Période Joseon

La période Joseon (en coréen : 조선, /tɕo.sʌn/) est la période de l'histoire de la Corée au cours de laquelle le pays fut gouverné par la dynastie Joseon, parfois appelée dynastie Yi, une dynastie de rois coréens qui occupa le trône de 1392 à 1910.

Période Joseon
(ko) 대조선국

13921897


Drapeau avant 1882

Emblème royal de la dynastie
La Corée sous les Joseon.
Informations générales
Capitale Hanyang
Langue(s) Coréen et chinois classique
Monnaie Mun, yang, autres
Histoire et événements
Fondation de la dynastie par Yi Seonggye
1418-1450 Règne de Sejong : apogée du royaume et pacification des côtes
1592-1598 Guerre Imjin contre le Japon
1627 Invasion du royaume par les Jurchens
1897 Proclamation de l'Empire coréen
Rois
(1er) 1392-1398 Taejo
(Der) 1863-1897 Kojong

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Période Joseon
Hangeul 조선
Hanja 朝鮮
Romanisation révisée Joseon
McCune-Reischauer Chosŏn

La dynastie Joseon fut fondée en 1392 par le général coréen Yi Seonggye, qui renversa le royaume de Goryeo et mit fin du même coup à la période de domination mongole qui durait depuis 1259. Le nom dynastie Yi vient donc du nom de son fondateur, mais l'appellation courante en Corée est période Joseon (조선 시대).

Durant la période Joseon, une administration centralisée est mise en place, le confucianisme revient en force (on parle de néo-confucianisme), et avec lui, un nouveau système de valeurs. La dynastie Joseon a également connu deux grandes périodes de prospérité, pendant lesquelles la culture connut un grand essor. Les Coréens firent de nombreuses découvertes à cette époque, comme le premier cadran solaire oriental, et la première horloge hydraulique. La première presse à imprimer utilisant des caractères en métal fut inventée sous la dynastie Joseon. La dynastie construisit plusieurs forteresses, des ports de commerce et de somptueux palais. Elle mit en place une réforme agraire, mais fut victime de troubles de successions et de luttes de factions.

Premiers rois et premier âge d'or (1392-1494)

Le général Yi Songgye (empereur Taejo) monte sur le trône le . Il fonde une nouvelle capitale, Hanyang, actuelle Séoul. Contrairement à Wanggeon, il se débarrasse de ses adversaires sans clémence et réorganise le pays en profondeur. Le confucianisme est érigé en modèle de pensée principal, ce qui permet de revivifier la vie intellectuelle. Parallèlement, le bouddhisme est marginalisé, ce qui permet à ses successeurs d'enrichir la Couronne en s'emparant des monastères délaissés, et des richesses accumulées pendant la période Goryeo.

Son fils Taejong lui succède, après avoir assassiné trois de ses frères. Il promulgue quelques réformes qui consolident la dynastie. Ces premiers règnes se distinguent par la perte d'influence des moines bouddhistes et par la lutte contre les fonctionnaires corrompus de Goryeo. Les lettrés, formant la classe des Yangban, occupent seuls les postes à responsabilité, écartant les aristocrates et les militaires.

Carte de la Corée au XVe siècle.

Sejong le Grand

Le quatrième roi de la dynastie, Sejong le Grand (règne, 1418 – 1450), fils de Taejong, inaugure un nouvel âge d'or. Le royaume s'étend désormais jusqu'à l'Amnokgang, après la victoire sur les Jurchens. L'installation de colons consolide cette avancée territoriale. Les côtes sont pacifiées par la victoire définitive sur les pirates de Tsushima. Le confucianisme s'applique du bas au sommet de la société, roi compris, en passant par une administration qui est l'un des meilleurs soutiens de la dynastie.

Scientifiquement et culturellement, son règne marque également un apogée : l'alphabet hangeul est inventé. Le but de cette écriture, plus simple d'utilisation, était de réduire le taux d'analphabétisme du pays. Bien que méprisée pendant plusieurs siècles, elle remplacera l'hanmun (écriture utilisant les hanja, soit des caractères chinois) dans les années 1900.

Successeurs

Cette période prospère se poursuit entre autres sous le règne de son fils Sejo (qui massacra frères et sœurs pour monter sur le trône), et du petit-fils de celui-ci, Seongjong. Celui-ci préside à la plus importante période littéraire de son pays. Yeonsangun fut déposé par la cour, à cause de ses excès.

