Jean-Marie Guéhenno

Jean-Marie Guéhenno, né le à Paris, est un diplomate français, spécialiste des questions de défense et des relations internationales.

Cet article concerne le diplomate. Pour la commune ou l'écrivain, voir Guéhenno et Jean Guéhenno.

Il fut Secrétaire général adjoint au Département des opérations de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies, jusqu'en , après avoir annoncé le qu'il ne renouvellerait pas son mandat[1]. Il a été remplacé à ce poste par Alain Le Roy. Le il est nommé assistant auprès de Kofi Annan pour sa mission en Syrie[2]. Il est le Président-Directeur général de l'International Crisis Group [3] depuis 2014.

Biographie

Jean-Marie Guéhenno est le fils de l'écrivain Jean Guéhenno (de l'Académie française) et de la résistante et écrivaine Annie Guéhenno. Il est ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et agrégé de Lettres modernes. Il a été auditeur à la Cour des Comptes à sa sortie de l'École nationale d'administration (ENA), en 1976, puis conseiller référendaire et Conseiller-Maître. Il a été Secrétaire général adjoint des Nations unies, chargé des opérations de maintien de la paix, d' à . Il est actuellement professeur à l'Université Columbia (Arnold Saltzman Institute, School of International and Public Affairs- SIPA) . Il est également associé à la Brookings Institution et au Center on International Cooperation de New York University.

Jean-Marie Guéhenno a passé une partie de sa carrière au Ministère des Affaires Étrangères, où il a occupé successivement les fonctions de membre du Centre d'analyse et de prévision - créé en juillet 1973 par Michel Jobert - de 1979 à 1981, de Conseiller culturel de l'Ambassade de France aux États-Unis de 1982 à 1986, de chef du Centre d'analyse et de prévision de 1989 à 1993, et de représentant permanent de la France auprès de l'Union de l'Europe occidentale de 1993 à 1995.

Il a été président de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), en France, de 1998 à 2000.

De 1999 à 2000, il a également été membre du Conseil consultatif sur les questions de désarmement des Nations unies.

Il a publié de nombreux articles et deux ouvrages, la Fin de la démocratie (traduit en anglais sous le titre The End of The Nation State), et l'Avenir de la liberté : la démocratie dans la mondialisation.

Il a tenu la rubrique du marché de l'art dans Le Monde, sous le pseudonyme de Jean-Marie Guillaume.

Jean-Marie Guéhenno est officier de la Légion d'honneur[4] et commandeur de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne.

Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'ONU

Le , Jean-Marie Guéhenno a été nommé, par Kofi Annan, Secrétaire général adjoint au Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU, poste auquel il a succédé à Bernard Miyet.

Le , il expose, dans l' International Herald Tribune, dans un article intitulé « A plan to strengthen UN peacekeeping » (Un plan pour renforcer les missions de maintien de la paix de l'ONU), sa conception du rôle des missions de maintien de la paix des Nations unies. Selon Guéhenno, les forces de maintien de la paix créées par le Conseil de sécurité sont sur-déployées : elles travaillent simultanément à quinze missions de maintien de la paix et elles regroupent 50 000 hommes, pour la plupart issus des pays en voie de développement, avec en tête des pays représentés l'Inde et le Bangladesh. Ces missions pourraient coûter quatre milliards de dollars

Jean-Marie Guéhenno dégage quatre principes selon lesquels ces missions devraient être menées :

  • l'ONU ne s'engage que pour sauvegarder une paix quand il y a une paix à sauvegarder—elle ne s'engage pas dans un conflit.
  • développement les partenariats régionaux de maintien de la paix.
  • les États tiennent leurs engagements lorsqu'ils sont engagés dans une mission.
  • engagements longs.

Le , il publie, toujours dans l’International Herald Tribune, un article intitulé « A continent in crying need of peacekeepers » (« Un continent avec un besoin criant de gardiens de la paix »), dans lequel il approuve le projet du G8, exposé par le président américain George W. Bush devant l'Assemblée générale de l'ONU, de créer et d'entraîner une force de 75 000 hommes pour les missions de maintien de la paix, initialement en Afrique, puis au-delà.

Selon Guéhenno, entraîner des troupes spécialisées est une priorité en Afrique : le Liberia, le Burundi, la Sierra Leone, la République démocratique du Congo et le Soudan en bénéficient. Cela permettrait d'apaiser les conflits et d'espérer installer un certain degré de stabilité.

Du 6 au , Jean-Marie Guéhenno s'est rendu - pour la cinquième fois - en République démocratique du Congo, pour se rendre compte sur place, alors que la période qui s'ouvre est critique, du travail accompli depuis le début de la Transition, des défis qui restent à relever et de ce qui reste à faire dans la préparation des élections, prévues le 18 juin. Le lundi , à l'étape de Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï-Oriental, il a fait remarquer, lors de sa rencontre avec les partis politiques et les acteurs de la société civile, que « le Conseil de sécurité de l'Onu ne peut décider de la réouverture des bureaux de vote ». Mais, à son départ de Kinshasa, après un séjour de neuf jours, le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux opérations de paix a mis en garde les acteurs politiques congolais contre « la politique de la chaise vide », les appelant à participer aux élections, et faisant remarquer à propos des réticences de plusieurs formations politiques à entrer dans le processus électoral, que « les acteurs politiques donnent quelquefois l'impression d'avoir peur des élections ».

