Empire d'Akkad
L’empire d'Akkad (ou empire d’Agadé, ou encore empire akkadien) est un État fondé par Sargon d'Akkad qui domina la Mésopotamie de la fin du XXIVe siècle av. J.-C. au début du XXIIe siècle av. J.-C. selon la chronologie la plus couramment retenue, même s'il est possible qu'il se soit épanoui environ un siècle plus tard, les datations étant incertaines pour une période aussi lointaine.
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Empire akkadien
Empire d’Agadé
Chronologie moyenne : 2334 – 2154 av. J.-C.
Chronologie courte : 2270 – 2083 av. J.-C.
Statut | Monarchie |
---|---|
Capitale | Akkad |
Langue(s) | Akkadien, Sumérien |
Religion | Religion en Mésopotamie |
Ère historique | Age du bronze |
Sargon (premier) | |
Shu-turul (dernier ?) |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Prenant le pouvoir à Kish, Sargon parvient rapidement à dominer le Sud mésopotamien, qu'il dirige depuis sa capitale, Akkad, avec l'appui d'une élite qui est majoritairement de langue akkadienne, sémitique, par opposition au sumérien de la majorité des gens des provinces les plus méridionales. Il parvient à s'étendre en direction du plateau Iranien dans la région de Suse, à dominer la Haute Mésopotamie, puis à lancer des expéditions en Syrie (Ebla). Ses successeurs Rimush et Manishtusu préservent son héritage malgré des révoltes, et après eux Naram-Sîn, fort de sa puissance, se confère un statut divin et prétend à la domination universelle, ce qui en fait une figure impériale. Mais il fait également face à des soulèvements, et après sa mort le royaume d'Akkad se désagrège rapidement.
Bien qu'il soit difficile de démêler la réalité de la légende dans ces récits, d'autant plus que la documentation écrite datant de cette époque est essentiellement de nature administrative (tablettes de gestion et de comptabilité), la période de l'empire akkadien semble avoir marqué un profond changement dans le domaine politique, perceptible tant dans l'organisation du pouvoir et son idéologie que dans l'art officiel. Cet État a profondément marqué l'histoire de la Mésopotamie. Le souvenir de ses rois les plus prestigieux, Sargon et Naram-Sin, a duré de nombreux siècles et donné lieu à différentes légendes, plus qu'aucune autre dynastie mésopotamienne. Les évolutions sociales et économiques en Basse Mésopotamie sont en revanche moins marquées, tout comme dans la plupart des aspects de la culture matérielle, ce qui explique pourquoi il est en général impossible d'identifier des niveaux archéologiques de la période d'Akkad dans cette région.
Sources
La période de l'empire d'Akkad est documentée par environ 5 000 tablettes cunéiformes conservées de cette époque. Elles proviennent de plusieurs sites dispersés géographiquement : en Basse Mésopotamie (Girsu, Umma, Nippur, Adab), dans la vallée de la Diyala (Eshnunna, Khafadje) et dans les régions adjacentes (Suse en Élam, Gasur en Haute Mésopotamie, Tell Brak en Syrie)[1]. Cela constitue un changement par rapport à la période des dynasties archaïques, documentée par un nombre limité de sites. En revanche, la nature des textes ne change pas vraiment : il s'agit de tablettes administratives, rédigées en akkadien ancien ou en sumérien, qui documentent essentiellement la gestion de domaines agricoles appartenant à des institutions (palais ou temples), ou parfois à des particuliers. Elles présentent des activités de contrôle des ressources de ces patrimoines, enregistrant des mouvements de biens stockés et redistribués, des concessions de terres, des bilans annuels de certaines exploitations ou d'ateliers, parfois des actes de vente, de prêt, etc. La connaissance actuelle de la dynastie d'Akkad reste néanmoins fortement limitée par le fait que l'on ignore toujours où se trouvait sa capitale, la ville d'Akkad/Agadé[2].
L'activité des rois d'Akkad est également connue par diverses inscriptions qu'ils ont fait rédiger[3]. Si certaines datent de leur règne, beaucoup ont été recopiées plus tard, du fait du prestige de ces personnages, notamment au début du IIe millénaire, et c'est donc indirectement qu'elles nous sont parvenues. Les rois d'Akkad ont également été les personnages principaux d’œuvres littéraires postérieures à la chute de leur royaume, dès les temps de leurs successeurs de la troisième dynastie d'Ur (XXIe siècle) et jusqu'à la fin de la civilisation mésopotamienne[4]. Il reste cependant à démêler le vrai du faux dans ces traditions bien souvent fantasmées[5].
La période de l'empire d'Akkad est également documentée par diverses œuvres d'art, elles aussi provenant de plusieurs sites, notamment Suse où un certain nombre d'entre elles avaient été apportées en butin par des souverains élamites de la seconde moitié du IIe millénaire après des campagnes militaires dans le royaume de Babylone[6]. Il est en revanche difficile d'identifier les niveaux archéologiques de la période d'Akkad sur les sites de Basse Mésopotamie, en l'absence d'une culture matérielle et d'une architecture qui distinguent bien celle-ci de la précédente, le dynastique archaïque III. La question de l'existence d'une céramique caractéristique de la période de l'empire d'Akkad reste débattue[7]. Du reste, on constate que les évolutions artistiques se produisent progressivement durant la période de l'empire d'Akkad et que la vraie rupture se fait sous Manishtusu et Naram-Sin. Les seules constructions attribuables avec certitude à cette époque ont été identifiées sur des sites de Haute Mésopotamie, réaménagés après leur conquête (Tell Brak, Tell Leilan, Tell Beydar).
Histoire
La création du royaume
L'empire d'Akkad est avant tout l'œuvre d'un homme, passé à la postérité comme un des plus grands rois de l'histoire de la Mésopotamie : Sargon d'Akkad[8]. De nombreuses choses ont été écrites à son propos par différents textes de la tradition mésopotamienne postérieure, à tel point qu'il est souvent difficile de distinguer la réalité de la légende[9]. Un fait reste certain car présent dans plusieurs traditions : Sargon est un usurpateur. Son nom de règne (le seul qui lui soit connu), Šarrum-kîn, signifie en akkadien « le roi est stable », comme s'il avait cherché à faire oublier qu'il n'est pas roi par droit de naissance. La légende racontant sa naissance et son enfance ne le cache pas : Sargon serait le fils d'une prêtresse, qui l'aurait abandonné, avant qu'il soit récupéré puis élevé par un puisatier. C'est grâce à l'aide de la déesse Ishtar que Sargon, devenu ministre du roi Ur-Zababa de Kish, serait devenu roi.
C'est donc un usurpateur qui prend le pouvoir dans la vénérable cité de Kish après un coup d'État vers 2334 (ou plus tard vers 2285)[10]. Mais à cette période, le roi le plus puissant est Lugal-zagesi, qui règne depuis Uruk. D'après les copies de ses inscriptions postérieures à son règne, Sargon le bat, plaçant toute la Basse Mésopotamie jusqu'au golfe Persique sous sa coupe. Le vaincu est capturé, forcé à porter un carcan et exhibé lors du triomphe de Sargon. Celui-ci met en place des gouverneurs fidèles à sa cause dans plusieurs des vieilles cités-États de Sumer et d'Akkad, constituant un vaste royaume qui a pour centre une ville qu'il élève au rang de capitale, Akkad ou Agadé[11].
