Jacques André (aviateur)
Jacques André, né le à Paris et mort le à Antibes[1], est un as de l'aviation, ancien pilote du Régiment de chasse Normandie-Niémen. Il a ensuite continué sa carrière dans l'Armée de l'air, jusqu'en 1968, avant de s'éteindre en 1988.
Pour les articles homonymes, voir Jacques André (homonymie) et André.
Nom de naissance | Jacques Louis André |
---|---|
Naissance |
Paris 16e, France |
Décès |
Antibes, France |
Nationalité | France |
Pays de résidence | France |
Diplôme |
Pilote de chasse |
Profession |
Officier de l'Armée de l'Air |
Activité principale |
Militaire |
Formation |
École de pilotage d'Étampes |
Distinctions |
Chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1939-1945, Ordre de la Guerre pour le Salut de la Patrie (URSS), Médaille de la Victoire (URSS), • Héros de l'Union Soviétique (URSS), Ordre de Lénine (URSS), Ordre du Drapeau Rouge (URSS). |
Compléments
Un de Normandie-Niemen.
Fils de Géo André, il est le champion de France du 110 m haies en 1938.
Carrière militaire
Jacques André s'engage, le dans l'armée de l'air. Le , il suit les cours de l'école de pilotage d'Étampes. Sorti major de promotion, le , il devient moniteur à l'École de l'air de Salon-de-Provence. Lors de l'invasion de la France, les Italiens bombardant Marseille, l'état-major décide de diriger les élèves sur Pau.
Nommé pilote-convoyeur, il est chargé de trouver les avions basés dans la région pour les conduire en Afrique du Nord. Il traverse de nombreuses fois la Méditerranée. Lorsque Géo André, son père, lui fait part de son désir de gagner l'Algérie, la présence, dans un hangar, d'un Caudron Simoun leur convient. Partis en pleine nuit, sous le feu des sentinelles, ils atteignent Alger après quatre heures trente de vol. Arrivé le 26 juin 1940 à Alger-Maison Blanche, il n'est pas directement affecté au sein du groupe de chasse II/3. Impatient de prendre les commandes d'un des Dewoitine D.520 équipant la base, il parvient à convaincre le capitaine de compagnie de l'intégrer dans une escadrille le 30 octobre 1940. Sept mois plus tard éclate l'affaire de Syrie[Note 1]. En juin 1941, Jacques André combat les troupes britanniques au sein de l'armée de l'Air vichyste.
Du 18 juin au , il réalise des missions de couverture, de protection, de mitraillage au sol et de destruction. Revenu en Algérie, il quitte Maison-Blanche et débarque à Marseille en septembre 1941. En avril 1942, il rejoint l'Algérie avant que la zone libre ne soit occupée. À Blida, il retrouve le Groupe de chasse II/3. Lorsque le , les Alliés débarquent, il est à nouveau placé dans une situation délicate. Censé s'opposer au débarquement américano-britannique, il est sauvé, comble pour un aviateur, par un épais brouillard qui empêche son escadrille de décoller. Son unité est alors soumise aux entraînements de la Royal Air Force.
Il accepte la proposition du général Valin, à la recherche de pilotes pour le « Normandie ». Il explique son choix, contesté par les officiers restés fidèles au maréchal Pétain :
« On se fichait éperdument du régime communiste de l'URSS. Nous avions 22-23 ans, nous avions appris un métier, nous étions suffisamment motivés pour ne pas avoir envie de rester à ne rien faire. On nous offrait l'action, on ne pouvait que dire oui. »
L'autre raison est la mort de son père. Engagé dans les Corps francs d'Afrique, il périt dans une embuscade au moment de la prise de Tunis « et moi j'étais comme un imbécile à ne rien faire »[2].
