Ferdinand Bac

Ferdinand-Sigismond Bach dit Ferdinand Bac ou Bac, né le à Stuttgart et mort le à Compiègne, est un écrivain, dessinateur, caricaturiste, décorateur, peintre, ferronnier, paysagiste et lithographe français.

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Biographie

Son père, Charles Philippe Henri Bach [1], géologue, ingénieur-cartographe et paysagiste, né en et décédé le , est le fils naturel [1] de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie et, selon certains sources, d’Ernestine de Puckler-Limbourg, comtesse de Loewenstein. Ferdinand naquit d'un second mariage de son père avec Sabina Ludovica de Stetten, fille du baron Sigismond-Ferdinand de Stetten ; ce dernier, né en 1772, en Bohême, assista au congrès de Vienne et raconta ses souvenirs à son petit-fils.

Ferdinand Bac, petit cousin germain de Napoléon III, fut élevé en marge de la cour du Second Empire. Quelques années après l’effondrement du régime, il choisit de quitter l’Allemagne et sa mère pour vivre à Paris une existence studieuse et néanmoins bohème. Introduit dans le monde par Arsène Houssaye et le prince Napoléon, il devint un artiste à la mode. Il est l’auteur de nombreux ouvrages littéraires et artistiques qu’il illustre brillamment de sa main.

Il fréquente Adolphe Thiers, Gambetta, Richard Wagner, Victor Hugo, Taine, Villiers de L'Isle-Adam, Paul Verlaine, Maurice Barrès, Barbey d'Aurevilly, Alphonse Daudet, Guy de Maupassant, Verdi, Gounod, Pierre de Nolhac, etc.

Il s'impose alors comme l'un des premiers dessinateurs et caricaturistes de son temps, aussi célèbre qu'Albert Robida, Job, Sem, Jean-Louis Forain ou Caran d'Ache.

Il vit au cœur de l'Europe troublée de la fin du XIXe et du début XXe siècle et occupe une position de passeur entre les traditions allemande et française. Témoin de la bataille de Sadowa en 1866, à la formation de l'Allemagne en 1871 à Versailles, fuyant les armées allemandes en 1914 et contraint à l'exil en 1940, il vit une partie de son travail partir en fumée en 1944 à Rimont. Il redevint un homme public courtisé à la Libération.

Installé l'hiver dans le Midi pour raison de santé, il entreprend tout d'abord d'aménager les jardins de la Villa Croisset [2](1912, villa détruite vers 1985), puis ceux [3] du Domaine des Colombières à Menton, transformant cette ancienne bâtisse en une résidence méditerranéenne, créant, entre 1918 et 1927, un jardin où chaque parterre est inspiré d'un pays de la Méditerranée. Il consigne ses réflexions dans plusieurs ouvrages relatant ses travaux, ses envies et ses projets, et, à 60 ans, s'installe dans cette propriété, acquise par Émile Ladan-Bockairy et son épouse, où il croise Marcel Proust, Jean Cocteau, Gabriele D'Annunzio et Anna de Noailles.

Dans sa propriété de Compiègne contiguë au vieux rempart de la ville, Bac dessina des jardins, dont un « cloître de charmilles encadrant un vaste tapis de buis » ; la grande maison du XVIIIe siècle (9, rue des Domeliers) avait abrité avant lui Talleyrand - voir supra - et les architectes Jacques-Ange Gabriel et Louis Le Dreux de La Châtre, « qui, en 40 ans, réalisa le grand dessein de Gabriel à Compiègne »[4].

Il a aussi réalisé les jardins de la villa Cyrnos (Alpes-Maritimes).

Bac fut lié à Madeleine Jacquemaire puis Iung, fille de Georges Clemenceau, qu'il voyait quotidiennement et à qui néanmoins il faisait porter une lettre chaque matin; cette correspondance amoureuse, découverte dans une armoire à sa mort à 78 ans (1949), fut alors détruite par ses héritiers[5].

Jusqu’à la fin de sa vie, Bac continue de voyager, d’écrire, de dessiner, réfléchissant sur le devenir politique et historique du monde ; à près de 80 ans, il effectue encore trois heures de correspondance par jour, ses connaissances et ses amis attendant ses conseils, parmi lesquels le baron Coudein, proche du baron Napoléon Gourgaud, à qui Bac offrit une de ses caricatures mettant en scène un « incroyable » et une « merveilleuse »[6].