Les grandes conquêtes
Après avoir soumis le Sud de la Mésopotamie, Sargon dirige des expéditions en direction des régions adjacentes du nord-ouest et de l'est[8]. Vers la Haute Mésopotamie, il a probablement soumis le royaume de Mari, et peut-être celui d'Ebla en Syrie. Mais la chronologie des conquêtes des rois d'Akkad vers l'ouest reste confuse, et on ne sait pas si les destructions attestées sur les sites de la région sont dues aux conquêtes de Sargon, de Naram-Sin, ou bien à des conflits entre royaumes locaux[12]. Une inscription de Sargon dit qu'il s'est rendu jusqu'à Tuttul sur le moyen Euphrate, où il rend hommage au grand dieu Dagan, qui lui aurait alors conféré la domination des terres allant jusqu'à la mer Méditerranée. Un texte hittite plus tardif raconte que Sargon aurait soumis le royaume de Purushanda en Anatolie centrale, mais il est impossible de déterminer si ce récit fait référence à un événement réel ou légendaire[13]. Quoi qu'il en soit, il transparaît de ces sources que Sargon a effectué bien plus de conquêtes que les rois l'ayant précédé, ce qui a fortement marqué les esprits.
Sargon meurt vers 2279 (ou 2229) et lui succèdent deux de ses fils, Rimush et Manishtusu. Il est habituellement considéré que le premier a régné avant le second, mais il se pourrait que ce soit l'inverse car c'est de cette façon que la plus ancienne version connue de la Liste royale sumérienne présente l'ordre successoral des rois d'Akkad[14]. Rimush (« Son cadeau »), qui aurait régné neuf ans, fait face à une rébellion dès son intronisation. Il tient bon, soumet les rebelles dirigés par Kaku d'Ur qui a rallié à lui plusieurs cités (Adab, Lagash, Zabalam, Kazallu). Il a également mené des campagnes contre des royaumes du plateau Iranien (Élam, Awan, Marhashi)[10],[15]. Durant ses quinze années de règne, Manishtusu (littéralement « Qui est avec lui ? », c'est-à-dire « Qui est son égal ? ») mène également à son tour des campagnes en direction du plateau Iranien (contre Anshan, Sherihum), et aussi du golfe Persique puisqu'il prétend avoir soumis le pays de Magan (Oman)[16],[17]. Quoi qu'il en soit de l'ordre de succession de ces deux souverains, il apparaît qu'ils sont en mesure de préserver l'héritage laissé par leur père et même de l'agrandir. Pour la première fois, les conquêtes d'un grand roi ne sont pas perdues à sa mort.
Naram-Sin (« Aimé de Sîn ») monte sur le trône vers 2254 (ou 2202)[10],[18]. C'est lui aussi une grande figure de l'histoire mésopotamienne, mais qui a laissé une image plus négative que son grand-père. Dès son intronisation, il a dû faire face à une grande rébellion en Basse Mésopotamie, menée par deux personnages : Iphur-Kish à Kish qui rallie des cités voisines (Sippar, Eresh, Kazallu) et Amar-girid d'Uruk accompagné par d'autres cités du Sud (Ur, Lagash, Adab, Shuruppak, etc.)[19]. D'après les traditions se rapportant à cette grande révolte, la répression fut terrible. Naram-Sin fut un grand conquérant, même si la chronologie de ses conquêtes est difficile à reconstituer. Son règne est marqué par des expéditions en Haute Mésopotamie et en Syrie du Nord, vraisemblablement dans la continuité de son grand-père, même s'il est possible qu'il soit le premier roi d'Akkad à soumettre fermement cette région. Comme pour Sargon, des traditions postérieures lui attribuent des victoires sur des rois anatoliens (notamment ceux de Kanesh et du Hatti) dont la réalité reste sujette à caution[13]. Naram-Sin a aussi remporté des victoires sur l'Élam et Marhashi et aurait à son tour soumis Magan[20]. C'est sous ce règne qu'ont lieu différentes réformes et des constructions qui renforcent le caractère impérial du royaume d'Akkad. Selon la tradition, Naram-Sin n'aurait pas rendu convenablement le culte à Enlil, le plus grand dieu de la Basse Mésopotamie. Les générations postérieures ont condamné cet évènement, qui aurait jeté une malédiction sur le roi d'Akkad et ses successeurs, parce qu'il a suscité l'ire des dieux. Dans les faits, il se trouve que ce roi a fait reconstruire le grand temple du dieu. Mais les dernières années de son règne marquent effectivement le début de la fin de l'empire d'Akkad.
Pour réaliser leurs conquêtes, les rois d'Akkad se sont appuyés sur une armée très efficace leur permettant de triompher sur des champs de bataille loin de leur base, ce qui n'était pas possible pour les cités-États qu'ils ont supplanté. Les représentations iconographiques de soldats de cette période, notamment la stèle de victoire de Naram-Sin, semblent indiquer une évolution de l'armement des soldats et des techniques de combat par rapport à ce qui apparaît dans les scènes militaires de la période des dynasties archaïques (étendard d'Ur et stèle des vautours de Girsu). Les chars de combats semblent perdre de l'importance au profit de l'infanterie. Cette dernière est dotée d'un équipement plus léger que précédemment, ce qui facilite sans doute sa mobilité au détriment de sa protection. L'armement de base est constitué de masses d'armes, poignards et de lances comme précédemment, mais aussi de l'arc qui était auparavant absent des scènes militaires. L'analyse des représentations semble indiquer l'usage d'un arc composite, disposant d'une longue portée de tir, permettant la mise en place de nouvelles tactiques de combat à distance[21]. Les soldats d'élite (ceux que les textes désignent comme lú-tukul, « ceux de l'arme », et les nisk/qu dont le rôle n'est pas clair) constituent une armée permanente qui est entretenue grâce à la concession de champs appartenant aux domaines des institutions, comme les autres serviteurs de l'État ; ils sont renforcés par des contingents de conscrits fournis par les différents domaines institutionnels et enregistrés sur des listes, servant sans doute de façon périodique. Les troupes semblent organisées dans des unités de base de vingt hommes dirigées par des « lieutenants » (ugula), regroupées en bataillons de soixante puis en régiments de quelques centaines de soldats (peut-être 600). Le haut commandement est constitué par des « généraux » (sumérien šagin /akkadien šakkanakkum) formant l'entourage proche du roi, puis des « capitaines » (nu-banda3/lapputāu)[22].
