Guillaume Rozier

Guillaume Rozier, né en , est un ingénieur en informatique, agrégateur de données et consultant en science des données français.

Il est à l'origine du site web d'agrégation de données ouvertes sur la pandémie de Covid-19 CovidTracker, ainsi que des outils VaccinTracker et ViteMaDose présents sur ce site.

Biographie

Famille et enfance

Guillaume Rozier, naît en [1] d'un père informaticien, et d'une mère professeure de physique[2].

Adolescent, il dit s'intéresser de près aux phénomènes climatiques et météorologiques[3], à la physique et aux mathématiques[2].

Formation

Très tôt attiré par les nouvelles technologies, Guillaume Rozier ne se considère pas « geek[alpha 1] », ne sachant pas programmer lorsqu'il obtient le baccalauréat scientifique[2]. Après des classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Champollion de Grenoble, Guillaume Rozier intègre Télécom Nancy[alpha 2] en 2016. Il est également titulaire en 2018 d'un master en administration des affaires (MBA) de l'Institut Mines-Télécom Business School[4]. Lors de ses études à Telecom Nancy, il étudie le big data appliqué au domaine biomédical et participe au développement d'un moteur de recherche intelligent médiateur de bases de données médicales[5].

Carrière

Guillaume Rozier travaille désormais pour Octo Technology, filiale du groupe américain Accenture[6].

Agrégateur de données

« Grâce à la quantité de data disponibles en 2020 », Guillaume Rozier se spécialise dans le traitement des données disponibles grâce aux données ouvertes (open data). C'est notamment le cas au moment des proclamations des résultats des élections américaines en 2020[7].

Après un stage de fin d'études d'ingénieur de data scientist à la branche luxembourgeoise de BNP Paribas, il voit un simple graphique comparant la situation inquiétante en Italie avec celle de la France. Il la partage sur Twitter et a l'idée du site web CovidTracker : « J’aurais dû être en stage dans une banque au Luxembourg, mais je ne pouvais pas y aller… alors, plutôt que de regarder des séries sur Netflix, tout en télétravaillant, j’ai commencé à agréger les données relatives à la pandémie ». Il crée un site qu'il pense temporaire et y met en ligne les résultats de ses travaux. CovidTracker.fr voit le jour fin , codé avec huit autres bénévoles[4], qui a pour but de compiler les données officielles sur l'épidémie de Covid-19[8].

Se décrivant comme « plutôt timide », il tient à rappeler qu'il n'est « ni médecin, ni modélisateur, ni professeur de santé publique » et ajoute : « Mon seul moteur, c’est d’informer les gens »[4],[9].

Il déclare que « Le pouvoir des données est immense pour nous aider à prendre des décisions et à avoir une meilleure qualité de vie. J’en ai fait mon métier »[2] et réaffirme son intérêt pour la donnée ouverte : « L’Open Data est une arme contre le complotisme et les personnes qui ne croient pas en les chiffres puisque ça amène la possibilité de vérifier ces chiffres et donc d’éliminer les doutes »[10]. Le quotidien Les Échos le qualifie de « data scientist le plus médiatisé du moment »[3].

Dans une chronique pour Les Échos, Jean-Marc Vittori voit dans les initiatives de Guillaume Rozier ce que sera le service public de demain, « associant ressources publiques et initiatives privées »[11].

CovidTracker

Logo de CovidTracker.

Guillaume Rozier se fait connaître par l'application CovidTracker qui répertorie toutes les données sur la pandémie en France, puis il est à l'origine de l'outil ViteMaDose qui permet de simplifier l'accès aux vaccins contre la Covid-19 pour les personnes éligibles[12].

Guillaume Rozier publie le site web CovidTracker le [2] afin de répertorier chaque jour les chiffres de la pandémie. De nombreux aspects de la pandémie (évolution des cas positifs, des hospitalisations, des personnes en réanimation, des décès quotidiens selon les départements ou les régions)[3] y sont décryptés par des graphiques ou des cartes interactives. En novembre et , le site enregistre 700 000 visiteurs uniques mensuels en moyenne[3] et près de 15 millions de visites mensuelles[13].

