Eugene McCown

Eugene McCown ou MacCown, né le à El Dorado Springs (Missouri) et mort le à New York, est un peintre, pianiste et auteur américain[1].

Biographie

William Eugene McCown[2] est le fils de William Henry McCown (1870-1961)[3] et d'Inez Boyer (1877-1909)[4]. Après avoir été l'élève de la Central High School de Kansas City, il effectue durant trois années, de 1917 à 1919, des études de journalisme à l'Université du Missouri à Columbia (il y anime un club de mandoline)[5] et connaît une courte expérience professionnelle au journal The Kansas City Star. En 1919 il s'installe à New York pour y apprendre le dessin et la peinture. Il est inscrit à l'Art Students League auprès d'Andrew Dasburg et Eugene Speicher puis à la Modern Art School de New York[6].

Portrait de René Crevel par E. McCown, dans Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 18 décembre 1926

Après un séjour au Venezuela où, à Caracas, il exécute des fresques murales dans le manoir du président Victorino Márquez Bustillos (es)[7], Eugene McCown traverse l'Atlantique en 1921 et s'installe à Paris, où il fréquente la bohême artistique et littéraire des Années Folles et en particulier Nancy Cunard, dont il réalise un premier portrait en 1923[8], Jean Cocteau, qui le prend sous son aile, ou encore l'écrivain surréaliste René Crevel dont il fait la connaissance durant l'hiver 1923-1924[9],[10] et dont il devient l'amant[11] ; François Buot restituera avec précision cette histoire [12] après que Crevel l'eut transposée dans son roman à clef La mort difficile dont le personnage d'Arthur Bruggle n'est autre qu'Eugene McCown[13]. Emmanuel Pierrat remarque que de même McCown fascine profondément Bernard Faÿ et son jeune frère Emmanuel : « Mc Cown est l'incarnation exemplaire de ces anges américains qui fascinent tant Bernard Faÿ et, visiblement, son jeune frère. Ses dons amoureux, non moins que sa cruelle frivolité, paraissent fusionner en un magnétisme dont ils auront été les bénéficiaires autant que les martyrs »[14].

Musicien, il participe à l'introduction du jazz à Paris comme pianiste au cabaret Le Bœuf sur le toit : Yannick Seité évoque, à partir d'un témoignage de Virgil Thomson qui partagea l'appartement de McCown à Paris (c'est par McCown que Thomson fait alors la connaissance de Jean Cocteau, Francis Poulenc et Erik Satie[15]), un McCown y jouant du jazz au piano de 22 heures à 2 heures du matin, « jouant remarquablement bien et faisant toutes les conversations de Paris dont il est la coqueluche. Il peint les après-midi et a récemment été atteint de subite réussite financière »[11].

Figure du quartier du Montparnasse et de ses cafés tels que la Coupole, le Dôme ou le Select, il s'installe dans un atelier de la rue Campagne Première et devient un peintre à succès de l'École de Paris. De cette époque, à l'instar de René Crevel et de Nancy Cunard, les traits d'Eugene McCown nous restent connus par la photo-portrait qu'en fit Man Ray[6].

Ses tableaux de style moderniste ont été exposés dans les galeries les plus importantes de Paris (des expositions à Bruxelles, Londres et Berlin, antérieures à 1930, sont également évoquées[7]) et certains sont encore présents dans les collections américaines. Eugene McCown effectue un voyage aux États-Unis en à l'occasion de l'exposition qui lui est consacrée à la galerie Mary Sterner, étendant son séjour new-yorkais jusqu'au Missouri pour des retrouvailles familiales avant d'être de retour à Paris au mois de mai suivant. Il quitte Paris pour Londres en 1933 pour revenir à New York en 1934.

Après la seconde guerre mondiale, où sa connaissance de la langue française fait qu'on le retrouve à Londres en tant que traducteur missionné par l'Army Intelligence, sa trace aux États-Unis tend à se dissoudre, hormis sa publication du roman semi-autobiographique The Siege of Innocence en 1950, des traductions de livres de Georges Simenon puis son interview par les journalistes Robert Byington et Glen Morgan dans un ouvrage consacré à Mary Butts en 1964 où il ne dissimule pas son combat contre un cancer des testicules, maladie qui l'emporte à Manhattan en [16].

Œuvre

Peinture

  • Portrait de Nancy Cunard réalisé par Eugene McCown à Paris, en 1923.
    Portrait de Nancy Cunard, toile, collection Nancy Cunard, 1923[8].

