Abel Aubert du Petit-Thouars

Abel Aubert du Petit-Thouars, dit Dupetit-Thouars, né le 3 août 1793 à Turquant en Maine-et-Loire, et mort le 16 mars 1864 à Paris, est un navigateur, explorateur et officier de marine français.

Abel Aubert du Petit-Thouars
Abel Aubert du Petit-Thouars vers 1864.

Surnom	Dupetit-Thouars
Naissance	3 août 1793 au château de la Fessardière à Turquant
Décès	16 mars 1864 (à 70 ans) à Paris 8^e
Origine	Français
Allégeance	Empire français Royaume de France Royaume de France République française Empire français
Arme	Marine impériale française Marine royale française Marine nationale
Grade	Vice-amiral
Années de service	1804 – 1858
Commandement	Commandant de la station navale du Pacifique Commandant des forces navales d'Océanie
Conflits	Conquête de l'Algérie
Autres fonctions	Membre de l'Académie des sciences Député de Maine-et-Loire

Biographie

Origines et jeunesse

Abel Aubert du Petit-Thouars descend d'une famille de la noblesse du Poitou et de Touraine anoblie en 1714[1]. Plusieurs membres de la famille Aubert du Petit-Thouars se distingueront dans la marine[2], tel son oncle Aristide Aubert du Petit-Thouars, capitaine de vaisseau surnommé « héros d'Aboukir », qui mourra héroïquement à la bataille d'Aboukir en 1798[3]^,[4]. Le frère de ce dernier, Louis-Marie Aubert du Petit-Thouars, sera un botaniste célèbre pour ses études sur les orchidées[5].

Fils d'Abel Ferdinand Aubert du Petit-Thouars (ou Dupetit-Thouars[Note 1]), Abel Aubert naît le 3 août 1793 au château de la Fessardière à Turquant en Maine-et-Loire[5]^,[Note 2]. Il entre dans la marine impériale en 1804[6], puis s'embarque comme mousse sur La Flèche à l'âge de 10 ans, étudie ensuite au lycée d'Orléans avant de s'engager définitivement dans la marine à 15 ans. En 1819, il est lieutenant de vaisseau et commande l'aviso le Joubert[7]. Au début de la campagne d'Espagne, en 1823, il reçoit le commandement du brick l'Inconstant[8], puis devient capitaine de frégate en 1827, commandant le navire la Provence[5]^,[Note 3].

Carrière militaire

Sous la Restauration, Abel Aubert du Petit-Thouars participe à des missions hydrographiques le long des côtes de Terre-Neuve, de France et d'Algérie[6]^,[9].

Il joue ensuite un rôle décisif dans la préparation de l'expédition d'Alger[4]^,[9]. Estimant nécessaire une opération contre Alger, il reprend les propositions de 1808 du chef de bataillon Boutin dans un rapport du 20 septembre 1827. Son plan prévoit une opération combinée terrestre et navale, avec débarquement dans la baie de Sidi-Ferruch. Il est adopté par le gouvernement de Charles X, malgré les réticences des amiraux. L'opération est lancée en juin 1830, à laquelle il participe à bord du brick le Griffon[6]^,[5]. La ville d'Alger est prise à l'issue de l'intervention qui marque le début de la conquête de l'Algérie par la France.

La Restauration et la monarchie de Juillet, renouant avec la tradition des grands voyages maritimes du XVIII^e siècle, envoient plusieurs missions à caractère scientifique et commercial. Ainsi, Du Petit-Thouars fait le tour du monde de 1836 à 1839, sur la frégate la Vénus qu'il commande comme capitaine de vaisseau, et auxquels participent l'ingénieur hydrographe Urbain Dortet de Tessan, le médecin-naturaliste Adolphe Simon Neboux et le chirurgien Charles René Augustin Léclancher[6]^,[10]. Durant ce voyage, il passera notamment aux Marquises et en soulignera l'intérêt[11]. Il publie un récit en 1840 sous le nom de Voyage autour du monde sur la frégate la Vénus pendant les années 1836-1839 ; ouvrage comportant les cartes des ports visités[12].

La Vénus était une frégate de 52 canons type Vénus, construite à l'arsenal de Lorient à partir de février 1820 et mise à flot en mars 1823. Elle participe à plusieurs opérations comme le blocus de Cadix en 1823 ou l'expédition d'Alger en 1830. Après son voyage autour du monde de décembre 1836 à juin 1839, sous le commandement de Dupetit-Thouars, elle servira comme école des apprentis canonniers à Toulon[13].

