Centre européen pour le droit et la justice

Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ - European Centre for Law & Justice) est une ONG internationale fondée en 1998 à Strasbourg, active auprès des instances européennes et de l'ONU, titulaire depuis 2007 du statut consultatif spécial auprès des Nations Unies à l'ECOSOC[source secondaire nécessaire][1].

L'ECLJ déclare agir principalement pour la défense de la vie humaine dès la conception, contre l'euthanasie, pour le mariage traditionnel, pour la liberté d’expression, ainsi que pour le droit à l'objection de conscience[source secondaire nécessaire][2]. Selon le journaliste Samuel Laurent, l'ECLJ est un groupe d'intérêt « qui relaie au plan européen nombre des combats de La Manif pour tous »[pertinence contestée][3].

Ce centre est dirigé depuis 2009 par Grégor Puppinck, juriste connu comme défenseur des valeurs chrétiennes à Bruxelles[pertinence contestée][4] et militant catholique conservateur[5].

Origines

L'ECLJ a été fondé par Jay Sekulow et Patrick Monaghan, deux avocats américains[source secondaire nécessaire][6] membres de l'American Center for Law & Justice (en) (ACLJ), lequel a été créé en 1990 par le télévangéliste Pat Robertson, qui dirige la Christian Coalition, présentée par Libération comme « le chef de file des défenseurs les plus radicaux des valeurs de l'Amérique WASP »[7]. Plusieurs succursales de l'ACLJ font l'object d'avertissements de l'organisme Charity Navigator à l'intention des donateurs[8],[9], en raison des révélations dans la presse de l'utilisation de millions de dollars perçus par l'organisme sans but lucratif pour financer l'avocat Jay Sekulow, qui est l'un des principaux avocats de Donald Trump[10],[11].

Le responsable juridique de ces deux organismes Jay Sekulow expliquait en 2007 que cette installation en Europe avait pour objectif « d'établir un corps de jurisprudence critique qui aurait un impact là-bas et aussi chez nous [aux États-Unis] »[12].

Selon le professeur Christopher McCrudden, des groupes religieux américains interviennent comme tierces parties dans des affaires juridiques d'autres pays par l'intermédiaire d'organisations non-gouvernementales locales, pour influencer la jurisprudence à travers le monde. Il a notamment pris l'exemple de l'ECLJ, qui est présenté comme le « bras européen » de l'ACLJ afin de créer des précédents devant la CEDH, qui pourraient avoir des retombées aux États-Unis[13]. De même, la chercheuse Effie Fokas considère que l'installation à Strasbourg de l'ECLJ par l'ACLJ constitue « l'exemple le plus visible » de l'influence de groupes juridiques américains sur des affaires juridiques liées à la religion en Europe, en participant directement à des procédures judiciaires[14].

Activités

En 2010, l'ECLJ a été autorisé à se porter tierce partie dans l'affaire Lautsi et autres c. Italie, pour défendre auprès de la grande chambre de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) la présence des crucifix dans les écoles italiennes[15].

L'ECLJ est intervenu également dans une quarantaine d'autres affaires auprès de la CEDH[1], notamment en se portant tierce partie dans une affaire où une personne transgenre désirant se marier avec une personne ayant le même sexe à la naissance attaque un pays interdisant le mariage entre personnes de même sexe[16].

Il intervient également contre l’autorisation de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples homosexuels[3], contre la reconnaissance de citoyenneté des enfants issus d’une gestation pour autrui (GPA), ou encore pour maintenir en vie Vincent Lambert, en coma végétatif chronique[17] de 2008 à son décès en 2019[18],[3]. L’ECLJ conteste aussi devant la Cour européenne des droits de l’homme la décision du Conseil d’État de valider l'interdiction par le CSA de diffuser la vidéo Dear future mom sur la trisomie 21 (produite par la Fondation Jérôme-Lejeune) dans des pages de publicités télévisées[19].

En 2018, l’ECLJ et l'ACLJ militent pour libération du pasteur évangélique Andrew Brunson, emprisonné en Turquie pour terrorisme[20],[21]. Celui-ci est libéré le 12 octobre 2018, l'Administration américaine ayant négocié sa libération[22],[23].

