Château de Roquetaillade

Le château de Roquetaillade se situe sur la commune de Mazères, dans le département de la Gironde, en France.

Château de Roquetaillade

Le château de Roquetaillade et sa chapelle.
Période ou style Médiéval
Début construction Château Vieux VIIIe siècle
Fin construction Château Neuf en 1306
Propriétaire actuel Personne privée
Protection 1er classement Monument historique en 1840. Ref N°4.
 Classé MH (1976, châteaux vieux et neuf)
 Inscrit MH (2002, domaine)
Site web http://roquetaillade.eu
Coordonnées 44° 29′ 33″ nord, 0° 16′ 11″ ouest [1]
Pays France
Anciennes provinces de France Gascogne
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Gironde
Commune Mazères
Géolocalisation sur la carte : Gironde
Géolocalisation sur la carte : France

Présentation

Le site de Roquetaillade a été occupé par l'homme depuis la Préhistoire[2]. De nombreux silex taillés trouvés sur place témoignent de cette présence humaine. Ils sont aujourd'hui visibles dans la salle d’accueil du château.

Il faut imaginer que la présence de grottes naturelles et d'un piton rocheux sur lequel on pouvait se protéger était favorable à une « installation » humaine. L'origine du nom Roquetaillade , provient certainement des aménagements "taillés dans la roche" que l'on trouve dans les grottes.

Aujourd'hui Roquetaillade est constitué de deux châteaux forts se trouvant dans la même enceinte :

Le Vieux château dont les premières constructions datent d'avant le XIIe siècle. Il est aussi appelé château de "La Motte".

Le château " Neuf " date du début du XIVe siècle. Il est construit par Gaillard de La Motte, neveu du Pape Clément V[3]. Il est aménagé par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, qui y entreprend d'importants travaux de décoration et de création de mobilier.

Pour sa sauvegarde Roquetaillade est ouvert en public en 1956.

Le parc classé de Roquetaillade comprend les vestiges de l'enceinte médiévale avec la barbacane, le ruisseau du Pesquey et ses berges, le chalet XIXe et le pigeonnier du Crampet, qui fait partie de l'écomusée de la Bazadaise.

Le château de Roquetaillade est dans la même famille depuis plus de 900 ans[4].

Historique

Les origines de la Famille

C'est vers l'an 1000 que des premières archives mentionnent l'existence d'un chevalier nommé Raymond, originaire du castellum de la Motta dans le Bazadais, d'où le patronyme "la Motte"[5]. Il est à noter que leur blason est "parti d'argent à aigle de sable". L'origine serait peut-être une reprise partielle des attributs du blason symbolique [6] de Charlemagne, selon un usage à l'époque.

Le château de Roquetaillade n'a jamais été vendu mais a toujours été transmis dans la même famille jusqu'à aujourd'hui[7]. Par mariages ou succession le nom des propriétaires a changé trois fois depuis les origines :

En 1552, Catherine de La Motte épouse Jean de Lansac et lui apporte le château en dot.

En 1789, Marie Henriette, fille du dernier marquis de Lansac, épouse François de Laborie, lui apportant en dot les terres et le château. Sous la Révolution elle divorce de son mari afin de sauvegarder le patrimoine familial, son époux ayant rejoint les rangs des émigrés[8].

En 1815 sa fille Marie-Joséphine de Lansac se marie avec Hippolyte de Mauvesin et apporte le château dans sa dot.

En 1864 leur fils le marquis Lodoïs de Mauvesin et son épouse Geneviève, née de Galard-Béarn héritent de Roquetaillade [8],[9]. Ce sont eux qui firent procéder aux importants aménagements intérieurs exécutés par Viollet-le-Duc.

Ayant perdu leur unique enfant, les Mauvesin transmettent Roquetaillade à leur cousin Hippolyte de Baritault, dont la famille continue encore aujourd'hui à l'entretien et la sauvegarde.

