Imre Thököly

Imre comte Thököly de Késmárk (en hongrois : késmárki gróf Thököly Imre [ˈtøkøli][1], [ˈimrɛ]), anciennement francisé sous la forme Éméric Tékéli, né le et mort le , est un noble hongrois, qui fut à la tête de l'opposition aux Habsbourg à la fin du XVIIe siècle, brièvement prince de Transylvanie en 1690.

Imre Thököly
Fonctions
Prince de Haute-Hongrie
Prince de Transylvanie

1 mois et 3 jours
Biographie
Nom de naissance Imre Thököly de Késmárk
Date de naissance
Lieu de naissance Késmárk (Royaume de Hongrie)
Date de décès
Lieu de décès Izmit (Empire ottoman)
Père István Thököly de Késmárk,
comte Thököly
Mère Mária Gyulaffy de Rátóti
Conjoint Ilona Zrínyi
Prince de Transylvanie

Biographie

Jeunesse

Son père le comte István Thököly de Késmárk en Haute-Hongrie (actuelle Slovaquie) avait pris une part importante à la conspiration hongroise contre les Habsbourg de 1670, menée par le ban de Croatie le comte Péter Zrínyi, exécuté en 1671, et était mort en défendant son château contre les troupes impériales.

Le jeune Imre Thökoly se réfugie en Pologne, puis en Transylvanie. En 1678, il prend la tête d’une troupe de rebelles baptisés kouroutz (en hongrois kuruczok). Allié depuis 1677 du roi de France Louis XIV, il est abandonné par lui après la Paix de Nimègue (1679).

Allié de la Turquie

Bien que l’empereur ait restauré en 1681 la liberté de conscience religieuse en Hongrie royale, Imre Thököly conspire avec les Turcs du sultan Mehmed IV qui lui accorde le titre de prince de Haute Hongrie avec un tribut annuel de 40 000 thalers.

En juin 1682, il épouse Ilona Zrínyi, veuve de François Rákóczi et fille du comte Péter Zrínyi, tous deux opposants notoires au pouvoir des Habsbourg.

Afin de soutenir leur protégé, les Turcs mettent mettre le siège devant Vienne en mars 1683, déclenchant la Grande guerre turque. Pendant ce temps les Kuruc assiègent Pozsony (Bratislava), capitale de la Haute-Hongrie. L’intervention du roi de Pologne Jean III Sobieski sauve la capitale autrichienne lors de la bataille de Vienne le . Les troupes de Thökoly sont également vaincues . Ce dernier, soupçonné par le Sultan d’avoir joué un double jeu, est brièvement emprisonné à Andrinople en 1686.

Le avec une armée de 6 000 hommes il écrase l’armée impériale à la bataille de Zărnești dans laquelle est tué Mihály III Teleki, autre prétendant à la principauté de Transylvanie, soutenu par les Habsbourg. Le il obtient de la Diète transylvaine, avec l’appui du Sultan, le titre de prince de Transylvanie. Malgré la reprise de Belgrade par l’armée du Grand Vizir Kara Mustapha en , le reflux des Turcs s’accentue et Imre Thököly doit abandonner la Transylvanie le .

Il continue à servir au côté des Turcs lors des offensives du prince Eugène de Savoie.

Lors de la signature de la Paix de Karlowitz le , il est nommément exclu de l’amnistie promise aux nobles hongrois. Il doit résider avec son épouse dans l’empire turc jusqu’à sa mort le .

Le point de vue de l'historiographie moderne

Carte figurant le domaine d'Imre Thököly comme une « Principauté de Haute-Hongrie ».

Le contexte moderne de la « rétroprojection nationaliste » de l'histoire[2] permet de nouvelles interprétations des faits historiques : ainsi, le fait qu'Imre Thököly ait été nommé par Mehmed IV prince de Haute Hongrie permet à l'historiographie moderne de conclure que le territoire du nord de la Hongrie (correspondant en gros à l'actuelle Slovaquie) disputé entre les Habsbourg (Hongrie royale) et les Transylvains aurait formé une « Principauté de Haute-Hongrie » indépendante et séparée à la fois des uns et des autres[3].


Notes et références

  1. (hu) MTA, A magyar helyesírás szabályai [« Règles de l'orthographe hongroise »], Budapest, Akadémiai kiadó, , 11e éd., n° 87
  2. Expression de Jean Ravenstein de l’université d'Aix-Marseille
  3. János Varga, A fogyó félhold árnyékában, Gondolat, Budapest, 1986, p. 31. Cette rétroprojection s'inscrit dans un mouvement plus vaste qui renomme la Transylvanie « Royaume de Hongrie orientale » et qui nécessite d'affirmer qu'elle n'a pas existé comme structure politique avant le XVIe siècle et qu'elle n'aurait été créée qu'en 1570 par le Traité de Spire (Iván Boldizsár, NHQ : the new Hungarian quarterly, Vol. 22, éd. 1, Lap kiadó, Budapest, 1981, p. 64 sur NHQ;). Ces interprétations hongroises trouvent leur équivalent en Roumanie, qui, de son côté, présente la Transylvanie comme l'une des trois principautés roumaines médiévales, comme si c'était l'une des principautés danubiennes (Academia Republicii Populare Romîne Istoria Romîniei, Bucarest 1960 ; manuel scolaire de Felicia Adăscăliței et Liviu Lazăr Manual de istorie pentru clasa a 12-a, Corvin, Deva 2007, (ISBN 978-973-622-369-3)) alors que la Transylvanie était bien une principauté pourvue de ses propres institutions, lois, armées et souverains, différente du Royaume de Hongrie dont elle était vassale, mais encore plus différente des principautés danubiennes puisqu'elle était gouvernée par des nobles magyars et que ses religions officielles étaient le catholicisme et la réforme, alors que Moldavie et Valachie étaient gouvernées par des boyards roumains et que leur religion officielle était l'orthodoxie.

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