La chute d'Akkad
Le règne de Naram-Sin voit l'arrivée d'une nouvelle menace : les Gutis[23]. Ce peuple, considéré comme barbare par les Mésopotamiens et originaire des régions occidentales du Zagros, lance plusieurs raids meurtriers en Mésopotamie durant les dernières décennies de l'empire d'Akkad, et la tradition mésopotamienne que rapporte la Liste royale sumérienne lui a imputé la responsabilité de la chute de cet État, marquée par de nombreux actes de violence et d'impiété. Le règne de Shar-kali-sharri (« Roi de tous les rois »), fils de Naram-Sin qui prend le pouvoir vers 2217 (ou 2165)[10], est peu documenté. Ce roi a été oublié dans les récits postérieurs sur la chute d'Akkad qui ne font référence qu'à son père[24]. Les inscriptions de son temps mentionnent certaines de ses campagnes vers l'Anatolie du sud-est, ainsi que des victoires en Haute Mésopotamie contre les Amorrites, peuple sémite qui apparaît alors. Aux abords immédiats du pays d'Akkad, à l'est, il doit repousser une attaque élamite, ainsi qu'une autre des Gutis. Cela pourrait indiquer un affaiblissement du royaume. Shar-kali-sharri semble avoir des ambitions plus modestes que son père, se proclamant simplement « roi d'Akkad ».
Pourtant, l'État d'Akkad semble bien survivre quelques décennies après sa mort qui survient vers 2193 (ou 2140)[10], même s'il est considérablement réduit en taille et se limite probablement au nord de la Babylonie autour d'Akkad et Kish, puisque la Liste royale sumérienne lui attribue plusieurs successeurs. De l'un d'entre eux, Dudu, sont connues quelques inscriptions d'offrandes et des mentions de campagnes militaires sans doute destinées à préserver les restes de son royaume, tandis que son successeur Shu-turul est connu seulement par une poignée d'inscriptions votives[25]. La chute d'Akkad fut donc progressive.
La Liste royale prétend que des rois Gutis succédèrent à la domination des rois d'Akkad. Mais la chronologie de cette période est discutée, car on ne dispose plus de sources abondantes avant les débuts de la troisième dynastie d'Ur, empire successeur de celui d'Akkad, datés des alentours de 2112[26]. Selon une proposition de Jean-Jacques Glassner, trente ans seulement sépareraient la chute d'Akkad du début d'Ur III[27]. Il semble que l'affaiblissement progressif de l'empire ait laissé la place à de nouvelles ambitions, dont celles des rois Gutis, mais aussi de personnages originaires des différentes régions de l'empire ou de son voisinage, qui prennent alors leur indépendance, comme cela est attesté à Suse avec Puzur-Inshushinak qui a mené des incursions vers Akkad, en Haute Mésopotamie avec Tish-atal à Urkesh (Tell Mozan) ou dans le pays de Sumer à Lagash avec la « dynastie » de Gudea, ou encore à Uruk avec le royaume d'Utu-hegal, qui est à l'origine de celui de la dynastie d'Ur III fondée par son frère Ur-Nammu après un coup d'État.
Les causes de la chute du royaume d'Akkad restent donc mystérieuses. Comme cela a été évoqué, l'explication par les invasions de « Barbares » extérieurs, les Gutis, qui a été retenue par la tradition mésopotamienne est désormais relativisée, sans être complètement rejetée. Certaines hypothèses suggèrent qu'un changement climatique, l'événement climatique de 4200 BP, affectant les sites de Haute Mésopotamie, aurait pu influer sur ce déclin en entraînant la désertification de certaines régions et des mouvements de population (les Amorrites surtout), mais cela reste très débattu. Les causes du déclin de l'habitat dans cette région peuvent être à chercher ailleurs, notamment dans des recompositions sociales privilégiant le mode de vie sédentaire, et du reste plusieurs sites importants restent peuplés et actifs après la période d'Akkad[28]. Il faut sans doute réévaluer les facteurs internes : durant le siècle qu'a duré leur hégémonie, les rois d'Akkad n'ont jamais été en mesure de faire taire les velléités d'indépendance des cités-État soumises par Sargon, qui se sont régulièrement soulevées et ont su rapidement recouvrer leur autonomie lorsque leur autorité s'est affaissée[29].
Idée, image et exercice du pouvoir
Le « premier empire »
Avec Akkad, pour la première fois dans l'histoire du Moyen-Orient apparaît une grande construction étatique englobant pour plusieurs décennies un ensemble d'anciens micro-États[30]. La création d'une nouvelle capitale sur le site d'Akkad/Agadé, première attestation de cette pratique promise à une longue postérité dans l'histoire mésopotamienne, est un élément majeur dans ce programme politique, d'autant plus qu'elle donne son nom au royaume[31].
Ces évolutions entraînent progressivement un changement dans la conception de la fonction du souverain. Auparavant lié au cadre de la cité-État, celui-ci avait un rôle limité dans l'espace. Avec la constitution d'un vaste royaume sous la dynastie d'Akkad, le souverain prend peu à peu une nouvelle dimension. Cela est surtout perceptible sous le règne de Naram-Sin, qui développe une véritable pensée « impériale »[32]. Il se dit « Roi des quatre rives (de la terre) » (c'est-à-dire de tout le monde connu), šar kibrāt(im) arba'im, ce qui traduit une ambition de domination universelle, inédite dans le monde mésopotamien[33]. De plus, nouveauté là aussi, dans ses inscriptions officielles il fait précéder son nom du déterminatif de la divinité, se fait à plusieurs reprises qualifier de « dieu d'Akkad », et dans les représentations il porte la tiare à cornes, attribut des dieux : le roi est donc d'essence divine. Même s'il n'est pas forcément considéré comme une divinité à part entière, il est au-dessus des autres hommes[34],[35]. On a donc les traits d'un « empereur » qui veut se démarquer des autres rois par son essence, son charisme et ses ambitions.
L'apparition d'une idéologie de nature impériale à l'époque d'Akkad n'est cependant pas une véritable révolution. On a longtemps voulu voir en Sargon un pionnier, mais il se situe en fait dans la continuité de plusieurs souverains de Basse Mésopotamie dont la puissance avait déjà excédé celle des rois de cités-États ordinaires. Une grande place doit être accordée à Lugal-zagesi, roi originaire d'Umma mais établi à Uruk, et prédécesseur direct de Sargon, dont il a vraisemblablement inspiré l'œuvre politique[36]. De plus, Sargon débute ses conquêtes à partir du royaume de Kish, qui est depuis plusieurs siècles l'un des plus puissants de la Basse Mésopotamie et a une grande influence politique voire culturelle[37]. Du reste, la tradition idéologique n'est réellement bousculée que sous les successeurs de Sargon, particulièrement Naram-Sin. Progressivement un nouvel art royal apparaît, suivant l'évolution de la conception de la royauté, et on met en place une administration centralisée sur les cadres territoriaux anciens. On effectue une standardisation des textes administratifs, qui sont écrits dans tous les centres provinciaux de l'empire avec une même graphie et dans un même type d'akkadien, pour être plus facilement compris et contrôlés par un personnel homogène sur tout le territoire, alors que pour les textes non officiels subsistent les habitudes locales[38].
Les continuités avec les périodes précédentes de l'histoire mésopotamienne semblent importantes, le souverain continuant à diriger l'État de manière traditionnelle. Comme les rois précédents, il se présente comme étant l'élu des dieux, cherchant à accomplir leur volonté. La grande divinité patronnant la dynastie d'Akkad est Ishtar (Inanna pour les Sumériens)[39], déesse de l'amour et de la guerre. Elle dispose d'un grand temple dans la capitale du royaume, dans un lieu appelé Ulmash, où semble en particulier être mis en avant son aspect guerrier ; Naram-Sîn la mentionne dans plusieurs de ses inscriptions comme Ištar Annunītum, qui peut être traduit comme « Ishtar de la Bataille ». Mais le pourvoyeur de la royauté reste le grand dieu sumérien Enlil, comme le veut la tradition de Basse Mésopotamie.
