Gabriel de Broglie
Gabriel Joseph Marie Anselme de Broglie , né le à Versailles, est un haut fonctionnaire et essayiste français.
Pour les autres membres de la famille, voir Maison de Broglie.
Membre d'honneur de l'Académie des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles et d'Île-de-France depuis 1994[1], il est membre de l’Académie des sciences morales et politiques depuis 1997[2], membre d'honneur de l'Académie roumaine et membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques d'Argentine (es)[1]. Il est membre de l’Académie française depuis 2001, élu au fauteuil numéro 11, successeur d’Alain Peyrefitte[3]. C’est le cinquième « immortel » de sa famille. Après avoir été chancelier de l’Institut de France de 2006 à 2017, il est chancelier honoraire depuis le 1er janvier 2018[4].
Biographie
Formation
Gabriel de Broglie étudie à l'École Saint-Martin-de-France à Pontoise, puis à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’École nationale d’administration (promotion Tocqueville 1960)[5].
Carrière
Au Conseil d’État
Gabriel de Broglie entre en 1960 au Conseil d’État comme auditeur, puis maître des requêtes et enfin conseiller d’État. Depuis 1999, il est conseiller d’État honoraire[6].
Dans des cabinets ministériels
De 1962 à 1971, Gabriel de Broglie est successivement membre de différents cabinets ministériels :
- Conseiller au Ministère d'État chargé des Affaires culturelles auprès d'André Malraux (1962-1966),
- Conseiller au Ministère des affaires sociales auprès de Jean-Marcel Jeanneney et Maurice Schumann (1966-1968),
- Conseiller à Matignon auprès de Maurice Couve de Murville (1968-1969),
- Conseiller technique puis directeur de cabinet au Ministère des affaires culturelles auprès d’Edmond Michelet puis d'André Bettencourt (1970-1971).
Responsabilités dans l'audiovisuel
De 1971 à 1989, la carrière de Gabriel de Broglie se poursuit dans l'audiovisuel, enchaînant et/ou cumulant un certain nombre de fonctions :
- Directeur-général adjoint de l’Office de radiodiffusion télévision française (ORTF) (1971-1974),
- Administrateur (1975-1976) et directeur général de Radio France (1975-1979),
- Président de Institut national de l’audiovisuel (INA) (1979-1981),
- Membre de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), nommé dès sa fondation par le président du Sénat 1982-1986), puis après la dissolution de l'HACA,
- Président de la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL) à nouveau nommé par le président du Sénat jusqu'au remplacement de la CNCL par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) (1986-1989).
La langue française
Gabriel de Broglie a occupé ou occupe toujours des responsabilités importantes en rapport avec la langue française et la francophonie.
- Vice-président du Haut Comité de la défense de la langue française, ancêtre de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France(1981-1982),
- Vice-président du Conseil supérieur de la langue française, une organisation internationale francophone (1984-1986),
- Président de la Commission d'enrichissement de la langue française (1996-2006).
Institut de France
Gabriel de Broglie a été élu deux fois académicien, avant de parvenir à la plus haute fonction au sein de l'Institut de France.
- Membre de l’Académie des sciences morales et politiques depuis 1997,
- Membre de l’Académie française depuis 2001,
- Chancelier de l’Institut de 2006 à 2017.
Divers
Gabriel de Broglie fut, ou est encore, membre d'un certain nombre d'institutions et titulaire de diverses fonctions.
- Président de la Société des bibliophiles françois depuis 1980,
- Président du Comité d'histoire de la télévision (1983-2002),
- Membre du Roxburghe Club de Londres, un club britannique de bibliophiles (depuis 2003).
- Président d’honneur des Amis du musée Louis-Philippe du château d’Eu (depuis 2007)
- Administrateur de la Bibliothèque nationale de France.
- Président de la Société d'histoire diplomatique.
- Membre d’honneur de l’Observatoire du patrimoine religieux (OPR), une association multiconfessionnelle qui œuvre à la préservation et au rayonnement du patrimoine cultuel français.
