François-Marie Trégaro

François-Marie Trégaro, né le à Peillac et mort le à Sées, est un ecclésiastique catholique français, évêque de Sées de 1881 à 1897.

François-Marie Trégaro
Biographie
Nom de naissance François-Marie Trégaro
Naissance
Peillac
Ordination sacerdotale
Décès
Sées
Évêque de l’Église catholique
Consécration épiscopale par
Mgr Jean-Marie Bécel
Évêque de Sées
Évêque coadjuteur de Sées,
évêque titulaire de Doliché

Stella Maris Spes Mea
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

Formation

Né le à Peillac (Morbihan), François-Marie Trégaro est le fils d'un ouvrier meunier habitant au moulin de Guéveneux, en bordure de la commune, sur la rive de l'Arz. Remarqué pour sa piété et ses dons pour l'étude, il est envoyé dès l'âge de 14 ans au petit séminaire de Sainte-Anne-d'Auray, où il étudie de 1838 à 1844, puis au grand séminaire de Vannes.

Il reçoit l'ordination le et est peu après affecté comme vicaire à l'importante paroisse de Guer, dont le curé est l'abbé Julien Daniélo, prêtre érudit et politicien qui a été professeur de mathématiques au petit séminaire, est auteur de livres d'histoire, et siège comme député du Morbihan à l'Assemblée nationale constituante élue le pour donner des institutions à la Deuxième République.

Aumônier dans la Marine

Début 1852, à la demande de l'abbé Félix Coquereau, aumônier en chef de la Marine nationale, l'évêque de Vannes lui fait savoir qu'il est pressenti pour servir comme aumônier à bord d'un navire de guerre. François-Marie Trégaro accepte, au grand déplaisir dit-on de l'abbé Daniélo, qui aurait préférer conserver à ses côtés un vicaire de grande valeur.

Il embarque le pour une longue croisière vers l'Extrême-Orient. Il est affecté à bord de la Jeanne d'Arc, frégate à voile commandée par le capitaine de vaisseau Charles Jaurès, chef de l'état-major du contre-amiral Adolphe Laguerre commandant la division navale de l'Indochine. C'est un monde neuf qui s'ouvre pour le jeune aumônier d'extraction villageoise, avec la découverte de la mer et la fréquentation d'officiers de haut rang.

Lorsque la Jeanne d'Arc arrive devant Shanghai, la Chine se trouve plongée dans une guerre civile d'une sanglante confusion, avec la révolte des Taiping. Ces derniers tiennent la vieille ville de Shanghai mais sont assiégés par les loyalistes de l'armée impériale. Prenant prétexte de ce que le consulat de France est menacé, la Jeanne d'Arc et le croiseur à vapeur Colbert débarquent le des troupes qui partent à l'assaut des Taiping, qui seront délogés de Shanghai le . Durant les combats, François-Marie Trégaro se distingue en allant assister les blessés sous le feu ennemi. Le capitaine Jaurès l'avait de façon réitérée proposé pour la Légion d'honneur, bientôt soutenu en cela par l'amiral Laguerre. Finalement, le , un décret signé de Napoléon III fait le jeune aumônier chevalier de la Légion d'honneur.

Il retrouve le sol français le . Entre-temps a éclaté la guerre de Crimée, qui touche déjà à sa fin. Elle ne concernera le jeune aumônier que dans la mesure où il est amené à servir à bord du navire à vapeur Prince Jérôme, qui rapatrie les nombreux blessés et surtout les très nombreux malades. Durant la Campagne d'Italie de 1859, François-Marie Trégaro est embarqué sur l'escadre française qui doit aller à l'assaut de Venise, alors port autrichien. Mais l'armistice de Villafranca, qui met fin au conflit, est signé alors que cette flotte arrivait en vue de son objectif.

Il retourne en Chine lorsque la France rejoint début 1860 la Grande-Bretagne dans sa « Seconde guerre de l'opium » (1856-1860). François-Marie Trégaro est nommé aumônier supérieur du corps expéditionnaire français, commandé par le général Cousin-Montauban et transporté sur une flotte sous les ordres de l'amiral Charner. En août 1860, lors de la prise des forts du Peï-Ho, il est remarqué pour avoir ramené au feu un bataillon qui faiblissait[1]. Le 13 octobre, les troupes franco-britanniques prennent Pékin. L'aumônier y célèbre une messe solennelle à la mémoire des militaires tombés en opération. Peu après, le , il est promu officier de la Légion d'honneur.