Dans la pratique, le souverain gouverne entouré de ses fidèles, auxquels il octroie de nombreux présents (notamment des terres) et il contrôle les temples qui sont les institutions majeures dans la société. Les personnages les plus haut placés et les gouverneurs des régions-clés sont souvent issus de la famille royale ou liés de près à elle[30]. Les princes sont parfois nommés gouverneurs, comme les fils de Naram-Sin placés à Marad, Tuttul et Kazallu. Les princesses étaient souvent consacrées prêtresses des grands temples du sud mésopotamien : Enheduanna fille de Sargon (connue par les poèmes qui lui sont attribués) dans le temple de Nanna à Ur, Enmenana fille de Naram-Sin dans le même temple, et sa sœur Tuta-napshum, grande prêtresse d'Enlil à Nippur. L'élite de la puissante armée akkadienne est encadrée par les proches du roi (en premier lieu les généraux) et constitue une sorte de garde royale[22].
La question de savoir dans quelle mesure on peut qualifier l'État d'Akkad de « premier empire » reste donc débattue[40] : il est moins novateur qu'on ne l'a longtemps pensé, et est une construction peu durable dont les structures ont été garantes d'une stabilité limitée. Si par bien des traits il a les attributs traditionnellement attribués à un empire par les historiens, archéologues et anthropologues, il en manque cependant certains : en particulier, l'influence de la culture matérielle du centre sur les territoires conquis et voisins semble limitée alors que les empires ont généralement un rayonnement fort, tandis que son autorité n'a jamais été fermement établie et durablement assurée, même dans les régions centrales[41]. La véritable révolution est plutôt à chercher dans l'apparition d'un « impérialisme ». Ce dernier se retrouve dans la façon dont est pensé et exercé le pouvoir : la centralisation autour de la figure royale qui incarne le royaume, prétend à la divinité et à la domination universelle ; la nécessité de la victoire militaire qui assure l'existence et la survie de l'État et de la famille royale ; l'acquisition (grâce aux conquêtes) d'une importante assise foncière pour le régime incarné par le roi et son entourage[42]. On peut donc considérer que s'il y a bien un aspect impérial dans cette construction politique, il se trouve dans le cercle du pouvoir et dans l'idéologie qu'il cherche à répandre par le biais des inscriptions et des réalisations artistiques officielles. Ces dernières ont servi à faire survivre aux époques postérieures le modèle politique façonné par cet État, qui a ainsi été une étape décisive dans l'affirmation d'une idéologie impériale dans l'histoire mésopotamienne. Et on peut se demander si cette glorification posthume n'influence pas aussi la perception que les chercheurs actuels ont de la construction politique des « empereurs » d'Akkad[43].
Art officiel
La domination de l'empire d'Akkad entraîne donc la création d'un art officiel qui, tout en reprenant l'héritage des Dynasties archaïques, apporte des modifications notables. Le règne de Sargon d'Akkad est marqué par de timides évolutions. Il reste néanmoins mal connu du point de vue artistique, car les stèles datant de son temps sont toutes en état fragmentaire. Elles sont encore très proches de celles des dynasties archaïques, comme la Stèle des vautours du roi E-anatum de Lagash et dérivent peut-être d'une tradition artistique propre à la région de Kish, dont Akkad serait l'héritière. Le rendu des personnages est souvent caractérisé de manière plus réaliste que dans les œuvres de l'époque antérieure, même si en fait il semble plutôt plus stylisé pour mettre en avant les qualités des personnages représentés (exagération des muscles, de la chevelure)[44]. Pour permettre une meilleure compréhension des scènes représentées, les vaincus des pays étrangers ont des costumes ou parures caractéristiques. Les scènes de combat semblent en tout cas déjà le sujet de prédilection des bas-reliefs[45].
Sous le règne de ses fils Rimush et surtout Manishtusu, l'évolution est plus marquée, inaugurant le style « classique » de l'art akkadien. Les artistes développent en outre l'emploi de la diorite, pierre dure qui caractérise la sculpture de l'époque. Plusieurs statues représentant Manishtusu en grandeur nature ont été exhumées sur divers sites, ce qui indique une production nombreuse, en série, servant à diffuser l'expression de la puissance royale. Mutilées durant l'Antiquité, il leur manque systématiquement la tête[46].
Du règne de Naram-Sin date une des œuvres les plus connues de la période, la Stèle de victoire, commémorant une campagne victorieuse de ce roi contre les Lullubis, un peuple du Zagros. Bien que fragmentaire, on y voit clairement l'exaltation du roi. Surplombant ses soldats et les ennemis vaincus, il dirige son regard vers des symboles astraux situés sur le haut de la stèle et évoquant la présence divine : cette construction verticale tranche avec les représentations traditionnelles, horizontales. La représentation du roi est idéalisée, présentant un corps jugé comme parfait qui dégage une impression de puissance et de vigueur[47].
- Fragment d'une stèle de victoire de Narâm-Sîn provenant de Nasiriyah. Musée national d'Irak.
Une autre grande œuvre des artistes officiels d'Akkad est la tête royale en alliage cuivreux retrouvée à Ninive (Bagdad, musée national d'Irak). Comme toutes les sculptures de la période d'Akkad, elle a été mutilée, mais cette fois-ci c'est la tête qui reste, bien que détériorée. On ne sait pas quel roi elle est censée représenter. Elle est remarquable par le souci du détail typique de la période dans la représentation de la chevelure et la barbe du roi. Elle concentre plusieurs des traits caractéristiques de la représentation du souverain dans l'iconographie mésopotamienne depuis le IVe millénaire : le bandeau frontal, la longue barbe finement peignée et le chignon noué derrière la nuque[48]. Cette tête illustre la grande maîtrise de la technique de fonte à la cire perdue des métallurgistes mésopotamiens, attestée par d'autres fragments de statues datés de la période d'Akkad ou de ses environs, comme la base de statue en alliage cuivreux retrouvée à Bassekti représentant un personnage nu assis[49].
Par sa qualité plastique et notamment son souci du détail anatomique, la sculpture de cette époque est une des plus réalistes de l'histoire mésopotamienne et annonce celle de la période néo-sumérienne, connue par les statues du roi Gudea de Lagash[50]. Mais c'est dans la thématique que les évolutions sont les plus profondes. L'art officiel des rois d'Akkad se distingue clairement de celui créé pour les notables du royaume, alors que durant la période présargonique l'art royal et l'art des élites étaient similaires. Désormais est réalisé un art ayant pour but d'exalter seulement la personne royale, d'en faire un personnage à part. L'art de la période d'Akkad est donc représentatif de l'évolution idéologique qui touche le pouvoir : le roi n'est plus seulement un homme plus important que les autres, il est au-dessus du reste des humains et accède au rang divin[51]. Cela se voit surtout à l'apogée de l'art d'Akkad sous Naram-Sin qui est aussi le souverain aux ambitions impériales les plus évidentes. L'art est attaché à la personne royale et a clairement pour but de célébrer sa grandeur. Le roi est souvent représenté comme un guerrier victorieux soumettant ses ennemis. Cet art émane manifestement de véritables ateliers royaux. Mais cela n'entrave en rien l'évolution qualitative que l'on remarque notamment dans le rendu anatomique des personnages sur les sculptures.
