Catherine d'Aragon

Catherine d'Aragon ou Catalina en espagnol, née le à Alcala de Henares, en Castille, et morte le à Kimbolton, en Angleterre. Infante de Castille et d'Aragon, elle est reine consort d'Angleterre, avant de voir son mariage annulé par la volonté de son mari Henri VIII. Les circonstances dans lesquelles se déroule l'événement sont à l'origine de l'anglicanisme. Avant son mariage avec Henri VIII, elle fut mariée à Arthur Tudor, prince de Galles.

Catherine d'Aragon

La reine Catherine d'Aragon.
Fonctions
Reine consort d'Angleterre

(23 ans, 11 mois et 12 jours)
Couronnement
en l'abbaye de Westminster
Prédécesseur Élisabeth d'York
Successeur Anne Boleyn
Biographie
Dynastie Maison de Trastamare
Date de naissance
Lieu de naissance Alcala de Henares (Castille)
Date de décès
Lieu de décès Kimbolton (Angleterre)
Sépulture Cathédrale de Peterborough
Père Ferdinand II, roi d'Aragon
Mère Isabelle Ire, reine de Castille
Conjoint Arthur, prince de Galles
(1501-1502)
Henri VIII, roi d'Angleterre
(1509-1533, annulé)
Enfants Henri, duc de Cornouailles
Marie Ire
Religion catholicisme


Consorts anglais

Biographie

Enfance

Portrait d'une princesse inconnue, probablement Catherine d'Aragon à l'époque de son premier mariage par Michel Sittow.

Catherine naît dans la nuit du au Palais des Archevêques d'Alcalá de Henares. Fille de Ferdinand II d'Aragon et d'Isabelle Ire de Castille, dite Isabelle la Catholique. Elle est décrite comme de petite taille, rousse, avec des yeux bleus et un visage rond.

De par son côté maternel, elle descend de la Maison Royale d'Angleterre et plus précisément de Catherine de Lancastre, son arrière-grand-mère, ainsi que de Philippa de Lancastre, son arrière-arrière-grand-mère. Ces dernières sont réciproquement fille et petite-fille d'Édouard III. Cela fait de Catherine, la cousine au troisième degré de son beau-père, Henri VII et la cousine au quatrième degré d'Élisabeth d'York, sa belle-mère.

Catherine passe ses premières années à Santa Fe, puis à l'Alhambra de Grenade dont ses parents se sont emparés, après la chute de Grenade.

Elle reçoit une éducation digne de son rang, fondée sur les principes du catholicisme : elle apprend les langues romanes de la péninsule[Lesquelles ?], la langue flamande, le français, l'anglais et le latin. Elle étudie l'art, la danse et la musique. Elle doit cette éducation à Aldonza de la Vega, sœur de Lorenzo Suárez de Figueroa (es), comte de Feria (es), l'un des plus fidèles soutiens des Rois Catholiques, et de Hernando de Talavera (es), confesseur de sa mère qui lui a enseigné l'humanisme et l'aspect religieux.

Premier mariage

Son mariage a pour but de sceller l'alliance diplomatique entre le royaume d'Espagne récemment unifié et celui d'Angleterre, où la maison Tudor vient de s'emparer du trône. La jeune Catherine a, depuis l'âge de deux ans, été destinée à Arthur Tudor, même si les rois espagnols Ferdinand II et Isabelle Ire ont émis quelques réserves à ce mariage.

Après la guerre civile en Angleterre et malgré la prise du pouvoir par Henri Tudor, de nombreux descendants des Plantagenêt appartenant à une branche plus légitime que celle des Tudors étaient encore vivants ; le trône d'Henri VII n'était pas encore assuré et les rois espagnols hésitaient à marier leur fille à un roi menacé d'être renversé. Pour le roi anglais, une alliance avec l'Espagne s'avérait être un atout car cela contribuait à renforcer les liens Espagne/Angleterre au détriment de la France, ennemie naturelle des deux pays. Alors que son bateau est prêt pour partir en Angleterre, une tempête fait rage sur les côtes espagnoles, repoussant ainsi le départ de cinq jours.