L'ECLJ a demandé que soit reconnu un « génocide chrétien » commis par l'organisation terroriste Daech[24],[25].

En 2020, l'ECLJ appuie la requête contre l'Espagne devant la CEDH de la Conférence épiscopale espagnole dans « l'affaire des hosties »[26],[27] ; celle-ci demande la condamnation de l’État espagnol, dont toutes les juridictions ont rejeté les plaintes contre l'artiste Abel Azcona, auteur d'une performance artistique estimée offensante au sentiment religieux par les plaignants (exposition de 242 hosties consacrées représentant le mot PEDERASTIA).

Notes et références

  1. « European Center for Law and Justice | ECLJ », sur European Center for Law and Justice (consulté le )
  2. « European Center for Law and Justice | ECLJ », sur European Center for Law and Justice (consulté le )
  3. Samuel Laurent, « Des proches de Donald Trump au secours de La Manif pour tous », sur lemonde.fr,
  4. Delphine Roucaute, « Comment les détracteurs de la "théorie du genre" se mobilisent », sur lemonde.fr,
  5. Jacques Pezet, « La CEDH a-t-elle validé la condamnation d’une femme autrichienne pour blasphème contre Mahomet? », sur liberation.fr,
  6. « European Center for Law and Justice | ECLJ », sur European Center for Law and Justice (consulté le )
  7. Emmanuel Davidenkoff, « L'Education nationale bernée par un lobby », sur liberation.fr,
  8. (en) « Charity Navigator - Rating for American Center for Law and Justice », sur Charity Navigator (consulté le )
  9. (en) « Charity Navigator - Rating for American Center for Law and Justice - District of Columbia », sur Charity Navigator (consulté le )
  10. (en) Aaron C. Davis et Shawn Boburg, « Trump attorney Jay Sekulow’s family has been paid millions from charities they control », The Washington Post, (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Michael Biesecker, « Charities steered $65M to Trump lawyer Sekulow and family », Associated Press, (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Josh Kurlantzick, « Tomorrow, the World », American Prospect, (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Christopher McCrudden, « Transnational culture wars », International Journal of Constitutional Law, vol. 13, no 2, , p. 434-462 (ISSN 1474-2640, DOI 10.1093/ojlr/rww050, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Effie Fokas, « Comparative Susceptibility and Differential Effects on the Two European Courts: A Study of Grasstops Mobilizations around Religion », Oxford Journal of Law and Religion, vol. 5, no 3, , p. 541–574 (ISSN 2047-0789, DOI 10.1093/icon/mov018, lire en ligne, consulté le )
  15. « De nouveaux défenseurs du crucifix à la Cour européenne », sur fr.zenit.org,
  16. (en) « 10 Things You Should Know About the American Center For Law And Justice », sur Human Rights Campaign
  17. La rédaction d'Allodocteurs.fr, « Vincent Lambert : qu'est-ce qu'un état végétatif chronique irréversible ? », sur Francetvinfo.fr, Franceinfo, (consulté le ).
  18. Stéphane Kovacs, « Affaire Vincent Lambert: l’arrêt des soins à nouveau possible », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  19. « Trisomie, la vidéo « Dear Future Mom » devant la CEDH », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  20. « Près de cent députés européens exigent la libération d’un pasteur américain emprisonné en Turquie », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  21. Joshua Keating, « La terrible histoire d'Andrew Brunson, le pasteur américain prisonnier d'Erdogan », sur Slate.fr, (consulté le )
  22. (en) Christianity Today et World Watch Monitor, « Free at Last: Andrew Brunson Released by Turkey After Two Years », sur News & Reporting (consulté le )
  23. « Libéré par la Turquie, le pasteur américain Brunson rencontre Donald Trump », sur France 24, (consulté le )
  24. (en-US) « U.N. Is Called to Recognize Christian Genocide », sur National Review, (consulté le )
  25. (en-US) « 'UN must recognise persecution of Christians in Middle East as genocide' », sur World Watch Monitor (consulté le )
  26. « “Affaire des hosties” : à la CEDH, l’Espagne assume le rôle d’“État Charlie” », sur Valeurs Actuelles, (consulté le )
  27. « L’« affaire des hosties » à la CEDH », sur European Center for Law & Justice, (consulté le )
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