Charles de Bourbon (1788-1855)

Charles Marie Isidore Benoît de Bourbon (en espagnol : Carlos María Isidro Benito de Borbón y Borbón-Parma) également connu sous le nom de Charles V (ou Carlos V en espagnol), né le à Madrid et mort le à Trieste, est un infant d'Espagne, fils du roi Charles IV et frère de Ferdinand VII. Proclamé roi d’Espagne à la mort de son frère en 1833 par les partisans de la loi salique en opposition à la jeune Isabelle II, il prend le nom de « Charles V ». Soutenu par une partie du peuple espagnol, appelés carlistes, c'est-à-dire les partisans de Carlos, il rentre en Espagne et provoque la Première guerre carliste.

Pour les articles homonymes, voir Charles de Bourbon et Charles V.

Charles de Bourbon

Succession

Prétendant carliste au trône d’Espagne


(11 ans, 7 mois et 19 jours)

Nom revendiqué « Charles V »
Prédécesseur Ferdinand VII, roi d’Espagne
Successeur Charles de Bourbon
Biographie
Titulature Infant d’Espagne
« Comte de Molina »
Dynastie Maison de Bourbon-Anjou
Nom de naissance Carlos María Isidro Benito de Borbón y Borbón-Parma
Naissance
Madrid (Espagne)
Décès
Trieste (Autriche)
Sépulture Chapelle Saint-Charles-Borromée de la cathédrale Saint-Juste de Trieste
Père Charles IV d’Espagne
Mère Marie-Louise de Parme
Conjoints Françoise de Portugal
(1816-1834)
Marie-Thérèse de Portugal
(1838-1855)
Enfants Charles
Jean
Ferdinand (es)

Il reste en Espagne et maintient ses prétentions jusqu'à la défaite finale en 1839 de ses partisans carlistes. Charles se réfugie en France, où il est assigné à résidence à Bourges, à l'hôtel de Panette. Le , il renonce à ses droits au trône en faveur de son fils aîné Charles de Bourbon et prend le titre de « comte de Molina ». De ce moment, il est appelé « roi père » par les carlistes.

Infant d'Espagne

L'Infant Charles de Bourbon, portrait préparatoire réalisé en 1800 par Francisco de Goya.

Fils cadet de Charles IV d'Espagne et de Marie Louise de Bourbon-Parme, Charles est né au Palais royal d'Aranjuez le 29 mars 1788. Il est contraint en 1808 de renoncer à ses droits sur le trône au profit de Napoléon Ier avec son père et son frère aîné Ferdinand lors de l'entrevue de Bayonne. Comme eux, il est détenu à Valençay pendant l'occupation de l'Espagne. Il rentre à Madrid en 1814 et devient bientôt l'appui du parti réactionnaire. En septembre 1816, il épousa sa nièce, l'Infante Françoise de Portugal, fille du roi Jean VI et sœur de la reine Marie-Isabelle.

Succession de Ferdinand VII

Son frère Ferdinand VII n'ayant pas eu d'enfant de ses trois mariages, l'infant Charles semble destiné à régner. Mais le roi épouse en quatrièmes noces sa nièce Marie-Christine des Deux-Siciles qui lui donne deux filles en 1830 et 1832. S'appuyant sur un édit datant de 1789 que son père n'avait pu publier, Ferdinand VII, par un décret rendu en 1830, abolit la loi salique de 1713 par laquelle Philippe V, en contradiction avec la coutume espagnole, avait exclu les femmes du trône. Il appelle ainsi sa fille qui vient de naître, la future Isabelle II, à lui succéder après son décès.

« Carlisme »

Pour un article plus général, voir Première Guerre carliste.

Crise de succession de 1833

Portrait de l'infant Charles, dit Charles V.

En 1833, le roi Ferdinand VII meurt après avoir désigné sa fille Isabelle, âgée seulement de trois ans, comme son successeur, privant ainsi son frère Charles du trône. La noblesse soutient l'infant Charles, plus conservateur, contre les libéraux qui prennent le parti de la régente, Marie-Christine, mère de la nouvelle reine. Il s'ensuit une guerre civile entre les partisans de la jeune reine et les carlistes.

Avènement du « carlisme »

À la mort du roi Ferdinand, le 29 septembre 1833, Charles publie le manifeste des Abrantes le 1er octobre, dans lequel il déclare son ascension au trône sous le nom de Charles V. Le 6 octobre, le général Santos Ladrón de Cegama proclame l'infant Charles comme nouveau roi d’Espagne dans la ville de Tricio (La Rioja), date du début de la Première Guerre carliste.

Après la défaite du miguelisme lors de la guerre civile portugaise, harcelé par les troupes d'Isabelle II qui, sous le commandement du commandant général d'Estrémadure José Ramón Rodil y Campillo avaient pénétré au Portugal, Charles perd un allié et évacue par mer sur le navire de guerre britannique HMS Donegal, face aux protestations espagnoles, arrivant en Grande-Bretagne le 18 juin 1834. En juillet, il fuit l'île, traverse la France et retourne en Espagne le 9 juillet. Il reste en Navarre et dans les provinces basques pendant la Guerre carliste jusqu'en 1839, en maintenant une cour itinérante à Oñate, Estella, Tolosa, Azpeitia et Durango. Par la suite, il accompagne son armée mais sans montrer de compétences militaires. Religieux aux mœurs simples, il est très bien accueilli par la population rurale.