Muraille au nord

Comme la dynastie Goryeo, les Yi construisent une muraille défensive au nord du pays, sur les fleuves Amnok et Duman, pour protéger la péninsule des incursions nomades, Jurchen.

Œuvre administrative

Le confucianisme permet l'instauration d'un système politique généralement considéré comme équilibré et sophistiqué. L'éducation progresse partout, et une école supérieure formant les fonctionnaires est même créée. Enfin, le système des examens tend à se généraliser pour le recrutement des fonctionnaires, mais n'empêche pas, tout au long de la période, les coteries et les luttes d'influence pour nommer à certains postes certaines personnes figurant dans les cercles relationnels.

La Corée est divisée en huit provinces en 1413, améliorant ainsi l’administration. Ces huit provinces forment un cadre dans tous les domaines, y compris culturel, jusqu’à nos jours.

L'un des faits marquant de la dynastie est la création du hangeul, qui permet de noter les sons de la langue coréenne. Les plus grands esprits du royaume, réunis au sein de l'Académie royale, se penchent sur le problème avec le roi Sejong et élaborent cet alphabet. Quatorze consonnes et dix voyelles se combinent en syllabes. Le premier nom du hangeul est Hunmin chongum : « sons corrects pour l'instruction du peuple ». C'est également le titre du décret royal qui préconise le remplacement des sinogrammes par cet alphabet.

Catastrophes (1494-1644)

Purges des lettrés

Le confucianisme a aussi connu ses excès. À la fin du XVe siècle, les Sallim, néo-confucianistes rigoureux et tenus à l'écart du pouvoir, mènent des opérations de noyautage du pouvoir. Deux purges réduisent leur influence (1498 et 1504), mais la déposition de Yeonsangun leur permet de la retrouver. Deux nouvelles purges ont lieu en 1519 et 1545.

Ces purges ne sont qu'un exemple des luttes de faction de la dynastie Joseon, qui continuent même lorsque le royaume est en grand danger, comme lors de la conquête japonaise (1905).

Guerre Imjin ou guerre de Sept Ans

La guerre Imjin commence en 1592 lorsque le shogun Hideyoshi Toyotomi tente d'envahir la Corée, première étape dans son projet d'invasion de la Chine. Son débarquement réussit, et il commence à mettre à sac le Sud de la péninsule, mais la flotte coréenne, disposant des premiers navires cuirassés de l'histoire navale, les bateaux-tortues, et dirigée par l'amiral Yi Sun-sin, intercepte son ravitaillement et l'oblige à rembarquer en 1593, sous la pression du suzerain chinois.

La guerre reprend en 1597, et tourne une nouvelle fois à l'avantage de la flotte coréenne, toujours dirigée par Yi Sun-sin, qui meurt lors de la dernière bataille.

Conquête mandchoue

Les tribus de nomades jurchens (Djourchets, Mandchous) s'unissent sous la direction de Nurhaci à la fin du XVIe siècle. Profitant de l'invasion japonaise, il attaque la Mandchourie chinoise, puis se proclame khan en 1616. En réaction, les Chinois et les Coréens attaquent ensemble le royaume jurchen en 1619, mais sont repoussés. La Chine continue néanmoins son effort, la Corée étant en proie à des luttes de factions tentant de s'emparer du pouvoir. Cela permet aux Jurchens d'affermir en 1625 la conquête de la Mandchourie, et d'envahir la Corée dès 1627. L'armée coréenne est écrasée.

En 1637, une grande révolte soulève la péninsule contre l'occupant, qui est chassé dans un premier temps, mais qui reconquiert tout aussi vite le terrain perdu. La dynastie Joseon est dès lors discréditée, tout comme l'administration confucéenne et l'armée. Des paysans s'organisent en guérillas : les Troupes de justice.

Après cette guerre, la Corée devient isolationniste, les rois successifs empêchant tout contact avec les pays étrangers, autre que la Chine mandchoue à laquelle ils versent tribut. C'est de cette période que vient le surnom de « royaume ermite » pour désigner la Corée ; cet isolement, empêchant le progrès technique et toute réforme des institutions, entraîne un long déclin, et fait de la Corée la proie des puissances étrangères.

En 1644, la dynastie chinoise à Pékin, déjà tributaire des Jurchens, est remplacée par la dynastie Qing (ou mandchoue), issue de ces mêmes Jurchens.

