Crispus

C. Flavius Iulius Crispus Caesar, né vers 303 et mort à Pola en 326, est le fils aîné de l'empereur Constantin et de sa concubine Minervina. Nommé César en 317 et consul à plusieurs reprises, il remporte plusieurs victoires militaires avant d'être exécuté sur ordre de son père ou de se suicider pour des motifs qui demeurent obscurs.

Biographie

César

C. Flavius Iulius Crispus Caesar, premier fils de Constantin, nait vers 303 de son union avec sa concubine Minervina[1]. On ne sait rien sur cette première union, ni sur sa fin, sauf qu’elle dut avoir lieu avant 307, date du mariage officiel de Constantin avec Fausta, fille de Maximien Hercule.

Constantin fait appel au célèbre rhéteur Lactance[2] pour l'éducation de Crispus qui, par ailleurs, accompagne assez jeune son père sur les champs de bataille qui oppose les troupes romaines aux barbares[3]. Crispus est ainsi associé à son père sur les monnaies et les inscriptions qui célèbrent les campagnes victorieuses et celui-ci le fait César en 317, en même temps que son demi-frère Constantin le jeune, à Serdica (actuellement Sofia)[4]. Crispus, gratifié du titre de « prince de la jeunesse », est alors envoyé à Trèves en compagnie d'un préfet du prétoire qui exerce sa juridiction sur les régions transalpines d'Espagne, de Bretagne et de Gaule[5]. Crispus est consul par trois fois, en 318, 321 et 324.

Chargé de la défense de la frontière du Rhin, il bat les Francs en 320 et, en 321, rejoint son père à Sirmium où il est présenté à l'armée d'élite et épouse une nommée Hélène, qui lui donne une fille en 323[6]. L'été de la même année, il remporte une victoire sur les Francs et les Alamans, associé à son frère Constantin II qui lui succède à Trèves. Il est alors appelé aux côtés de son père dans sa campagne contre Licinius contre lequel il commande - au moins en titre - la flotte qui remporte deux victoires successives dans l'Hellespont et la Propontide contre ce dernier au cours de l'été 324[6].

Exécution

En 326, il est, selon l'historiographie traditionnelle, exécuté sur l’ordre de son père Constantin, à Pola en Istrie. La même année, sa belle-mère Fausta est à son tour exécutée, toujours sur ordre de Constantin.

Les conditions de la mort de ces parents de Constantin restent incertaines. Les historiens latins contemporains de Constantin sont silencieux. Selon l’historien byzantin Zosime (Ve siècle) repris par Jean Zonaras (XIIe siècle), Crispus fut accusé par sa belle-mère d'avoir voulu la séduire, ce qui provoqua la colère de Constantin. Découvrant la fausseté de l'accusation, Constantin aurait ensuite fait exécuter Fausta. L'historien franc Grégoire de Tours (VIe siècle) évoque quant à lui un complot de Crispus contre Constantin. Il faut également souligner que Crispus, à l'instar de Fausta, n'était pas chrétien, ce qui a pu créer une inimitié entre lui et Constantin.

Si la faiblesse et la contradiction des sources au sujet de ces morts incitent les historiens à rester prudents, une hypothèse est avancée par David Woods[7] qui a retenu l'attention de plusieurs de ceux-ci, dont Timothy Barnes et Pierre Maraval[8] : d'une relation adultérine entre les deux Crispus et Fausta, deux jeunes gens d'un âge similaire, cette dernière serait tombée enceinte, provoquant l'exil de Crispus à Pola où il se serait suicidé tandis que Fausta serait morte des suites d'une tentative d'avortement suivant une méthode préconisée à l'époque de s'immerger dans un bain brûlant[9]. L'historiographie païenne, relayant l'hostilité de l'aristocratie non-chrétienne à l'égard de Constantin aurait diffusé la version faisant de l'Empereur le responsable de la mort de son fils et de son épouse afin d'écorner son image[10]. Le sort réservé à l’épouse de Crispus et à ses enfants est inconnu.

Numismatique

Solidus de Crispus.

Ses monnaies le montrent comme un homme jeune, avec le titre de très noble César (NOB CAESAR) et sur certains revers le titre de Prince de la jeunesse (PRINCIPI IVVENTVTI). D'autres revers monétaires célèbrent ses victoires sur les Alamans, ou des dédicaces à Jupiter, à Mars ou à Sol Invictus et à des vertus personnifiées[11].

Notes et références

  1. Maraval 2013, p. 9.
  2. Maraval 2013, p. 10.
  3. Maraval 2013, p. 12.
  4. Maraval 2013, p. 14.
  5. Maraval 2013, p. 15.
  6. Maraval 2013, p. 16.
  7. (en) David Woods, « On the Death of the Emperess Fausta », Grece & Rome, iI no 45, , p. 70-86.
  8. Maraval 2013, p. 19.
  9. Maraval 2013, p. 19-20.
  10. Maraval 2013, p. 20.
  11. Voir Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'Empire Romain, Paris, 1892.

Bibliographie

  • Pierre Maraval, Les fils de Constantin, Paris, CNRS éditions, coll. « Biblis », , 334 p. (ISBN 978-2-271-08819-2)

Liens externes

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