Grenadier commun

Punica granatum  Grenadier

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Le grenadier commun ou grenadier (Punica granatum) est un arbre fruitier de la famille des Lythracées, cultivé depuis la plus haute antiquité pour ses fruits comestibles (les grenades) et pour les qualités ornementales de ses grandes fleurs.

Description

Fleurs

C'est un petit arbre monoïque autofertile à port arbustif qui peut atteindre m de haut. Il peut vivre jusqu'à 200 ans mais est le plus productif en fruits dans ses 20 premières années de fructification.

Son écorce est gris beige et a tendance à se crevasser et à desquamer avec l'âge.

Ses feuilles généralement caduques, même si certaines variétés sont persistantes sous certains climats[1], sont opposées et mesurent 3 à cm de long sur 1 à cm de large.

Ses fleurs rouge vif mesurent cm de diamètre. Elles apparaissent en trois vagues de mai à août[2]. Les fruits de la première floraison sont ceux ayant un meilleur taux de nouaison (90 %) et qui donnent les plus gros fruits[3]. Seul 1/3 des fleurs donne un fruit car les 2/3 des fleurs sont mâles.

Ses fruits, les grenades, sont des baies jaunes à rouge orangé contenant en moyenne 600 semences pulpeuses. La couleur des fruits n'indique pas le degré de maturité des semences. En effet, certaines variétés donnent des épidermes bien rouges bien avant la maturité. Selon les variétés, la maturité des fruits est atteinte entre 5 et 8 mois après la première floraison.

Historique

Les formes spontanées de grenadier Punica granatum se rencontrent en Asie centrale dans une zone qui va du nord de l'Iran, de la Transcaucasie au Turkménistan, jusqu’au nord de l'Inde, elles seraient originaires des parties montagneuses de l'Asie centro-occidentale[4]. La seconde espèce du genre Punica, Punica protopunica, existe sous forme de micro population relique sur l'ile de Socotra, elle est considérée être l'ancêtre du genre[5] dont l'origine pliocène serait l'espèce fossile Punica planchoni[4].

La plante s'est naturalisée en Afrique du nord et dans les Balkans à partir de variétés domestiquées[6].

Le grenadier fait partie des plus anciennes domestications fruitières avec la vigne, le dattier, le figuier et l'olivier, comme ces derniers il se reproduit fidèlement par bouturage. Sa tolérance à de nombreux sols et climats a permis une domestication dans plusieurs régions de son habitat spontané et à plusieurs époques par des agriculteurs néolithiques sédentaires[7]. Le grenadier domestiqué diffère de la plante sauvage par la taille de son fruit et l'épaisseur et la douceur de la pulpe juteuse qui entoure les graines[6].

Il serait mentionné à Jéricho il y a 6000 ans, cultivé pendant la 3éme dynastie d'Ur il y a 4200 ans, dans la région d'Uratu il y a 2800 ans, en Asie mineure il y a 3400 ans, d'où les phéniciens vont diffuser sa culture en Méditerranée (Carthage vers 2900 BP, Péninsule ibérique, Grèce et Italie vers 2400 BP)[5]. Une très forte bio-diversité est observée à l'est de l'Asie, dans le Henan chinois indiquant une présence vraisemblablement aussi ancienne, vers 4000 BP.[8]

En 1600, Olivier de Serres décrit trois sortes de grenades: douces, aigres et aigre-douces, ainsi que les méthodes de multiplication, de culture et la garde des fruits[9].

Suite aux grandes découvertes le grenadier est diffusé dans le Nouveau monde, le frère franciscain espagnol Junipero Serra commence la culture de la grenade en Californie en 1769[10].

En 1878, Charles Joseph Tanret, docteur en pharmacie, isole des alcaloïdes à partir de l’écorce séchée de grenadier. Il les nomme pelletiérine, isopelletiérine, méthylpelletiérine et pseudopelletiérine[11].

Distribution

Feuilles, fleurs et fruit

En Suisse le grenadier est subspontané sur des pentes sèches et rocheuses à basse altitude, dans les cantons de Genève et du Valais[12].

Le grenadier est cultivée dans tous les continents dans des zones tropicales et tempérées chaudes : bassin méditerranéen, sous-continent indien, Proche-Orient, Chine, Sud des États-Unis, Chili, Argentine.

Le nom de la ville de Grenade en Espagne est associé au grenadier par une étymologie populaire, et à ce titre son fruit figure sur les armes parlantes du royaume et de la province.

