Canal de Lalinde

Le canal de Lalinde est un canal latéral à la Dordogne, long de 15 km et situé en amont de Bergerac.

Canal de Lalinde

Le canal de Lalinde dans sa traversée
de Saint-Capraise-de-Lalinde.
Géographie
Pays France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Dordogne
Communes Mauzac-et-Grand-Castang, Lalinde, Baneuil, Saint-Capraise-de-Lalinde, Mouleydier
Début Mauzac
44° 51′ 46″ N, 0° 47′ 58″ E
Fin Tuilières
44° 50′ 49″ N, 0° 37′ 48″ E
Caractéristiques
Longueur 15 km
Altitudes Début : 44 m
Fin : 19 m
Dénivelé 25 m
Alimentation Dordogne
Histoire
Année début travaux 1838
Année d'ouverture 1843

Présentation

Depuis le cingle de Trémolat jusqu'à Bergerac, la navigation sur la Dordogne était difficile à cause des redoutables rapides du Grand Thoret (entre La Guillou et Lalinde), de la Gratusse (en aval de Lalinde) et du Gratussou (les malpas : les mauvais passages), des passages rocheux. De plus, « des riverains s'appropriaient la rivière, y installant leurs pêcheries, leurs moulins et des constructions les plus diverses »[1]. Au saut de la Gratusse vivait, selon la légende locale, un monstre : le coulobre de Lalinde[2]. Ce dragon vivait « dans une caverne sur une colline de la rive gauche de la Dordogne. Il dévorait moutons, bergers et bateliers ; il asséchait la rivière en y buvant, une patte posée sur chaque rive et la queue plongée dans l'eau... Un jour, saint Front parvint à le tuer et, depuis, les rochers sont teintés de rouge »[3].

Le creusement de ce canal de dérivation de la Dordogne est décidé en 1837. Les plans sont confiés à l'ingénieur Vauthier et les travaux adjugés à des entrepreneurs de Bordeaux. Le canal est creusé de 1838 à 1843 et ouvre en 1844, année voyant passer les premières gabares et s'organiser la vie batelière. Le roi Louis-Philippe Ier se plaignit cependant de son coût : « Mais le canal de Lalinde, on le pave donc avec des pièces de cent sous ! »[1].

Il va du village de Mauzac (en aval du cingle de Trémolat) jusqu'à Tuilières (commune de Mouleydier), comprend neuf écluses dont trois écluses simples (Mauzac, Lalinde et la Borie-Basse) et se termine par un groupe de deux écluses triples à Tuilières. Ce groupe d'écluses est un ouvrage spectaculaire et remarquable. Le canal est également équipé de cinq maisons d’éclusiers, sept ponts, des pigeonniers.

Il traverse les villages de Mauzac, Sauveboeuf, Lalinde, Port-de-Couze, Saint-Capraise-de-Lalinde et Tuilières.

De nombreux ouvrages remarquables, dont certains sont inscrits aux monuments historiques, le jalonnent. D'amont vers l'aval se trouvent :

  • le site de Mauzac (écluse, aqueduc d'alimentation et maison éclusière)[4] ;
  • l'aqueduc et pont-déversoir de la Tuilerie de Villeneuve (le ruisseau de Drayaux passe sous le canal à Sauveboeuf)[5] ;
  • le bassin de Lalinde et son écluse[6] ;
  • le bassin de Port-de-Couze ;
  • l'écluse de la Borie-Basse à Baneuil[7] ;
  • le petit pont-canal de Saint-Capraise-de-Lalinde[8] ;
  • le bassin de stationnement de Saint-Capraise-de-Lalinde[9] ;
  • le bassin de radoub de Saint-Capraise-de-Lalinde (lieu-dit Tuilières)[10] ;
  • le site de Tuilières à Mouleydier (petit bassin, écluses et barrage de Tuilières)[11].

L'alimentation en eau s'effectue par le barrage de Mauzac via un aqueduc d'alimentation.

Le gabarit admis est de 29 m sur 6.

Ce canal a été utilisé jusqu'à la Seconde Guerre mondiale malgré la concurrence du chemin de fer à partir de 1879.

Le , un décret supprime la Dordogne de la liste des voies navigables, en amont de Saint-Pierre-d'Eyraud. Cela signifie que les ponts et chaussées et l'État se désengagent de l'entretien des ouvrages.

La « Société anonyme du canal de Lalinde » est créée par les entreprises riveraines comme les industriels du papier ou les minotiers qui veulent assurer leur approvisionnement en eau.

Le , lors du passage du Tour de France à Port de Couze, un camion citerne percute la foule, tuant huit spectateurs et en blessant treize. De nombreuses années plus tard, le canal a été busé à cet endroit, interdisant désormais le passage des gabares.

Un décret de 1992 concède l'ensemble de l'ouvrage, qui dépend du ministère des Transports, au « Syndicat intercommunal du canal de Lalinde ».

En , après les travaux financés par les cinq communes riveraines pour bâtir trois passerelles et deux pontons, la portion de quatre kilomètres entre Port-de-Couze et Saint-Capraise-de-Lalinde est de nouveau reconnue navigable par décret ministériel[12].

Présentant un grand intérêt touristique dans cette région, l'exploitation de la promenade sur ce tronçon, qui serait déléguée à un opérateur privé, pourrait démarrer à l'été 2015[12].

Début 2016, des travaux sont entrepris pour refaire l'étanchéité du pont-canal de Saint-Capraise-de-Lalinde et remplacer la double porte no 5 de l'escalier d'écluses de Tuilières[13].

Galerie de photos

Notes et références

  1. Annie-Paule Félix et Christian Félix, La Dordogne autrefois, Horvath, 1993, p. 85
  2. Adrien Vergnolle, « Le long du canal, l’autre Dordogne », Sud Ouest, 12 août 2010.
  3. Éloïse Mozzani, Légendes et mystères des régions de France, Robert Laffont, 2015, p. 123.
  4. « Site de Mauzac », notice no PA24000006, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  5. « Aqueduc et pont-déversoir de la Tuilerie de Villeneuve », notice no PA24000005, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  6. « Écluse et bassin de Lalinde », notice no PA24000004, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  7. « Écluse de la Borie-Basse », notice no PA24000001, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  8. « Pont-canal de Saint-Capraise-de-Lalinde », notice no PA24000008, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  9. « Bassin de stationnement de Saint-Capraise-de-Lalinde », notice no PA24000010, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  10. « Bassin de radoub de Saint-Capraise-de-Lalinde », notice no PA24000009, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  11. « Site de Tuilières », notice no PA24000007, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 9 novembre 2010.
  12. Émilie Delpeyrat, « Enfin navigable », Sud Ouest édition Dordogne, 1er septembre 2014, p. 11.
  13. Thomas Dusseau, « Le canal en chantier », Sud Ouest édition Dordogne, 26 février 2016, p. 13.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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