À son retour en France, il est nommé chanoine honoraire par l'évêque de Vannes Mgr Dubreuil. En 1862, après dix ans à naviguer, on lui confie l'aumônerie de l'hôpital maritime de Port-Louis, mais il reprend la mer fin 1863 comme aumônier de la nouvelle frégate cuirassée Solférino, de l'escadre de la Méditerranée, dont il devient aumônier supérieur en octobre 1864. Deux ans plus tard, le , il devient aumônier en chef de la Marine impériale, succédant à Félix Coquereau, décédé.

L'évêque de Séez

Verrière de la cathédrale de Sées reproduisant le blason de Mgr Trégaro : on y reconnaît l'Étoile de la Mer, l'hermine bretonne, une ancre de marine, et sous la devise la croix de la Légion d'honneur.

François-Marie Trégaro est devenu une personnalité qui compte au sein de l'Église de France, mais à partir de 1871 il va être de plus en plus en conflit avec les autorités civiles du pays. L'avènement de la IIIe République voit venir au pouvoir des républicains aux tendances anticléricales croissantes, et qui veulent prendre leur revanche sur les hommes considérés comme s'étant compromis avec le Second Empire.

Le nouveau ministre des Cultes et des affaires ecclésiastiques Jules Simon cherche d'abord à éloigner Trégaro en lui proposant l'évêché de la Réunion. Il décline l'offre, préférant rester en France auprès des marins. En 1875 le gouvernement prend un décret supprimant la fonction d'aumônier en chef de la marine. En l'absence de loi autorisant pareille décision celle-ci doit être rapportée, mais sera finalement effective après un vote des deux chambres adoptant la loi requise en mars 1878. Trégaro se retire alors en Bretagne, où son ami Mgr Bécel, évêque de Vannes, le prend comme vicaire général de son diocèse.

Trois ans plus tard, le , il est choisi comme évêque coadjuteur de Séez, nomination confirmée le , en même temps que le pape le nomme évêque titulaire in partibus de Doliché (aujourd'hui Dülük, en Turquie). Il est entendu qu'il doit succéder sur le siège épiscopal de Sées à Mgr Rousselet, ce qui survient plus tôt que prévu car ce dernier meurt quelques semaines plus tard, le . Trégaro est consacré évêque le dans la basilique de Sainte-Anne d'Auray par Mgr Bécel.

Il est installé à Sées le , le jour même où Jules Ferry redevient ministre de l'Instruction, et s'apprête à lancer la loi sur la laïcité de l'enseignement qui sera votée le .

Mgr Trégaro se déchaîne contre ce projet, qu'il dénonce comme « loi scélérate », ce qui va lui valoir une condamnation en Conseil d'État pour abus de fonction. Il dénonce violemment la franc-maçonnerie, se fait connaître dans son diocèse comme une forte tête et dans tout le pays comme un ultramontain obstiné, porte-parole de l'aile la plus intransigeante de l'Église, celle opposée à tout accommodement avec les partis républicains anticléricaux.

Tout en menant une guerre de procédure constante avec la préfecture de l'Orne, il mobilise ses ouailles pour mener à bien des projets qui sont la part la plus durable de son œuvre, en particulier pour développer l'enseignement catholique. Il joue un rôle essentiel dans la création de deux établissements toujours existants au XXIe siècle, l'un portant son nom, le collège Trégaro à Gacé, l'autre son prénom, l'école Saint-François-de-Sales à Alençon. Il a aussi réuni des souscriptions pour lancer la restauration de la cathédrale de Sées, qui était en piteux état depuis plus d'un siècle et dont le gouvernement refusait de subventionner les travaux. Il a aussi présidé à la refondation d'un Carmel à Alençon, qui n'y existait plus depuis 1792.

Le 4 octobre 1884, sollicité avec insistance par le curé de La Chapelle-Montligeon, l'abbé Paul Buguet, Mgr Trégaro approuve les statuts de l'Œuvre expiatoire pour la délivrance des âmes du purgatoire, à l'origine du pèlerinage de La Chapelle-Montligeon, et qui sera appelée à un grand avenir et à un développement mondial.

François-Marie Trégaro est mort à Sées le et a été inhumé le 12 mars dans sa cathédrale. Un monument sculpté le représentant en orant a été érigé en 1899 sur sa tombe.


Armes

D'azur, à une bande d'argent chargée de trois mouchetures d'hermines de sable, accompagnée en chef d'une étoile d'or et en pointe d'une ancre d'argent[2].

Décoration

Officier de la Légion d'honneur, le 7 novembre 1860[3]

Notes et références

Bibliographie

  • Abbé L. Hommey, Histoire générale ecclésiastique et civile du diocèse de Séez, tome V, éd. Renaud de Broise, Alençon, 1900.
  • Joseph Danigo, François-Marie Trégaro, in Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, éd. Beauchesne, Paris.

Liens externes

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