De retour en France, le navigateur et explorateur conseille au gouvernement de Louis-Philippe d'occuper les îles de la Société ou Marquises pour une présence française en Océanie et pour l'utiliser comme lieu de déportation[14]^,[15]. La proposition est acceptée par François Guizot, alors ministre des Affaires étrangères, qui le nomme au commandement de la division navale de l'Océanie[14]. Du Petit-Thouars est alors promu contre-amiral[Note 3].

Dupetit-Thouars prenant possession de Tahiti le 9 septembre 1842.

Conformément aux instructions reçues, il occupe l'archipel des Marquises en 1841. Il suit ensuite les conseils de Jacques-Antoine Moerenhout[16], consul français et bon connaisseur de la Polynésie, et fait signer en septembre 1842 un traité de protectorat à la reine Pōmare IV de Tahiti[14]^,[17]. En 1843, il prend possession des îles de la Société et annexe Tahiti.

Il se heurte au consul et missionnaire anglais George Pritchard qui s'oppose aux Français et appuie une révolte de Tahitiens. La reine rompt ses relations avec les Français et s'embarque à bord du Basilisk en rade de Papeete. Du Petit-Thouars expulse Pritchard en 1844. Cette initiative et l'annexion de Tahiti déclenchent une tension diplomatique entre la France et le Royaume-Uni. Les passions politiques s'emflamment et l'opinion publique française se divise ; c'est l'affaire Pritchard[18]. Le gouvernement français indemnise Pritchard et rappelle l'amiral, mais conserve Tahiti. Du Petit-Thouars rentre en France, est nommé vice-amiral en 1846, et prend sa retraite en 1858[17]^,[6].

Vie civile

Abel Aubert du Petit-Thouars est élu membre libre de l'Académie des sciences le 11 août 1855[19], et député de Maine-et-Loire du 8 juillet 1849 au 2 décembre 1851[20]. En 1857 il reçoit la grand croix de la Légion d'honneur[5]^,[21].

Il meurt dans le 8^e arrondissement de Paris le 16 mars 1864[Note 4]. N'ayant pas d'enfant, Du Petit-Thouars avait adopté le fils de sa sœur, Abel Bergasse Dupetit-Thouars, qui servira lui aussi dans la Marine et parviendra au grade de vice-amiral[22].

Publications

Abel Du Petit-Thouars, Notices biographiques sur plusieurs membres de la famille Aubert de Saint-Georges Du Petit-Thouars, destinées à leurs parents et à leurs amis, Paris, Impr. de H. Fournier, 1834 (notice BnF n^o FRBNF36404843)
Abel Du Petit-Thouars, Voyage autour du monde sur la frégate la Vénus pendant les années 1836-1839, Paris, 1840-1864 (notice BnF n^o FRBNF43372451), en 10 tomes (sur Gallica : premier, deuxième, troisième, quatrième … sixième, septième, huitième, neuvième et dixième)
Abel Du Petit-Thouars, Notice succincte sur les services à la mer et les travaux hydrographiques du vice-amiral Du Petit-Thouars, Paris, impr. de J. Claye, 1854 (notice BnF n^o FRBNF30378856)

Notes et références

Notes

Du Petit-Thouars (Les Du Petit-Thouars de J. de La Faye, Célestin Port de 1978 t.2 p. 83, Notice de personne de la BnF) ou Dupetit-Thouars (Base de données des députés de l'Assemblée nationale).
Né en août 1793, le 3 (Notice de personne de la BnF, Base de données des députés de l'Assemblée nationale), ou le 7 (Célestin Port de 1978 t.2 p. 83, Référentiel des autorités Sudoc).
Abel Aubert Du Petit-Thouars, mousse en 1804, aspirant en 1808, E.V. 1814, L.V. 1819, C.F. 1826, C.V. 1834, C.A. 1841, V.A. 1846 (L'expansion française dans le Pacifique de 1800 à 1842, op. cit., p. 413).
Mort en mars 1864, le 16 (Notice de personne de la BnF, Base de données des députés de l'Assemblée nationale, Référentiel des autorités Sudoc), ou le 18 (Célestin Port de 1978 t. 2 p. 83).