Comme ses camarades d'escadrille, Cuffaut, Sauvage, Casaneuve, Pierrot, il entreprend le long périple qui, du Caire en passant par Téhéran, doit le conduire à Moscou[3]. Parti en octobre 1943 d'Alger, il atteint Toula où est stationné le "Normandie", le 22 décembre 1943. C'est à Alytus, sur les rives du Niémen, que l'aspirant André livre, le 30 juillet 1944, son premier combat et remporte sa première victoire[2] :
« Nous étions partis à six (...) mon équipier et moi étions en patrouille haute (...) Je me suis écarté vers la gauche en pensant : "avec les nuages au-dessus de nous, si les Fritz arrivent, ils débarqueront vers la droite, le soleil dans le dos, et je ne pourrais rien faire. Au contraire, si je me place à gauche je fais cent quatre-vingt degrés et je me trouve tout de suite derrière eux". C'est exactement ce qui s'est produit : je me suis trouvé derrière deux Focke-Wulf Fw 190, en patrouille haute qui accompagnaient des Junkers Ju 87. Alors la radio : "Focke-Wulf !" Aussitôt, la bataille a commencé. J'ai mis plein gaz, viré brutalement, les Fritz ne m'avaient pas vu, je n'avais qu'à tirer et je n'arrivais pas à me décider. Je me disais : "Je suis trop loin... ce n'est pas possible, je suis trop loin, il faut que j'attende." J'étais à vingt mètres pourtant, et j'aurais pu les tirer tous les deux. Combien de temps ai-je attendu ? Quelques dixièmes de seconde ? J'ai fini par descendre le premier, et l'autre est parti en vrille (...). Je ne voulais pas le perdre de vue, j'ai tout réduit, virant brutalement pour me replacer derrière lui en perdant le maximum de vitesse. Hélice plein petit pas et volets sortis, je l'ai suivi jusqu'à son terrain sans m'en rendre compte, et là, je l'ai descendu. »
Après cette offensive, « Normandie » est cité dans un ordre du jour du maréchal Staline et prend le nom de Normandie-Niemen. Quinze autres victoires viennent s'ajouter, entre le et le , au palmarès de Jacques André. Jacques André comptera 11 victoires à son actif (4 en collaboration) et 3 probables (une en collaboration)[4],[5]. Après la capitulation du IIIe Reich, le Normandie-Niémen, conformément au souhait de Staline, regagne le territoire français avec ses propres avions.
Après la guerre
Au lendemain de la guerre, Jacques André, malgré les possibilités d'entrer à Air France, reste pilote militaire. Il avoue d'ailleurs volontiers que sa présence dans l'Armée de l'air « compte tenu de mon plaisir évident à voler, n'a pas été un travail mais une joie permanente ». L'armée lui offre la possibilité de s’entraîner en vue des Jeux olympiques d'été de 1948. Il participe et atteint le stade des demi-finales du 400 m haies.
Commandant du centre de tir et de bombardement de Cazaux de 1957 à 1960, affecté au secteur 3 radar de Drachenbronn de 1960 à 1962, commandant de la base aérienne 720 à Caen de 1963 à 1965, il passe ensuite deux années comme commandant de la base aérienne 181 Ivato à Madagascar. Il termine sa carrière à l'état-major de la IVe région aérienne à Aix-en-Provence. En 1968, il est placé en congé du personnel navigant. Le colonel Jacques André est décédé le 2 avril 1988.
Distinctions
Notes et références
Notes
- Le , un coup d'état militaire renverse le régent du royaume d'Irak et place à la tête du pays Rachid Ali. Le 27 mai, par les accords de Paris, la France autorise le transit par la Syrie des avions allemands qui portent secours à l'Irak soulevé contre les Anglais. L'Angleterre est directement menacée de voir son approvisionnement en pétrole condamné. Aussi décide-t-elle, avec l'approbation de De Gaulle, d'envahir les États du Levant.
Références
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
- ANDRE (Jacques), Cette fois je n'étais plus spectateur, Icare (64), p. 134.
- Interview du colonel Jacques André, S.H.A.A., H.O.no 170.
- « Magnus Icare Lire en ligne sur Icare. »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- « Lire en ligne sur Ciel de gloire ».
Voir aussi
Bibliographie
- Yves Courrière, Normandie-Niémen, Paris, Presses de la Cité, coll. « Troupes de choc », (ISBN 2-258-03559-7)
- Roland de La Poype et Jean-Charles Stasi, L'épopée du Normandie-Niémen : mémoires, Paris, Perrin, , 240 p. (ISBN 978-2-262-02655-4); rééd. Perrin, coll. « Tempus », 2011, 288 p. (ISBN 978-2-262-03647-8)
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives au sport :
- « LES SÉPULTURES DES PILOTES DU NORMANDIE-NIEMEN », sur tombes-sepultures.com/ (consulté le ).
- Наградной лист: p. 1, p. 2, p. 3, p. 4.
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