Grand Orient de Belgique

Le Grand Orient de Belgique (GOB, G.O.B) est une obédience maçonnique nationale belge installée le . Ayant aboli en 1854 l'article condamnant tout sujet politique ou religieux en loge et en 1872 l'obligation pour ses membres de se référer au « Grand Architecte de l'Univers », le Grand Orient de Belgique est une obédience dite « libérale » et « adogmatique ».

Pour les articles homonymes, voir GOB.

Grand Orient de Belgique
Cadre
Forme juridique Association sans but lucratif
But Obédience maçonnique
Fondation
Fondation 23 février 1833
Fondateur Goswin de Stassart
Origine Belgique
Identité
Siège Rue de Laeken, 75 - 1000 Bruxelles
Structure Rassemble 118 loges
Personnages clés Théodore Verhaegen, Henri Bergé
Président Alain Cornet
Affiliation AMIL, GLB, CLIPSAS, AME
Membres 10 000 (mars 2020)
Publication Logos
Site web http://www.gob.be/

Fédération cosmopolite et progressive de loges maçonniques libres et souveraines où les membres sont « initiés », il n'en est pas moins une association sans but lucratif régie par des règles écrites, fondées sur le principe du suffrage universel qui s'exerce sur toutes ses structures.

Histoire

Un vitrail décorant l'immeuble siège de l'asbl « Union et Philanthropie », rue de Laeken.

Débuts du Grand Orient

Les Loges belges en 1883

Lors d'une tenue[N 1] le la « Grande Loge d'administration des Pays-Bas méridionaux » se mue, à la suite du rejet de l'autorité de l’obédience néerlandaise, en Grand Orient de Belgique. Elle bénéficie de la protection du roi Léopold Ier, qui est franc-maçon selon les règles de l'époque[1].

En 1854, le Grand Orient supprime l’article interdisant toute discussion en loge de sujets politiques ou religieux. L'obédience sort ainsi de la régularité maçonnique et du groupe dit « des obédiences régulières ». Dix-huit ans plus tard, en 1872, après des discussions de plusieurs années, le GOB modifie ses statuts et règlements généraux et supprime la référence au Grand Architecte de l’Univers[2] - l'obligation d'invocation. Les préceptes et rituels maçonniques s'en trouvent déchristianisés. Quelques mois plus tard, la lutte pour le progrès social est inscrite au programme de l'obédience[3].

Au XXe siècle

Timbre du Grand Orient de Belgique commémorant en 1983 son 150e anniversaire

En 1959, le Grand Orient de Belgique connait une scission. Celle-ci conduit à la création de la Grande Loge de Belgique dont se séparent, en 1979, neuf loges qui créent la Grande Loge régulière de Belgique, seule obédience actuellement reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre.

En 1987, lors du 150e anniversaire du Grand Orient de Belgique, le maçonnologue Marcel De Schampheleire déclare :

« L’histoire nous montre l’apport important de la franc-maçonnerie belge à tout ce qui peut contribuer à la « construction du Temple de l’Humanité ». La réalisation de ces objectifs rencontre parfois des résistances, suscite d’autres fois des tensions, s’accompagne de réactions à ces actions […] Une attitude à l’origine religieuse fait place à une ouverture vers le libre examen et une pensée non-dogmatique, pour aboutir à la prédominance d’une laïcité prononcée chez les frères du Grand Orient[3]. »

Au début du XXIe siècle

En 2003, le Grand Orient de Belgique participe à la création de l'obédience « Souverän Gross Oriënt von Deutschland » (SGOvD), située à Frankfort/Offenbach[2].

Il est majoritaire en Belgique. Au , l'obédience compte 110 loges bleues ou symboliques, qui regroupent 10 125 frères. Sur ces 110 loges, 29 sont situées en Flandre, 34 à Bruxelles, 46 en Wallonie et une au Burundi (Bujumbura). Il n'existe pas de loge germanophone travaillant sous ses auspices. La moyenne d'âge est de 61 ans, l'âge moyen des frères initiés est de 47 ans[réf. nécessaire].

Le Grand Orient de Belgique entretient des relations fraternelles officielles avec la plupart des obédiences maçonniques présentes sur le territoire belge, notamment :

Principes

  • Reconnaissance de la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité comme des valeurs essentielles de nature à favoriser la vie dans un monde tolérant ;
  • « L'obédience (...) requiert de ses membres probité, dévouement et désir d’apprendre. » ;
  • Respect de la laïcité (présenté en 2009 par Bertrand Fondu comme le combat essentiel au XXIe siècle[4].) ;
  • Les tenues sont basées sur les principes de la libre expression et du libre examen.

