Francisco Largo Caballero
Francisco Largo Caballero, né à Madrid le et mort à Paris le , est un syndicaliste et homme d'État espagnol, membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et de l'Union générale des travailleurs (UGT) dont il fut l'un des dirigeants historiques, au point d'être surnommé « le Lénine espagnol »[1]. Il fut chef du Gouvernement de septembre 1936 à mai 1937, à un moment crucial de la guerre d'Espagne.
Pour les articles homonymes, voir Caballero.
Francisco Largo Caballero | |
Francisco Largo Caballero en 1936. | |
Fonctions | |
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Président du Conseil des ministres d'Espagne | |
– | |
Président | Manuel Azaña |
Gouvernement | Caballero I et II |
Prédécesseur | José Giral |
Successeur | Juan Negrín |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Madrid |
Date de décès | (à 76 ans) |
Lieu de décès | Paris |
Nationalité | espagnole |
Parti politique | PSOE |
Profession | Stucateur |
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Chefs du gouvernement espagnol | |
Biographie
Militant et ministre
Stucateur de profession, Largo Caballero participa à la première grève des ouvriers de la construction en 1890, avant d'adhérer au PSOE en 1894.
Membre du comité d'organisation de la grève générale révolutionnaire de 1917, et malgré son échec fut condamné à la prison à perpétuité et enfermé à Carthagène. Cependant, il ne resta pas longtemps emprisonné : élu député l'année suivante, il fut libéré.
En 1925, à la mort de Pablo Iglesias, fondateur du parti, il lui succéda à la tête du PSOE et du syndicat qui lui était associé, l'UGT. Il fut successivement vice-président (1908-1918) et secrétaire général (1918-1938) de la centrale syndicale socialiste.
Plutôt modéré au début de son engagement en politique, il souhaita maintenir une certaine collaboration de l'UGT avec le gouvernement dictatorial du général Primo de Rivera, ce qui permit au syndicat de continuer à fonctionner pendant la durée du Directoire militaire. Une polémique eut lieu à ce sujet entre lui-même et Indalecio Prieto, qui ne voulait à aucun prix collaborer avec un régime dictatorial.
En 1931, il fut ministre du Travail dans le premier gouvernement de la Seconde République, gouvernement qui était présidé par Alcalà-Zamora. Il conserva son portefeuille jusqu'en 1933, dans les deux gouvernements présidés par Azaña. Largo Caballero fit adopter des lois sur le salaire minimum, la journée de huit heures, les assurances accident et maladie[2]. Il bénéficia au cours de cette période d'une popularité immense dans les masses ouvrières.
En 1933, avec le triomphe de la CEDA aux élections, il vit dans la politique menée par cette coalition une régression sociale, et sa pensée prit un tour plus radical : il commença à parler de « révolution socialiste » et à soutenir certaines prises de positions qui aboutirent en à la tentative d'insurrection contre le gouvernement de la CEDA et des radicaux, insurrection qui fut particulièrement violente dans les Asturies et en Catalogne ; la répression menée par le général Franco, qui mettait en application les consignes du gouvernement, fut terrible. À nouveau, Largo Caballero fut condamné à 30 ans de prison, et rapidement remis en liberté.
Partisan d'une alliance entre les différents syndicats et partis ouvriers, il défendit l'idée d'un pacte avec le Parti communiste et le syndicat anarchiste CNT, et s'opposa sur ce sujet avec les autres dirigeants socialistes et notamment Indalecio Prieto. Cet affrontement entre révolutionnaires « caballéristes » et modérés « priétistes » se radicalisa, au point que beaucoup surnommèrent Largo Caballero le « Lénine espagnol ».
Chef du gouvernement
Après la chute du gouvernement Giral, le , en pleine guerre civile, il est désigné comme chef du gouvernement et ministre de la Guerre. Sa grande préoccupation est de maintenir la discipline au sein de l'armée et l'autorité du gouvernement dans la zone républicaine.
Largo Caballero réussit à restaurer l'autorité et la souveraineté de l'État. En janvier 1937, il refuse de démettre de ses fonctions le général Asensio, comme l'exigeait l'ambassadeur d'URSS à Madrid, et lui ordonne de partir en ces termes : « Sortez immédiatement ! Vous apprendrez, M. l'ambassadeur, que les Espagnols sont peut-être pauvres et ont besoin de l'aide étrangère, mais que nous avons assez de fierté pour ne pas accepter qu'un ambassadeur étranger essaie d'imposer ses volontés au chef du gouvernement espagnol »[3].
