogéniques (en)[15].
La société conçoit également la fusée suborbitale New Shepard destinée au tourisme spatial. Bezos participe à son premier vol habité, le 20 juillet 2021, avec à ses côtés son frère Mark Bezos, Wally Funk et Oliver Daemen[16]. Une vente aux enchères est ouverte à tous pour « devenir le premier touriste spatial à bord du New Shepard » et gagner une place pour rejoindre l'équipage de ce vol[17], mais le vainqueur cède sa place à Daemen, dont le vol est avancé.
Autres activités
Bezos possède aussi les sites IMDb, Alexa Internet, Amazon Mechanical Turk, Amazon SimpleDB, AbeBooks, Sellaband (en), Amazon Kindle, Reflexive Entertainment (en), Audible.com, 43things.com (en), Amie Street, LibraryThing, Statistically Improbable Phrases, A9.com. En 2012, il rachète l'entreprise de robots transporteurs Kiva Systems (en).
En 2013, il rachète le journal américain The Washington Post pour 250 millions de dollars[18],[19],[20].
Il gère par ailleurs plusieurs autres investissements à travers son fonds de capital risque Bezos Expeditions[réf. nécessaire].
Affaires
Le , Bezos répond aux critiques du candidat républicain à l'élection présidentielle américaine de 2016, Donald Trump, celui-ci l'ayant accusé la veille d'avoir acquis le Washington Post dans le seul but de minimiser la pression fiscale qui pèse sur Amazon et son propriétaire aux États-Unis. Il publie alors sur Twitter un court message où il se félicite ironiquement d'avoir enfin été pris pour cible par Trump et propose tout aussi ironiquement de réserver un siège au milliardaire sur une fusée dédiée au tourisme spatial[21]. La victoire surprise de Donald Trump à cette même élection le , face à la démocrate Hillary Clinton, contraint cependant le fondateur d'Amazon à féliciter le nouveau président républicain et à lui souhaiter « un grand succès dans son service pour le pays »[22]. Élu, Donald Trump menace Amazon d’une enquête antitrust pour intimider Bezos et infléchir la ligne éditoriale du Washington Post[23].
En 2019, un enquêteur engagé par Jeff Bezos accuse les autorités d'Arabie saoudite d'avoir piraté le téléphone portable de Bezos pour obtenir des informations privées[24],[25].
Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l'Organisation des Nations Unies (ONU) sur les exécutions extrajudiciaires, ainsi que David Kaye, rapporteur spécial sur la liberté d'expression, ont déclaré que lors d'une analyse du téléphone portable de Jeff Bezos, il a été constaté qu'il avait reçu un message vidéo infecté par un logiciel malveillant sur WhatsApp d'un certain numéro appartenant apparemment au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane[26].
Fortune
Après être brièvement passé devant Bill Gates en tant qu'homme le plus fortuné de la planète au cours de l'été 2017[27],[28], Bezos devient en , l'homme le plus riche au monde, avec une fortune estimée à plus de cent milliards de dollars américains (+ 34,2 milliards de dollars par rapport à 2016), devant Bill Gates[29],[7] et Warren Buffett. En effet, durant le « Black Friday » de 2017, son entreprise a atteint 584 milliards de dollars de capitalisation boursière, ce qui a fait gagner à sa fortune personnelle 2,4 milliards de dollars en une journée[30].
En 2018, il devient le premier individu à dépasser les 100 milliards de dollars de fortune selon Forbes[31]. Il est depuis, la personne la plus riche au monde, avec un pic durant la pandémie de coronavirus, en juillet 2020, à 172 milliards de dollars (153 milliards d'euros)[32]. Le 26 août 2020, Jeff Bezos est devenu la première personne de l'histoire à posséder une fortune supérieure à 200 milliards de dollars (170 milliards d'euros)[33].
Il a été critiqué pour le climat interne chez Amazon, jugé exécrable par une enquête du New York Times en 2015, ainsi que pour sa volonté d'édifier un monopole et de ne pas payer d'impôts sur les sociétés. Une étude indépendante parue en 2020 dans le magazine Forbes (The world's best employers) classe Amazon à la deuxième place des meilleurs employeurs du monde[34]. Alors que plusieurs milliardaires américains présentent le manifeste The Giving Pledge, où ils promettent de consacrer la majorité de leur fortune à des causes caritatives, il refuse de le signer[5]. Finalement, il consent avec son épouse à créer en 2018, un fonds de 2 milliards de dollars afin d'aider les sans-abri et un réseau de classes de maternelles pour les plus pauvres[35].
