Cimetière des Juifs portugais de Paris

Le cimetière des Juifs portugais de Paris ou cimetière israélite de la Villette[1] est un ancien cimetière israélite.

Situation et accès

Autrefois destiné à la communauté des Juifs portugais, se trouvant 44, rue de Flandre, dans le 19e arrondissement de Paris. Il fut créé à la fin du XVIIIe siècle sur un petit terrain de l'ancienne commune de La Villette, acquis par Jacob Rodrigue Pereire, le premier instituteur des sourds-muets en France.

Panneau Histoire de Paris « Cimetière des Juifs portugais »

Historique

On a procédé à des inhumations de Juifs à cet endroit avant l'achat de ce terrain par Jacob Rodrigue Pereire, mais c'était dans le jardin du bâtiment contigu, au numéro 46. Il s'agissait d'une auberge, L'Étoile, tenue par un dénommé Cameau[2] ou Camot. Elle est ensuite passée en 1773 aux mains d'un équarrisseur, Matard, qui mélangeait les corps des animaux à ceux des défunts. C'est ce qui a poussé Péreire à agir : il a signé le contrat d'acquisition du numéro 44, pour 800 livres, le 3 mars 1780[3].

La création du cimetière fut autorisée par ordonnance du lieutenant de police de Paris, Lenoir, en date du 7 mars 1780[4], et le premier enterrement eut lieu le 8 mars 1780[5]. Pereire lui-même, mort en septembre 1780, y a été enterré[6],[7], mais selon l'auteur antisémite Édouard Drumont, il en fut exhumé par sa famille en 1878[8] (sa dépouille fut en effet transférée dans le caveau familial au cimetière de Montmartre[9]).

En 1809, le cimetière est devenu la propriété du Consistoire israélite de Paris[10]. Il ferma le 18 février 1810 quand une section israélite fut ouverte au Père-Lachaise[11].

Le terrain, qui mesure 35 × 10 mètres[12], d'une superficie de 424 mètres carrés selon le cadastre[13], compte 28 sépultures[8]. Certaines sont gravées de dates dans le calendrier républicain et non le calendrier hébraïque[2]. Quelque peu délaissé[14], il est inaccessible aux passants car situé dans une cour d'immeuble[15] : pour le visiter, il faut une autorisation du Consistoire israélite de Paris[16].

Il est inscrit aux monuments historiques depuis l'arrêté du 3 janvier 1966[1]. Jusqu'au classement de l'église Saint-Jean-Baptiste de Belleville en 2015, il s'agissait du seul établissement religieux qui soit protégé dans cet arrondissement[17].

Notes et références

  1. Notice no PA00086764, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. G. Lenotre, Paris et ses fantômes, Paris, Grasset, coll. « La Petite histoire », , 318 p..
  3. Roger Berg (préf. Alain Goldmann, postface David Messas), Histoire des Juifs à Paris : De Chilpéric à Jacques Chirac, Paris, Cerf, coll. « L'histoire à vif », , 392 p. (ISBN 2-204-05507-7), « Création d'un cimetière pour les Portugais », p. 97–98.
  4. Paul Hildenfinger et Société d'histoire de Paris, Documents sur les Juifs à Paris au XVIIIe siècle : Actes d'inhumation et scellés, Paris, Honoré Champion, , p. 4 [lire en ligne] et p. 13 [lire en ligne].
  5. Louis Cardozo de Bethencourt, « Le trésor des Juifs sephardim, notes sur les familles françaises israélites du rit portugais : IV. État-civil des israélites français avant la Révolution », Revue des études juives, vol. 26, , p. 243 (lire en ligne).
  6. Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris par arrondissement : XIXe arrondissement, Paris, Librairie Hachette, , 40 p., p. 7 [lire en ligne] : « là fut enterré en 1780 Jacob-Rodriguez Pereire, le premier instituteur des sourds-muets en France ».
  7. Ferdinand Berthier, L'abbée de l'Épee, sa vie, son apostolat, ses travaux, sa lutte et ses succès, Paris, Michel Lévy frères, , 413 p., p. 63 [lire en ligne].
  8. Édouard Drumont, La France juive : Essai d'histoire contemporaine, vol. 1, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, , 43e éd., p. 253 [lire en ligne].
  9. Renée Neher-Bernheim, « Un pionnier dans l'art de faire parler les sourds-muets : Jacob Rodrigue Péreire », Dix-huitième Siècle, no 13, , p. 47-61 [48–49] (DOI 10.3406/dhs.1981.1317).
  10. « Cimetière israélite de la rue de Flandre, dans la cour d'un lavoir », IM/1471.02, Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, citant Dominique Jarrassé (photogr. Sylvain Ageorges), Guide du patrimoine juif parisien, Paris, Parigramme, , 239 p. (ISBN 2-84096-247-0).
  11. Maxime Du Camp, « La bienfaisance israélite à Paris : I. La Communauté, l'hôpital et les hospices », Revue des Deux Mondes, vol. 82, , p. 721–753 (752) (lire en ligne).
  12. « L'Histoire : Pas d'abonné au cimetière du Calvaire », Libération, (lire en ligne).
  13. Parcelle no AP 14.
  14. Albert Mousset, « Un site parisien délaissé, le cimetière des Juifs Portugais », Le Monde, .
  15. « Cimetière juif portugais du XVIIIe siècle dans une cour d'immeuble de l'avenue de Flandre », sur Visites de Paris à vélo ou à vélib.
  16. Fierro 1987, p. 76.
  17. « « Paris XIXe arrondissement : Architecture sacrée »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) », sur quid.fr.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Alfred Fierro, Vie et histoire du XIXe arrondissement, Villette, Pont de Flandre, Amérique, Combat : Histoire, anecdotes, curiosités, monuments, musées, jardins, promenades, dictionnaire des rues, vie pratique, Paris, Hervas, coll. « Paris » (no 19), , 154 p. (ISBN 2-903118-29-9), « Le cimetière des Juifs Portugais », p. 76.
  • Michel Fleury, « Le cimetière juif de la rue de Flandre », dans Béatrice de Andia (dir.) et Simon Texier (dir.), Les canaux de Paris (publ. à l'occasion de l'exposition présentée à la mairie du 10e arrondissement en 1994), Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 221 p. (notice BnF no FRBNF40583930), p. 63–66.
  • Agnès Pellerin, Anne Lima (collab.) et Xavier Castro (collab.) (ill. Irène Bonacina), Les Portugais à Paris : Au fil des siècles & des arrondissements, Paris, Chandeigne, , 254 p. (ISBN 978-2-915540-35-2, lire en ligne), « Rue de Flandre, no 44 : Le cimetière des Juifs Portugais », p. 185–188.
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