Cependant, le mécontentement provoqué par le cours défavorable de la guerre et l'insurrection organisée par le POUM et la CNT à Barcelone en sont utilisés par le Parti communiste comme prétexte pour provoquer une crise gouvernementale et le contraindre à la démission ; il est remplacé à la tête du gouvernement par le docteur Juan Negrín, socialiste lui aussi, mais plus proche des thèses défendues par le Parti communiste.
Exilé
En 1939, après la défaite des Républicains, Largo Caballero s'exila en France. En juin 1940, quelques jours avant l'arrivée de la Wehrmacht à Paris, il se réfugia dans le Tarn, où il vécut à Trébas[4]. Puis il dut partir en janvier 1941 pour la Creuse, à Crocq, surveillé par la police française[5]. Le régime franquiste demanda son extradition au régime de Vichy, et il fut incarcéré à Aubusson, puis à Limoges. L'exilé fut défendu par Me Moro-Giafferri, et le tribunal de Limoges refusa de l'extrader en Espagne. Arrêté à Nyons (Drôme) par les Allemands en 1943, il fut interrogé par la Gestapo, puis interné au camp de concentration de Sachsenhausen, et il y demeura jusqu'à la libération du camp par l'Armée rouge le 25 avril 1945.
Très fatigué à son retour de déportation, il décide de tenter une nouvelle aventure politique : rétablir la démocratie en Espagne. Aidé par l'ancien officier de la France Libre, le Valencien Amado Granell, il va reprendre contact avec les Républicains en exil pour négocier le retour du prétendant au trône Don Juan de Borbon, en vain.
Il mourut en exil à Paris. Sa dépouille fut transférée à Madrid en 1978, et 500 000 personnes assistèrent à la cérémonie de funérailles organisée à cette occasion.
Œuvres
- (es) Obras completas de Francisco Largo Caballero : 16 volumes, Madrid ; Barcelona, Fundación Francisco Largo Caballero : Instituto Monsa de Ediciones, 2003-2009.
- (es) Mis recuerdos : Cartas a un amigo, Mexico, Ediciones Alianza, , 379 p.
Références
- Historia hors-série n° 22, « La guerre d'Espagne », 1971, p. 84 et p. 201.
- Bartolomé Bennassar, La guerre d'Espagne et ses lendemains, Perrin, (ISBN 2-262-02001-9), p. 46
- Hugh Thomas, La guerre d'Espagne, Paris, Robert Laffont, (ISBN 2-221-04844-X), p. 411.
- Bartolomé Bennassar, op. cit., p. 428-430.
- Eva Léger, « Francisco Largo Caballero (1869-1946) de Madrid à l'exil, séjour à Crocq du dirigeant socialiste espagnol (1941) », sur Journal d'information et de débat du plateau de Millevaches, 2018-09-05.
Bibliographie
- (es) Julio Aróstegui, « Largo Caballero y la herencia de Pablo Iglesias », Cuadernos de historia contemporánea, Madrid, Servicio de Publicaciones (Université complutense de Madrid), vol. vol. extraordinario, (ISSN 0214-400X, lire en ligne)
- (es) Julio Aróstegui, Largo Caballero : El tesón y la quimera, Barcelone, Debate, , 966 p. (ISBN 978-84-8306-923-3)
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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- WorldCat
- Notices biographiques
- (es) Pablo Castellano (es), « Francisco Largo Caballero (1869–1946) » dans Tiempo de Historia, no 9, 1975
- (es) Pablo Castellano, « La vuelta de Largo Caballero » (partie 1) et (partie 2), dans Triunfo, no 793, 1978
- Discours de Largo Caballero
- (es) «Vamos a la conquista del poder» (discours publié dans El Socialista le 25 juillet 1933), sur segundarepublica.com
- (es) « Orden general de Francisco Largo Caballero » (28 octobre 1936), sur asturiasrepublicana.com
- (es) Discours de Largo Caballero dans le teatro-cine Pardiñas (partie 1), (partie 2) et (partie 3) (octobre 1937), sur asturiasrepublicana.com
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