Château de Cerisy-la-Salle

Le château de Cerisy-la-Salle est une demeure, du début du XVIIe siècle, qui se dresse sur la commune française de Cerisy-la-Salle dans le département de la Manche, en région Normandie.

Le château fait l’objet d’une protection totale au titre des monuments historiques[1].

Localisation

Le château est situé, au cœur d'une campagne vallonnée et verdoyante, sur une éminence dominant la vallée de la Soulles, à 500 mètres au sud-ouest de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Cerisy-la-Salle, dans le département français de la Manche.

Historique

À l'origine la seigneurie de Cerisy, qui s'étendait sur les paroisses de Montpinchon et de Cerisy, est la possession des Pirou. À leur extinction, le fief passe à la famille de Grimouville, puis aux Richier, qui le conserveront jusqu'à la Révolution[2].

Le château actuel est construit entre 1605 et 1620, après l’édit de Nantes et les guerres de religion, par Jean Richier, fervent huguenot. C'est à lui que l'on doit la création du marché hebdomadaire, le samedi, et l'établissement de deux foires annuelles, à la Saint-Martin. Les Richier était une famille de la noblesse protestante. Un Jacques Richier, pasteur protestant, sieur de la Hutière (Cerisy-la-Salle), sera expulsé de France pour ses convictions. Un autre de cette famille dut abjurer le protestantisme afin de pouvoir hériter des biens de la seigneurie de Cerisy. Cependant, un Jacques Richier (1708-1771) sera évêque catholique de Lombez[2].

Élisabeth Le Loup de Hiesville, veuve de Jean Richier, le bâtisseur du château, eu à héberger 80 dragons, qui se livrèrent à de nombreuses dragonnades[2]. Le château était le siège de l'une des 20 paroisses protestantes du département[3].

Gédéon Richier (1752-1807)[2], alors seigneur du lieu au moment de la Révolution et qui en était entré en possession en 1781, verra la confiscation et la vente de tous ses meubles à la suite de son émigration. Officier et chef d'escadron de cavalerie aux chasseurs du Hainaut, il avait rejoint l'armée des princes. Le 18 germinal an II ()[2], le district de Coutances vend le château comme bien national qui finit par échouer, en 1819, pour la somme de 40 000 francs entre les mains de Joseph Savary (1774-1854), né à Notre-Dame-de-Cenilly ancêtre des propriétaires actuels[2].

Le château est occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale et en font leur Kommandantur et un hôpital après le Débarquement. Le , Cerisy est détruit mais le château épargné. Après-guerre, seules 8 pièces sont habitables, le château ayant beaucoup souffert. La bibliothèque héberge l'école municipale. Anne Heurgon-Desjardins (1899-1977), le restaure pendant 25 ans, et en 1970, une soixantaine de chambres sont déjà habitables[4].

Le château accueille depuis 1952 le Centre culturel international, fondée par une descendante de Joseph Savary, Anne Heurgon-Desjardins (1899-1977), dans le prolongement des « Décades de Pontigny » (1910-1939) créée par son père Paul Desjardins. Ainsi le château a accueilli des « rencontres » sur Barbey d'Aurevilly, l'Humour Normand, la Contre-Réforme, les Normands en Sicile, l'Architecture Normande médiévale, les manuscrits et enluminures, etc. Ont notamment participé à ses rencontres : Raymond Aron, Jean-Marie Domenach, Jean Follain, Alain Robbe-Grillet, Clara Malraux, Eugène Ionesco, Roland Barthes, Jacques Derrida, Elie Wiesel, Michel Tournier, Umberto Eco, , etc. Le château était en 2018 la possession d'Édith Heurgon, la petite-fille de Paul Desjardins.

Description

Le château, entre place forte et demeure de plaisance, adopte le plan bastionné des manoirs de la fin du XVIe siècle. L'imposant corps de logis, haut d'un étage sur rez-de-chaussée, édifié en schiste et granit, flanqué de quatre pavillons d’angle, est protégé sur trois côtés par des douves sèches. L'étage est surmonté par les combles avec un toit en forte pente et éclairés par une unique lucarne centrale. L’alignement de la façade nord et les ponts datent de 1756. D’un style grave et noble, les éléments décoratifs se limitent aux lucarnes des pavillons, aux bandeaux horizontaux et à la polychromie des matériaux (grès rouge et granit). Les nombreuses fenêtres par lesquelles le château s'éclaire ont été ajoutées à partir du XIXe siècle[5].

À l’intérieur, on note l’escalier monumental, les cheminées en granit, l’ancienne salle basse avec son plafond peint Louis XIII, ainsi que le salon de boiserie, le grand salon, l’ancienne cuisine, les combles.

La ferme, contemporaine du château, avec quelques éléments antérieurs, adopte un plan en « L », tandis que d’autres bâtiments (les écuries, l’orangerie, les serres) sont postérieurs.

À l’ouest et au nord, les ruines du manoir précédent, avec une échauguette, ainsi que le platane bicentenaire dominent un étang remplaçant d’anciens viviers et ayant servi de déversoir au moulin.

Protection

Sont inscrits par arrêté du [1] :

  • les dépendances, sauf celles classées.

Sont classés par arrêté du [1] :

  • le château avec ses décors peints ;
  • les terrasses, fossés et leurs ponts vestiges de l'ancien château et notamment la barbacane ;
  • la ferme, à l'exclusion des écuries situées au nord-est du château[1]

Notes

    Références

    1. « Château de Cerisy », notice no PA00110360, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    2. Hébert et Gervaise 2003, p. 150.
    3. Hébert et Gervaise 2003, p. 84.
    4. « Secrets de châteaux et manoirs - Cotentin - Saint-Lô - Coutances », La Presse de la Manche, no Hors-série, , p. 97 (ISBN 979-1-0937-0115-8).
    5. Secrets de châteaux et manoirs, 2008, p. 97.

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

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