Iazyges

Les Iazyges[3] ou Jazyges[4] ou Yaziges sont, comme les Roxolans, une des branches occidentales des Sarmates (en grec Σαυρομάτοι ou « en peau de lézard », probablement par allusion à leurs armures à écailles[5]), un peuple des steppes d’origine scythique selon Hérodote, donc de langue iranienne. Ils apparaissent autour de la Méotide et font partie des premiers groupes sarmates à avoir migré vers l’ouest. La force principale des Iazyges réside dans leur archerie et leur cavalerie très mobile. Leur nom est proche de ceux d’Asses, Osses, Iasses ou Ossètes portés par les Alains et leurs descendants, mais les protochronistes des pays slaves affirment qu’il vient du mot slave iazyk qui signifie « langue », « langage » (en tchèque et en slovaque jazyk). Parallèlement, c'est à la même époque que le terme Nemci, Nijemci, Немыч, Němci, немците désignant les Allemands s'est imposé à toutes les tribus slaves, un terme slave qui désigne une « personne muette ».

Limes de Pannonie

Les Iazyges et Rome

Vers 20 apr. J.-C., les Iazyges s’installent sur la frontière danubienne de l’Empire romain dans le bassin de la Tisza en tant qu’alliés de Rome qui tente de réaliser l’encerclement de la Dacie[6]. Dès le Ier siècle, ils entretiennent des relations commerciales avec les Romains. De la dynastie flavienne jusqu’au IIIe siècle, ils font partie des peuples « barbares » clients des Romains. Cependant les nombreux incidents entre les légions et les Iazyges prouvent que l’alliance était fragile, et sous le règne de Domitien, ils se joignent aux Suèves (peuple germanique qui a donné son nom à la Souabe) pour envahir temporairement la Pannonie en 92[7]. Il faut l’intervention militaire de l’empereur lui-même pour les repousser. L’animosité entre les Daces restés libres et les Iazyges, se mue ensuite en complicité avec comme conséquence de nombreux raids des nouveaux alliés dans les provinces de la Dacie romaine et de la Mésie. Sous l'empereur Marc Aurèle, ils envahissent de nouveau l’Empire sous la pression des Goths qui migrent vers l’Ouest et les repoussent ou les entraînent contre le limes[8]. Le roi Banadaspus tente de conclure un accord de paix avec l'empereur Marc Aurèle mais il est renversé en 174 par son peuple qui choisit un nouveau roi, Zanticus.

Les légions romaines doivent donc de nouveau intervenir sur les rives du Danube pour les repousser en 175[9]. Les conditions imposées par l’empereur sont extrêmement dures : selon le récit de Dion Cassius, les Iazyges doivent se retirer des rives du Danube et fournir 8 000 hommes comme auxiliaires pour la cavalerie romaine. 5 500 d’entre eux sont envoyés dans l’île de (Grande-) Bretagne[10] où Rome les répartit le long du limes, le mur d'Hadrien par groupes de 500. Plusieurs découvertes archéologiques témoignent de leur présence, comme la stèle funéraire de Chester montrant un cavalier sarmate[11]. Un numerus equitum Sarmatarum fut ainsi formé en Grande-Bretagne (l’inscription fut retrouvée près de Ribchester, région de pâturages adaptée à l’élevage équin) : cette unité irrégulière, tant par son statut que par ses méthodes de combat, fut intégrée à la structure régulière des régiments auxiliaires, avec la création d’une ala Sarmatarum[12]. Au début du Ve siècle, un cuneus Sarmatarum est encore présent en Grande-Bretagne, cuneus désignant alors tout régiment de cavalerie[12].

Les Iazyges restés sur place continuent cependant à faire pression sur la frontière danubienne : ils occupent la Dacie pendant une grande partie du IIIe siècle. Maximien, co-Auguste de Dioclétien, les bat finalement à la fin du IIIe siècle. Constantin Ier permet à un grand nombre d’entre eux de s’installer comme fermiers dans les Balkans, en même temps que le peuple dace des Carpes, et certains historiens y voient les ancêtres des Albanais[13].

Leur nom disparaît avec les grandes invasions du Ve siècle. Cependant leurs descendants Alains et notamment Iasses laissent des toponymes comme la Jazygie (comitat de Jász-Nagykun-Szolnok en Hongrie) et Jassy (capitale de la Moldavie historique, en Roumanie).

Notes et références

  1. Valentin Vasiljevič Sedov, Sloveni u dalekoj prošlosti, Novi Sad, 2012.
  2. https://s21.postimg.org/falyiw9hj/Pict0001447.jpg
  3. Graphie du dictionnaire latin-français Gaffiot.
  4. Graphie du dictionnaire historique Mourre, édition 1978.
  5. Voir Pierre Petit, Traité historique sur les Amazones, vol. 1, Leyde, J. A. Langerak, , chap. XIV (« Éducation des Amazones »), p. 152-153.
  6. « Chronologie Roumanie. Des origines à la Dacie romaine », clio.fr
  7. Patrick Le Roux, Le Haut-Empire romain en Occident d'Auguste aux Sévères, éditions du Seuil, collection « Points – histoire »,1998, p. 72.
  8. Paul Petit et Yann Le Bohec, « Le Haut Empire », Encyclopædia Universalis, DVD, 2007.
  9. « Marcus Aurelius Antoninus », insecula.com
  10. (en) Sarmatian - Iazyg presence in the Carpathian basin and western Europe. VANISHED CIVILIZATIONS of the Ancient World, Edited by Edward Bacon
  11. Ibid.
  12. Alessandro Barbero (2006), Barbares. Immigrés, réfugiés et déportés dans l'Empire romain (éd. Tallandier, 2009 et 2011 pour la version française, p. 58-59)
  13. Eqrem Çabej, Eric Hamp, Georgiev, Kortlandt, Walter Porzig, Sergent et d’autres linguistes considèrent que l’albanais se rattache aux langues thraco-daces et iraniennes (elles-mêmes indo-européennes) et non à l’illyrien qui, lui, a évolué par romanisation en illyro-roman, c’est à dire en dalmate, à la manière dont le gallo-roman a remplacé le celtique en Gaule. De plus l’albanais a emprunté tout son vocabulaire maritime au latin et au grec. C'est pourquoi ces auteurs affirment que les ancêtres des Albanais ont vécu au nord et à l’est de l’actuelle Albanie, et que les régions côtières de ce pays (thème du Dyrrhacheion) étaient initialement gréco-latines. De nos jours, l'existence en albanais de mots empruntés au roman oriental balkanique et en roumain de mots de substrat apparentés à des mots albanais, corrobore cette manière de voir.

Annexes

Articles connexes

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