Famille
Issu de la branche cadette, dite "de Rethel" de la maison de Broglie, il épouse en 1953 Diane Yda de Bryas-Desmier d’Archiac (V. Famille de Bryas), dont :
- Charles-Édouard, marié à une petite-fille de Jean de La Varende ;
- Priscilla, mariée à Édouard Pradel de Lamaze, avocat à Paris, issu d'une famille de la noblesse française (V. Liste des familles subsistantes de la noblesse française (L à Z))[7].
Gabriel de Broglie et la langue française
La langue française lui évoque tout à la fois l’enfance, l’adolescence et la maturité. C’est aussi une nourriture nécessaire. Lire un livre suppose que quelqu’un l’a pensé et l’a écrit. La langue est en mouvement, harmonieuse. C’est une langue solidement constituée au niveau de la syntaxe.
Au cours des débats de l’Académie des sciences morales et politiques, il donne aussi son opinion, plutôt optimiste, sur la place du français dans le monde, notamment devant la montée de l’anglais comme langue universelle. Il se montre critique à l’égard des chercheurs utilisant l’anglais dans leur ouvrage de vulgarisation ou leur cours. C’est le cas notamment de certains professeurs du Collège de France. Ce phénomène nouveau est de plus en plus répandu par ce qu’il confère une meilleure visibilité « médiatique » aux chercheurs[8].
Concernant les langues au niveau européen, Gabriel de Broglie prône l’apprentissage d’au moins deux langues, dont une étrangère dès la primaire. Il milite donc en faveur du plurilinguisme. Il rappelle qu’une telle obligation à l’échelle de l’Union ne peut être prise que si la Grande-Bretagne accepte. Or, les jeunes Anglais n’apprennent que leur langue maternelle à l’école. Cela est un élément de critique adressée à l’anglais et son monopole international.
Il rappelle également qu’il faut différencier l’anglais britannique de l’anglo-américain généralement pratiqué dans le monde entier et tel qu’il est enseigné parfois dans le secondaire en France. La langue anglaise, dit-il, est d’une grand efficacité. L’anglais classique est d’ailleurs une langue littéraire aussi riche que le français, notamment en matière de poésie et de théâtre[8].
L’allemand, langue de travail, n’a pas la même fonction que l’anglais, langue de communication. La montée de l’allemand en Europe, d’après de Broglie, permettrait un rééquilibrage entre le français et l’anglais par l’imposition d’une troisième langue forte.
Décorations
Il est le récipiendaire de plusieurs décorations françaises et étrangères dont[3],[9],[10] :
- Grand officier de la Légion d'honneur.
- Chevalier de l'ordre national du Mérite.
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques.
- Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres.
- Commandeur de l'ordre du Mérite
- Commandeur de l'ordre du Mérite de la République italienne
- Commandeur de l'ordre pro Merito Melitensi
- Commandeur de l'ordre du Phénix
- Grand officier de l'ordre de l'Étoile de Roumanie
Distinctions
- Prix Albéric-Rocheron de l'Académie française pour son livre Histoire politique de la Revue des deux mondes (1829 à 1979) (1979).
- Prix Albéric-Rocheron de l'Académie française pour son livre L’Orléanisme : la ressource libérale de la France (1981).
- Grand prix Gobert pour son livre Madame de Genlis (1985).
- Prix du rayonnement de la langue française de l'Institut de France pour son livre Le Français pour qu’il vive (1987).
- Prix Vauban pour son livre Le Français pour qu’il vive (1987).
- Prix des Ambassadeurs pour son livre Guizot (1990).
- Prix de l'Excellence française (2013)[11].
Publications
- Le Général de Valence ou l’Insouciance et la gloire, Paris, Perrin, 1972. (ISBN 2262020086)
- Ségur sans cérémonie, 1757-1805 ou la Gaieté libertine, Paris, Perrin, 1977. Biographie de Joseph-Alexandre, vicomte de Ségur.