La période d'Akkad voit enfin le développement dans la glyptique d'un art religieux représenté sur les sceaux-cylindres des personnages importants du royaume, très souvent gravés dans de la chlorite[52]. L'exaltation de la monarchie est totalement absente de ce type de support, mais la volonté d'uniformiser les thèmes religieux vient peut-être du pouvoir et de ses tendances centralisatrices. C'est en tout cas par ces sources que nous sommes le plus documentés sur la religion de cette période, étant donné que les inscriptions font défaut sur ce point[53]. Cet art, s'il s'inspire de quelques thèmes des périodes précédentes, est également très novateur et là aussi se veut plus détaillé dans la représentation des personnages. Certaines scènes représentent simplement des divinités, avec leurs attributs caractéristiques : il y a apparemment une volonté de mieux les individualiser que précédemment. Les plus couramment représentées sont : Enki/Ea, le dieu des flots souvent accompagné de son acolyte Ushmu, le dieu aux deux visages ; la divinité solaire Utu/Shamash ; et la grande déesse Inanna/Ishtar. Deux grands thèmes faisant référence à la mythologie sont récurrents dans la glyptique de l'époque[54]. Le premier est celui d'un combat mettant en scène une divinité affrontant un animal réel ou imaginaire, inspiré de scènes de combats héroïques déjà présentes dans la glyptique des siècles précédents. L'autre thème est celui que P. Amiet a qualifié de « Grande Épiphanie », qui met en scène plusieurs divinités se manifestant sur Terre dans le but d'apporter des forces revitalisant la Nature, en la fertilisant (notamment Enki apportant ses flots). Cela renvoie peut-être à un rituel de fête du Nouvel An, qui a alors lieu au début du printemps. En dehors de ces thèmes, l'un des plus remarquables sceaux de la période est celui d'Ibni-sharrum, scribe de Shar-kali-sharri : deux personnages nus nommés lahmu, en train d'abreuver deux buffles, la scène étant organisée de façon symétrique autour du cartouche portant le nom et la fonction du détenteur du sceau[55].
- Sceau-cylindre de Bin-kali-sharri, fils de Naram-Sîn, et impression mettant en scène deux héros affrontant des taureaux. British Museum.
- Empreinte de sceau représentant un héros affrontant un lion, et un lion affrontant un buffle. Musée de l'Institut oriental de Chicago.
- Sceau-cylindre et impression mettant en scène des divinités de la végétation en procession devant une déesse de la végétation. British Museum.
- Empreinte du sceau-cylindre d'Ibni-sharrum, scribe de Shar-kali-sharri, chef-d’œuvre de la glyptique akkadienne. Musée du Louvre.
Structures administratives et économiques
Les structures administratives de l'État d'Akkad sont peu documentées et donc mal connues[56]. Il est organisé en provinces, dirigées dans le Sud par des gouverneurs parfois appelés ensí, titre sumérien auparavant utilisé pour désigner les souverains de certaines cités-États (notamment Lagash). Elles correspondent apparemment dans cette région aux anciennes limites des États annexés lors des conquêtes de Sargon, dont les souverains ont été remplacés par des fidèles du roi, originaires d'Akkad. D'une manière générale, l'élite du royaume est faite et défaite par le roi, et elle est dominée par la famille royale qui accapare les charges les plus importantes comme vu précédemment. Le souverain attribue aussi de nombreuses terres à ses fidèles, comme le montre l'obélisque de Manishtusu, stèle en diorite conservée au Musée du Louvre[57], qui porte une attestation d'achats de terres réalisés par le roi dans la région de Kish, 3 500 hectares environ, redistribués ensuite à des officiers, les « fils d'Akkad », c'est-à-dire ses proches[58].
La Basse Mésopotamie, cœur de l'empire d'Akkad, peut être divisée en deux grandes régions qui sont appelées plus tard Sumer et Akkad. La première est majoritairement peuplée de Sumériens, comme le révèle l'étude des noms de personnes provenant des archives de cette région, dont plus de 80 % sont dans leur langue[59]. Dans le pays d'Akkad en revanche, on trouve environ 80 % de noms en akkadien, langue sémitique, celle de la dynastie d'Akkad, ce qui en fait la langue principale de l'administration, cohabitant avec le sumérien dans le Sud. La question de savoir comment la domination des sumérophones par les akkadophones a pu être ressentie est souvent posée[60]. Il a parfois été tenté de voir les révoltes ayant embrasé le Sud de la Mésopotamie comme des soulèvements pour l'indépendance de Sumer contre Akkad, mais en réalité les rebelles sont aussi bien originaires du pays de Sumer que de celui d'Akkad. De fait, même s'ils privilégient les gens de la noblesse d'Akkad et leur langue, en raison de leurs origines, rien n'indique que les rois d'Akkad aient cherché à exclure les Sumériens, dont ils ont repris certaines des traditions notamment en matière religieuse. Cela se voit dans le destin d'Enheduanna, fille de Sargon portant un nom sumérien, placée à la tête d'un des grands sanctuaires de Sumer, et rédigeant peut-être même des œuvres littéraires dans la langue de cette région[61]. En fin de compte, le facteur ethnique a pu être pris en compte dans certains cas, mais on ne peut déterminer dans quelle mesure. Rien n'indique qu'il ait été décisif dans des politiques impériales ou le déclenchement de révoltes ; il n'a sans doute été qu'un facteur parmi d'autres (identités et traditions locales, intérêts économiques, etc.).
Dans les régions conquises hors de Basse Mésopotamie et de la Diyala, ont été constituées des provinces, peut-être sur un modèle identique à celui des marches militaires périphériques que l'on connaît par la suite pour la troisième dynastie d'Ur. Elles sont contrôlées par des gouverneurs qui ont une fonction militaire importante, surtout dans les périphéries. Dans d'autres cas les souverains d'Akkad semblent avoir passé des accords diplomatiques avec les royaumes frontaliers, et conclu des alliances matrimoniales. On dispose ainsi d'une tablette d'un traité de paix passé entre Naram-Sin et un roi d'Awan, retrouvée à Suse dans l'actuel sud-ouest iranien, et rédigé en élamite, qui semble faire du second un vassal du premier, l'obligeant à suivre sa ligne politique, à ne pas le trahir, et à lui apporter une assistance militaire si nécessaire[62]. Dans cette même ville la domination akkadienne est documentée par des tablettes de type akkadien et la culture matérielle semble refléter une plus grande influence de la Basse Mésopotamie[63]. Une stèle mise au jour à Tell Abu Sheeja en Irak, près de la frontière irakienne, représente un certain Ilu-rabi du pays de Pashime, relevant de la sphère élamite, identifié par une inscription en cunéiforme d'époque akkadienne, qui correspond manifestement à la personne de même nom, gouverneur de Pashime, mentionnée sur l'obélisque de Manishtusu[64].
- Tablette administrative enregistrant des livraisons d'équipement militaire (arcs, flèches, carquois, lances, casques) à des intendants. Suse, Musée du Louvre.
