Euphrate

L'Euphrate est un fleuve d'Asie de 2 780 km de long. Il forme avec le Tigre dans sa partie basse la Mésopotamie (du grec μεσο [mesos] « milieu » et ποταμός [potamos] « fleuve »), l'un des berceaux de la civilisation.

Euphrate

L'Euphrate en Irak.
Caractéristiques
Longueur 2 780 km
Bassin 444 000 km2
Bassin collecteur Chatt-el-Arab
Débit moyen 356 m3/s
Régime pluvio-nival
Cours
Source Confluence de la Murat Nehri et de la Karasu
· Coordonnées 38° 52′ 29″ N, 38° 47′ 38″ E
Confluence Chatt-el-Arab (Golfe Persique)
· Localisation Qurna
· Coordonnées 30° 25′ 29″ N, 48° 10′ 08″ E
Géographie
Pays traversés Turquie
Syrie
Irak

De type pluvio-nival, son débit est particulièrement irrégulier puisque plus de la moitié de son flux s'écoule de mars à mai et que le débit peut tomber à 300 m3/s contre un débit moyen de 830 m3/s (à l'entrée en Syrie). En période de crue, il peut atteindre 5 200 m3/s pouvant provoquer de graves inondations. D'une année à l'autre, le volume d'eau varie fortement passant de 15 km3 lors de la sécheresse de 1958-1962 à 58 km3 en 1969.

Autre caractéristique, le débit diminue en traversant les zones sèches en raison de la forte évaporation, en particulier dans les lacs artificiels, et du pompage pour l'irrigation. Ainsi, alors que le volume moyen d'eau entrant en Syrie est de 28 km3, il tombe à 26[1] à la frontière irakienne malgré l'apport de trois affluents (1,75 km3) et n'est plus que de 14 à Nassiriya au sud de l'Irak (E. Vaumas, 1955).

L'Euphrate est un sujet de friction entre l'Irak, la Syrie et la Turquie, cette dernière voulant réduire son débit par la construction de nouveaux barrages.

Étymologie

Langue Nom
Akkadien Pu-rat-tu
Arabe الفرات, Al-Furāt
Araméen ܦܪܬ, Prāṯ, Froṯ
Arménien Եփրատ, Yeṗrat
Grec ancien Εὐφράτης, Euphrátês
Hébreu פְּרָת, Pĕrāṯ. Dans la Bible, l'hébreu פְּרָת est le nom du quatrième fleuve bordant le Jardin d'Eden[2]
Kurde فرهات, Firat, Ferat
Persan فرات, Ferat
Sumérien Buranun
Turc Fırat

Données hydrographiques

Parcours

Les deux branches mères de l'Euphrate naissent sur le haut-plateau anatolien : celle de l'ouest, ou Karasu, naît près d'Erzurum, dont elle traverse la plaine ; celle de l'est, le Murat, se forme au Nord du lac de Van, sur les flancs d'un contrefort occidental de l'Ararat. Il traverse ensuite la zone de piémont, zone aride partagée entre la Syrie et l'Irak. Arrivé aux environs de Ramadi en Irak, il entre dans la plaine fertile de Mésopotamie, passant par Fallujah à proximité de Bagdad, et puis à environ km à l'ouest des ruines de Babylone. Il rejoint le Tigre dans le sud-est du pays à Qurna à environ 100 km au nord-ouest de Bassorah pour former le Chatt-el-Arab et se jeter dans le golfe Persique.

Bassin versant

Bassin versant de l'Euphrate
Payslongueur
(km)
Surface
km2
ProportionContribution au débit
Turquie455124 32028 %88 ou 98,6 %*
Syrie67575 48017 %12 ou 1,4 %*
Irak1 200177 60040 %0 %
Arabie saouditeeaux souterraines66 60015 %0 %
Ces estimations varient en fonction des sources et critères d'appréciation

* la différence dépend de l'inclusion ou non des affluents Sajour, Balikh et Khabur dans le quota turc: en effet ils prennent leur source en Turquie.
Sources : Habib Ayeb, « L'eau au Proche-Orient », p. 29 ; Marwa Daoudy, « Le partage des eaux entre la Syrie, l'Irak et la Turquie », p. 63.