En Arménie, ce « fruit du paradis » (nour) est un symbole national[13]. Depuis toujours, la grenade y est symbole de jeunesse éternelle, de fécondité, de beauté et d'amour. On dit que le fruit contient 365 grains soit un pour chaque jour de l'année.

Culture

Grenadiers cultivés en Galilée en Israël

Arboriculture fruitière

L'espèce tolère bien les sols calcaires et salins et une légère sécheresse, qui pourra cependant affecter négativement le poids et la qualité des fruits. Elle peut supporter de courtes périodes de gel (jusqu'à −15 °C) mais préfère les climats secs. En zone humide, le grenadier a du mal à fructifier, car il a besoin de fortes chaleurs pendant toute la période de fructification, sinon il est attaqué par des maladies fongiques dont il ne se remet pas.

La fertilisation recommandée dans les vergers palestiniens est de 200 kg/ha d'azote, 60 kg/ha de phosphore et 300 kg/ha de potassium[14][source insuffisante] soit un NPK de 10-3-15. Elle est à moduler selon le type de sol.

Il est recommandé de réguler l'arrosage notamment en fin de saison afin d'éviter l'éclatement des fruits (qui peut se produire par exemple après une période sèche suivie de grosses pluies). Une fois un fruit éclaté, il pourrit dès la première pluie.

La taille du grenadier consiste à éliminer les rejets qui tendent à donner à l'arbre un port buissonnant mais le plus souvent on conserve un tronc multiple de 4 à 5 tiges qu'on limite à environ m de hauteur pour faciliter la récolte. Comme pour tous les arbres fruitiers, un désherbage au pied suivi d'un paillage est recommandé pour éviter la concurrence sur l'irrigation et les nutriments[réf. nécessaire].

Un arbre adulte peut produire 40 à 50 kg de fruits soit 20 à 30 tonnes par hectare.

Le fruit peut se conserver plusieurs mois entre 3 °C et 6 °C.

Variétés fruitières

Les grenades sont classées en 2 groupes : grenades à graines molles / grenades à graines tendres, les premières étant les plus recherchée pour la table, les secondes pour le jus. Ces 2 groupes sont subdivisés selon les qualités du jus : douceur, acidité, amertume, et selon la couleur du jus. La détermination génétique de la dureté de la graine montre qu'interviennent un grand nombre de gènes spécialement situés sur le chromosome 1, la création variétale devra donc disposer de vastes bases de données[15].

Il est à noter que la pollinisation de variétés douces par des variétés acides donnent souvent des fruits acides (caractère dominant).

Il existe des milliers de cultivars de grenadier tels que :

  • « Wonderful » (« P.G.101-2 ») : originaire de Floride, idéal pour faire du jus, très fertile, abondant en Californie.
  • « Sweet » : le fruit reste un peu vert à maturité mais est très sucré. L'arbre est très ornemental, fructifie jeune et abondamment.
  • « Nana » : variété naine utilisée en bonsaï.

La plus grande collection mondiale de grenadiers se situe à Garrygala au Turkmenistan où on répertorie plus de 1 100 variétés.

Horticulture ornementale

Parmi les cultivars de P. granatum L. on note:

  • Plena, rouge-foncé double
  • Legrellei, rouge saumon double[16]
  • Nana, naine rouge[17]

Propagation

Grenadier communs poussant sur l'île de Burano (Italie).

Le grenadier ne se reproduit pas fidèlement par semis et peut se greffer (en fente de préférence) sur un grenadier franc ordinaire, ou le cultivar Punica granatum nana, ce qui a un effet nanifiant et une accélération classique de la mise à fruits[réf. nécessaire]. On peut aussi bouturer les cultivars en prélevant en hiver de jeunes rameaux semi-aoûtés d'une longueur de 30 à 40 cm. On enlève le bourgeon terminal et on enduit la base du rameau d'auxine[réf. nécessaire] puis on le plante directement en pleine terre en ne laissant dépasser que trois yeux à l'extérieur.

Il est à noter que, dans de bonnes conditions de culture, un semis peut fructifier dès l'âge de 2 ans[18][source insuffisante].

Ravageurs et maladies

Le grenadier est un arbre robuste qui ne nécessite que peu de soins mais il peut tout de même être attaqué par divers ravageurs et parasites.

Le puceron peut s'attaquer aux jeunes pousses et provoquer la fumagine.

Xylébore et zeuzère peuvent également s'attaquer au grenadier. La mouche du fruit (Ceratitis capitata) est un parasite moins courant qui ne sévit que par temps très chaud en zone méditerranéenne.