Second mariage

Un nouveau mariage est arrangé avec Henri, le frère cadet de son premier mari. Or, les très stricts canons de l'Église interdisent précisément le remariage avec un beau-frère. Le seul moyen de détourner l'interdiction consiste à prouver la virginité de l'épouse, démontrant ainsi que le premier mariage n'a pas été consommé. Pour d'obscures raisons, on sollicite du pape Jules II une dispense de ce constat de virginité. Par une bulle de décembre 1503, le pape, compréhensif, déclare Henri et Catherine déliés du « lien d'affinité ». Le remariage, désormais possible, est célébré le [1] par l'archevêque William Warham, après la mort d'Henri VII (comme il en avait fait la demande). Catherine d'Aragon est désormais l'épouse du nouveau roi Henri VIII et ipso facto, reine. Pour Henri VIII et Catherine, c'est un mariage d'amour. Elle est couronnée le , à Westminster.

Grossesse et enfants

De son union avec Henri VIII, Catherine est enceinte 7 fois :

  • En , deux mois après le mariage, la grossesse de Catherine est annoncée. Le , la reine fait une fausse couche, d'une petite fille.
  • En , quatre mois après la perte de leur premier enfant, Catherine annonce sa seconde grossesse. Elle donne naissance à un fils, Henri, duc de Cornouailles, le . Le , l'enfant est baptisé. C'est le de la même année, après 52 jours de vie, que le prince meurt.
  • Début 1513, Catherine annonce une troisième grossesse. Le , elle accouche - prématurément - d'un petit garçon, qui meurt peu de temps après la naissance.
  • En , Catherine annonce sa quatrième grossesse. Le , elle donne naissance à un garçon mort-né.
  • À l'été 1515, Catherine annonce sa cinquième grossesse. Personne ne fonde d'espoir sur cette grossesse. Pour autant, le , Catherine donne naissance à une petite fille en bonne santé. Nommée Marie, elle est baptisée trois jours plus tard.
  • En 1517, Catherine subit une fois encore une fausse couche.
  • En , Catherine annonce sa septième grossesse. Elle donne naissance le à une fille, qui ne survit pas.

Sa fille, Marie, deviendra plus tard reine d'Angleterre sous le nom de Marie Ire. Elle marque l'histoire et obtint le surnom de « Marie la Sanglante ».

Après le mariage

Le couple semble connaître un certain bonheur conjugal. Mais dès 1514, certaines rumeurs font état de l'intention du roi de répudier son épouse[2]. En 1519, il a un fils de sa maîtresse, Elizabeth Blount, à qui il donne le nom révélateur d'Henry FitzRoy. En 1525, le roi prend d'ailleurs l'initiative très inhabituelle de conférer rien moins que le titre de duc de Richmond au bâtard… C'est vraisemblablement vers 1525 ou 1526 qu'Henri VIII tombe éperdument amoureux d'une des suivantes de la Reine, une certaine Anne Boleyn.

En 1527, le roi, toujours privé d'héritier mâle légitime, entame l'interminable procédure en vue d'obtenir l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon. Les débats, qui mobilisent tout ce que l'Europe compte de juristes et de théologiens, durent pendant près de 6 longues années. Désespérant d'obtenir une réponse favorable de Rome, Henri prend les devants. Le , Catherine apparaît au tribunal, s'agenouille devant son mari et tient un discours en présence du peuple anglais, auprès duquel elle conserve une grande popularité[3] : « Depuis plus de 20 ans désormais, je me suis montrée votre épouse, grâce à moi vous avez eu plusieurs enfants, bien qu'il ait plu à Dieu de les arracher à notre monde, ce qui n'était certainement aucunement de ma faute. Lorsque vous m'avez épousée, Dieu pourra être témoin, j'étais encore une jouvencelle, je n'avais connu aucun homme, et que cela soit vrai ou non, je m'en remets à votre conscience. Ainsi donc, je vous demande humblement de m'épargner l'extrémité à laquelle se pose ce nouveau tribunal ». Malgré cela, le Roi répudie Catherine en 1532, contre l'avis d'Eustache Chappuis, ambassadeur de l'empereur et roi d'Espagne Charles Quint, neveu de la reine, [4] et la volonté du Pape Clément VII qui lui oppose un refus définitif, ce qui est directement à l'origine du schisme d'Angleterre et de la création de l'Église anglicane. L'annulation du mariage, appelée communément « divorce royal » (le divorce n'existe pas à l'époque), refusée par le pape Clément VII, est prononcée par Thomas Cranmer, nouvel archevêque de Cantorbéry. Le roi peut ainsi épouser Anne Boleyn vers le [5].