- Empreinte du sceau-cylindre de Liburbeli, échanson d'Epirmupi, gouverneur de Suse et d'Élam au début du règne de Naram-Sîn (sans doute un dynaste local vassal). Musée du Louvre.
- Stèle d'Ilshu-rabi de Pashime. Musée national d'Irak.
L'archéologie fournit surtout des indices de la domination akkadienne en Haute Mésopotamie syrienne. Les traces les plus importantes d'une occupation akkadienne ont été repérées à Tell Brak où a été mis au jour un vaste bâtiment dont les inscriptions de fondation sont au nom de Naram-Sin, servant sans doute de résidence à un gouverneur local, entouré d'autres constructions de la même époque et témoignant d'un réaménagement de la ville après sa conquête[65]. D'autres bâtiments d'époque akkadienne et des objets attestant d'une occupation de cet empire ou du moins de relations diplomatiques avec celui-ci ont été trouvés dans la même région à Tell Leilan, Tell Beydar, Tell Mozan, Mari et Tell Munbaqa[66]. Ainsi à Tell Mozan, l'antique Urkesh, la présence de scellements au nom d'une fille de Naram-Sîn semble indiquer que celle-ci avait été mariée au roi local (d'ethnie hourrite) dans le cadre d'une alliance entre celui-ci et le monarque akkadien[67]. Pour la partie orientale de la Haute Mésopotamie, les sources d'une domination akkadienne proviennent essentiellement des tablettes de Yorghan Tepe, alors nommée Gasur[68], où les autres traces matérielles de la période sont très limitées[69]. On ignore si les rois d'Akkad ont entrepris des travaux à Ninive, comme une tradition locale postérieure le prétend[70].
Les gouverneurs d'Akkad avaient des prérogatives judiciaires, devaient prélever les impôts et étaient chargés de la gestion de domaines royaux souvent immenses. Il s'agit des domaines des souverains déchus, gérés selon la tradition locale de trois façons : directement par les dépendants du palais contre des rations d'entretien, indirectement par des métayers, ou encore concédés à des fonctionnaires ou militaires comme rétribution pour un service accompli pour l’État. Les artisans étaient également rétribués en rations d'entretien. Des intendants (šabra) s'occupaient de l'administration de ces domaines. De telles institutions sont attestées en plusieurs endroits par des archives : à Lagash, à Umma, mais aussi hors de Basse Mésopotamie, à Gasur[68]. Un des domaines les mieux connus est celui qui était dirigé par Mesag, peut-être le gouverneur d'Umma, situé vers la limite entre cette province et celle de Lagash[71]. Il couvrait environ 1 270 hectares et employait 300 dépendants. Cela correspond à des domaines tels que celui du temple de Ba'u à Girsu durant la période précédant les conquêtes de Sargon. Les structures économiques et sociales de la Basse Mésopotamie n'ont donc pas été fondamentalement modifiées par l'empire d'Akkad ; le grand changement semble être le passage d'une prédominance des domaines des temples à une prédominance des domaines royaux, apparemment à la suite de rachats et peut-être de confiscations[72]. Les travailleurs des grandes institutions étaient des dépendants ou des travailleurs indépendants recrutés occasionnellement pour des tâches spécifiques et rémunérés par des rations et plus rarement des esclaves qui ne constituaient pas une force de travail importante[73].
Les temples disposaient toujours de domaines importants là où ils en avaient auparavant, c'est-à-dire dans la région de Sumer et dans la Diyala, et ce en dépit de leur recul face aux domaines royaux. Cela est attesté notamment par les archives de l'Ekur de Nippur[74] et un autre lot provenant d'Eshnunna[75]. Leur administration semble généralement chapeautée par le gouverneur local, sauf dans le cas de l'Ekur, temple du grand dieu Enlil, principale divinité de la Mésopotamie à Nippur. L'Ekur était dirigé par un administrateur spécifique choisi par le roi et non par le gouverneur dirigeant le reste de la cité de Nippur : cette situation particulière était sans doute due au statut du temple qui était le sanctuaire de tout le pays sumérien. Le roi participait à l'entretien courant des temples et la reconstruction de l'Ekur entreprise par Naram-Sin et poursuivie par son fils Shar-kali-sharri est bien connue grâce aux tablettes exhumées dans ce temple. Des artisans spécialisés étaient mobilisés dans tout leur royaume à cet effet, charge à l'administration du temple de les entretenir pendant la durée des travaux. En tant qu'organisme économique, le temple fonctionnait suivant le même principe que le palais. Les dépendants de l'Ekur étaient organisés en équipes de travailleurs dirigées par des chefs (ugula), eux-mêmes commandés par des administrateurs supervisant les travaux (nu-banda3) et rémunérés par des rations d'entretien. Le sanctuaire était aussi amené à jouer un rôle de « protection sociale » pour des individus isolés et démunis (orphelins, veuves) qu'il entretenait[76].
D'autres activités sont attestées par un nombre plus réduit de tablettes. Certains documents provenant de Suse montrent l'activité de marchands (dam-gàr) qui agissaient sous le contrôle de l'État et dont les réseaux commerciaux avaient pour but d'acheminer des matières premières vers la Mésopotamie qui en est très pauvre[77]. D'autres textes montrent quant à eux l'existence d'activités privées à cette période, certains marchands ou autres agents de l'État pouvant également agir pour leur propre compte[78]. Le commerce international était très actif vers le plateau Iranien, mais aussi le golfe Persique, allant jusqu'à Oman (Magan) et la vallée de l'Indus (Meluhha), régions riches en matières premières dont les Mésopotamiens étaient très demandeurs (métaux, pierres). Mais on ne sait pas bien ce qu'ils exportaient en retour : sans doute du grain, des étoffes et huiles parfumées[79]. On trouve aussi dans les archives de la période des documents concernant des activités locales : commerce de produits agricoles, achat et vente de champs, d'esclaves, ainsi que des opérations de prêts. La richesse des notables entreprenant ces opérations paraît liée au pouvoir central. Ainsi, à Umma, un certain Ur-Shara prenait en charge du bétail appartenant au palais. Son épouse Ama-é, véritable femme d'affaires, louait des terres du palais et menait d'autres activités avec des personnes privées, notamment l'octroi de prêts. De plus, il semble que les terres concédées par le palais à ces notables furent progressivement patrimonialisées par leurs détenteurs, qui les considéraient comme des biens familiaux, sans que cela n'affaiblisse forcément le pouvoir central[80]. Comme souvent dans l'histoire mésopotamienne, les limites entre public et privé sont très floues.
Postérité
L'expérience qu'a constitué l'empire d'Akkad a profondément marqué l'histoire de la Mésopotamie. L'ancien système des cités-États laisse place à une nouvelle forme étatique qui se donnait pour vocation la domination universelle. Le royaume de la troisième dynastie d'Ur, formé quelques décennies après la chute d'Akkad, se situe dans la continuité de ce « premier empire ». À partir de ce moment, les rois d'Akkad, en premier lieu Sargon et Naram-Sin, deviennent les héros de véritables épopées qui servent d'illustration à l'idéologie royale mésopotamienne qu'ils ont eux-mêmes contribué à forger[81].