Fonctionnement

Loges

Intérieur du grand temple maçonnique situé rue de Laeken.

Les loges sont souveraines et prennent ainsi la responsabilité de procéder à l'initiation maçonnique. La loge souveraine confère donc la qualité de maçon à ses membres et assure la régularité des travaux et le lieu de ses réunions. Au Grand Orient de Belgique, la loge maçonnique est perçue comme une « structure évolutive résultant des réflexions de ses membres et des modifications de sa composition »[5].

Rites

Tablier de Vénérable Maître du Rite français moderne (régulateur 1801)

La grande majorité des loges maçonniques du GOB travaillent - aux trois degrés d’apprenti, de compagnon et de maître - suivant deux rites[6] :

Mixité

A sa création, le Grand Orient de Belgique est exclusivement masculin, ses loges n'initient que des hommes. Les loges peuvent cependant décider d'accueillir des sœurs selon des modalités propres à ces premières.

En , Bertrand Fondu, alors grand maître (c'est-à-dire président) de l'obédience déclare, en référence à une commission d'étude interne sur la mixité que les travaux des loges seront pris en compte en ce qui concerne la création de loge mixte, masculine ou féminine[7]. La réflexion juridique du Grand Collège du Grand Orient de Belgique se clôture un mois après. La conclusion parait dans la presse et annonce une position favorable à la mixité[4].

Le dimanche 16 février 2020, une assemblée générale extraordinaire historique composée de tous les représentants de l’obédience vote à la majorité de 70% la modification de ses statuts et règlements. Le GOB devient une confédération formée d’une fédération masculine, d’une fédération mixte et d’une fédération féminine[8].

Pratique des « hauts grades maçonniques »

Jusqu'en 1845, le GOB pratique le Rite des modernes (nommé Rite écossais reformé) en sept étapes (trois degrés et quatre ordres) et effectue ses travaux aux grades bleus et capitulaires. En effet, une lettre adressée en 1845 à l'orient de Bruxelles par « Les Vrais Amis de l’union et du progrès réunis » demande la création d’une « chambre d’administration » au sein du GOB pour administrer les hauts grades du Rite moderne. La demande ne sera pas traité par l'orient de Bruxelles, laissant intact le fonctionnement traditionnel de chapitres et loges souverain(ne)s[9]. Le Grand Orient de Belgique entretient néanmoins des liens fraternels avec certaines structures et organismes indépendants qui administrent les hauts grades, et en particulier il eut à partir de 1880 un traité avec le Suprême Conseil de Belgique, traité que ce dernier dénonça en 1960 avec le préavis réglementaire d'un an à l'occasion de la fondation de la Grande Loge de Belgique[10]. Parmi les principaux ateliers de hauts grades, outre le « Souverain Chapitre des vrais amis de l'union et du progrès réunis », le plus ancien de Belgique, à l'origine souché sur la loge du même nom déjà citée, il faut mentionner entre autres le « Souverain Chapitre des amis philanthropes » depuis 1802 et le « Chapitre libre et souverain des amis philanthropes » (scission du premier et l'un des fondateurs du Souverain Collège du rite écossais pour la Belgique) depuis 1961.

