Francis Perrin (physicien)

Francis Perrin, né le à Paris 5e et mort le à Paris 14e[1], est un physicien français. Il est le fils de Jean Perrin, prix Nobel de physique 1926[2].

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Le scientifique

Élève de l'École alsacienne, du lycée Henri-IV, de l'École normale supérieure (1918-1922)[3] et de la faculté des sciences de Paris, Francis Perrin est reçu premier du concours d'agrégation de physique en 1922[4]. Il obtient le doctorat ès sciences mathématiques devant la faculté des sciences de l'université de Paris en 1928, avec une thèse portant sur l'étude du mouvement brownien[5]. En 1929, il devient docteur ès-sciences physiques. Il travaille ensuite au Collège de France avec l'équipe de Frédéric Joliot-Curie sur la fission de l'uranium. Assistant à la faculté des sciences de Paris, il devient maître de conférences de théories physiques le à la suite de la nomination de Louis de Broglie comme professeur titulaire. Il est ensuite professeur au Collège de France à la chaire de physique atomique et moléculaire de 1946 à 1972.

Perrin représentait également une figure influente dans les affaires de la première période du CERN[6].

En 1933, à propos du neutrino, Francis Perrin estime que « la masse doit être nulle - ou tout au moins petite par rapport à la masse de l'électron ». En 1972, il a découvert le réacteur nucléaire naturel d'Oklo.

Le militant syndical

Fin et début , Francis Perrin figure parmi les signataires (avec Maurice Janets, Lucien Mérat, Pierre Galoni, Gilbert Walusinski…) de l’appel lancé auprès des enseignants par des responsables et militants de la Fédération générale de l’enseignement en faveur de l’adhésion de cette fédération et de ses syndicats à Force ouvrière, nouvellement créée. En , lors du congrès constitutif de la Fédération de l’éducation nationale Force ouvrière, il est élu à la tête de la direction tricéphale de cette fédération chargée de l’enseignement supérieur. En , il préside l’assemblée générale des enseignants FO de la région parisienne, en compagnie de Robert Bothereau[7].

Le lobbyiste

Nommé haut-commissaire du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en 1951 — en remplacement de Joliot-Curie destitué parce qu'il s'était opposé à la recherche militaire —, Francis Perrin constitue un lobby d'une douzaine de personnes, composé d'hommes politiques comme Chaban-Delmas, Bourguès-Maunoury et Félix Gaillard, d'officiers, comme les généraux Ailleret, Gallois et Crépin, de technocrates comme Pierre Guillaumat et Raoul Dautry ou de scientifiques comme Yves Rocard et Bertrand Goldschmidt, qui se révèlera extrêmement efficace[réf. nécessaire]. Ce lobby imposera aux gouvernements successifs de la IVe République une recherche intensive pour permettre à la France de disposer de l'arme nucléaire en dehors de tout contrôle politique véritable[réf. nécessaire]. Des départements secrets seront constitués au sein du CEA pour mener à bien cette politique dès 1954[réf. nécessaire]. Le général de Gaulle sera tenu informé des travaux pendant sa Traversée du Désert (1953/1958), notamment par Chaban-Delmas[réf. nécessaire]. Quand il revint au pouvoir en 1958, l'avance des travaux était telle que la date du premier essai nucléaire était déjà fixée à 1960[réf. nécessaire].

Francis Perrin quitte la fonction de haut-commissaire du CEA en 1970 et se consacre à l'enseignement au Collège de France et à des travaux scientifiques[8].

Divers

Francis Perrin a été le président de l'Union des athées après son départ du CEA.

Il est le fils du prix Nobel de physique 1926[2] Jean Perrin, le frère d'Aline Lapicque-Perrin et le beau-frère du peintre Charles Lapicque ainsi que du physicien Pierre Auger. Il a eu trois enfants avec la sœur de ce dernier, Colette Auger: Nils, David et Françoise.

Prix et distinctions

Œuvres

  • Mécanique statistique classique (1925)
  • Polarisation de la lumière de fluorescence. Vie moyenne des molécules dans l'état excité (1926)
  • Etude mathématique du mouvement brownien de rotation d'une sphère (thèse de doctorat) (1928)
  • La Fluorescence des solutions, induction moléculaire, polarisation et durée d'émission, photochimie (1929)
  • Fluorescence (1931)
  • La dynamique relativiste et l'inertie de l'énergie (1932)
  • Théorie quantique des transferts d'activation entre molécules de même espèce. Cas des solutions fluorescentes (1932)
  • Possibilité de matérialisation d'une paire d'électrons par interactions d'un photon et d'un électron ou de deux électrons (1933)
  • Possibilité d'émission de particules neutres (neutrinos) de masse intrinsèque nulle dans les radioactivités beta (1933)
  • Mouvement brownien d'un ellipsoïde. Dispersion diélectrique pour des molécules ellipsoïdales en solution (1934)
  • Mouvement brownien d'un ellipsoïde. Rotation libre et dépolarisation des fluorescences. Translation et diffusion de molécules ellipsoïdales en solution (1936)
  • Mécanique statistique quantique (1939)
  • Calcul relatif aux conditions éventuelles de transmutation en chaine de l’uranium (1939)
  • Mise en évidence d'une réaction nucléaire en chaîne au sein d'une masse uranifère, avec Hans Halban, Frédéric Joliot et Lew Kowarski (1939)
  • Traité du calcul des probabilités et de ses applications, avec Émile Borel (1939)
  • Polarisation de la lumière diffusée par les milieux isotropes troubles (1942)
  • Polarisation de la lumière diffusée par des particules sphériques, avec Anatole Abragam (1951)
  • Valeurs internationales des sections efficaces des isotopes fissiles pour les neutrons thermiques (1955)
  • L'Euratom (1956)
  • Exposé de Francis Perrin sur la politique nucléaire de la France (1956)
  • Funérailles nationales de Frédéric Joliot (1958)
  • Leçon terminale, Chaire de physique atomique et moléculaire (1972)
  • Une nouvelle forme du tableau de Mendeleiev (1973)
  • Écrits de Francis Perrin (1998)

Notes et références

  1. Acte de naissance, sur le site des archives de Paris, 8451, (p. 4-30).
  2. Fonds Jean Perrin, sur le site de l'Académie des sciences.
  3. Annuaire de l'ENS, alias l'archicubier.
  4. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 », par André Chervel.
  5. Étude mathématique du mouvement brownien de rotation, thèse de physique mathématique de Francis Perrin.
  6. « Nouvelles brèves », Courrier CERN, vol. 32, (lire en ligne, consulté le )
  7. Francis (Henri, Jean, Siegfried) Perrin, notice biographique.
  8. Francis Perrin, pionnier de la recherche nucléaire, entretien avec Jacques Chancel, archives de l'Institut national de l'audiovisuel, 1974.
  9. Archives des lauréats, prix décernés par la Société française de physique.

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