Références

Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIX^e siècle, tome 2, pages 20 à 22, Aubert de Saint-Georges du Petit Thouars.
J. de La Faye 1893, p. 2.
J. de La Faye 1893, p. V.
« Aristide Aubert Dupetit-Thouars », sur Encyclopédie Larousse (larousse.fr) (consulté le 19 mai 2016).
Célestin Port (édition révisée par Jacques Levron, Pierre d'Herbécourt et Cécile Souchon), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. 2, Angers, H. Siraudeau, 1978 (1^re éd. 1876) (notice BnF n^o FRBNF34649310, lire en ligne), p. 83.
Jean-Marcel Champion, « Dupetit-Thouars Abel Aubert (1793-1864) », sur Encyclopédie Universalis (universalis.fr) (consulté le 19 mai 2016).
M. Bajot et M. Poirré, Annales maritimes et coloniales, vol. 67, Paris, Imprimerie Royale, 1838 (lire en ligne), p. 1207.
J. de La Faye 1893, p. 46.
Jean-Paul Faivre, L'expansion française dans le Pacifique de 1800 à 1842, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1953 (lire en ligne), p. 413.
« Autour de Saumur : l’est, Montsoreau et Fontevraud, avec le collectionneur Yves Cornet », sur Saumur Kiosque (saumur-kiosque.com), 20 octobre 2014.
Alfred Testard de Marans, Souvenirs des Îles Marquises, 1887-1888 : Étude sur le groupe Sud-Est de l'archipel, Paris, Société des Océanistes, 2004 (ISBN 9782854300086, lire en ligne), p. 162.
Abel Du Petit-Thouars, Voyage autour du monde sur la frégate la Vénus pendant les années 1836-1839, Paris, Gide éditeur, 1840 (notice BnF n^o FRBNF43372451, lire en ligne), p. VI.
« Les bâtiments ayant porté le nom de Vénus », sur Association Net-Marine (netmarine.net), 8 février 2015 (consulté le 5 juin 2016).
Charles Girard S.M., Lettres reçues d'Océanie : Édition critique - Volume 2 - 1842 1843, Paris, Éditions Karthala - Société de Marie (Pères Maristes), 2009 (ISBN 9782811101855), p. 300.
Stéphane Trayraud, Oubliés de l'Histoire : Les Limousins de la Commune de Paris (1871), Paris, Mon Petit Éditeur, 2012 (ISBN 2748379322, lire en ligne), p. 159.
Fiche de Jacques-Antoine Moerenhout sur le site de l'Assemblée de la Polynésie française.
Olivier de Jalin, « L'amiral Du Petit-Thouars », Le Monde illustré, n^o Année 8^e - Numéro 364,‎ 2 avril 1864 (lire en ligne).
Philippe Darriulat (dir.), La France et l'Angleterre au XIX^e siècle, Paris, Créaphis éditions, 2006 (ISBN 9782913610743), p. 219.
Ministère de l'instruction publique, « Académie des sciences », sur Gallica, Bulletin administratif de l'instruction publique, Paris, août 1855 (consulté le 1^er juin 2021), p. 214.
« Base de données des députés français - Abel Dupetit-Thouars Aubert », sur Assemblée nationale (assemblee-nationale.fr) (consulté le 19 mai 2016).
« Cote LH/65/29 », base Léonore, ministère français de la Culture.
Jean-Michel Margot, Jules Verne en son temps : vu par ses contemporains francophones (1863-1905), Amiens, Encrage, 2004 (ISBN 2251741240), p. 144.

Annexes

Bibliographie

: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

J. de La Faye, Une famille de marins : Les Du Petit-Thouars, Paris, Bloud et Barral, 1893 (notice BnF n^o FRBNF34210515, lire en ligne)
Hubert Granier, Histoire des marins français. 1815-1870 : La marche vers la République, Nantes, Marines Éditions, 2002 (ISBN 2-909675-72-6, notice BnF n^o FRBNF39267424)
Christophe-Anne Philibert de Fontanès, Dupetit-Thouars : sur les traces du contre-amiral Abel Dupetit-Thouars : les îles Marquises en 1842, Paris, Riveneuve éditions, 2010 (ISBN 978-2-36013-010-8, notice BnF n^o FRBNF42238571)
« Abel Aubert du Petit-Thouars », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Articles connexes

Liens externes

Notices d'autorité :

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[6] Du Petit-Thouars (Les Du Petit-Thouars de J. de La Faye, Célestin Port de 1978 t.2 p. 83, Notice de personne de la BnF) ou Dupetit-Thouars (Base de données des députés de l'Assemblée nationale).

[7] Né en août 1793, le 3 (Notice de personne de la BnF, Base de données des députés de l'Assemblée nationale), ou le 7 (Célestin Port de 1978 t.2 p. 83, Référentiel des autorités Sudoc).