Contributions bibliophiliques

Littérature

Expositions personnelles

Expositions collectives

Références

  1. Jérôme Kagan, Eugene McCown, démon des Années folles, Paris, Séguier, , 480 p. (ISBN 9782840497882)
  2. « Eugene Maccown » dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France :
  3. « Find a grave - William Henry McCOWN », sur findagrave.com
  4. « Find a grave - Inez BOYER », sur findagrave.com
  5. « William Eugene McCown », sur Find a grave.
  6. Jérôme Kagan, Eugene McCown, démon des Années folles, Paris, Séguier, 2019, p. 59-60.
  7. « Eugene McCown », The Sedalia Democrat, 14 mai 1930.
  8. Nancy Cunard: An Inventory of Her Art Collection at the Harry Ransom Center
  9. Sous la direction de Jean-Michel Devésa, « René Crevel ou l'esprit contre la raison », Mélusine - Cahiers du Centre de recherches sur le surréalisme, Éditions L'Âge d'Homme, 2002.
  10. (en) Mo Amelia Teitelbaum, « René Crevel and Eugene McCown - a Transatlantic Partnership », dans The Stylemakers. Minimalism and Classic Modernism 1915-1945, Londres, Philip Wilson Publishers, (ISBN 978-0-85667-703-8, lire en ligne), p. 69-70.
  11. Yannick Séité, Le jazz, à la lettre : la littérature et le jazz, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Les littéraires », , 349 p. (ISBN 978-2-13-058239-7, lire en ligne).
  12. François Buot, Crevel, biographie, Grasset & Fasquelle, 1991.
  13. René Crevel, La mort difficile, Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1974.
  14. Emmanuel Pierrat, Les francs-maçons sous l'Occupation, entre résistance et collaboration, Albin Michel, 2016.
  15. David Leavitt, Homintern - How gay culture liberated the modern world, Library of Congress, 2017.
  16. Drewey Wayne Gunn 2016, p. 70-72.
  17. Recension par Pamela Taylor, The Saturday Review of Literature, 4 mars 1950, p. 30 Lire en ligne.
  18. (en) Paintings, Drawings, Gouaches by Eugene MacCown : Exhibition, New York, March 15-27, 1930, , 17 p..
  19. (en) « 46 Painters and Sculptors under 35 Years of Age », sur Museum of Modern Art.

Bibliographie

  • (en) « Eugene MacCown: The Siege of innocence, 1950 », dans Drewey Wayne Gunn, Gay American Novels, 1870-1970: A Reader's Guide, Jefferson, McFarland & Company, (ISBN 978-0-7864-9905-2, lire en ligne), p. 70-72.
  • Eugene McCown, Paintings, drawings, gouaches, Marie Sterner Galleries/Hours Press, New York, 1930.
  • « Eugene McCown », The Sedalia Democrat, Lire en ligne.
  • Yannick Séité, Le jazz, à la lettre : la littérature et le jazz, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Les littéraires », , 349 p. (ISBN 978-2-13-058239-7, lire en ligne).
  • Yannick Séité, « Les musiques fantômes d’Albert Alexander Smith et d’Eugene McCown », L’Art du jazz II, Paris, éd. du Félin, 2011, p. 343-356.
  • René Crevel, La mort difficile, Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1974.
  • Sous la direction de Jean-Michel Devésa, « Rene Crevel ou l'esprit contre la raison », Mélusine - Cahiers du Centre de recherches sur le surréalisme, Éditions l'Âge d'Homme, Lausanne, 1974.
  • François Buot, Crevel, biographie, Grasset & Fasquelle, 1991.
  • Anthony Tommasini, Virgil Thomson, composer on the Aisle, W.W. Norton & Company, 1997.
  • Nancy Cunard, Essays on race and empire, Maureen Moynagh, 2002.
  • Jacques Biagini, Jean Cocteau, de Villefranche-sur-Mer, Serre éditeur, 2007.
  • Lois Gordon, Nancy Cunard - Heiress, muse, political idealist, Columbia University Press, New York, 2007.
  • François Buot, Nancy Cunard, Paris, Pauvert, , 444 p. (ISBN 978-2-7202-1525-4).
  • Emmanuel Pierrat, Les francs-maçons sous l'Occupation, entre résistance et collaboration, Albin Michel, 2016.
  • Drewey Wayne Gunn, Gay American novels, 1870-1970 - A reader's guide, McFarland & Company, Jefferson (Caroline du Nord), 2016.
  • Jérôme Kagan, Eugene McCown, démon des Années folles, Séguier, 2019.

Liens externes

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