Dès les débuts d'Ur III, les cercles royaux ressentent le besoin de justifier la chute d'Akkad par une explication théologique, et procèdent à la rédaction d'un texte en sumérien, appelé par les historiens actuels la Malédiction d'Akkad[82]. Ce récit raconte que Naram-Sin a perdu le soutien des dieux et que le plus grand d'entre eux, Enlil, ne lui donne pas le droit de reconstruire son temple à Nippur. De rage, Naram-Sin le fait détruire et s'attire la malédiction des dieux, qui condamnent son royaume à la destruction, les Gutis jouant le rôle d'exécuteur inconscient du châtiment divin. Cette justification de la chute d'Akkad permet de légitimer le pouvoir des rois d'Ur III. C'est cette image de roi orgueilleux et pécheur qu'a forgé la tradition mésopotamienne à propos de Naram-Sin. Elle se retrouve dans la Légende de Kutha, dans laquelle le roi refuse d'entendre les mauvais présages à propos d'une bataille qu'il va mener et perd. Mais il finit par l'emporter en combattant quand les présages lui sont favorables[83]. La grande révolte qui a lieu au cours de son règne a également donné naissance à une tradition littéraire comme vu précédemment[84].
Sargon a également été à l'origine d'une abondante littérature, qui est parfois sur-interprétée par les historiens modernes car on dispose de peu d'inscriptions et de textes datant de son règne. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ces récits, attestés jusqu'à la fin de l'époque néo-assyrienne (VIIIe et VIIe siècles), sont fidèles à la réalité historique. C'est le cas du plus célèbre, l'Autobiographie de Sargon[85], récit racontant comment Sargon est abandonné à sa naissance par sa mère (une prêtresse qui ne doit pas avoir d'enfants), qui le place dans un panier en osier sur l'Euphrate, sur lequel il dérive jusqu'à Kish où il est recueilli par un puisatier, avant d'être plus tard soutenu par la déesse Ishtar, qui l'aide à prendre le pouvoir. Plusieurs récits racontent ses exploits guerriers, notamment celui intitulé Sargon, roi de la bataille[86]. Il relate une campagne, sans doute légendaire, qu'il aurait menée en Anatolie, contre la ville de Purushanda. Un exemplaire en hittite a été mis au jour à Hattusha, capitale des Hittites, ainsi qu'une version akkadienne du récit à Tell el-Amarna, en Égypte, ce qui montre que la légende de Sargon trouvait un écho au-delà de la Mésopotamie.
La tradition mésopotamienne a donc distingué deux rois d'Akkad, Sargon et Naram-Sîn, symbolisant toute l'importance qu'ils ont eue dans son histoire et dans la construction idéologique de la fonction royale et de l'impérialisme dans la région. Elle a surtout retenu d'eux leur puissance militaire, aspect qu'ils ont eux-mêmes le plus mis en avant. Au long de l'histoire mésopotamienne les scribes ont recopié les inscriptions des souverains d'Akkad, en plus des légendes les concernant. À l'époque paléo-babylonienne, plusieurs textes de divination renvoient des événements (en partie imaginaires) en lien avec l'époque d'Akkad (par exemple un « présage de la chute d'Akkad », ou un présage sur la prise par Naram-Sîn d'une ville appelée Apishal, dont la réalité est douteuse) qui est là encore choisie pour sa valeur évocatrice pour la royauté[87]. Plusieurs souverains reprennent au cours des deux millénaires suivants le titre de « roi d'Akkad », se plaçant dans la continuité de leurs illustres prédécesseurs. Sargon et Naram-Sîn ont également fait l'objet d'un culte, sans doute dès la période d'Ur III, et leurs statues sont encore vénérées sous la domination des Perses achéménides (VIe et Ve siècles). Un peu auparavant, des prêtres de Sippar de la période précédente créent une fausse charte de donation qu'aurait octroyé Manishtusu à leur temple (le « monument cruciforme »)[88].
- Tablette d'époque paléo-babylonienne (début du IIe millénaire av. J.‑C.) relatant la légende de la naissance de Sargon, musée du Louvre.
- Tablette rapportant un « présage de la chute d'Akkad », à la suite d'une consultation d'hépatoscopie à Mari, début du XVIIIe siècle av. J.-C. Musée du Louvre.
- Récit de la prise d'Apishal par Naram-Sîn, début du IIe millénaire av. J.‑C. British Museum.
- « Monument cruciforme de Manishtushu », fausse charte de donation réalisée vers 700-500 av. J.-C. British Museum.
Notes et références
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- (en) C. Wall-Romana, « An Areal Location of Agade », dans Journal of Near Eastern Studies 49/3, 1990, p. 205–245 ; Westenholz 1999, p. 31–34. (de) W. Sommerfeld, « Die Lage von Akkade und die Dokumentation des 3. Jahrtausends », dans N. Ziegler et E. Cancik-Kirschbaum (dir.), Entre les fleuves II. D’Aššur à Mari et au-delà, Berlin, 2014, p. 151–175.
- E. Sollberger et J.-R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Paris, 1971, p. 97-114 ; (de) I. Gelb et B. Kienast, Die altakkadischen Königsinschriften des dritten Jahrtausends v. Chr., Stuttgart, 1990 ; (en) D. Frayne, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/2, Sargonic and Gutian periods : 2334-2113 BC, Toronto, 1993
- Présentation et traduction en anglais dans Goodnick-Westenholz 1997 et (en) J. Cooper, The Curse of Agade, Baltimore, 1983
- Sur les difficultés à analyser ces sources, voir notamment : (en) M. Liverani, « Model and Actualization, The Kings of Akkad in the Historical Tradition », dans Liverani (dir.) 1993, p. 41-67 ; (en) P. Michalowski, « Memory and Deed: the Historiography of the political Expansion of the Akkad State », dans Liverani (dir.) 1993, p. 69-90 ; (en) J. Goodnick-Westenholz, « Objects with Messages: Reading Old Akkadian Royal Inscriptions », dans Bibliotheca Orientalis 55, 1998, p. 44–59 ; (en) D. T. Potts, « Reading the Sargonic ‘Historical-Literary' Tradition: Is There a Middle Course? (Thoughts on the Great Revolt against Naram-Sin) », dans T. Abusch et al. (dir.), Historiography in the Cuneiform World Part I, CRRAI 45, Bethesda, 2001, p. 391–408. McMahon 2012, p. 652-654.
- Amiet 1976
- (en) H. J. Nissen, « Settlement Patterns and Material Culture in the Akkad Period: Continuity and Discontinuity », dans Liverani (dir.) 1993, p. 91-106 ; (en) McG.Gibson et A. McMahon, « Investigation of the Early Dynastic-Akkadian Transition: Report of the 18th and 19th Seasons of Excavation in Area WF, Nippur », dans Iraq 57, 1995, p. 1–39 ; (en) D. Matthews, « The Early Dynastic-Akkadian Transition Part I: When Did the Akkadian Period Begin? », dans Iraq 59, 1997, p. 1–7 ; (en) McG. Gibson et A. McMahon, « The Early Dynastic-Akkadian Transition Part II: The Authors' Response », dans Iraq 59, 1997, p. 9–14. McMahon 2012, p. 654-655.