Direction de l'obédience

  • 1833 - 1835 Joseph Defrenne, avocat.
  • 1835 - 1842 : Goswin de Stassart, gouverneur du Brabant.
  • 1842 - 1854 : Eugène Defacqz, premier président à la cour de cassation.
  • 1854 - 1862 : Théodore Verhaegen, fondateur de l'Université libre de Bruxelles.
  • 1866 - 1868 : Joseph van Schoor, sénateur.
  • 1869 - 1871 : Pierre Van Humbeek, ministre de l'Instruction publique.
  • 1871 - 1874 : Auguste Couvreur, vice-président de la Chambre[11].
  • 1875 - 1877 : Henri Bergé, scientifique et recteur de l'ULB.
  • 1877 - 1880 : Auguste Couvreur, (2d mandat).
  • 1881 - 1883 : Henri Bergé, (2d mandat).
  • 1896 - 1898 : Henri Bergé, (3e mandat).
  • 1884 - 1886 : Eugène Goblet d'Alviella, ministre d'Etat.
  • 1887 - 1889 : Victor Lynen, conseil communal d'Anvers.
  • 1890 - 1892 : Ernest Reisse, président du conseil provincial du Brabant.
  • 1893 - 1895 : Auguste Houzeau de Lehaie, sénateur.
  • 1899 - 1901 : Gustave Royers, ingénieur et conseiller provincial.
  • 1902 - 1904 : Fernand Cocq, avocat et membre de la Chambre.
  • 1905 - 1907 : Jean-Laurent Hasse, architecte.
  • 1908 - 1910 : Joseph Descamps, docteur en médecine.
  • 1911 - 1913 : Fernand Cocq, (2d mandat).
  • 1914 - 1921 : Charles Magnette, ministre d'Etat et président du Sénat.
  • 1922 - 1924 : Fernand Levêque, avocat.
  • 1925 - 1927 : Charles Magnette, (2d mandat).
  • 1928 - 1930 : Raoul Engel, avocat.
  • 1931 - 1933 : Victor Carpentier, industriel et membre de la Chambre.
  • 1934 - 1936 : Paul Erculisse, docteur en sciences.
  • 1937 - 1939 : Jules Hiernaux, ingénieur des mines et pédagogue.
  • 1945 - 1947 : Leonce Mardens, docteur honoris causa
  • 1947 - 1950 : Edmond Troch
  • 1950 - 1953 : Walther Bourgeois
  • 1954 - 1957 : Robert Hamaide (1907-1979), juriste et fondateur de La Pensée et les Hommes.
  • 1957 - 1959 : Leopold Remouchamps
  • 1960 - 1961 : Georges Beernaerts
  • 1962 : Charles Castel
  • 1963 - 1965 : Henri Bonet
  • 1966 - 1968 : Robert Dille
  • 1969 - 1971 : Victor-Gaston Martiny, architecte et historien de l'architecture.
  • 1971 - 1974 : Pierre Burton
  • 1974 - 1977 : Jaak Nutkievitz
  • 1977 - 1981 : Nicolas Bontyès (nom wallon, prononcé bonne-tyesse)
  • 1981 - 1984 : André-Louis Mechelynck
  • 1984 - 1987 : Sylvain Loccufier
  • 1987 - 1990 : Guy Vlaeminck, éditeur de la Ligue de l'enseignement.
  • 1990 - 1993 : Louis Dengis, professeur de grec et de latin.
  • 1993 - 1996 : Dimitri Sfingopoulos
  • 1996 - 1999 : Pierre Klees, ingénieur et chef d'entreprise.
  • 1999 - 2001 : Adolphe Adolphy, commercial
  • 2005 - 2008 : Henri Bartholomeeusen, avocat et président du Centre d'action laïque.
  • 2008 - 2011 : Bertrand Fondu, avocat
  • 2011 - 2014 : Jef Asselbergh
  • 2014 - 2017 : Marc Menschaert
  • 2017 - 2020 : Henry Charpentier
  • 2020 -  : Alain Cornet


Quelques francs-maçons célèbres du GOB

Notes et références

Notes

  1. Une tenue est une réunion rituelle dans une loge maçonnique.

Références

  1. Jean van Win, Un roi franc-maçon : Léopold Ier de Belgique, Marcinelle, Cortext, (ISBN 978-2-8040-2458-1).
  2. « Un jubilé maçonnique en pleine lumière », sur http://www.lalibre.be.
  3. « 175 ans et plus », sur http://www.gob.be.
  4. Ricardo Guttierrez, « « Le Grand Orient n’exclut plus la mixité » », Le Soir, , Page 18 (lire en ligne).
  5. « Nos loges », sur http://www.gob.be
  6. « Les rites du Grand Orient de Belgique », sur http://www.gob.be
  7. « La mixité a la loge en débat », sur http://www.lalibre.be.
  8. Geplu, « Le Grand Orient de Belgique s’ouvre à la mixité », sur hiram.be, (consulté le ).
  9. « Histoire d'hier ... et d'aujourd'hui. », sur http://www.johaben.be
  10. Voir détails sous Souverain Collège du rite écossais pour la Belgique.
  11. Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique (lire en ligne), p. 76

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Lemaire, La Franc-maçonnerie en Belgique, les Loges symboliques, Paris, Editions maçonniques de France, coll. « Encyclopédie maçonnique », , 127 p. (ISBN 2-903846-64-2)
  • Robert Robbrecht (direction), Le Grand Orient de Belgique et la Loge « Les Amis philanthropes n°2 » face aux fascismes (1930-1945), Logos, (ISBN 978-2-9601097-3-3)
  • Luc Hiernaux, Namur et les autres loges wallonnes du Grand Orient de Belgique en 1880, Cahiers de Sambre & Meuse. Le Guetteur wallon, 2020/1, p. 22-74.

Articles connexes

Liens externes

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