Les oiseaux sont friands des fruits murs.

Une maladie fongique (Aspergillus castaros) entraîne la pourriture de l'intérieur du fruit dont les graines deviennent noires à l'approche de la maturité. Le fruit devient alors inconsommable. Ce champignon se développe dans les zones fortement humides (laisser sécher la terre entre deux arrosages). En prévention, traiter à la bouillie bordelaise lors du débourrement au printemps[réf. nécessaire].

Utilisation

Les fleurs fraîches du grenadier sont utilisées en infusion contre l'asthme. L'écorce du fruit est utilisée contre la dysenterie et l'écorce du tronc et des fruits est utilisée comme plante tinctoriale.[réf. nécessaire]

Références

  1. Pomegranate: Botany, Horticulture, Breeding - D. Holland, K. Hatib, and I. Bar-Ya’akov - Section of Deciduous Fruit Trees Sciences - Newe Ya’ar Research Center - Agricultural Research Organization - Israel
  2. Ben-Arie et al. 1984 ; Shulman et al. 1984 ; El Sese 1988 ; Assaf et al. 1991b ; Hussein et al. 1994 ; Mars 2000.
  3. Le grenadier - Agrimaroc (2004)
  4. Gaston de Saporta, Antoine-Fortuné Marion et Albert Falsan, « Recherches sur les végétaux fossiles de Meximieux, précédées d'une introduction stratigraphique », Publications du musée des Confluences, vol. 1, no 1, , p. 131–335 (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Ram Chandra, K. Dhinesh Babu, Vilas Tejrao Jadhav, Jaime A. Teixeira da Silva, « Origin, History and Domestication of Pomegranate », Fruit, Vegetable and Cereal Science and Biotechnology, , p. 6 pages (lire en ligne)
  6. V. A. Evreinoff, « Contribution à l'étude du Grenadier. », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 4, no 3, , p. 124–138 (DOI 10.3406/jatba.1957.2380, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Jonathan N. Tubb, Palestine in the Bronze and Iron Ages, Routledge, (ISBN 978-1-315-42304-3, lire en ligne)
  8. Zhaohe Yuan, Yanlei Yin, Jianlu Qu et Liqin Zhu, « Population Genetic Diversity in Chinese Pomegranate (Punica granatum L.) Cultivars Revealed by Fluorescent-AFLP Markers », Journal of Genetics and Genomics, vol. 34, no 12, , p. 1061–1071 (ISSN 1673-8527, DOI 10.1016/S1673-8527(07)60121-0, lire en ligne, consulté le )
  9. Olivier de Serres, Le Théatre d'agriculture et mesnage des champs, Actes Sud, (ISBN 2-7427-0952-5 et 978-2-7427-0952-6, OCLC 37414566, lire en ligne)
  10. (en) Park Historic Structures and Cultural Landscapes Program (U.S.), United States National Park Service Pacific West Region et California Department of Parks and Recreation Archaeology, History and Museums Division, Historic Orchard and Fruit Tree Stabilization Handbook, Government Printing Office, (ISBN 978-0-16-091450-8, lire en ligne)
  11. Académie des sciences (France) Auteur du texte, « Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences / publiés... par MM. les secrétaires perpétuels », sur Gallica, (consulté le )
  12. Konrad Lauber, Ernest Gfeller et Andreas Gygax, Flora Helvetica : flore illustrée de Suisse, P. Haupt, (ISBN 978-3-258-07206-7 et 3-258-07206-X, OCLC 717930974, lire en ligne)
  13. Reportage : « Arménie, les fruits du Paradis »
  14. Kosto et al. 2007
  15. (en) Xiang Luo, Haoxian Li, Zhikun Wu et Wen Yao, « The pomegranate (Punica granatum L.) draft genome dissects genetic divergence between soft‐ and hard‐seeded cultivars », Plant Biotechnology Journal, (ISSN 1467-7652, DOI 10.1111/pbi.13260, lire en ligne, consulté le )
  16. P.-A. Loizeau - CJB, « CJB - le Catalogue du Jardin », sur www.ville-ge.ch (consulté le )
  17. Gerd Krussmann et Michel,__-198_? Picard, La pepiniere : multiplication des arbres, arbustes, coniferes et arbres fruitiers, Flammarion, (ISBN 2-7066-0112-4 et 978-2-7066-0112-5, OCLC 757236170, lire en ligne)
  18. Terakami et al. 2007.

Liens internes

  • Association azerbaïdjanaise des producteurs et exportateurs de grenade
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