Bréviaire d'Alaric
Le Bréviaire d'Alaric (latin : breviarium alarici ou breviarium alaricianum, c'est-à-dire abrégé d'Alaric), appelé aussi code Alaric, est un recueil de droit romano-germain promulgué par le roi wisigoth Alaric II, en 506 à Aire-sur-l’Adour[1].
Droit romano-germain
Nommé en référence à | Alaric II |
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Type de document | Recueil de lois (d) |
Année | |
Basé sur | Code de Théodose, Institutes, Code Grégorien et Code Hermogénien |
Cette dénomination n'apparaît qu'au XVIe siècle pour remplacer lex romana visigothorum. Il s'agit principalement d'une compilation et d'une interprétation du Code de Théodose (438), faite par Anien destinée aux sujets gallo-romains et romano-hispaniques des Wisigoths.
Une portée controversée
Une interprétation wisigothique et rénovée du droit
Ce document marque une étape importante dans l'histoire du droit, puisqu'il offre une interprétation contemporaine du droit romain qui était en vigueur dans l'empire au Ve siècle à l'initiative d'un souverain barbare et dans un contexte de personnalité des lois.
Cette interpretatio, placée en marge de résumés ou d'extraits des textes juridiques et constitutionnels romains, constitue un commentaire officiel, qui se fonde principalement sur la pratique du droit au début du VIe siècle. Par ce biais, au contraire du roi des Francs et à l'instar des rois burgondes, le roi wisigoth ne se contente pas de laisser en application le droit théodosien, mais il le modifie. C'est dans cet esprit que le Bréviaire est d'abord composé par des juristes, à Aire, alors capitale du royaume. Il est ensuite approuvé par les notables gallo-romains, ecclésiastiques et laïques, avant d'être promulgué par le roi Alaric II.
Une opération de séduction politique
Certains historiens pensent aujourd'hui que le Bréviaire d'Alaric serait une pure opération de propagande destinée à obtenir l'adhésion des populations gallo-romaines, alors qu'Alaric II ne pouvait pas se targuer, comme Clovis, de s'être converti au catholicisme, mais restait arien. Ce point de vue modère l'intention écrite dans le Commonitorium qui introduit les lois : « corriger tout ce qui est injuste dans les lois. »
Postérité du Bréviaire d'Alaric
Après la conquête d'une partie du territoire des Wisigoths par le roi des Francs, à la suite de la victoire de Vouillé, par Clovis, le Bréviaire d'Alaric fut rendu applicable par ce dernier à tous ses sujets en Gaule. Le succès du Bréviaire apparaît dans le nombre important de manuscrits qui nous sont parvenus et dans les canons conciliaires et traités de juristes qui y font référence[2]. Il demeura le texte de lois romaines le plus répandu jusqu'au XIe siècle notamment en Auvergne, au moment de la renaissance bolonaise du droit, quand furent découvertes en Occident les Compilations de Justinien et fondée l'université de Bologne.
Composition
Le Bréviaire est composé :
- d'extraits ou résumés du Code Théodosien et des Novelles de Théodose II, Valentinien III, Marcien, Majorien et Sévère ;
- d'extraits ou résumés des œuvres des principaux jurisconsultes romains du IIe siècle, notamment le Liber Gai et des extraits des Sentences de Paul ;
- d'extraits de deux recueils non officiels de constitutions impériales, le code Grégorien et le code Hermogénien.
- Des Interpretationes provenant d'une œuvre tardive perdue composée en Gaule au Ve siècle.
Éditions imprimées
- Gustav Haenel, éd., Lex romana Wisigothorum, Berlin-Leipzig, 1847-1849 (reproduit par Scientia, Aalen, 1962).
Manuscrits
Liste non exhaustive :
- Manuscrit 201 de la bibliothèque du Patrimoine à Clermont-Ferrand, IXe ou Xe[3], probablement deuxième moitié du Xe siècle[4].
- Manuscrit 375 de la bibliothèque municipale de Lyon, IXe ou Xe siècle[5].
- Manuscrit H 24 de la bibliothèque interuniversitaire (section Médecine) à Montpellier, VIIIe siècle[6].
- Manuscrit H 136 de la bibliothèque interuniversitaire (section Médecine) à Montpellier, IXe ou Xe siècle[7],[8].
- Manuscrit Clm 22501 de la Bayerische Staatsbibliothek à Munich, VIe siècle[9].