Les débits mensuels de l'Euphrate à Hit

Le débit de l'Euphrate a été observé pendant 43 ans (entre 1924 et 1972) à Hit, localité irakienne située à quelque 150 kilomètres à l'ouest-nord-ouest de Bagdad[3]. C'est à Hit que le débit du fleuve est maximal ; en effet plus loin en aval, de nombreux ouvrages d'irrigation prélèveront des quantités importantes d'eau du fleuve, faisant ainsi baisser progressivement son débit. En outre, plus aucun affluent quelque peu notable ne contribuera à l'alimenter.

À Hit, le débit annuel moyen ou module observé sur cette période était de 937 m3/s pour une surface prise en compte de 264 100 km2.

La lame d'eau écoulée dans cette partie du bassin, de loin la plus importante du point de vue de l'écoulement (près de 100 % du débit total du fleuve), atteint ainsi le chiffre de 112 millimètres par an.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Hit
(Données calculées sur 43 ans)

Affluents turcs

La ville de Halfeti sur l'Euphrate en Turquie

L'Euphrate est composé par la jonction de 2 rivières principales :

  • le Karasu (Kara Sou), long de 450 km, prend sa source au mont Kargapazari à 3 290 m d'altitude.
  • le Murat Nehri (Murat Sou, Murat Suyu ou Murat Irmağı), long de 650 km, prend sa source au mont Muratbasi à 3 520 m.

Affluents syriens

Trois rivières rejoignent l'Euphrate en Syrie[4] :

  • le Sajour (ou Al-Sajour) : rivière prenant sa source en Turquie et apportant de 90 à 125 millions de mètres cubes.
  • le Balikh (ou Al-Balikh) : rivière prenant sa source en Turquie et apportant environ 150 millions de mètres cubes.
  • le Khabur (ou Al-Khabur) : rivière prenant sa source en Turquie et apportant de 1,35 à 1,5 milliard de mètres cubes.

Affluents irakiens

Il n'y a pas d'affluent naturel en Irak, mais le canal Thartar-Euphrate permet de déverser les excédents des crues du Tigre dans l'Euphrate en passant par le lac-réservoir du Thartar. Plus au sud, le Tigre et l'Euphrate se rejoignent à Qurna et forment le Chatt-el-Arab dans lequel ils sont rejoints par le Karoun.

Affluent iranien (sur le Chatt-el-Arab)

Le Karoun se jette dans le Chatt-el-Arab après un parcours de 850 km en Iran. Il déverse un volume moyen estimé à 15 milliards de mètres cubes.

Ouvrages hydrauliques

Ouvrages hydrauliques du haut bassin Tigre-Euphrate

Ouvrages situés en Turquie

La Turquie a disposé de nombreux barrages sur l'Euphrate et ses affluents dont le principal achevé aujourd'hui est le barrage Atatürk. (Voir « Projet d'Anatolie du Sud-Est », le projet turc d'aménagement du Sud-est anatolien).

Ouvrages principaux d'amont en aval (voir « Liste des ouvrages hydrauliques du GAP » pour la liste complète des ouvrages turcs sur l'Euphrate) :

Ouvrages situés en Syrie

D'amont en aval :

Barrages situés en Irak

Ouvrages hydrauliques irakiens

D'amont en aval :

  • le barrage de Haditha
  • le barrage de Ramadi qui permet le stockage des crues dans les dépressions d'Habaniya et Abu Didis
  • le canal Thartar-Euphrate, qui permet le déversement des crues du Tigre dans l'Euphrate via le lac-réservoir du Thartar
  • le Troisième fleuve : achevé en 1992, il a été construit pour assécher les marais du Sud, ce qui permettait de maîtriser la région chiite et d'irriguer de nouvelles terres. Après la guerre en Irak de 2003, les Chiites ont partiellement détruit les digues et ont reconstitué les marais à 40 % (GÉO no 322 p. 128)
  • le barrage de Hindiya

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Ces chiffres varient suivant les sources : le débit à la frontière syro-irakienne est généralement compris entre 26 et 32 km3.
  2. Genèse, 2, 14 Sur le site sefarim. L'Euphrate est par ailleurs cité comme limite de la Terre promise à Abraham puis à Moïse, en Genèse, 15, 18, Deutéronome, 1, 7 et Deutéronome, 11, 24.
  3. Unesco - Le bassin de l'Euphrate - Station: Hit
  4. Marwa Daoudy, « Le partage des eaux entre la Syrie, l'Irak et la Turquie » p. 65
  • Portail des lacs et cours d’eau
  • Portail de la Turquie
  • Portail du Kurdistan
  • Portail de l’Irak
  • Portail de la Syrie
  • Portail du Moyen-Orient
  • Portail de la Mésopotamie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.