Catherine d'Aragon, réalisé vers 1525/26.

Reine consort d'Angleterre

Durant son règne, Catherine passera une partie de sa vie dans le jeûne, la prière et le recueillement. Elle visitait les hôpitaux, les monastères et distribuait de nombreuses aumônes. On la voyait avec les dames de la cour ; elle les invitait au travail.

Personnalité et physique

Catherine d'Aragon représentée en Marie Madeleine.

Enfant et adulte, Catherine a hérité de sa mère des cheveux blonds et longs, des yeux bleus, une peau claire et épaisse sans être grasse. Elle avait une grande personnalité : c'était une femme intelligente, avec une grande morale, déterminée, douce, forte et saine, pieuse, spirituelle et charitable envers les classes les plus pauvres. Thomas More a écrit ce qu'il pensait de la reine : « Ah, mais la dame, croyez en ma parole, aimait le cœur de chacun (…) Elle possède toutes les qualités qui constituent la beauté d'une belle jeune femme. Partout (…) reçoit les éloges. »

La relégation

Catherine est confinée au château de Kimbolton (Cambridgeshire). Pendant sa retraite, elle composa des livres de dévotions. Elle lisait les méditations sur les psaumes et le traité des plaintes du pêcheur qui expriment des sentiments de calme et de résignation. Dans l'esprit de cette femme qui exprime des peines secrètes, cela conduira à un état de langueur puis jusque dans le tombeau, le , abandonnée de tous. Elle est enterrée comme princesse de Galles et non comme reine par Scarlett Robert le .

Des rumeurs courent, prétendant qu'elle est morte empoisonnée. Des examens plus récents suggèrent un cancer.

La reine Anne Boleyn, qui l'a supplantée, ne lui survit que de quatre mois. Elle est rejetée pour les mêmes raisons dynastiques et décapitée le . Sa fille sera également reine sous le nom d'Élisabeth Ire et succédera directement à la fille de Catherine, Marie.

La tombe de Catherine d'Aragon dans la cathédrale de Peterborough (Cambridgeshire).

Titulature

Née Infante de Castille et Infante d'Aragon, Catherine porta durant sa vie différents titres liés à sa situation matrimoniale. À la suite de l'annulation de son mariage avec Henri VIII, elle porta le titre de princesse douairière de Galles en tant que veuve d'Arthur Tudor.

Elle porta successivement les titres de :

  • Infante Catherine de Castille et d'Aragon (14851501)
  • Son Altesse Royale la Princesse de Galles (15011502)
  • Son Altesse Royale la Princesse douairière de Galles (15021509)
  • Sa Majesté la Reine d'Angleterre (15091533)
  • Son Altesse Royale la Princesse Douairière de Galles (15331536)

Ascendance

Postérité

À l'écran

La rose et la grenade, emblème de Catherine d'Aragon.

En musique

En littérature

  • The Constant Princess (en) (2005), roman de Philippa Gregory. Version romanesque de la vie de Catherine d'Aragon à partir de son arrivée en Angleterre pour épouser Arthur Tudor.

Notes et références

  1. ou 7 juin .
  2. Michel Duchein, Élisabeth Ire d'Angleterre, Fayard, p. 15.
  3. Philippe Erlanger, Henri VIII, Perrin 1982, rééd. 2002 p. 141.
  4. Charles Quint est le propre neveu de Catherine d'Aragon.
  5. Michel Duchein, op. cit., p. 21.

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • Adélaïde-Gillette Dufrénoy, Biographie des jeunes demoiselles ou vies des femmes célèbres depuis les hébreux jusqu'à nos jours, Paris, A. Eymery, 1816.

Articles connexes

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