Hector Bianciotti
Hector Bianciotti, né le à Calchín Oeste, province de Córdoba en Argentine, et mort le à Paris 16e, est un acteur de cinéma, journaliste et écrivain d'origine argentine[1] naturalisé français, membre de l'Académie française.
Ne doit pas être confondu avec Héctor Babenco.
Biographie
Hector (en espagnol, Héctor) Bianciotti est élevé au sein d’une famille de fermiers d’origine piémontaise. Ses parents parlaient le dialecte entre eux mais en interdisaient l'usage à leur fils, contraint de parler l'espagnol. Intégrant le petit séminaire franciscain de Moreno, il entre en contact avec la pensée théologique mais apparaît dépourvu de toute vocation religieuse[2]. Toutefois, il y développe sa culture littéraire. À l’âge de quinze ans, il commence ainsi à étudier le français à partir de la confrontation de textes de Paul Valéry à leur traduction espagnole. En 1955, il quitte son pays pour l’Italie et séjourne à Rome dans une très grande pauvreté. Après un passage à Naples, il passe quatre ans en Espagne.
En 1956, il participe au film División Azul - Embajadores del infierno, dont le livret a été écrit par Torcuato Luca de Tena[3], ainsi que dans le film 091 Policía al habla, (1960). Il est dirigé par Luis Lucía Mingarro dans Molokai, la isla maldita (1959), et par Edgar Neville (Mi calle, 1960).
Il ne s’installe à Paris qu’à partir de février 1961. Un an plus tard, il commence à rédiger des rapports de lecture pour les éditions Gallimard. En 1969, son premier éditeur, Maurice Nadeau, lui permet de publier ses premières critiques littéraires dans La Quinzaine littéraire. Il est aussi assistant à la mise en scène d'opéras. Trois ans plus tard, il débute avec Le Nouvel Observateur une collaboration qui ne devient exclusive qu’à partir de 1974, année où il quitte définitivement La Quinzaine littéraire. Parallèlement, il écrit dans sa langue maternelle des romans (Les Déserts dorés en 1962, Celle qui voyage la nuit en 1969, Ce moment qui s’achève en 1972) et une pièce de théâtre, Les autres, un soir d’été (1970). Il est consacré en 1977 par le prix Médicis étranger qu’il reçoit pour Le Traité des saisons (1977).
Naturalisé français en 1981, il cesse l’année suivante d’écrire dans sa langue maternelle. Les nouvelles rassemblées en 1983 dans L’amour n’est pas aimé (prix du Meilleur livre étranger) ont ainsi été écrites auparavant. Cette même année, il siège au comité de lecture de Gallimard et ceci jusqu’en 1989. Grand lecteur, il fait découvrir au public des écrivains alors peu connus comme Ferdinando Camon, Jean-Baptiste Niel ou Eduardo Berti, et il a un rôle important dans le parcours littéraire d'Hervé Guibert.
Deux ans plus tard, son premier roman en français, Sans la miséricorde du Christ (1985), se voit décerner le prix Femina.
En 1986, il quitte ses fonctions de critique littéraire du Nouvel Observateur pour les exercer au Monde. En 1988, il publie Seules les larmes seront comptées. Puis, à partir de 1992, une trilogie autobiographique (chez Grasset). Ses articles sur la littérature classique sont réunis sous le titre Une passion en toutes lettres (Gallimard, 2001). Son dernier roman publié, Nostalgie de la maison de Dieu (Gallimard), paraît en 2003.
À partir du 1995, il fait partie du jury du prix de l'écrit intime[4]. Puis, atteint de troubles de la mémoire, il cesse son activité littéraire.
Hector Bianciotti meurt le à l'hôpital Henri-Dunant dans le 16e arrondissement de Paris, à l'âge de 82 ans, des suites d'une longue maladie.
Son corps repose au cimetière de Vaugirard (Paris 15e), dans la division 18, « sous une plaque de béton anonyme et délabrée[5] ».
Dany Laferrière lui succède au fauteuil 2 de l'Académie française ; reçu le , il délivre un discours remarqué[6], en son hommage[7].
Vie privée
Homosexuel discret, Hector Bianciotti a vécu une large partie de sa vie avec l'écrivain Angelo Rinaldi, qui entrera, à son tour à l'Académie française, en 2001[8]. Ensemble, ils furent le premier couple homosexuel à siéger à l'Académie.
Prix et distinctions
Prix
- 1977 : prix Médicis étranger
- 1985 : prix Femina
- 1992 : prix Prince-Pierre-de-Monaco pour l’ensemble de son œuvre
- 1994 : prix de la langue de France
Distinctions
- Élu à l'Académie française le [9]
Œuvres
- Les Déserts dorés, Denoël (Lettres nouvelles), 1967
- Celle qui voyage la nuit (Lettres nouvelles), Denoël, 1969
- Les Autres, un soir d’été, Gallimard, 1970
- Ce moment qui s’achève (Lettres nouvelles), Denoël, 1972
- Le Traité des saisons, Gallimard, 1977
- L’amour n’est pas aimé, Gallimard, 1982
- Sans la miséricorde du Christ, Gallimard, 1985
- Seules les larmes seront comptées, Gallimard, 1988
- Ce que la nuit raconte au jour, Grasset, 1992
- Le Pas si lent de l’amour, Grasset, 1995
- Comme la trace de l’oiseau dans l’air, Grasset, 1999
- Une passion en toutes lettres, Gallimard, 2001
- La Nostalgie de la maison de Dieu, Gallimard, 2003
- Lettres à un ami prêtre. Correspondance avec Benoît Lobet 1989-1994, Gallimard, 2006
Discours hommage
- Dany Laferrière, « Discours de réception de Dany Laferrière à l'Académie Française » , hommage à son prédécesseur Hector Bianciotti, [lire en ligne]
Notes et références
- Mort de l'écrivain franco-argentin Hector Bianciotti sur le site lepoint.fr du 13 juin 2012.
- Hector Bianciotti, « La musique du Ressuscité », Le Monde des Religions, no 4 – mars avril 2004, p. 50.
- Les crédits apparaissent dans le film "División Azul - Embajadores en el infierno" (1956). Vérifié dans https://www.youtube.com/watch?v=TpUeMbPTb88
- Anne Coudreuse et Françoise Simonet-Tenant (dir.), Pour une histoire de l'intime et de ses variations, Paris, L'Harmattan, 2009, p. 7.
- (fr + et + es) « Polémique autour de la sépulture de l'Académicien d'origine argentine Hector Bianciotti », sur La gazette des Français de l'Amérique latine et des Caraïbes., (consulté le )
- « Académie française : le magistral éloge de Dany Laferrière », sur Le Figaro (consulté le )
- « Discours de réception de Dany Laferrière » du 28 mai 2015, site de l'Académie Française.
- Frédéric Martel, Le Rose et le Noir, Les homosexuels en France depuis 1968, Le Seuil, 1996.
- Fauteuil d’André Frossard.
Liens externes
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