Christine Gouze-Rénal
Christine Gouze-Rénal[1], née à Mouchard le et morte à Paris le , était une productrice française. Elle a été la première femme française dans la production de films pour le cinéma, dès les années 1950, et pour la télévision à partir des années 1970.
Biographie
De son vrai nom Madeleine Gouze, elle est née le [2], fille aînée d'un couple d'enseignants, Antoine Gouze, principal de collège, et Renée Flachot[3], membres de la Résistance pendant l'Occupation allemande. Après avoir obtenu une licence d'histoire de l'art, elle entre au conservatoire de musique de Paris. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle travaille au ministère du Travail et devient ensuite la secrétaire particulière de Louis-Émile Galey, directeur de l'Office du cinéma. Elle mène, parallèlement, une activité clandestine dans la Résistance[2]. À la fin de la guerre, elle devient chef du secrétariat particulier d'Henri Frenay et François Mitterrand (son beau-frère depuis qu'en 1944 : il a épousé sa sœur cadette Danielle Gouze) avant de devenir chargée de mission en Amérique latine. Elle a été aussi codirectrice de l'Institut des hautes études cinématographiques[2], fondé en 1943 par Marcel L'Herbier.
À son retour au début des années 1950, elle abandonne sa carrière administrative et se consacre au cinéma. En 1956, elle fonde sa société de production, Progefi, et devient la première productrice de cinéma en France[2],[4]. Elle produit des films de Brigitte Bardot (La mariée est trop belle, Vie privée, La Femme et le Pantin...). Elle travaille avec de nombreux réalisateurs, tels que Jean Valère (La Sentence), Henri Verneuil (L'Affaire d'une nuit), Jean Delannoy (Les Amitiés particulières), Claude Chabrol (Le Tigre aime la chair fraîche, Le Tigre se parfume à la dynamite), Édouard Molinaro (Les Aveux les plus doux, L'ironie du sort), Roger Hanin (Le Protecteur, La Rumba, Train d'enfer), Jacques Demy (Une chambre en ville). Le 4 août 1959, elle épouse l'acteur Roger Hanin[3], dont elle produit plusieurs films[2]. Ils ont une fille : Isabelle. Elle produit, tout au long de sa carrière, une cinquantaine de films au cinéma.
À partir des années 1970, elle commence à coproduire pour la télévision[2]. Comme elle l'a fait pour ses films, elle joue la carte de la qualité et amène sur le petit écran des réalisateurs comme Claude Chabrol ou Édouard Molinaro. Elle adapte les œuvres de Colette avec la série des Claudine (Claudine en ménage et Claudine s'en va)[2], Émile Zola, Stendhal, Maupassant[2], Balzac[2], Zweig[2], Sagan... Son travail de production à la télévision part du constat qu'au début des années 1970, « 70 % des spectateurs restent devant le petit écran pour voir des films » et qu'« à moins de 500 000 entrées en salles, on ne peut pas couvrir les frais »[2]. Elle produit aussi en 1979 une série remarquée de treize épisodes signés, entre autres, Claude Chabrol et Claude Lallemand, consacrée à des portraits de grands musiciens[2] ( Sergueï Rachmaninov, Camille Saint-Saëns, Franz Liszt, ...).
La qualité de son travail lui vaut de recevoir, en 1985, un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière[2] placée sous le signe de la défense et de la promotion des films au cinéma et à la télévision. En tant que première femme productrice française, elle était surnommée « Madame le producteur », au masculin, pour mieux revendiquer sa place.
Elle fut une des rares productrices à avoir « marié » le cinéma et la télévision, comme le montre le succès de la Confusion des sentiments de Stefan Zweig, diffusé en 1979 (12 millions de téléspectateurs), avant d'aller sur les écrans des salles de cinéma[2].
Elle fut membre du jury du Festival de Cannes en 1970 et en 1989[5]. Elle est un des membres fondateurs de la société Unifrance.
Elle meurt le 25 octobre 2002[4].
Filmographie
Cinéma
- 1956 : La mariée est trop belle de Pierre Gaspard-Huit
- 1957 : Escapade de Ralph Habib
- 1959 : La Femme et le Pantin de Julien Duvivier
- 1959 : L'Affaire d'une nuit d'Henri Verneuil
- 1961 : Vie privée de Louis Malle
- 1962 : Le Gorille a mordu l'archevêque de Maurice Labro
- 1964 : Les Amitiés particulières de Jean Delannoy
- 1964 : Le Tigre aime la chair fraîche de Claude Chabrol
- 1965 : Un mari à prix fixe de Claude de Givray
- 1969 : Bruno, l'enfant du dimanche de Louis Grospierre
- 1971 : Les Aveux les plus doux d'Édouard Molinaro
- 1973 : Le Concierge de Jean Girault
- 1974 : L'Ironie du sort d'Édouard Molinaro
- 1975 : Le Faux-cul de Roger Hanin
- 1978 : L'Amant de poche de Bernard Queysanne
- 1984 : Train d'enfer de Roger Hanin
- 1986 : La Rumba de Roger Hanin
- 1997 : Soleil de Roger Hanin
Télévision
- 1979 : La Pitié dangereuse d'Édouard Molinaro, d'après le roman de Stefan Zweig
- 1981 : Au bon beurre d'Édouard Molinaro
- 1991 : Les Cahiers bleus de Serge Leroy
- 1993 : La Vérité en face de Étienne Périer
- 2000 : Les Faux-fuyants de Pierre Boutron
- 2001 : Lettre d'une inconnue de Jacques Deray
- 2001 : L'île bleue de Nadine Trintignant
Notes et références
- C'est son pseudonyme artistique et son nom de résistante (https://books.google.be/books?id=zqBYDwAAQBAJ&pg=PT218&lpg=PT218&dq=pseudonyme+gouze+renal&source=bl&ots=gcOsNknEeJ&sig=ACfU3U14wKi-2aAa2gMRKbKc4a0VbF_SOQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjm5sauh_3yAhWOqaQKHbdjCpUQ6AF6BAg1EAI#v=onepage&q=pseudonyme%20gouze%20renal&f=false)
- Jean-Michel Frodon, « Christine Gouze-Rénal », Le Monde,
- Who’s Who in France : dictionnaire biographique, Éditions Jacques Lafitte, .
- Gérard Lefort, « Mort de Christine Gouze-Rénal », Libération, (lire en ligne)
- « Présentation des membres du jury », Institut national de l'audiovisuel, (lire en ligne)
Liens externes
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