Bien qu'ils aient rétabli leurs relations économiques en entrant officiellement dans le système tributaire de la Chine impériale, les dirigeants et les intellectuels de Joseon continuaient à éprouver du ressentiment à l'égard des Mandchous, qu'ils considéraient comme des barbares. Longtemps après s'être soumis aux Qing, la cour Joseon et de nombreux intellectuels coréens ont continué à utiliser les périodes du règne Ming, comme lorsqu'un érudit a marqué 1861 comme "la 234e année de Chongzhen".

Reconstruction, puis le « beau siècle coréen » (1644-1800)

Un mouvement intellectuel, inspiré par l'œuvre du Chinois Gu Yanwu, se crée chez un certain nombre de lettrés coréens, en réaction à l'orthodoxie confucéenne toute-puissante. Ce courant est nommé silhak, ce qui signifie « études pratiques »[1]. Ce mouvement emporte l'adhésion d'un grand nombre de mécontents, très critiques à l'égard de la caste des yangban : une élite de paysans et de commerçants enrichis, constituée théoriquement de lettrés issus du concours mandarinal, mais cette élite s'est transformée, au fil du temps, en une aristocratie héréditaire[2]. Cet esprit critique est entretenu par les publications des voyageurs coréens dans la Chine de Qianlong (r. 1735-1796). Ceux-ci rédigèrent plusieurs petits traités qui, décrivant la société chinoise, en profitaient pour critiquer la société coréenne[3]. Parallèlement se développe une littérature populaire fondée sur l'usage du hangeul, promue par le roi afin de favoriser de nouveaux comportements chez les paysans. Le roi Jeongjo (1752-1800) est un adepte du mouvement silhak. Il encourage la modernisation de l'agriculture, décide l'affranchissement des esclaves publics afin de favoriser leur accès à la terre et d'en accroître les rendements[4]. Pour les lettrés engagés dans le mouvement silhak il crée une nouvelle institution : la Bibliothèque royale. Ce lieu doit être enrichi par leurs études « pratiques » et favoriser des propositions de réformes.

Dans les arts, la Chine, en partie ouverte à des contacts avec le monde occidental transmis par les jésuites dès le XVIIe siècle[5], sert de stimulus aux artistes coréens[6]. Ceux-ci s'autorisent à de nouvelles pratiques et des sujets qui marquent leur attachement à une modernité proprement coréenne. Inspirés par le mouvement silhak, les paravents à motifs de bibliothèque sont révélateurs de cet esprit, mais aussi l'intérêt aux sites coréens les plus célèbres, évoqués selon des procédés qui ne sont pas copiés sur les modèles chinois et enfin les thèmes qui manifestent l'intérêt porté aux paysans et au petit peuple. Kim Hong-do (1745-v. 1806/18), de son nom d'artiste Danwon, un peintre aux démarches multiples consacre un célèbre cahier aux activités populaires, croquées avec un art qui participe de l'esprit du temps, celui que l'on retrouve aussi dans le Japon de la période Edo, avec certains livres d'estampes eux aussi consacrés aux activités populaires.

Arts et littérature pendant la période Joseon

Littérature

Pendant la période Joseon la littérature s'épanouit dans deux styles principaux. Il y a tout d'abord les ballades sijo, genre poétique incisif et rythmé qui peut être chanté, et le hansi, plus contemplatif.

À la fin de la période, les poèmes narratifs kasa, plus longs et moins contraints, et plus réalistes, apparaissent, avec le roman populaire (chapka). Kasa comme sijo sont chantés et accompagnés de musique. À partir des années 1600, des romans écrits directement en hangeul permettent de critiquer l'immobilisme de la société, en touchant un plus large public que les œuvres utilisant des sinogrammes.

Musique : le pansori

Le pansori reprend les mêmes thèmes, dépeignant de manière alternativement chantée et déclamée des paysages, scène de genre, animaux, personnages célèbres, au cours de longs opéras. Un pansori, chanté par un seul chanteur qui interprète plusieurs personnages, accompagné par un tambour, peut durer plusieurs heures. Le public y participe parfois.

Céramique

La technique du céladon, art céramiste le plus abouti de la période Goryeo, est perdue ou abandonnée. Cependant, les céramistes coréens produisent une très belle porcelaine blanche, épurée, et une porcelaine blanche à décor bleu (dite « bleu et blanc ») ou, plus exceptionnellement, à décor au brun de fer. Ces décors s'inspirent clairement de la peinture coréenne.

