Charles Lemercier de Longpré

Charles Lemercier de Longpré, ou Charles Le Mercher de Longpré, baron d'Haussez, né à Neufchâtel-en-Bray (Normandie) le et mort à Saint-Saëns (Seine-Inférieure) le , est un homme politique français, baron de l'Empire, député sous la Restauration, ministre de la Marine à la fin du règne de Charles X.

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Biographie

Issu d'une famille de magistrats attachée à l'Ancien Régime, le baron d'Haussez est le fils de Charles Étienne Lemercher de Longpré, sieur d'Haussez, conseiller du roi, assesseur au bailliage de Neufchâtel et maître des requêtes à la Cour des comptes, aides et finances de Normandie, et d'Anne Louise Bézuel. Sitôt ses études terminées, tout jeune encore, il entra dans les complots royalistes qui se tramèrent vers la fin de la période révolutionnaire. En l'an VII, il servit dans l'« armée royale de Normandie », fut dénoncé à la police, poursuivi, et dut se cacher jusqu'en 1804. Il se remit à conspirer et se trouva compromis dans l'affaire de la tentative de débarquement de Cadoudal et Pichegru sur la côte de Biville. Prévenu d'avoir favorisé l'entreprise des conjurés, il fut poursuivi mais acquitté faute de preuves.

Il parut se rallier avec enthousiasme à l'Empire et fut créé baron de l'Empire (novembre 1805) et nommé maire de sa ville natale de Neufchâtel (aujourd'hui Neufchâtel-en-Bray). Mais il ne tarda pas à renouer avec son inclination légitimiste. Empressé à saluer Louis XVIII à la tête d'une délégation neufchâteloise, commandant de la garde nationale après Waterloo, conseiller général de la Seine-Inférieure, il fut élu député par le grand collège de ce département le 22 août 1815[1]. Il avait précédemment échoué, le 10 mai, comme candidat à la chambre des Cent-Jours dans l'arrondissement de Neufchâtel-en-Bray[2].

Dans la Chambre introuvable, le baron d'Haussez fit partie de la majorité ministérielle. Le 6 décembre, il s'opposa à la proposition Hyde de Neuville tendant à faire juger par une commission parlementaire les individus exceptés de la loi d'amnistie. Il défendit l'institution du jury et combattit l'idée de rendre au clergé le droit exclusif d'enregistrement des actes de l'état civil.

Après la dissolution de la Chambre, à laquelle il applaudit, il ne fut pas réélu député et fut nommé préfet des Landes (28 mai 1817) puis préfet du Gard (19 mars[3] 1819) et préfet de l'Isère (1820). Ce fut sous son administration qu'éclatèrent les troubles de Grenoble (1821), à la suite de la révolution du Piémont. Le général Pamphile de Lacroix, qui commandait la division, mit le département en état de siège contre l'avis du baron d'Haussez, qui en appela au gouvernement et obtint le retrait de cette mesure. Il n'en prit pas moins une part personnelle des plus actives à la répression sanglante qui étouffa les troubles.

Préfet de la Gironde (7 avril 1824), Conseiller d'État et officier de la Légion d'honneur, il reparut à la Chambre des députés le 17 novembre 1827, élu par le 2e arrondissement électoral des Landes (Dax)[4]. Il siégea dans la majorité, mais lorsque Charles X se sépara du vicomte de Martignac pour appeler le prince de Polignac à former un nouveau ministère, le baron d'Haussez accepta, le 23 août 1829, le portefeuille de la Marine en remplacement du vice-amiral de Rigny.

Charles Lemercier de Longpré portraituré par Alfred d'Orsay.

