Eugène Jamot

Eugène Jamot, né le à Saint-Sulpice-les-Champs (Creuse) et mort le à Sardent (Creuse), était un médecin militaire français.

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Biographie

Né en 1879 à La Borie, hameau de la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, Eugène Jamot fit des études de médecine à Montpellier. En 1908, il s'installa à Sardent. Deux ans plus tard, il renonça à exercer la médecine de campagne pour passer le concours d'entrée à l'École d’application du service de santé des Troupes coloniales à Marseille, dite « École du Pharo ». Sorti en 1911 de ce haut-lieu de formation en médecine tropicale, il fit un premier séjour en Afrique noire avant d'entrer à l'Institut Pasteur de Paris où il étudia jusqu'en 1914, en se spécialisant dans les parasitoses. À la fin de son stage, il fut nommé sous-directeur de l'Institut Pasteur de Brazzaville, poste qu'il n'exerce pas à cause la Première Guerre mondiale, avant de revenir nommé directeur

De 1916 à 1931, il se consacra à la lutte contre la trypanosomiase humaine. Plus connue sous le nom de maladie du sommeil, cette maladie parasitaire est due à un protozoaire transmis de l'animal à l’homme par la piqûre d’une mouche, dite mouche tsé-tsé. Toujours mortelle en l'absence de traitement, cette maladie doit son nom au fait qu'à la phase préterminale les malades présentent une somnolence permanente. Deux figures médicales allemandes importantes pour le traitement des maladies tropicales au Cameroun (avant Jamot) sont Hans Ziemann (de) (1865-1939) et Philalethes Kuhn (de) (1870-1937), particulièrement pour les camps d’hypnoserie de cantonnement des populations atteintes (et en traitement).

Vidéo externe
https://www.ina.fr/video/CPC81051693/jamot-un-grand-docteur-video.html

Jamot un grand "docteur"; 11 avril 1981 13min 23s

La trypanosomiase africaine a évolué au cours des siècles par grandes vagues épidémiques. L'Ouganda et le bassin du Congo furent ravagés de 1896 à 1906. À partir de 1920, une deuxième épidémie commença à décimer l'Afrique centrale et l'Afrique de l’Ouest. C'est cette seconde poussée qui fut efficacement combattue, au Cameroun et en Haute Volta, par le colonel Jamot et ses équipes. Ce succès lui valut une gloire considérable. Il fut couvert d'honneurs et proposé par les journalistes et d'autres groupes de pression pour le Prix Nobel[1].

Mais, en , au cours d'un de ses voyages entre la France et le Cameroun, le colonel Jamot fut débarqué de force à Dakar et mis aux arrêts de rigueur. Le ministère des Territoires d'outre-mer le tenait pour personnellement responsable de graves accidents thérapeutiques survenus dans le secteur de Bafia, où sept cents personnes étaient devenues aveugles à la suite d'un traitement appliqué par un de ses adjoints.

À cette époque, seuls quelques médicaments étaient efficaces. Les jeunes médecins Charles Cavalade et Henri Brouste, juste sortis de Santé Navale soignèrent la parasitose à Sibiti avec des dérivés de l'arsenic, induisant de notables effets toxiques. L'un de ces produits, la tryparsamide (it), avait été administré par un jeune médecin – de sa propre initiative et sans en référer au colonel Jamot – à des doses triples de celles qui étaient préconisées. La tryparsamide déclencha des névrites optiques chez près d'un millier de malades, qui devinrent aveugles. Jamot ne sut pas faire valoir son innocence, et il paya chèrement pour les actes de son subordonné. Il dut renoncer à reprendre ses campagnes au Cameroun, et passa les années suivantes à Ouagadougou dans une ambiance de suspicion permanente.

Profondément découragé, il fit valoir ses droits à la retraite et, au début de 1936, il se retira à Sardent qu'il avait quitté vingt-cinq ans auparavant. Il y reprit son activité passée de médecin de campagne. Mais la rumeur publique l'avait poursuivi. Quelle que fût sa gloire passée, il était devenu « celui qui a rendu aveugles des milliers d'Africains ». Malgré son dévouement, son activité ne lui permit pas de mettre fin à d'importantes difficultés financières. Et c'est un homme brisé, moralement et physiquement, qui mourut à Sardent le .

Hommages

Aujourd'hui, le lycée-collège d'Aubusson, dans la Creuse, porte son nom, ainsi que l'hôpital de La Souterraine dans le même département. Un monument à sa gloire a été édifié à Yaoundé au Cameroun, où un hôpital porte également son nom. Un musée, inauguré au printemps 2009, lui est désormais consacré à Saint-Sulpice-les-Champs, sa commune natale[2]. Une unité porte son nom au centre hospitalier intercommunal de Villeneuve Saint-Georges dans le Val de Marne. Une avenue porte son nom dans le quartier des affaires du Plateau à Abidjan en Côte d'Ivoire.

Voir aussi

Articles connexes

  • Gaston Muraz (1887-1955)[3],[4]

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Paul Bado, Eugène Jamot 1879-1937. Le médecin de la maladie du sommeil ou trypanosomiase, Paris, Karthala, , 444 p. (ISBN 978-2-8111-0569-3)
  • Thèse du Dr Marcel Bebey Eyidi, Le vainqueur de la maladie du sommeil - Le docteur Eugène Jamot (1879-1937), préface du docteur Louis Aujoulat, secrétaire d'État à la France d'outre-mer, 1950.
  • Léon Lapeyssonnie, Moi, Jamot : le vainqueur de la maladie du sommeil, Bruxelles Plaisir (79, rue de la Gare, 78370, L. Musin ; Presses de l'INAM, , 198 p. (ISBN 978-2-870-83029-1)

Vidéographie

  • Documentaire Les médecins des colonies, Les médecins militaires au temps des colonies, Arté France, 2011,réalisé par Farnçois Caillat & Silvia Radelli.

Liens externes

Notes et références

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