En 2020, il annonce vouloir financer des initiatives pour lutter contre le changement climatique et crée pour ce faire le Bezos Earth Fund (en) doté de 10 milliards de dollars pris sur sa fortune personnelle[36],[37]. Ce fonds subventionne des projets de protection de la nature portés par des scientifiques ou des organisations non gouvernementales (ONG). Des transferts très conséquents, chiffrés à plusieurs millions de dollars sont annoncés en novembre 2020 vers le WWF, the Environmental Defense Fund, Natural Resources Defense Council, The Nature Conservancy, World Resources Institute[38].
Vie privée
Jeff Bezos s'est marié avec MacKenzie Tuttle. Ils sont parents de quatre enfants, trois fils et une fille, adoptée en Chine. En , il annonce sur Twitter leur divorce, après vingt-cinq ans de vie commune[39] ; cela fait suite à sa liaison avec la présentatrice de télévision Lauren Sanchez[35].
Il possède une immense demeure à Medina, près de Seattle, une maison de 1 200 m2 à Beverly Hills, trois appartements dans la tour The Century à New York, le musée du Textile à Washington, le Figure 2 Ranch au Texas et des milliers d’hectares de terrain. Cela fait de lui l'un des vingt plus importants propriétaires fonciers du pays[5].
Il est libertarien[40] et donateur du laboratoire d'idées libertarien Reason Foundation[41]. Engagé dans le mouvement transhumaniste[42], il a investi 42 millions de dollars dans une horloge mécanique située au Texas, laquelle pourra donner l'heure exacte pour les dix mille prochaines années[43],[13].
Distinctions
- Jeff Bezos est élu personnalité de l'année selon Time Magazine en 1999. Âgé de 35 ans, il est la quatrième plus jeune personne à recevoir cet honneur, après Charles Lindbergh en 1927 (25 ans), la reine Élisabeth II en 1952 (26 ans) et Martin Luther King en 1963 (34 ans)[44].
- En 2014, il est classé premier parmi les PDG les plus performants du monde par la Harvard Business Review[45].
- En , il est élu « pire patron au monde » à l’issue d’un sondage mené par la Confédération syndicale internationale, représentant 184 millions de travailleurs de 161 pays, lors de son troisième Congrès mondial[46],[47].
- En 2018, il reçoit le HRC National Equality Award de l'association Human Rights Campaign pour son soutien à la cause LGBTQ[48].
Notes et références
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- Stone, Brad,, The everything store : Jeff Bezos and the age of Amazon (ISBN 978-0-316-21926-6, 0-316-21926-6 et 978-0-593-07046-8, OCLC 856249407, lire en ligne), p. 130
- (en) Tim Appelo, « 10 Things You Didn't Know About Jeff Bezos and Amazon », The Hollywood Reporter, (lire en ligne, consulté le ).
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- Marie-Pierre Gröndahl, « Jeff Bezos, roi du monde », Paris Match, semaine du 3 au 9 août 2017, p. 34-39.
- Business Insider, « 13 infos que vous ne connaissiez probablement pas sur Jeff Bezos », sur Business Insider France, (consulté le )
- (en) « Profile and Net Worth of Jeff Bezos », Forbes.com (consulté le ).
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- « La Silicon Valley en position inconfortable face à Trump », sur leparisien.fr, .
- Rodney Benson, « Métamorphoses du paysage médiatique américain », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).
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- « La fortune de Jeff Bezos dépasse les 100 milliards de dollars après le Black Friday », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
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- Hélène Vissière, « Jeff Bezos : ses ennemis, sa liaison, ses affaires », lepoint.fr, 15 janvier 2018.
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- Paris Match, « Jeff Bezos, l'homme le plus riche du monde, divorce », sur parismatch.com (consulté le ).
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- Voir sur reason.com.
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- amazon.com, Robert Spector, éd. Un monde différent, 2000, 341 pages.
- « Seulement 4 Français parmi les 100 meilleurs PDG du monde », sur Challenges.fr, (consulté le ).
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- Pascal Grandmaison, « Jeff Bezos, l'homme qui valait 100 milliards », sur LEFIGARO.fr, (consulté le ).
- (en) « HRC Announces Full Lineup for the 21st Annual HRC National Dinner », sur hrc.org, (consulté le ).
Bibliographie
- Brad Stone, La boutique à tout vendre, First Editions, 2013.
- Alain Dupas et Cyril De Sousa Cardoso, Innover comme Elon Musk, Jeff Bezos et Steve Jobs, Paris, Odile Jacob, 166 p. (ISBN 978-2-7381-4711-0 et 2738147119, OCLC 1088549065, lire en ligne).
Liens externes
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- « Jeff Bezos, rebelle par vocation », l'histoire commentée du fondateur d'Amazon par Daniel Ichbiah
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