- Westenholz 1999, p. 34–40. F. Joannès, « Sargon Ier (d'Akkad) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 754-756 ; P. Michalowski, « 3. Histoire », dans Sumer 1999-2002, col. 115 ; M.-J. Seux, « VI. Sumériens et les Sémites », dans Sumer 1999-2002, col. 346-347
- Goodnick-Westenholz 1997
- B. Lafont et B. Lion, « Akkad », dans Joannès (dir.) 2001, p. 25 pour les dates de la chronologie moyenne, couramment utilisée. Glassner 2002, p. 46 pour les propositions plus basses.
- Akkad existait probablement avant le règne de Sargon, qui ne l'aurait donc pas fondée : Westenholz 1999, p. 31, Foster 2016, p. 31.
- (en) A. Archi et M. G. Biga, « A Victory over Mari and the Fall of Ebla », dans Journal of Cuneiform Studies 55, 2003, p. 1–44. D. Charpin, « Tell Hariri/Mari : Textes », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 77-78, 2008, col. 223-224. (en) W. Sallaberger, « From Urban Culture to Nomadism : A History of Upper Mesopotamia in the Late Third Millennium », dans Sociétés humaines et changement climatique à la fin du troisième millénaire: une crise a-t-elle eu lieu en Haute Mésopotamie? Actes du Colloque de Lyon (5-8 décembre 2005) (Varia Anatolica, 19), Istanbul, 2007 p. 417-456.
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- Westenholz 1999, p. 41–44. P. Michalowski dans Sumer 1999-2002, col. 115 ; M.-J. Seux dans Sumer 1999-2002, col. 347-348
- Westenholz 1999, p. 44–46
- Pour les relations de ces deux rois d'Akkad avec les régions du Sud-Ouest iranien, voir (en) D. T. Potts, The Archaeology of Elam: Formation and Transformation of an Ancient Iranian State, Cambridge, 1999, p. 103–106. Voir aussi Westenholz 1999, p. 90–93 et p. 97–98 pour les régions du Golfe.
- Westenholz 1999, p. 46–55. B. Lafont, « Narâm-Sîn (d'Akkad) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 557–560. P. Michalowski dans Sumer 1999-2002, col. 116 ; M.-J. Seux dans Sumer 1999-2002, col. 347-348
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- N. Ziegler, « Guti », dans Joannès (dir.) 2001, p. 356
- J.-J. Glassner, La chute d'Akkadé, L'événement et sa mémoire, Berlin, 1986. Westenholz 1999, p. 55–57. P. Michalowski dans Sumer 1999-2002, col. 116-118
- Westenholz 1999, p. 57. (en) D. Frayne, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/2, Sargonic and Gutian periods : 2334-2113 BC, Toronto, 1993, p. 210–217
- Westenholz 1999, p. 57–59 ; Glassner 2002, p. 32
- J.-J. Glassner, « La fin d'Akkadê : approche chronologique », NABU 1994/9
- (en) H. Weiss et A. Courty, « The Genesis and Collapse of the Akkadian Empire: the Accidental Refraction of Historical Law », dans Liverani (dir.) 1993, p. 131–155 ; débat poursuivi, cf. par exemple S. Cleuziou, « La chute de l'empire d'Akkadé : homme et milieux au Moyen-Orient », dans Les nouvelles de l'archéologie 56, 1994, p. 45–48 et J.-J. Glassner, « La chute d'Akkadé, les volcans d'Anatolie et la désertification de la vallée du Habur », dans Ibid., p. 49–51 ; puis H. Weiss et A. Courty, « La chute de l'empire d'Akkadé… (suite). Entre droite épigraphique et gauche archéologique, y a-t-il une place pour la science ? », dans Les nouvelles de l'archéologie 57, 1994, p. 33–41.
- McMahon 2012, p. 664-667
- B. Lafont et B. Lion, « Akkad », dans Joannès (dir.) 2001, p. 24–25
- Foster 2016, p. 83
- B. Lafont, « Narâm-Sîn (d'Akkad) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 559
- Glassner 2002, p. 158–160
- Glassner 2002, p. 191–193 parle d'une « pseudo-divinisation »
- (en) M. Stepien, « Why some kings become gods: The deification of Narām-Sîn the ruler of the world », dans O. Drewnowska (dir.), Here and there across the Ancient Near East: Studies in Honour of Krystyna Lyczkowska, Varsovie, 2009, p. 233-255
- (en) P. Steinkeller, « Early Political Development in Mesopotamia and the Origins of the Sargonic Empire », dans Liverani (dir.) 1993, p. 107–129
- (en) I. Gelb, « Ebla and the Kish Civilization », dans L. Cagni (éd.), La Lingua di Ebla, Naples, 1981, p. 9–72 ; id., « Mari and the Kish Civilization », dans G. D. Young (dir.), Mari in Retrospect, Winona Lake, 1992, p. 121–202
- (en) B. R. Foster, « Archives and Empire in Sargonic Mesopotamia », op. cit. ; id., « Management and Administration in the Sargonic Period », dans Liverani (dir.) 1993, p. 25–29
- Foster 2016, p. 141
- Sur ces questions, voir les différents articles de Liverani (dir.) 1993, ainsi que S. Lafont « Les "premiers" empires mésopotamiens », dans Méditerranées 8, 1996, p. 11–26. Voir aussi Foster 2016, p. 80-83.
- McMahon 2012, p. 659-664
- Glassner 2002, p. 31–32
- McMahon 2012, p. 660
- McMahon 2012, p. 656
- Amiet 1976, p. 8–13 ; (en) D. P. Hansen, « Art of the Akkadian Dynasty », dans Aruz (dir.) 2003, p. 191-193.
- Amiet 1976, p. 18–28 ; (en) D. P. Hansen, « Art of the Akkadian Dynasty », dans Aruz (dir.) 2003, p. 193-194
- « Description sur le site du Musée du Louvre » (consulté le ) Amiet 1976, p. 29–32 ; (de) D. Bander, Die Siegestele des Naramsîn und ihre Stellung in Kunst- und Kulturgeschichte, Idstein, 1995 ; Benoit 2003, p. 260–261 ; (en) D. P. Hansen, « Art of the Akkadian Dynasty », dans Aruz (dir.) 2003, p. 195-197. Voir aussi les trois articles de Irene Winter compilés dernièrement dans (en) I. Winter, On Art in the Ancient Near East, Volume II From the Third Millennium B.C.E., Leyde-Boston, 2010, p. 85–149
- (en) M. E. L. Mallowan, « The Bronze Head of the Akkadian Period from Nineveh », dans Iraq 3/1, 1936, p. 104–110 ; Benoit 2003, p. 258–259
- (en) D. P. Hansen, « Art of the Akkadian Dynasty », dans Aruz (dir.) 2003, p. 194-195 ; autres exemples dans Aruz (dir.) 2003, p. 210-213 ; McMahon 2012, p. 658-659.
- Amiet 1976, p. 64
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- Westenholz 1999, p. 78–84
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Bibliographie
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- (en) Benjamin R. Foster, The Age of Agade : Inventing empire in ancient Mesopotamia, Londres et New York, Routledge / Taylor & Francis Group,
Voir aussi
Articles connexes
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