Son esprit toujours vif lui permet de dessiner et de commenter les livres qu’on lui envoie. De nature pourtant inquiète, il s’appliqua très jeune à léguer une partie de son travail à de nombreux musées et bibliothèques (bibliothèque de l'Arsenal à Paris, bibliothèque municipale à Menton, bibliothèque Cessole à Nice) ; chaque document est annoté de sa main et parfaitement archivé.

Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1913 [1] (remise d'insigne par Paul Hervieu le 30 ), reconnu par l'Académie française (prix Montyon 1909 et prix Calmann-Lévy 1925), il meurt à 93 ans, le à Compiègne, quatre jours après le décès de son ami Émile Ladan-Bockairy ; il fut inhumé aux Colombières dans un mausolée aux côtés du couple Ladan-Bockairy.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages littéraires et artistiques.

Plusieurs photos du jardin des Colombières et trois aquarelles signées de Bac datées de 1931 ont été reproduites dans le numéro spécial sur les jardins de L'Illustration [7].

Un collège de Compiègne porte son nom.

Œuvre

  • L'Art empêchant la mode de suivre la folie, composition de page de titre pour la revue L'Art et la mode [1883][8] ;
  • Les Maîtresses, comprenant 100 dessins en couleurs (1897) ;
  • La Comédie féminine, contenant 100 dessins inédits (1899) ;
  • Les Amants, contenant 100 dessins en couleurs (1900) ;
  • Yvette Guilbert à la Scala, publiée dans Les Maîtres de l'affiche (1895-1900) ;
  • Des Images, contenant 100 dessins (1901) ;
  • Petites Folies, contenant 100 dessins (1903) ;
  • Vieille Allemagne. Nuremberg, le Château de Louisbourg (1906) ;
  • Vieille Allemagne. Les Paysages de Goethe : Frankfort, Wetzlar, Weimar, Jéna (1907), prix Montyon de l'Académie française en 1909 ;
  • " Les Maîtres Humoristes " Fernand Bac, Société d'Édition et de Publications Librairie Félix Juven, Paris, 1907
  • Le Fantôme de Paris (1908) ;
  • Le Mystère vénitien : Vérone, Padoue, Venise (1909) ;
  • Le Voyage romantique (2 volumes, 1910-1912) ;
  • L'Aventure italienne (1912) ;
  • Vieille France (1913) ;
  • Souvenirs d'exil, la fin de la vieille Allemagne, 1812-1871 (1919) ;
  • La Volupté romaine, orné de 100 illustrations en couleurs par l'auteur (1922) ;
  • L'Aventure singulière d'Odysseus en quarante et une fresques (1923) ;
  • Odysseus. Une aventure singulière. Avec 65 illustrations et hors-texte en couleurs (1923) ;
  • Les Colombières. Ses jardins et ses décors commentés par leur auteur avec 60 planches en couleurs (1925) ;
  • Jardins enchantés. Un Romancero. Avec 36 jardins en couleurs de l'auteur (1925), prix Calmann-Lévy de l'Académie française ;
  • Le Pèlerin amoureux. Confessions d'un libertin (1926) ;
  • L'Extra-planétaire. Impressions sur les Terrestres (1926) ;
  • Jean Paul ou l'Amour universel. L'Allemagne romantique. 1763-1825 (1927) ;
  • Schubert ou la harpe éolienne, 1797-1828 (1928) ;
  • Le Mariage de l'impératrice Eugénie (1928) ;
  • Louis Ier de Bavière et Lola Montès (1928) ;
  • L'Eloge de la Folie. 10 lithographies originales (1929) ;
  • Le Voyage à Berlin. La Fin de l'Allemagne romantique (1929) ;
  • Le Favori du cardinal Albani (Jean-Joachim Winckelmann), le père de l'archéologie, 1717-1768 (1929) ;
  • La Princesse Mathilde. Sa vie et ses amis (1929) ;
  • L'Ancienne France. La Cour des Tuileries sous le Second Empire (1930) ;
  • Ferdinand Bac. L'Anti-Latin. L'Allemagne de la Réforme. 1517-1546 (1930) ;
  • Intimités du second Empire. La Cour et la Ville, d'après des documents contemporains (1931) ;
  • Intimités du second Empire. Les Femmes et la Comédie. D'après des documents contemporains (1931) ;
  • Intimités du second Empire. Poètes et artistes, d'après des documents contemporains (1932) ;
  • Le Prince Napoléon (1932) ;
  • Napoléon III inconnu (1933) ;
  • Vienne au temps de Napoléon, d'après des témoignages contemporains (1933) ;
  • Le Secret de Talleyrand : d'après des témoignages contemporains (1933) ;
  • Promenades dans l'Italie nouvelle (3 volumes, 1933-1935) ;
  • Promenades dans la vieille Europe. La Ville de porcelaine. Dresde au temps des rois de Pologne et de Napoléon (1934) ;
  • Promenades dans la vieille Europe. Munich. Choses vues de Louis II à Hitler (1934) ;
  • Intimités de la IIIe République. De Monsieur Thiers au président Carnot. Souvenirs de jeunesse '1935) ;
  • Intimités de la IIIe République. La Fin des temps délicieux. Souvenirs parisiens (1935) ;
  • Intimités de la IIIe République. Des Ballets russes à la paix de Versailles. Souvenirs d'un témoin (1936) ;
  • La Flûte et le tambour. Pensées d'un témoin du siècle (1937) ;
  • Le Retour de la Grande Armée, 1812, d'après les témoignages des survivants. Avec 90 compositions de l'auteur (1939) ;
  • Mérimée inconnu (1939) ;
  • Citations de Montesquieu, 4 dessins en couleurs (1943) ;
  • Souvenirs de Compiègne, Second Empire (1946) ;
  • Livre-Journal 1919. Texte établi, annoté et introduit par Lawrence Joseph, collection "Pour Mémoire" (Éditions Claire Paulhan, 2000) ;
  • Livre-Journal 1920. Texte établi, annoté et introduit par Lawrence Joseph, collection "Pour Mémoire" (Éditions Claire Paulhan, 2013) ;
  • Albert Laprade, La maison de la rue des Domeliers à Compiègne ("Plaisir de France", , pp.20 à 25, ill. de photographies par René Jacques de plusieurs pièces meublées - arch. pers.).