[grades-11] Abel Aubert Du Petit-Thouars, mousse en 1804, aspirant en 1808, E.V. 1814, L.V. 1819, C.F. 1826, C.V. 1834, C.A. 1841, V.A. 1846 (L'expansion française dans le Pacifique de 1800 à 1842, op. cit., p. 413).

[25] Mort en mars 1864, le 16 (Notice de personne de la BnF, Base de données des députés de l'Assemblée nationale, Référentiel des autorités Sudoc), ou le 18 (Célestin Port de 1978 t. 2 p. 83).

[1] Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIX^e siècle, tome 2, pages 20 à 22, Aubert de Saint-Georges du Petit Thouars.

[2] J. de La Faye 1893, p. 2.

[3] J. de La Faye 1893, p. V.

[larousse-4] « Aristide Aubert Dupetit-Thouars », sur Encyclopédie Larousse (larousse.fr) (consulté le 19 mai 2016).

[cport-1876-p83-5] Célestin Port (édition révisée par Jacques Levron, Pierre d'Herbécourt et Cécile Souchon), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. 2, Angers, H. Siraudeau, 1978 (1^re éd. 1876) (notice BnF n^o FRBNF34649310, lire en ligne), p. 83.

[universalis-8] Jean-Marcel Champion, « Dupetit-Thouars Abel Aubert (1793-1864) », sur Encyclopédie Universalis (universalis.fr) (consulté le 19 mai 2016).

[9] M. Bajot et M. Poirré, Annales maritimes et coloniales, vol. 67, Paris, Imprimerie Royale, 1838 (lire en ligne), p. 1207.

[10] J. de La Faye 1893, p. 46.

[jpfaivre-p413-12] Jean-Paul Faivre, L'expansion française dans le Pacifique de 1800 à 1842, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1953 (lire en ligne), p. 413.

[13] « Autour de Saumur : l’est, Montsoreau et Fontevraud, avec le collectionneur Yves Cornet », sur Saumur Kiosque (saumur-kiosque.com), 20 octobre 2014.

[14] Alfred Testard de Marans, Souvenirs des Îles Marquises, 1887-1888 : Étude sur le groupe Sud-Est de l'archipel, Paris, Société des Océanistes, 2004 (ISBN 9782854300086, lire en ligne), p. 162.

[15] Abel Du Petit-Thouars, Voyage autour du monde sur la frégate la Vénus pendant les années 1836-1839, Paris, Gide éditeur, 1840 (notice BnF n^o FRBNF43372451, lire en ligne), p. VI.

[16] « Les bâtiments ayant porté le nom de Vénus », sur Association Net-Marine (netmarine.net), 8 février 2015 (consulté le 5 juin 2016).

[charlesgirard-p300-17] Charles Girard S.M., Lettres reçues d'Océanie : Édition critique - Volume 2 - 1842 1843, Paris, Éditions Karthala - Société de Marie (Pères Maristes), 2009 (ISBN 9782811101855), p. 300.

[18] Stéphane Trayraud, Oubliés de l'Histoire : Les Limousins de la Commune de Paris (1871), Paris, Mon Petit Éditeur, 2012 (ISBN 2748379322, lire en ligne), p. 159.

[AssPoly-19] Fiche de Jacques-Antoine Moerenhout sur le site de l'Assemblée de la Polynésie française.

[mondeillustre-2avril1864-20] Olivier de Jalin, « L'amiral Du Petit-Thouars », Le Monde illustré, n^o Année 8^e - Numéro 364,‎ 2 avril 1864 (lire en ligne).

[21] Philippe Darriulat (dir.), La France et l'Angleterre au XIX^e siècle, Paris, Créaphis éditions, 2006 (ISBN 9782913610743), p. 219.

[22] Ministère de l'instruction publique, « Académie des sciences », sur Gallica, Bulletin administratif de l'instruction publique, Paris, août 1855 (consulté le 1^er juin 2021), p. 214.

[23] « Base de données des députés français - Abel Dupetit-Thouars Aubert », sur Assemblée nationale (assemblee-nationale.fr) (consulté le 19 mai 2016).

[24] « Cote LH/65/29 », base Léonore, ministère français de la Culture.

[26] Jean-Michel Margot, Jules Verne en son temps : vu par ses contemporains francophones (1863-1905), Amiens, Encrage, 2004 (ISBN 2251741240), p. 144.