- Histoire politique de la Revue des deux mondes (1829 à 1979), Paris, Perrin, 1979.
- L’Orléanisme : la ressource libérale de la France, Paris, Perrin, 1981.
- Une Image vaut dix mille mots : essai sur la télévision, Paris, Plon, 1982.
- Madame de Genlis, Paris, Perrin, Paris, 1985. (ISBN 2262018405)
- Le Français pour qu’il vive, Paris, Gallimard, 1987.
- Guizot, Paris, Perrin, 1990. (ISBN 2262018537)
- Le XIXe siècle : l’éclat et [le] déclin de la France, Paris, 1995. (ISBN 2262009104)
- Mac Mahon, Paris, Perrin, 2000. (ISBN 2262011435)
- Le droit d’auteur et l’internet, Paris, PUF, 2001. (ISBN 2130514685)
- La monarchie de Juillet, Paris, Fayard, 2011. (ISBN 9782213662503)
- Impardonnable 20e siècle, Paris, Tallandier, 2017
- Dir. avec Hélène Carrère d'Encausse, Giovanni Dotoli et Mario Selvaggio, Le Dictionnaire de l'Académie française : langue, littérature, société, Paris, Hermann, coll. « Vertige de la langue », , 427 p. (ISBN 978-2-7056-9381-7)
Diffamation
Le 13 février 2014, les éditions du Moment ont publié un ouvrage de Daniel Garcia intitulé Coupole et dépendances – enquête sur l’Académie française[12].
Le 29 mars 2014, un article[13] rendant compte de la publication du livre et interviewant Daniel Garcia a été publié sur le site internet du Point.
Gabriel de Broglie, considérant que l’ouvrage et l’interview contenaient des propos diffamatoires à son égard, a saisi la justice. Le Tribunal de grande instance de Paris[14] puis la Cour d’appel de Paris[15] ont rejeté les demandes.
La Cour de cassation a finalement cassé l’arrêt de la Cour d’appel de Paris dans un arrêt[16] du 19 février 2019, en validant ainsi la procédure engagée par Gabriel de Broglie, sans lui donner raison sur le fond.
Notes et références
- « Prince Gabriel de Broglie », sur academiedeversailles.com
- « Gabriel de Broglie », sur asmp.fr
- « Gabriel de Broglie », sur academie-francaise.fr
- Décret du 4 janvier 2018 portant approbation d'une élection à l'Institut de France : M. de BROGLIE (Gabriel) (lire en ligne)
- evene
- « Biographie Gabriel de Broglie », sur unesco.delegfrance.org
- « Gabriel de Broglie, académicien », sur maisondebroglie.com
- Pierre Ter-Sarkissian, « Le français, pour qu'il vive par Gabriel de Broglie, 1986 », Hommes & Migrations, vol. 1108, no 1, , p. 97-99 (lire en ligne)
- « Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut, Grand Officier de l’Ordre du Mérite de la République de Pologne », sur paris.mfa.gov.pl,
- « Remise de la médaille de l'Ordre du Phénix à trois académiciens français », sur iNFO-GRECE.COM, (consulté le )
- « 2013 - », sur excellencefrancaise.com (consulté le ).
- Daniel Garcia, COUPOLE ET DÉPENDANCES : ENQUÊTE SUR L'ACADÉMIE FRANÇAISE, Paris, Editions du Moment, , 296 p. (ISBN 978-2-35417-264-0)
- Nicolas Guégan, « La face cachée de l'Académie française », Le Point, (lire en ligne)
- Tribunal de grande instance de Paris, 17e chambre, 13 septembre 2016
- Cour d'Appel de Paris, Pôle 2 -Chambre 7, 24 mai 2017
- Cour de cassation, criminelle, Chambre criminelle, 19 février 2019, 17-85.115, Publié au bulletin, (lire en ligne)
Liens externes
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- Ressource relative à la littérature :
- Gabriel de Broglie le 9 mars 2012 Hommage à Louis de Broglie
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