Georges-Gabriel de Pellieux

Georges-Gabriel de Pellieux, né le à Strasbourg et mort le à Quimper, est un militaire français, protagoniste de l'affaire Dreyfus.

Biographie

Fils du capitaine Jean Honoré Théodore de Pellieux, qui servait au sein du 10e régiment d'artillerie à Strasbourg, ville de garnison, Georges-Gabriel, entré à Saint-Cyr à dix-sept ans, en sortit sous-lieutenant en 1861. Engagé dans l'infanterie, il s'éleva aux grades de lieutenant (1864) puis de capitaine (1868). Aide de camp du général Arnaudeau et officier attaché à l'état-major pendant la guerre franco-allemande, il fut décoré de la Légion d'honneur en pour prendre rang du .

Au début de la Troisième République, il fut promu chef de bataillon (1880), colonel (1890) puis général de brigade (1894). Il servit notamment en Algérie, comme aide de camp du général Carteret (entre 1872 et 1878), puis à l'état-major du général Logerot en Tunisie (1882-1886), où il fut élevé au rang d'officier de la Légion d'honneur (1882), avant d'être nommé chef d'état-major du 13e corps d'armée à Clermont-Ferrand (1892), puis de recevoir le commandement militaire du département de la Seine (1897).

Affaire Dreyfus

Le général de Pellieux témoignant lors du procès d'Émile Zola (1898).

Pendant l'affaire Dreyfus, le général de Pellieux  par ailleurs bonapartiste[1], fervent catholique et antisémite convaincu[2]  fit partie de ces officiers qui s'opposèrent, en dépit de nombreux éléments nouveaux, à la révision du jugement du Conseil de guerre de 1894.

Le , il fut chargé par le général Saussier, gouverneur militaire de Paris, d'enquêter sur Esterhazy, identifié par le colonel Picquart comme le véritable espion. Il ne fallut que quelques jours au général de Pellieux pour rendre son rapport, dans lequel il disculpait Esterhazy, qu'il connaissait et appréciait depuis leur rencontre en Tunisie.

Quelques jours plus tard, après la convocation de Picquart, Pellieux fut chargé d'une seconde enquête, lors de laquelle les généraux Gonse et Boisdeffre lui montrèrent un document secret censé prouver la trahison du capitaine Dreyfus.

Lors du procès d’Émile Zola, il témoigna à charge et déclara aux jurés que les accusations de l'écrivain, en déconsidérant les chefs de l'armée auprès de leurs soldats, entraîneraient une « boucherie » en cas de guerre. Il jura ensuite « sur [son] honneur » avoir vu « la preuve absolue de la culpabilité de Dreyfus[3] ».

Après les aveux et le suicide du colonel Henry, falsificateur de la « preuve » en question, Pellieux, s'estimant dupé, rédigea sa lettre de démission le avant de revenir sur cette décision. Cette lettre de démission est rédigée en termes très durs. Juridiquement, elle a les formes d'un aveu de la collusion de l'État-Major :

« Dupe de gens sans honneur, ne pouvant plus compter sur la confiance des subordonnés sans laquelle le commandement est impossible, et de mon côté, ne pouvant avoir confiance en ceux de mes chefs qui m'ont fait travailler sur des faux, je demande ma mise à la retraite. »

Conspirateur

En , après la mort du président Félix Faure, Pellieux aurait été approché par l'antidreyfusard Paul Déroulède, chef de la Ligue des patriotes, qui fomentait un coup d’État à l'occasion des funérailles du président défunt. Selon ce projet, les troupes revenant des cérémonies organisées au Père-Lachaise se seraient jointes aux ligueurs au niveau de la place de la Nation avant de se diriger sur l'hôtel de ville puis l’Élysée afin d'y installer une république plébiscitaire. L'affaire était cependant mal préparée : selon Joseph Reinach, Pellieux se serait ravisé au dernier moment et aurait obtenu du général Zurlinden l'autorisation de rejoindre la caserne sans passer par la Nation. Déroulède dut par conséquent se rabattre sur le général Roget, qui ne céda pas aux propositions du tribun nationaliste et du bras-droit de celui-ci, Marcel Habert[2].

À la même époque, la rumeur attribua à Pellieux plusieurs voyages à Bruxelles, où le général aurait rencontré le prince Victor Napoléon et joué ainsi le rôle d'émissaire des généraux antidreyfusards auprès du prétendant bonapartiste[4],[5].

Fin de carrière

Rattrapé par sa réputation de conspirateur, il fut remplacé par Dalstein et muté en Bretagne sur décision du général de Galliffet, ministre du gouvernement dreyfusard Waldeck-Rousseau. Ainsi, en , il fut nommé au commandement de la 44e brigade d'infanterie, à Quimper, où il mourut l'année suivante.

Ses derniers mots auraient été : « Mon Père, je vous offre ma vie pour ma femme, mes enfants et la France[6] ».

Références

  1. François Bédarida, « L'Armée et la République : les opinions politiques des officiers français en 1876-78 », Revue historique, Paris, PUF, t. 232, no 2, , p. 158 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Joseph Reinach, Histoire de l'Affaire Dreyfus, t. 4, Paris, Fasquelle, (lire en ligne), p. 575-600.Joseph Reinach, Histoire de l'Affaire Dreyfus, t. 4, Paris, Fasquelle, , p. 575-600.
  3. Joseph Reinach, Histoire de l'Affaire Dreyfus, t. 4, Paris, Fasquelle, (lire en ligne sur Gallica), p. 437.
  4. Georges Clemenceau, « Pellieux conspirateur », Le Bloc, 17 mars 1901, p. 126-127.
  5. Sur le rôle de Pellieux pendant l'Affaire, voir Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
  6. Selon Sitzmann, op. cit.

Bibliographie

Liens externes

  • Armée et histoire militaire françaises
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