De nombreux autres amateurs et sites web proposent un suivi de la pandémie sous forme de graphes et de cartes durant cette période, comme John Burn-Murdoch pour le Financial Times, Guillaume Saint-Quentin un ingénieur dans le domaine des transports à Lyon « devenu une référence des graphiques Covid-19 » en , Germain Forestier un enseignant en école d'ingénieur à Mulhouse devient « une référence en matière de graphiques » sur la pandémie et son travail est repris par le ministre de la Santé Olivier Véran ; et plus généralement s'est développée « une communauté de gens qui analysent » les données de Santé publique France[14]. Dès le , des dizaines de réutilisations des données de Santé publique France sont répertoriées sur le site du gouvernement data.gouv.fr[15].

En , un outil de calcul du risque de contamination est créé par Guillaume Rozier et Elias Orphelin, fils de Matthieu Orphelin, et mis en ligne sur CovidTracker. Cet outil permet de calculer la probabilité qu'une personne contaminée à la Covid-19 se trouve dans une foule dont l'utilisateur peut saisir la taille. L'épidémiologiste Catherine Hill remet en question la pertinence et la fiabilité de cet outil, en notant que « Ça n’a aucun intérêt car les données prises en compte ne sont pas les bonnes »[16].

Le la rubrique VaccinTracker est lancée sur CovidTracker. Elle permet de suivre l'avancée de la campagne vaccinale en France[5]. Initialement seule source de données sur la vaccination, il est plus tard révélé que Guillaume Rozier avait dès le un accès privilégié au directeur du cabinet d'Olivier Véran, le ministre de la Santé[5],[17]. L'équipe du ministère nie avoir communiqué des données en exclusivité, tandis que Guillaume affirme avoir reçu ces données de manière privilégiée : « Tous les médias me demandaient d’où je tenais ces chiffres », assure-t-il. « J’avais l’exclusivité. La situation était rêvée pour moi, mais elle n’était pas saine sur le long terme. Je demandais régulièrement au cabinet ministériel que ces données soient publiques[18] ». Le , Guillaume Rozier met fin à ce partenariat, et les données de vaccination sont communiquées publiquement par le ministère le même jour[5].

En , Guillaume affirme n'avoir reçu aucun investissement ni rémunération de l'État pour son travail sur les différents outils de CovidTracker, mais dit avoir reçu des dons privés dont il refuse de communiquer le montant. Il dit avoir également reçu des dons en nature de la part d'entreprises privées permettant l'hébergement de ses différents sites[19].

ViteMaDose

Le , Guillaume Rozier annonce sur Twitter la mise en ligne de l'outil Vite Ma Dose sur le site CovidTracker.

L'outil est développé en open source[20], son développement repose sur le concours de bénévoles[21], le site citant « au moins 82 bénévoles » le [22]. L'application regroupe les créneaux libres après les avoir recherchés sur les sites web qui permettent la réservation pour les vaccinations. Une semaine plus tard, ViteMaDose totalise 1,5 million de visiteurs[23]. L’interface s’améliore grâce à la contribution des bénévoles. Ainsi, le temps mis pour mettre à jour les rendez-vous disponibles est passé de cinq heures dans la première version, à seulement une minute.

Six jours après le lancement de VaccinTracker, le ministre de la Santé Olivier Véran le contacte « pour le féliciter de son initiative et lui réexpliquer les différentes problématiques ». Deux jours après le lancement de ViteMaDose, Guillaume Rozier reçoit un message d'Emmanuel Macron tenant à le féliciter personnellement « d’avoir créé des outils précieux pour les Français dans la crise sanitaire »[23]. Le président Emmanuel Macron « choisit de mettre en avant la plateforme bénévole dans un tweet, aux dépens du site officiel »[24].

Distinction

Le , Guillaume Rozier est nommé « à titre exceptionnel »[alpha 3] au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite[25].

