Georges Bigot
Georges Bigot est un acteur de théâtre et de cinéma français né en 1955.
Pour les articles homonymes, voir Georges Ferdinand Bigot et Bigot.
Vers le soleil
Dès 19 ans il entreprend de se former auprès de divers cours et écoles. Il rentre tout d'abord au théâtre du Lucernaire dans la classe de Luce Berthommé. Il s'inscrit ensuite aux cours Charles Dullin déjà plus axés sur la discipline corporelle. Puis il change à nouveau pour suivre l'enseignement de Jean-Louis Martin-Barbaz, grand compagnon de route de Roger Planchon, avant de se frayer un passage au Conservatoire national supérieur d'art dramatique en tant qu'auditeur libre de la classe d'Antoine Vitez. Il a 23 ans.
Ses années de formation, de 1975 à 1980, ne l'empêchent pas de figurer dans de nombreux projets, sur scène ou à la télévision :
Des séries et des téléfilms :
- Monsieur Jadis (1975)
- Le Destin personnel (1979)
- Opération trafics (1980)
- Médecins de nuit (1980)
- Jean-Sans-Terre (1980)
- L'Aéropostale, courrier du ciel (1980)
Des créations théâtrales :
- Le Seigneur des Andes, adapté d'Anne de Preux par Mario Naldi (1975)
- Le Livre de la jungle de Kipling, adapté par Mirat Nadar (1976)
- Lorenzaccio de Musset mis en scène par Franco Zefirelli, (apparition des plus fugaces pour l'ivresse de fouler la scène de la comédie Française (1977)
- In america Cuicatl de Xavier Pommeret par Carlos Wittig-Montero (1979)
- Dissident ? Il va sans dire de Michel Vinaver toujours par Carlos Wittig-Montero (1980).
Arrêtons-nous un instant sur cette singulière rencontre qu'il fit à l'automne 78 avec Carlos Wittig (1951-1988).
Ce chilien, diplômé de cinéma et de théâtre débarque à Paris en 1973 juste avant le coup d’état du général Pinochet. Jacques Rosner, directeur du Conservatoire d'alors donne à Carlos la possibilité de créer en son sein sa première mise en scène de théâtre en France. Le jeune homme commande alors à Xavier Pommeret une grande fresque sur l’histoire du Mexique, In America Cuicatl.
Le texte n'est encore qu'en cours d’écriture quand les répétitions commencent. Le jeune Georges Bigot fait partie des sept passagers de l'embarcation et s'apprête à une rencontre dont certains comme Georges Aperghis, Philippe Minyana, Maria Koleva, Ariane Ascaride ou Raoul Ruiz avoueront qu'elle fut une des plus édifiantes de leur carrière.
Les élèves rassemblés sous sa direction se livrent à une série d'exercices aussi éprouvants qu'incompréhensibles. Carlos Wittig semble de beaucoup prolonger la méthode de Grotowski qu'il adjoint à d'étranges chorégraphies et toute une grammaire corporelle astreignantes auxquelles les jeunes gens se plient sans en comprendre l'issue.
"Tout au long de ces répétitions, ce très jeune metteur en scène sera un pédagogue inavoué et d’une générosité prolifique autant qu’universelle : il semble avoir engrangé dans sa pratique tous les exercices d’entraînement du comédien mis au point aux quatre coins du monde et, par cette connaissance virtuose, il fera tomber une à une nos barrières inconscientes – ces « blocages » derrière lesquels nous nous réfugions et nous nous empêtrons si facilement."
Dixit Marie-Luce Bonfanti, ancienne élève et amie de Carlos dont elle relate le souvenir dans "Le verbe fait corps et le corps devient verbe : le travail de direction d’acteur de Carlos Wittig-Montero à travers deux expériences théâtrales.", paru dans "Alternatives théâtrales" no 96/97 de .
À l'issue de cette aventure il se dirige vers les ateliers d'art dramatique du Théâtre du miroir (devenu depuis Cie Miroir et Métaphore) fondé par Daniel Mesguich en 1974 dès la fin de sa formation. Celui qui n'est pas encore le plus jeune professeur du Conservatoire accueille donc Georges Bigot, de trois ans son cadet.
À nouveau ce dernier ne restera pas.
Georges Bigot a 25 ans quand il frappe aux portes de la Cartoucherie de Vincennes. Il sort à peine du tournage d'un dernier téléfilm où il prête ses traits au jeune Jean Vilar....(Vilar... Jean, 1981).