Marché de l'art

Le fonds d'atelier de Bac a été vendu à Paris le (cf. "La Gazette Drouot" n°11 - 22/03/2019, ill., p.123).

Le à Toulouse, un lot de 180 lettres et 70 dessins que Bac adressa à la femme de lettres Renée de Beaumont, baronne de Brimont, de 1910 à 1943, sont passés en vente publique[9].


Notes

  1. « Notice LH 19800035/213/27966 de Ferdinand Bac », base Léonore, ministère français de la Culture.
  2. Létang-Chavoin Marie-Claude. Ferdinand Bac, créateur de jardins (1859-1952) In: Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 37e année, bulletin n°1, 1995. pp. 237-243.
  3. Notice no IA06001325, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. Laprade, op. cit., p. 22.
  5. Georges Gatineau-Clemenceau, Des Pattes du Tigre au Griffes du Destin, Les Presses du Mail, 1961, pp. 33 et 34.
  6. Incroyables et Merveilleuses fut exposée pour le bicentenaire de la Révolution de 1789 au château de Dampierre-sur-Boutonne au cours de l'été 1989.
  7. L'Illustration daté du 28 mai 1932, archive personnelle).
  8. « Art de la mode (L') » par Françoise Tétart-Vittu, in: Dictionnaire de la Mode, Paris, Encyclopaedia Universalis, 2015 — extrait en ligne.
  9. La Gazette de l'hôtel Drouot[réf. incomplète]

Annexes

Bibliographie et sources

  • Mairie de Compiègne[réf. incomplète]
  • Mairie de Menton[réf. incomplète]
  • Marie-Claude Létang-Chavoin, « Ferdinand Bac, créateur de jardins (1859-1952) », dans Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1995, 37e année, no 1, p. 237-243 (lire en ligne)
  • Ghislain de Diesbach, Ferdinand Bac ; Un prince 1900, Éditions Perrin, 2002 (ISBN 2-262-01517-1)

Liens externes

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