Notes et références

Notes

  1. Le qualificatif de geek est utilisé ici dans le sens de passionné des technologies de l’information.
  2. Télécom Nancy, anciennement École supérieure d'informatique et applications de Lorraine ou ÉSIAL avant 2012, est depuis 2011 une école associée de l'Institut Mines-Télécom.
  3. Le qualificatif d'« exceptionnel » est dû au fait que les règles de l'ordre requièrent une durée d'au moins dix ans de service.

Références

  1. Elsa Bembaron, « Guillaume Rozier, traqueur né », Le Figaro, (consulté le ).
  2. Paul-Marie Pernet, « Guillaume Rozier, les très bonnes analyses nancéiennes de CovidTracker », Le Républicain lorrain, (consulté le ).
  3. Chloé Marriault, « Guillaume Rozier, M. CovidTracker, le data scientist le plus médiatisé du moment », Les Échos, (consulté le ).
  4. M. L., « Guillaume Rozier : le CV du jeune ingénieur qui ringardise le ministère de la Santé », L'Express, (consulté le ).
  5. Robin Richardot, « Guillaume Rozier, prodige des data sur la piste du Covid-19 », Le Monde, (consulté le ).
  6. Agence France-Presse, « Covid-19 : Guillaume Rozier, le fondateur de Vitemadose, reçoit l’ordre national du Mérite », sur Sud Ouest, (consulté le )
  7. Guillemette Faure, « Les Français, ces experts d’Amérique », Le Monde, (consulté le ).
  8. David Bensoussan, « Entretien avec Guillaume Rozier, l'homme qui traque les données du Covid-19 », Challenges, (consulté le ).
  9. Anaïs Moran, « Guillaume Rozier, traqueur de données », Libération, (consulté le ).
  10. « Stratégie sanitaire et vaccination : comment gagner la bataille de la confiance. Avec Guillaume Rozier et Mathias Girel », sur franceculture.fr, (consulté le ).
  11. Jean-Marc Vittori, « ViteMaDose : vite le service public de demain », Les Échos, (lire en ligne)
  12. LG, « Rencontre avec Guillaume Rozier, le traqueur de données sur le Covid-19 », sur lci.fr, (consulté le ).
  13. « Covid-19 : rencontre avec Guillaume Rozier, l’ingénieur qui rend lisibles les données complexes de l’épidémie », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  14. Guillemette Faure, « Coronavirus : les producteurs amateurs de graphiques », Le Monde, (consulté le ).
  15. Charlie Braume, « Covid19 en open data : découvrez les premières réutilisations du jeu de données hospitalières », sur linformaticien.com, (consulté le ).
  16. Caroline Robin, « CovidTracker : un simulateur de risques intéressant mais pas totalement fiable », Capital, (consulté le ).
  17. Marie-Liévine Michalik, « «Vaccintracker» : le site indépendant qui publie les chiffres de la vaccination en France », Le Figaro, (consulté le ).
  18. https://www.lci.fr/societe/rencontre-avec-guillaume-rozier-le-traqueur-de-donnee-sur-le-covid-19-2183418.html
  19. Jacques Pezet, « L’ingénieur Guillaume Rozier a-t-il été rémunéré pour son travail de suivi de l’épidémie du Covid ? », sur CheckNews, (consulté le ).
  20. Édouard Lamort, « Vite Ma Dose, Covidliste : ces sites qui favorisent l’accès à la vaccination », Ouest-France, (consulté le ).
  21. Elsa Bembaron, « Guillaume Rozier : de CovidTracker à ViteMaDose », sur Le Figaro, (consulté le )
  22. https://covidtracker.fr/contributeurs/
  23. Anne-Sophie Lechevallier, « ViteMaDose, CovidTracker… son fondateur Guillaume Rozier félicité par Emmanuel Macron », Paris Match, (consulté le ).
  24. Raphaël Grably, « Vaccin : Comment le site officiel santé.fr puise ses données chez les bénévoles de « Vite ma dose! » », sur BFM Business, (consulté le ).
  25. Décret du 21 mai 2021 portant nomination à titre exceptionnel dans l'ordre national du Mérite.

Liens externes

De nombreux articles de presse, vidéos et communiqués relatifs à l'application CovidTracker ont été publiés depuis fin 2020, par exemple :

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