- Manuscrit latin 4404 de la Bibliothèque nationale de France à Paris (en), IXe siècle[10],[11].
Notes et références
- dir. par Michel Rouche et Bruno Dumézil, Le bréviaire d'Alaric : aux origines du Code civil, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, (ISBN 978-2-84050-606-5 et 2-84050-606-8, OCLC 423574478, lire en ligne)
- Jean-Philippe Gaudemet, « Le droit romain dans la pratique et chez les docteurs aux XIe et XIIe siècles », Cahiers de Civilisation Médiévale, vol. 8, no 31, , p. 365–380 (DOI 10.3406/ccmed.1965.1350, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Clermont-Ferrand, Bibliothèque Municipale, 201 – Bibliotheca legum » (consulté le )
- Christian Lauranson-Rosaz, « Le Bréviaire d’Alaric en Auvergne : le Liber legis doctorum de Clermont (MS 201 [anc. 275] de la B.M.I.U. de Clermont-Ferrand) » dans : Michel Rouche et Bruno Dumézil (dir.), Le Bréviaire d’Alaric. Aux origines du Code civil (2008)
- (en) « Lyon, Bibliothèque Municipale, 375 – Bibliotheca legum » (consulté le )
- Alain Dubreucq « Le Bréviaire d'Alaric de Couches-Les-Mines et l'influence aquitaine en Burgondie » dans : Michel Rouche et Bruno Dumézil (dir.), Le Bréviaire d’Alaric. Aux origines du Code civil (2008)
- (en) « Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire (Section Médecine), H 136 – Bibliotheca legum » (consulté le )
- (de) Hubert Mordek, Bibliotheca capitularium regum Francorum manuscripta. Überlieferung und Traditionszusammenhang der fränkischen Herrschererlasse, Munich, MGH, , p. 276-280
- « Breviarium Alarici vel Lex Romana Wisigothorum - BSB Clm 22501 - BSB-Katalog », sur opacplus.bsb-muenchen.de (consulté le )
- (en) « Paris, Bibliothèque Nationale, Lat. 4404 – Bibliotheca legum » (consulté le )
- « France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 4404 (Biblissima) | Biblissima », sur portail.biblissima.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Michel Rouche (dir.) et Bruno Dumézil (dir.), Le Bréviaire d’Alaric. Aux origines du Code civil, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, coll. « Cultures et civilisations médiévales » (no 44), , 371 p. (ISBN 978-2-84050-606-5, lire en ligne)
- Jean Gaudemet, « Bréviaire d'Alaric », Dictionnaire de l'Antiquité, dir. Jean Leclant, Presses Universitaires de France, 2005.
- Renzo Lambertini, La codificazione di Alarico II, G. Giappichelli, Turin, 1991.
- Álvaro d'Ors, « Alarico II », IURA, 41, 1990, pp. 163-168.
- Jean Gaudemet, Le Bréviaire d'Alaric et les Epitome, IRMAE, I, 2, b, aa., 1965.
- Gustav Hänel (dir.), Lex Romana Visigothorum, Leipzig, (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Édition en ligne du code Théodosien, livres I-XVI (en anglais) sur le site de l'université George Mason (Virginie, États-Unis).
- Manuscrit original du Bréviaire d'Alaric à voir sur la bibliothèque numérique Overnia de la Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand, MS 201, Pauli Liber legis doctorum (Bréviaire d'Alaric).
- Leges Wisigothorum : transcription du latin dans les M.G.H. (1902) ; texte numérisé disponible sur le site de la BNF.
- et : le Bréviaire d'Alaric de Clermont (images du manuscrit 201 de la Bibliothèque municipale de Clermont ; Xe siècle ; présentées sur le site de la Faculté de Droit et de Science Politique de Clermont-Ferrand).
- A Handbook For Alaric's Codification, essai en anglais de José-Domingo Rodríguez-Martín (Madrid Complutense, 1999).
- Bréviaire d'Alaric II. Extrait d'Histoire de l'Aquitaine de M. de Verneilh-Puiraseau, 1822.
- Édition de Gustavo Haenel sur le site de la Roman Law Library, tenu par Yves Lassard & Alexandr Koptev (Leges Romanae Barbarorum).
- Informations sur la Lex Romana Visigothorum sur le site de la Bibliotheca legum. A database on Carolingian secular law texts (allemand et anglais).
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