Sous le soleil
Ariane Mnouchkine et sa troupe du Théâtre du Soleil l'hébergeront onze années, de 1981 à 1992. C'est sous cette immense augure qu'il en deviendra l'un des grands interprètes, y jouant dans de nombreuses créations telles que la série des Shakespeare :
- Richard II (Richard II, 1981)
- La Nuit des rois, (le Duc Orsino, 1982)
- Henri IV (le Prince de Galles, 1984)
- L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, Roi du Cambodge (1985) d'Hélène Cixous pour lequel il recevra le Prix du meilleur comédien du Syndicat de la critique pour l'interprétation du rôle-titre.
- L’Indiade ou l'Inde de leur rêve d'Hélène Cixous, (le Pandit Nehru1987).
et participera encore au cycle des Atrides :
- Iphigénie à Aulis d’Euripide, (Le messager, 1990)
- Agamemnon d’Eschyle, (Le Coryphée de la danse, le guetteur, Égisthe, 1990)
- Les Choéphores (Un choreute, Égisthe, 1991)
Jouer, rencontrer
En 1992 il quitte la Cartoucherie mais suit malgré tout les pas d'un frère, le musicien Jean-Jacques Lemêtre, sollicité pour composer la partition du ballet solo de Karine Saporta Le rêve d'Esther, d'après "la Senora" de Catherine Clément. En 1993, il continue ses pérégrinations en marge du jeu pour accompagner la formation chilienne de Quilapayún le temps d'un concert "Les trois temples de l'Amérique".
Il revient à la scène dans Lélio ou le Retour à la vie d’Hector Berlioz avec l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam dirigé par Ion Maron et retourne au théâtre pur avec Figaro divorce de Ödön von Horváth, mis en scène par Jean-Paul Wenzel. Il s'y essaye d'ailleurs à son tour pour monter Kalo, pièce écrite par Maurice Durozier son ancien partenaire de la Cartoucherie.
En 1994, il joue et codirige La Dispute de Marivaux avec Pierre Carlet, joue "Le grain et la balle" de Samuel Beckett (m.e.s de Stuart Seide).
La même année il rencontre Elsa Solal et lui confie l'écriture d’Armor (1995) dont il dirigera les 3 lectures dont une à la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon durant le festival d'Avignon 1995.
En 1996, il retrouve Stuart Seide pour une série de spectacles autour de l'œuvre de Beckett : Acte sans parole I, Fragment de théâtre I, Quoi où et Va et vient.
En 1997, Claire Lasne le met en scène dans « Les Nouveaux Bâtisseurs » de Mohamed Rhouabi, avant de rencontrer Laurent Lafargue pour « Sauvés » d'Edward Bond.
En 1999, Declan Donnellan lui offre « Le Cid » de Pierre Corneille.
En 2001 il rencontre Tim Robbins à Los Angeles et crée "La Mouette » avec la compagnie de « The Actor’s Gang ».
Entre 2000 et 2004 il est au Mali et travaille avec l’atelier de Bamako (BlonBa) sur "Le retour de Bougouniéré" de Jean-Louis Sagot-Duvauroux et "Ségou Fassa" d'après Djéli Baba Sissoko. Il met en scène et joue avec la troupe de comédiens africains dont il crée les spectacles en banlieue parisienne.
En 2003, son vieil ami et partenaire du Soleil, Simon Abkarian, le convie pour sa version de « Titus Andronicus » de William Shakespeare.
Puis c'est un autre camarade d'école, Paul Golub, qui le demande sur un autre Corneille : « L'Illusion comique » en 2004.
La même année Christophe Rauck, qu'il rencontra sur Les Euménides en 1992, lui propose La vie de Galilée de Bertolt Brecht.
En 2005 il retourne voir Tim Robbins pour travailler sur sa pièce Embedded qu'il va traduire, mettre en scène, interpréter et créer en à Langon, non loin de Bordeaux avec la troupe du Petit Théâtre de Pain.
Puis il revient à « La Mouette » dès 2006 sur la proposition de Philippe Adrien (Rôle de Trigorine) tout en s'offrant un duo de danse contemporaine dans « L’histoire de l’ombre » chorégraphié par Philippe Ducou.
En 2007, Simon Abkarian achève l'écriture de sa première pièce Pénélope, Ô Pénélope. Pour sa création il réunit les vieux copains de la Cartoucherie et offre quatre rôles à Georges Bigot dont celui, troublant, de la mère d'Elias, transposition d'Ulysse. Puis c'est au tour de Valérie Grail, également rencontrée à la Cartoucherie en 1992, de lui demander sa participation à La chance de ma vie. Une création où se mêlent plusieurs écritures et où certains des auteurs (Rémi de Vos, Jean-Gabriel Nordmann...) se retrouvent eux-mêmes en scène pour jouer leur vie sur...une audition.