Le Vieux château

Selon la tradition orale[10]c'est Charlemagne qui érige à Roquetaillade un premier fortin en bois vers la fin du VIIIe siècle. Par la suite et jusqu'au XIIIe siècle le Vieux Château subit d'importantes modifications. De simple motte féodale[11] avec palissade en bois, le bâtiment militaire se complexifie et se mue en forteresse de pierre. Sur cette longue période de nouvelles constructions défensives, des tours, barbacane et remparts se superposent au premier bâtiment primitif qui fini par disparaitre. L'organisation exacte du Vieux Château pendant ces cinq-cents premières années est très difficile à décrypter aujourd'hui et aucune étude approfondie n'a été effectuée sur l'évolution précise du bâtiment. Mais l'envergure du site reflète l'importance politique des la Mothe (Baron de Bazas et de Langon) et la puissance de la seigneurie de Roquetaillade à l'époque.

La dernière modification connue du Vieux Château est l'agrandissement de la tour-porte vers 1305. Cette tour était le point d'accès entre le château et le village[12].

Le Village

En 1274 est mentionné pour la première fois dans les archives de l'existence d'un village fortifiée ou "castelnau" à Roquetaillade[12]. Ces archives font aussi état de la présence dans le village de Roquetaillade de bourgeois, ce qui confirme que l'agglomération était close de murs. En 1466 les archives font mention de Roquetaillade comme d'une ville aussi importante que Langon ou La Réole.

La fin de la guerre de Cent Ans en 1453 marque un retour à la sécurité et l'enceinte protectrice du bourg perd de son intérêt. La ville sera lentement abandonnée et à la fin du XVIe siècle elle avait totalement disparu.

Le seul bâtiment non militaire qui reste aujourd'hui de cette époque est la chapelle Saint Michel, de la fin du XIIIe siècle. Au XIXe siècle, Viollet-le-Duc y crée un décor étonnant, aujourd'hui classé Monument Historique, notamment le plafond à caisson d'inspiration mauresque.

Le château Neuf

En 1306, avec la permission du roi Édouard Ier d'Angleterre, le cardinal de la Mothe, neveu du pape Clément V, bâtit une deuxième forteresse à Roquetaillade : le « Château Neuf »[13],

Deux raisons expliquent la création d'un deuxième château sur le site de Roquetaillade. Premièrement les moyens financiers du nouveau pape Clément V et les charges qu'il a données à son neveu ont certainement participé à la décision. L'autre raison, c'est qu'au Vieux Château il n'y avait pas de puits. Il était seulement équipé d'une citerne pour récupérer les eaux de pluie et d'une source se trouvant dans les remparts, au débit incertain et difficilement défendable. Cela pouvait-être un énorme handicap en cas de long siège.

Cette construction de plan carré avec six tours et un donjon central concentrait toutes les dernières innovations et techniques de défense active. Il est efficace de part sa simplicité.

À l'art militaire et le besoin de se défendre s'alliait aussi la recherche d'un confort seigneurial. Le château de Roquetaillade, ainsi que les autres châteaux dit « clémentins » (châteaux construits par la famille du Pape - Villandraut, Budos, Fargues, du Hamel...), sont les premiers exemples de palais châteaux en France.

Transformation et restauration

Projet de chambre pour les Mauvesin, propriétaires du château de Roquetaillade.

Vers 1598 les guerres de religions sont terminées et la paix civile revient. Roquetaillade subit ses premières transformations en 1599. Les Lansac profitent de la paix retrouvée pour aménager le premier étage : de grandes fenêtres remplacent les meurtrières et de somptueuses cheminées Renaissances sont construites par Souffron, les premières du Bordelais. Souffron construira quelques années plus tard les magnifiques cheminées du château de Cadillac.

À la Révolution, il subit peu de dégâts, mais le sommet d'une tour ainsi que quelques meurtrières sont détruites. À la même époque le donjon est frappé par la foudre et subit d'important dégâts.

Le bâtiment au début du XIXe siècle était en assez mauvais état. Vers 1850 l'architecte bordelais Perié restitue les créneaux sur les courtines, répare le donjon et modifie les toitures pointues des tours rondes.

C'est en 1864 que Lodois de Mauvesin et sa femme décident de mettre "au goût du jour" la vieille bâtisse et de transformer les intérieurs. Pour cela, ils font appel à Viollet-le-Duc[14] sur le conseil du dessinateur archéologue bordelais Léo Drouyn. Le chantier durera de 1864 à 1878, avec une interruption de cinq ans après la chute de Napoléon III en 1870.