Peinture

Après la reconstruction, c'est la grande époque de la peinture en Corée, car non seulement une grande partie n'a pas été détruite par les guerres, mais aussi des formes nouvelles sont apparues : le paysage local, les représentations fidèles d'un point de vue sur des sites célèbres, et les scènes de genre, qui s'attachent avec tendresse aux pratiques coutumières des uns et des autres, lors des activités agricoles collectives ou à l'occasion des jeux qui rythment l'année. On rencontre aussi quelques femmes isolées en train de jouer de la musique, ou dans la ville, des beautés du jour à la coiffure et au costume travaillés avec art.

De très nombreuses peintures, réalisées par des professionnels sur commande, servent de décor aux paravents et distinguent ainsi leurs propriétaires, leur statut, leur fonction. On rencontre ainsi des paravents typiques, à décors de bibliothèque, appartenant à des lettrés, dont on voit qu'ils s'entourent de « marqueurs » conventionnels de leur statut, car les motifs sont toujours les mêmes, bien qu'ils soient représentés, très souvent, avec une originalité recherchée.

Les décors peints, en particulier les paravents, des somptueux palais royaux, portent aussi les signes de leurs fonctions symboliques en supplément de la richesse de leur ornementation.

Peu à peu, des procédés inspirés des l'art figuratif occidental (peinture, gravure, etc.) infusent discrètement dans la peinture coréenne, qui prend le temps de s'en approprier certains éléments suivant une voie proprement coréenne de la modernité.

Membres de la dynastie Joseon

Liste

Nom de temple Période de règne
Occidentalisation Hangeul Hanja
1 Taejo 태조 太祖 1392 1398
2 Jeongjong 정종 定宗 1398 1400
3 Taejong 태종 太宗 1400 1418
4 Sejong le Grand 세종 世宗 1418 1450
5 Munjong 문종 文宗 1450 1452
6 Danjong 단종 端宗 1452 1455
7 Sejo 세조 世祖 1455 1468
8 Yejong 예종 睿宗 1468 1469
9 Seongjong 성종 成宗 1469 1494
10 Yeonsangun 연산군 燕山君 1494 1506
11 Jungjong 중종 中宗 1506 1544
12 Injong 인종 仁宗 1544 1545
13 Myeongjong 명종 明宗 1545 1567
14 Seonjo 선조 宣祖 1567 1608
15 Gwanghaegun 광해군 光海君 1608 1623
16 Injo 인조 仁祖 1623 1649
17 Hyojong 효종 孝宗 1649 1659
18 Hyeonjong 현종 顯宗 1659 1675
19 Sukjong 숙종 肅宗 1675 1720
20 Gyeongjong 경종 景宗 1720 1724
21 Yeongjo 영조 英祖 1724 1776
22 Jeongjo 정조 正祖 1776 1800
23 Sunjo 순조 純祖 1800 1834
24 Heonjong 헌종 憲宗 1834 1849
25 Cheoljong 철종 哲宗 1849 1863
Empire coréen
26 Kojong 고종 高宗 1863 1907
27 Sunjong 순종 純宗 1907 1910

Généalogie

Voir aussi

Notes et références

  1. Dayez-Burgeon 2012, p. 95.
  2. Dayez-Burgeon 2012, p. 93.
  3. Seth 2006, p. 186-187.
  4. Pascal Dayez-Burgeon, 2012, p. 100.
  5. Parmi d'autres, Matteo Ricci (1552 à Macerata (Italie) et décédé le à Pékin), dont une mappemonde est reproduite en 1708, à la demande du roi. Pierre Cambon, 2015, p. 31.
  6. Pierre Cambon, 2015, p. 31.

Bibliographie

  • Pascal Dayez-Burgeon, Histoire de la Corée : Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, , 478 p., 21 cm. (ISBN 978-2-84734-835-4).
  • (en) Michael J. Seth, A concise history of Korea : from the neolithic period through the nineteenth century, Lanham (Md.), Rowman & Littlefield Publishers, Inc., , 256 p., 21 cm. (ISBN 978-0-7425-4005-7, 0-7425-4005-7 et 978-0-7425-4004-0, lire en ligne).

Articles connexes

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