Le , il annonce qu'il ne renouvellera pas son mandat à la tête du département du maintien de la paix de l'ONU posant la question de l'attribution de ce poste qui avait été faite à un responsable français en condition du soutien de la France à l'élection de Ban Ki-moon[1].

À l'occasion de l'élection présidentielle de 2017, il fait partie des 60 diplomates qui apportent leur soutien à Emmanuel Macron[5].

Publications

En mars 1993, Jean-Marie Guéhenno publie La fin de la démocratie : au lendemain de la chute du mur de Berlin, il dresse l'acte de décès de la démocratie et met en garde contre « le triomphalisme vaniteux qui accompagna la chute du communisme » (p. 7).

Il est par ailleurs l'auteur de L'avenir de la liberté - La démocratie dans la mondialisation, dans lequel il examine les problèmes posés par la confrontation entre la démocratie et le marché, et s'interroge sur le « juste combat démocratique ». Il récuse la notion de « démocratie de marché », la réduction de la démocratie à des procédures délibératives ou électorales, ou l'idée que le marché mondial aurait créé une communauté mondiale. Il s'interroge sur le point de savoir si la concurrence doit être considérée comme la valeur suprême : « Dans la fausse communauté-monde du marché » l'idée de la concurrence pourrait-elle être « le socle d'une véritable communauté-monde ? ».

En janvier 2006, Jean-Marie Guéhenno rédige un chapitre intitulé « Rapport Brahimi, cinq ans après » dans Le Guide du maintien de la paix, sous la direction de Jocelyn Coulon auquel les auteurs suivants ont aussi collaboré: Catherine Delice, Galia Glume, Lucien Manokou, Madeleine Odzolo Modo et Béatrice Pouligny.

Livres

  • Jean-Marie Guéhenno, « La fin de la démocratie » (Paris, Flammarion, 1993 - repris dans la collection de poche Champs, en 1999, (ISBN 2-08-081322-6))
  • Jean-Marie Guéhenno, « L'avenir de la liberté - La démocratie dans la mondialisation », (Paris, Flammarion, 1999, 222 pages, (ISBN 2-08-211579-8))

Articles

  • (de) Demokratie am Wendepunkt, in Internationale Politik (mensuel allemand),
  • Is France relevant ?, in Prospect (mensuel britannique),
  • Union politique et euro: la voie modeste, in Commentaire (trimestriel français), no 82, été 1998
  • (en) The impact of Globalisation on Strategy, in Survival (trimestriel publié par l’Institut d’Études stratégiques de Londres), hiver 1998-99
  • (en) Globalisation and the International System, in Journal of Democracy (trimestriel américain, publié par le National Endowment for Democracy et Johns Hopkins University Press),
  • Américanisation du monde ou mondialisation de l’Amérique ?, in Politique étrangère (trimestriel français publié par l’IFRI), printemps 1999
  • (en) The future of nuclear deterrence, in Strategic Analysis (mensuel indien publié par l’Institut d’Études et d’Analyses de Défense de New Delhi
  • Le modèle européen, in Ramsès du XXème anniversaire de l’IFRI (publié par l’IFRI), automne 1999
  • (de) Politische Macht und demokratische Offentlichkeit in der Europäischen Union, in Die Neue Ordnung des Politischen. Die Herausforderung der Demokratie am Beginn des 21 Jahrhunderts, ouvrage collectif publié par Campus Publishing et la Fondation Julius Raab, Vienne,
  • La Commission Européenne, adversaire ou allié de l’industrie de défense européenne? Pour une révision de l’article 223 du traité instituant la Communauté Européenne, in Revue du Marché Commun et de l’Union Européenne, no 433, novembre-
  • (de) Demokratie - Die Neue Machtfrage, in Die Zeit, no 51, ,
  • (en) Is France French ?, in Prospect (mensuel britannique),
  • L’avenir de l’OTAN, in Critique Internationale, printemps 2000
  • (en) Multipolarity and Multilateralism, New Delhi, printemps 2000

Ouvrages collectifs

  • Governance and civil society in France, dans un ouvrage collectif sur la gouvernance (" in a Global Age" plutôt que "in France"), publié en 2001 par le Japan Center for International Exchange de Tokyo et New York (ISBN 4-88907-048-6)
  • Jocelyn Coulon (dir.) « Guide du maintien de la paix », (Montréal, Athéna éditions, 2006, 294 pages, (ISBN 2-922865-37-1))

Notes et références

Liens externes

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