Ce chantier sera suivi en grande partie sur place par Edmond Duthoit qui travaillait aussi avec Viollet le Duc au château d'Abbadia. C'était le plus proche élève de Viollet-le-Duc, qui le nommait « mon jeune aide de camp ». Duthoit applique à la lettre tous les préceptes du maître. Malgré ses nombreux chantiers partout en France, Viollet le Duc se rend à Roquetaillade à deux reprises pour vérifier les travaux.

En 1871 Viollet-le-Duc, inquiété par la Commune de Paris, s'exile en Suisse [15]. En son absence Duthoit achève le projet entre 1875 à 1879.

Roquetaillade est le seul exemple en France d'une opération complète exécutée par Viollet-le-Duc : restauration, création, décoration, mobilier, organisation sociale et intendance.

Les décors qui y sont créés annoncent avant l'heure l'Art Nouveau [16]- arabesques organiques, couleurs chatoyantes, bestiaire fantastique… ainsi que tout un mobilier inspiré par ses dictionnaires.

C'est une « dictature » de style où rien n'est oublié et où il n'y a aucune place pour autre chose : c'est un "art total", système esthétique qui sera utilisé par les grands artistes Art Nouveau - Gaudi, Horta, Guimard... qui ont tous été inspirés par Viollet le Duc[17]

Ces décors font partie des rares ensembles d'art décoratif en France entièrement classés Monument historique.

Protections

Une première protection est prise sous Prosper Mérimée en 1840 et Roquetaillade est parmi les mille premiers bâtiments classés monuments historiques. Les décors de Roquetaillade, le Vieux Château et la chapelle font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [14]. Le parc du château, incluant les ruines de l'enceinte médiévale, le ruisseau du Pesquey et ses berges, le chalet du XIXe siècle et le pigeonnier du Crampet font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du [14].

Décor de films et de séries TV

Le château de Roquetaillade a servi de décor à plusieurs films, dont Fantômas contre Scotland Yard avec Louis de Funes, Le Pacte des loups[18] avec Vincent Cassel, Docteur Popaul avec Jean Paul Belmondo, Les Séducteurs avec Roger Moore.

On le voit aussi dans certaines séries comme La Poupée sanglante de Marcel Cravenne (1976) d'après Gaston Leroux : c'est le château du marquis de Coutleray qui se trouve en Vendée dans l'intrigue. La série Highlander fera aussi un détour par Roquetaillade

Autres programmes - Racines et des Ailes, Secret d'Histoire....

Divers vidéo ont été tourné à Roquetaillade - Bad boys inc

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
  2. Professeur Jean Bernad Marquette, Roquetaillade, Les Cahiers du Bazadais,
  3. Professeur Jean- Bernard Marquette, Roquetaillade, Les Cahiers du Bazadais, .
  4. Professeur Jean Bernard Marquette, « Roquetaillade », Cahiers du Bazadais,
  5. Jean-Bernard Marquette, « Roquetaillade », Les Cahiers du Bazadais, , xxx[réf. incomplète].
  6. Rémi Usseil, « Matière de France »
  7. Professeur Jean Bernard Marquette, Roquetaillade, Bazas, Les Cahiers du Bazadais,
  8. « Casteland le site des chateaux médiévaux Francais - chateaux-forts castle », sur www.casteland.com (consulté le )
  9. « PAS À PAS SUR LES GRAVES (4) - D'UNE FAMILLE L'AUTRE », sur Mtonvin.net, (consulté le )
  10. Jean Bernard Marquette, « Roquetaillade », Les Cahiers du Bazadais, , xxx[réf. incomplète].
  11. Professeur Jean-Bernard Marquette, Roquetaillade, Les Cahiers du Bazadais,
  12. Professeur Jean Bernard Marquette, Roquetaillade, Les Cahiers du Bazadais,
  13. André Châtelain, Châteaux forts - Images de pierre des guerres médiévales, Paris, Rempart, 2003, (ISBN 2-904-365-001), p. 44.
  14. « Domaine de Roquetaillade », notice no PA00083626, base Mérimée, ministère français de la Culture
  15. « Alexandre LENOIR et Eugène VIOLLET-LE-DUC »
  16. Philippe Julian, « Les conquêtes de Roquetaillade », Connaissance des Arts,
  17. Claire Lingenheim, « Art Nouveau et industrie », sur Académie de Strasbourg
  18. « Le château de Roquetaillade se souvient du tournage de Fantomas, il y a 50 ans... », France TV infos, (lire en ligne, consulté le )
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