Charles Michelson

Charles Michelson est un homme d'affaires français né en Roumanie en 1900[1] et mort le [2]. C'est le fondateur et dirigeant de plusieurs stations de radio et télévisions comme Télé Monte-Carlo et Europe 1.

Pour les personnes ayant le même patronyme, voir Michelson.

Téméraire pionnier des ondes

Il débute comme homme à tout faire d'Aristide Briand[3]. En 1936, il saisit l'opportunité de racheter une modeste station de radio privée à Tanger, qui bénéficie d'un vide juridique en termes de règlementation pour la radiodiffusion. En augmentant la puissance d'émission et en modernisant la station en plein cœur d'une zone internationale, Michelson est vite contraint à se voire refuser de trop étendre la couverture de Radio Tanger à la suite d'une loi votée spécialement par le gouvernement de l'époque puisqu'il redoute une influence extra-métropolitaine qu'il ne pourra pas contrôler. La guerre éclate, et il est forcé de céder sa société au gouvernement de Vichy[4].

Expansion à la Libération

Il est fait prisonnier sous Vichy et s'évade pour rejoindre les États-Unis. Après la Libération, Léon Blum décide que l'État doit lui verser une très importante indemnité[5]. En dédommagement de Radio Tanger, il veut obtenir Radio Andorre, mais l'opération, qui déchaîne les passions du monde journalistique et politique, n'aboutit pas. Il obtient alors 98 millions de francs et la fréquence en ondes courtes de Radio Monte-Carlo pour une durée de cinq ans, majoritairement détenue par la Sofirad et de fait par l'État français[6]. Cependant, Michelson parvient à échanger cette concession pour celle de Télé Monte-Carlo que le ministre François Mitterrand lui accorde juste avant de quitter son poste, le [7].

Là encore, les politiques s'emparent de l'affaire, notamment pour atteindre Mitterrand[8]. La chaîne Télé Monte-Carlo est lancée le [9]. Michelson devient conseiller en communication du prince Rainier et son associé dans la Société monégasque de banques et de métaux précieux[10], mais il prépare, également en secret, le lancement de Télé Sarre et de la radio Europe N°1. Tout comme TMC, implantée à Monaco, ces deux antennes pourront exploiter un site d'émission en dehors de la France, plus exactement en Allemagne, dans la Sarre. Cette extraterritorialité permettra une certaine liberté de ton, publicitaire et de programmation.

En contrepartie de la mise en œuvre de la chaîne de télévision destinée au public germanophone Télé Sarre[11], l'Allemagne accorde une fréquence et un site de diffusion pour les émetteurs de la radio Europe N°1[12]. Michelson réussit à convaincre l'un des créateurs de Radio Luxembourg (future RTL), Louis Merlin, de le rejoindre. Après avoir lancé et fait progresser avec succès la station de radio, Michelson revend ses parts de la société à Sylvain Floirat, le contre la somme considérable pour l'époque, de 245 millions de francs, qu'il tentera en 1962 de renégocier à la hausse mais en vain auprès des Tribunaux, après la considérable croissance de la station dirigée par Floirat. L'affaire rejaillit alors jusqu'au sommet des États français et monégasque que la presse s'empresse de relater avec notamment, un article en couverture du quotidien Le Monde daté du et Le Figaro, le lendemain.

Avec l'argent qu'il a touché de l'État après la Libération, il s'associe à des plaignants pour faire des procès et partager le bénéfice des indemnités ou dommages-intérêts obtenus[13].

Il meurt le 23 mai 1970 à Paris des suites d'une crise cardiaque[14].

Références

  1. Les collections de l'Inathèque : Michelson
  2. Luc Bernard, Europe 1 : la grande histoire dans une grande radio, Paris, Éd. Centurion, Collection « Document, témoignage, 1990, (ISBN 978-2227061019), p 307
  3. Yves Courrière, Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité. Gallimard, "Biographies", 1995, p.472 : "Charles Michelson, qui était et se voulait apatride, avait été, très jeune un des hommes à tout faire d'Aristide Briand. Il avait beaucoup d'argent."
  4. Henri Amouroux, La vie des Français sous l'occupation, , 577 p. (lire en ligne).
  5. Yves Courrière, Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité. Gallimard, "Biographies", 1995, p.472 : "Ayant des droits sur Radio-Tanger, que voulait récupérer le gouvernement français, il avait obtenu qu'un arbitrage soit rendu par Léon Blum. Celui-ci avait tranché en faisant attribuer Michelson une somme dépassant cent millions."
  6. L’affaire "Images et Son", Page 1 : Charles Michelson
  7. L’affaire "Images et Son", Page 2 : Le "cadeau" de François Mitterrand à Charles Michelson
  8. [Intervention de F. Mitterrand lors du Projet de loi relatif aux dépenses pour 1955 du budget annexe de la Radiodiffusion-télévision française ]
  9. Inauguration de Télé Monte-Carlo par le Prince Rainier III, TMC 50 ans - TMC Monte Carlo novembre 2004
  10. L’affaire "Images et Son", Page 3 : Rainier s’associe à Michelson
  11. L’affaire "Images et Son", Page 5 : Les combines de Michelson
  12. L’affaire "Images et Son", Page 4 : Michelson fonde Europe n°1
  13. Yves Courrière, Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité. Gallimard, "Biographies", 1995, p.472 : "Michelson avait alors fait fructifier cet argent d'une manière assez spéciale. Il repérait les bons procès possibles mais qui, faute d'argent, ne pouvaient pas être engagés. Il proposait de les financer, à condition d'en être le maître d'œuvre avec ses avocats et de partager ensuite les résultats."
  14. Paris-Presse, L'Intransigeant, 27 mai 1970, p.7 : "L'ancien animateur de la Société "Image et Son" et actionnaire de sociétés privées de radio et de télévision, M. Charles Michelson, est mort samedi à Paris des suites d'une crise cardiaque"

Bibliographie

  • Luc Bernard, Europe 1 : La grande histoire dans une grande radio, Paris, éditions Centurion, , 755 p. (ISBN 978-2-227-06101-9)
    Collection « Document Témoignage » illustré d'une série de photographies en noir et blanc.

Articles connexes

Lien externe

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