En 2007, il rejoint Maurice Durozier pour participer à la création du spectacle musical d’Eric de Dadelsen, « Le Casting ». Laurent Laffargue l'invite à nouveau sur son plateau et lui confie le rôle-titre de La grande Magie, d'Eduardo De Filippo, crée à Nantes à l'automne 2008.
En 2009, le festival d'Avignon célèbre le triomphe d'un auteur/metteur en scène parmi les plus doués de sa génération en la personne de Wajdi Mouawad.
Le sang des promesses, sa grande fresque de plus de dix heures s'achève par un huis clos oppressant. Ciels, ce quatrième opus réunit quelques-uns de meilleurs interprètes du moment : Olivier Constant, Valérie Blanchon, John Arnold, Stanislas Nordey et Georges Bigot.
En 2010, il reprend un rôle dans Something Wilde, librement adapté de la "Salomé" d'Oscar Wilde, mis en scène par Anne Bisang.
En 2011, il met en scène avec Delphine Cottu une nouvelle version en langue khmère de L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge avec 25 acteurs et 4 musiciens de l'École des Arts Phare Ponleu Selpak.
Ce spectacle, construit au fur et à mesure que se mettait en place le Tribunal international pour juger les criminels khmers rouges sera créé en France à l'automne 2011. « Jamais création théâtrale ne fut si chargée d’urgences et de responsabilités » (Hélène Cixous).
En 2011, toujours dans la même ligne artistique, il met en scène CAFI de et avec Vladia Merlet pour la Compagnie Le Bruit des Ombres.
D'un Laurent l'autre : C'est Laurent Pelly qui lui demande de le rejoindre, à Toulouse pour la création 2013 de "Mangeront'ils ?", d'après Victor Hugo.
Puis c'est en Orgon dans "Le jeu de l'amour et du hasard", de Marivaux, que nous le retrouvons en , à nouveau sous la direction de Laurent Laffargue.
Fin 2014, il revient du côté de Bayonne où il retrouve le Petit théâtre de Pain pour mettre en scène "9", de Stéphane Guérin.
Il enchaîne avec le nouveau spectacle de Laurent Pelly : L'Oiseau Vert, de Carlo Gozzi puis endosse le costume du "Monsieur Martin" dans la Cantatrice Chauve[1], puis Les Oiseaux, d'Aristophane, toujours mis en scène par Laurent Pelly, en 2017.
En 2021, et près de 30 ans après avoir quitté la troupe, George Bigot revient au théâtre du Soleil pour participer à la dernière création d'Ariane Mnouchkine, sur un texte d’Hélène Cixous : l'Île d'Or.
L'art du partage
Parallèlement Georges Bigot a pu diriger divers stages de théâtre en France et à travers le monde (USA, Brésil, Chili, Singapour,Mali, Cambodge) ce qui lui a donné de régulières occasions de fonder des projets, voire des troupes : à Los Angeles pour enseigner l'usage des Masques de la Commedia dell'arte en 1984 et 2001 (Il y rencontre Tim Robbins), à Fortaleza, Salvador, Crato au Brésil en 1988, à Singapour en 1992, Chicago en 2000, à Santiago du Chili en 2003 à la suite duquel il créera Ail d’Hélène Cixous au festival Teatromil en 2004.
En France, il est amené à enseigner au sein de nombreux Centres Dramatiques Nationaux, de compagnies théâtrales, ainsi qu’au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris de 2004 à 2006.
De 1993 à 2001, il enseigne la pratique de l’art de l’acteur à l’Université de Bordeaux III où il rencontre les comédiens qui formeront plus tard Le Petit Théâtre de Pain dont « Et ils passèrent des menottes aux fleurs… » de Fernando Arrabal (1998) couronnera leurs années de formation.
Il collabore à l'écriture et la création d'« Ambrouille » en 2000 et les dirige dans Le Pic du Bossu de Sławomir Mrożek en 2004, crée en 2007.
Il dirige également le festival de théâtre « Les Chantiers de Blaye » de 1996 à 2001 et enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure de l’Académie de Limoges de 2009 à 2013.
Notes et références
Liens externes
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Georges Bigot sur Théâtre contemporain
- Georges Bigot sur le site de la Compagnie du Soleil bleu] de Laurent Laffargue
- Portail du cinéma français
- Portail du théâtre