Il signala son passage au gouvernement par le rôle important qu'il joua dans la préparation et la conduite de l'expédition d'Alger. Avec ses collègues Bourmont, Courvoisier et Guernon-Ranville, il contribua à faire révoquer le traité d'abord conclu avec les envoyés du pacha d'Égypte, Méhémet Ali, en vertu duquel ce dernier était chargé de courir sus aux pirates d'Afrique et de venger le coup d'éventail donné par le dey d'Alger au consul de France. Dès qu'il eut été décidé que la France s'armerait elle-même pour sa propre querelle, l'Angleterre demanda vainement des explications, se plaignit et recourut même à la menace. La France lui fit connaître que le roi ne déposerait les armes qu'après avoir atteint le double but qu'il s'était proposé, à savoir le redressement des griefs, cause immédiate des hostilités, et, en second lieu, le triomphe des intérêts communs à toute la chrétienté. Cette attitude irrita profondément l'Angleterre. À Paris, l'ambassadeur d'Angleterre, sir Charles Stuart, essaya d'intimider le baron d'Haussez dans des entretiens semi-diplomatiques. Mais le ministre de la Marine repoussa ces démarches et l'on dit même que, dans la conversation, irrité du ton tranchant de l'ambassadeur, il lui déclara : « Si vous désirez une réponse diplomatique, M. le président du conseil vous la fera. Pour moi, je vous dirai, sauf le langage officiel, que nous nous f*** de vous ! »[5].

Le baron d'Haussez fit poursuivre avec ardeur les préparatifs de l'effort de guerre. Dans tous les ports du royaume, il doubla la tâche des ouvriers ainsi que leur salaire et affréta en moins de trois mois cent bâtiments de guerre et quatre cents transports. La plupart des amiraux déclaraient pourtant le débarquement impossible, mais ils n'entamèrent pas la résolution du ministre, qui, fort de l'opinion de deux capitaines de vaisseau employés au blocus d'Alger, Gay de Taradel et Dupetit-Thouars, passa outre, déchira la nomination de l'amiral Roussin au commandement de la flotte, et en confia le commandement à l'amiral Duperré, alors préfet maritime à Brest.

Le baron d'Haussez signa les ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet 1830, non sans avoir présenté quelques observations de forme. Le 28, il parut, dit-on, dans les rangs des troupes royales. Quand la victoire fut acquise à l'insurrection, il se rendit à Saint-Cloud auprès de Charles X, puis gagna Dieppe et, de là, l'Angleterre.

Impliqué dans le procès des ministres, il fut condamné par contumace, le 11 avril 1831, à la détention perpétuelle. Il passa son temps d'exil à visiter l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, l'Europe centrale (Hongrie, Transylvanie), et rentra en France à la faveur de l'amnistie de 1839, et fixa sa résidence dans le département de la Seine-Inférieure. Il renonça à la politique et mourut en 1854 au château de Saint-Saëns.

Gendre de Charles Denis Hippolyte Patry des Hallais, conseiller du roi, auditeur à la Cour des aides de Normandie, il est le beau-père de Joseph Michel de Saint-Albin.

Publications

Le baron d'Haussez a publié plusieurs écrits sur la politique et l'administration ainsi que des récits de voyage durant son exil  :

  • Réflexions d'un ami du roi, par M. ***, ancien député (1816)
  • Un mot à M. de Chateaubriand (1817)
  • Considérations sur l'agriculture et l'industrie dans les Landes (1817)
  • Des routes et des canaux (1828)
  • Philosophie de l'exil (1832)
  • La Grande Bretagne en 1833. 2 vol. (1833)
  • Voyage d'un exilé. De Londres à Naples et en Sicile. 2 vol. (1835)
  • Alpes et Danube. Voyage en Suisse, Styrie, Hongrie et Transylvanie. 2 vol. (1837) (lire en ligne : vol. 1 ; vol. 2)
  • Moi (1854)
  • Mémoires du baron d'Haussez, dernier ministre de la marine sous la Restauration, publiés par son arrière-petite-fille la duchesse d'Almazan - Introduction et notes par le comte de Circourt et le comte de Puymaigre, 2 Tomes, Paris, Calmann Lévy éditeur, 1896-1897 (Disponible sur Gallica)

Références

Source

Notes

  1. 122 voix sur 197 votants et 248 inscrits
  2. 32 voix contre 54 à M. Rigoult, élu
  3. ou 3 février ?
  4. 111 voix sur 157 votants et 230 inscrits
  5. cité par le Dictionnaire des parlementaires français

Liens externes

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