Guerre civile

Pièce à l'effigie de Charles V.

Cette guerre civile fait sentir ses conséquences surtout dans le nord du pays, les carlistes étant particulièrement forts dans les provinces basques et en Navarre, qui défendent leurs privilèges (fors) contre les libéraux centralisateurs.

Sous la conduite du général Zumalacárregui, une armée de 13 000 carlistes remporte une suite de victoires, mais l'armée fidèle à Isabelle II établit une ligne de défense (Bilbao-Vitoria-vallée de l'Ebre) que les carlistes ne parviennent pas à briser. Les troupes isabellistes vont alors bénéficier d'une aide extérieure. En 1834, la France, le Portugal et le Royaume-Uni signent avec le gouvernement espagnol le traité de la Quadruple-Alliance. Le Royaume-Uni envoie un groupe de volontaires (la Légion britannique). Le roi Louis-Philippe cède à l'Espagne la Légion étrangère, qui combat alors en Algérie et qui arrive en Espagne en (la Légion devient officiellement une partie de l'armée espagnole).

Affaiblissement du carlisme

Au cours de l'été 1837, la position des carlistes s'épuise. Cependant, Charles, toujours considéré comme roi par de nombreux partisans, organise la soi-disant expédition royale. À la tête d'une grande partie de ses bataillons basque, castillan et navarrais, il traverse la Catalogne et marche jusqu'aux portes de Madrid, apparemment à la suite de fausses nouvelles concernant un possible mariage entre l'un de ses fils avec Isabelle II. Ses attentes n'ont pas été satisfaites et déjà en retraite, harcelé par Baldomero Espartero, il retourne avec ses troupes en Biscaye. Face à la frustration causée par sa tentative infructueuse de résoudre le problème de la succession, ainsi que par le retrait désastreux, il prend des mesures drastiques sur les contrôles de son armée et de son administration. Les officiers et les civils qui l'avaient servi depuis la mort de Ferdinand VII, sont dépossédés du commandement, emprisonnés, poursuivis, voire tués. Sa cour finit par être composée de conseillers peu compétents et sans initiative, dont Joaquin Abarca y Blaque reste le plus influent en tant que chef de cabinet. Ils sont appelés « ojalateros », car on dit alors qu'ils ne cessent de se plaindre de ce qui s'est passé pendant l'expédition royale, avec des phrases qui commencent toujours par « Ojalá... » (c'est-à-dire « J'espère... »).

Exil et fin de vie

Photographie de l'infant Charles dans les dernières années de sa vie.

L'attitude pessimiste de la Cour de Charles face aux problèmes civils et militaires a provoqué un grand mécontentement, tant parmi les commandants que dans les troupes, et la méfiance mutuelle entre les bataillons des trois provinces basques et navarraises a également augmenté – ils ont refusé de combattre à l'extérieur de l'étendue géographique de ses provinces, ainsi qu'avec les bataillons castillans. En octobre 1837, après la mort de sa première femme, il épouse sa nièce l'infante Thérèse et, en juin 1838, il nomme Rafael Maroto, commandant en chef, chargé de la réorganisation de l'armée, mais confronté à peu d'actions guerrières. En février 1839, il ordonne de tirer sur trois généraux, soupçonnés d'avoir organisé un complot contre lui. Maroto commence alors des négociations secrètes avec les isabellistes qui prennent fin avec la signature de la convention d'Ognate (ou convention de Vergara) du par laquelle les carlistes reconnaissent leur défaite. Avec ce traité, Charles perd le contrôle de ses provinces et se voit contraint de quitter l'Espagne. La guerre est terminée.

Le 14 septembre 1839, Charles franchit la frontière française et le gouvernement français décide de l'installer à Bourges avec sa femme et ses enfants. Là, le 18 mai 1845, il abdique en faveur de son fils Charles de Bourbon. Après son abdication, il utilise le titre de comte de Molina. Retiré à Trieste, il y meurt le . Il est enterré avec ses descendants dans la chapelle Saint-Charles Borromée de la cathédrale Saint-Juste.

Famille

En 1816, il épouse sa nièce l'infante Françoise de Portugal (1800-1834), fille du roi Jean VI et sœur de la reine Marie-Isabelle d'Espagne, épouse de Ferdinand VII. En secondes noces, il s'allie en 1838 avec une autre de ses nièces, l'infante Thérèse de Portugal (1793-1874), princesse de Beira et sœur aînée de sa défunte épouse.

Trois enfants naissent du premier lit :

Ses deux premiers fils se succèdent dans la prétention carliste entre 1845 et 1868.

Dans les arts

L'écrivain français Pierre Benoit évoque le carlisme dans son roman Pour don Carlos (1920), dont l'action se déroule quarante ans plus tôt, lors de la dernière guerre carliste. L'œuvre a par ailleurs été adaptée au cinéma sous le même titre par Musidora en 1921.

Ascendance

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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