Jean Kahn-Dessertenne

Jean Kahn-Dessertenne, né Jean Marcel André Kahn le dans le 14e arrondissement de Paris, et mort le à Bonnières-sur-Seine, est un professeur de philosophie et poète français.

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Biographie

Famille

Extérieur de l'église Saint-Pierre-ès-Liens de Mussy-sur-Seine

L'avocat André Kahn (1888-1959), le père de Jean Kahn, est d'origine juive alsacienne, issu d'une famille de Bliesbruck installée à Nancy après la guerre de 1870[1],[2]. Possédant une maison de campagne à Mussy-sur-Seine, dans le sud de l'Aube, il y rencontre Blanche (1885-1972), fille du coiffeur piémontais Giuseppe Sismondino et de la couturière Marie-Florentine Barloy, qui habitait une maison voisine, et l'épouse à Paris en 1918[3],[4],[5] ; cousette divorcée (1907)[6], Blanche a déjà un fils, Maurice Hessens, qui sera élevé par la famille Dessertenne[5]. Né boulevard Raspail à Paris alors que son père est mobilisé, Jean est baptisé ; son frère cadet Jean-Claude naît en 1920[5],[7]. Le mari de sa grand-mère qu'il adore, Jacques Maurice Dessertenne, est un peintre reconnu qui a notamment illustré plusieurs éditions du Larousse illustré, et que Jean considère comme son « seul grand-père »[5],[8],[9].

La crise des années 1930 met les affaires de la famille au plus mal[5].

Dès sa majorité, Jean Kahn se marie à Viroflay en 1937 à Camille Ferriot (1914-2005), surnommée « Millette », catholique pratiquante, fille d'un petit industriel du bois de Mussy et de Cécile Baltis, une institutrice d'origine suisse allemande, en poste dans l'école du village qu'elle quittera pour un autre destin mais dont l'antisémitisme l'empêche de rencontrer son gendre[4],[5],[10].

Jean Kahn-Dessertenne est le père du journaliste Jean-François Kahn (né en 1938), du chimiste Olivier Kahn (1942-1999) et du généticien Axel Kahn (1944-2021). Quand le couple Kahn divorce en 1954, Jean vit avec son fils aîné Jean-François et Millette avec Axel et Olivier[5],[10].

Carrière

Bachelier à seize ans, Jean Kahn fait des études de lettres et philosophie, et s'engage la même année, à partir de 1932, au Parti communiste français[5],[11]. Il quitte le PCF pour notamment un manque de « tolérance », en 1952[5].

Dans les années 1930, il fréquente l'écrivain René Daumal et le maître spirituel Georges Gurdjieff, puis obtient un poste d'enseignant au cours privé Godéchoux, dès 1937[11]. Il gardera constamment sur lui un petit volume du Nouveau Testament acheté  cette même année[5].

Mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale, il décide dès 1940 de rejoindre à Londres le général de Gaulle, en passant par le Maghreb[11]. En 1942, il obtient sans peine un certificat de « non appartenance à la race juive » mais son père doit porter l'étoile jaune sur sa poitrine[5]. Arrêté au moment de s’embarquer, Jean Kahn est interné au camp de concentration d'Argelès-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales[11]. Il réussit à s’en évader et entre dans la Résistance au sein des FTP, où il prend le nom de Jean Dessertenne, jusqu'à la Libération de Paris[5].

Après la guerre, il reprend ses activités de professeur au cours Godéchoux et utilise, dès lors, le nom composé Jean Kahn-Dessertenne. Comme enseignant, il a eu notamment pour élève Jean-Edern Hallier[12]. Il s'intéresse à cette époque aux travaux du psychiatre Serge Lebovici dont il intègre, en 1950, les « Groupes d'études et de recherche sur la pédagogie »[11]. Après mai 68, les propriétaires des cours Godéchoux sont fortement hostiles à ses nouveaux projets pédagogiques[11].

Ses derniers temps, sa situation financière devient difficile[13].

Fin de vie

À 53 ans, il se donne la mort, le , en se jetant d'un train à Bonnières-sur-Seine, laissant une lettre d'explication à son fils Axel Kahn, à qui il s'adresse : « comme, peut-être, le plus capable de faire durement les choses nécessaires » et où il conseille : « sois raisonnable et humain »[14],[11],[5],[15].

Ouvrages

  • La Réforme de l’entendement, 1953.
  • Matière du temps, postface de Robert Tzakiri, Collection Cahiers d'Arfuyen no 138, 96 pages, (ISBN 2-845-90022-8)

Notes et références

  1. Comme deux frères, Axel Kahn et Jean-François Kahn, p. 15.
  2. Un Type bien ne fait pas ça...: Morale, éthique et itinéraire personnel, Axel Kahn, éditions Robert Laffont, 2012 (ISBN 978-2-84111-476-4), 180 pages [lire en ligne].
  3. Acte de mariage : AD 75 numérisées- Paris 1, M 07/12/1918, 14M 254, page 6, acte n° 1386
  4. Jean-François Kahn, l'électron libre, documentaire télévisé de Frank Eskenazi pour la collection Empreintes, France 5, 2009.
  5. « Images dans l'esprit de Jean, un homme hors du temps », site axelkahn.fr, 6 juillet 2017, consulté le 10 janvier 2020.
  6. « Visionneuse - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le ), p. 19, feuillet 1160
  7. Jean-Claude Michel Kahn (1920-1999) se marie en 1946 avec Maud Arlette Cohen.
  8. (en) « Ornemental Illustrations in French Dictionary », sur web.archive.org, (consulté le )
  9. Monique Catherine Cormier, Aline Francoeur, Les dictionnaires Larousse : genèse et évolution, PUM, 2005, p. 189
  10. Sandrine Blanchard, « Les Kahn, père nourricier », Le Monde, (lire en ligne)
  11. Biographie de Jean Kahn-Dessertenne sur le site des éditions Arfuyen
  12. Jean-Claude Lamy, Jean-Edern Hallier, l'idiot insaisissable, éditions Albin Michel, 2017, p. 187.
  13. « Le généticien Axel Kahn nous parle, sans gêne, de son rapport à l'argent », sur VotreArgent.fr, (consulté le )
  14. Axel Kahn, Jean un homme hors du temps, éditions Stock, 2017, p. 302.
  15. Guy Duplat, « Axel Kahn : "Etre quelqu’un de bien" », sur LaLibre.be, (consulté le )

Liens externes

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