Boulevard du Temple

Le boulevard du Temple est un boulevard parisien séparant le 3e arrondissement du 11e.

3e, 11e arrts
Boulevard du Temple

Vue du boulevard du Temple vers le nord.
Situation
Arrondissements 3e
11e
Quartiers Folie-Méricourt
Enfants-Rouges
Début 25, rue des Filles-du-Calvaire
Fin 1, place de la République
Morphologie
Longueur 405 m
Largeur 36,50 m
Historique
Création 1656
Géocodification
Ville de Paris 9157
DGI 9190
Géolocalisation sur la carte : Paris
Images sur Wikimedia Commons

Situation et accès

Il fait partie de la chaîne des Grands Boulevards constituée d'ouest en est par les boulevards de la Madeleine, des Capucines, des Italiens, Montmartre, Poissonnière, Bonne-Nouvelle, Saint-Denis, Saint-Martin, du Temple, des Filles-du-Calvaire et Beaumarchais.

Il s'étend de la place de la République à la place Pasdeloup.

Pour un article plus général, voir Boulevards parisiens.

Ce site est desservi par les stations de métro Filles du Calvaire et République.

Origine du nom

Il porte le nom de la Maison du Temple dont l'enclos était à proximité, l'ordre des Templiers ayant été propriétaire des terrains alentour.

Historique

Orientation suivant le contour de l'ancien bastion du Temple des numéros 42 à 48

Le boulevard du Temple a été ouvert entre 1656 et 1705 à travers le bastion du Temple de l'enceinte de Charles V, détruite sous Louis XIV. Ses numéros impairs épousaient la forme arrondie du contour extérieur de cet ancien bastion. Les numéros 42 à 48 ont conservé cette orientation, les immeubles suivants vers la place de la République ayant été reconstruits en alignement lors de l'aménagement de cette place ce qui explique le décrochement entre les numéros 48 et 50[1].

De Louis XVI à la monarchie de Juillet, le boulevard du Temple connaît une grande vogue populaire : baptisé alors « boulevard du Crime », c'est un lieu de promenade et de divertissements, concentrant de nombreux cafés et théâtres situés précédemment aux foires Saint-Laurent et Saint-Germain.

C'est sur ce boulevard que, le 28 juillet 1835, Giuseppe Fieschi perpètre un attentat contre le roi Louis-Philippe, qui échoue mais fait 18 morts et 23 blessés.

Il y trouvait, dans la première moitié du XIXe siècle, un grand nombre de théâtres particulièrement côté des numéros pairs : le Café des Mousquetaires, le Théâtre-Historique devenu le Théâtre-Lyrique, les Folies-Dramatiques, le Cirque-Olympique qui s'appela également le Théâtre-Impérial, théâtre de la Gaîté, théâtre des Funambules, théâtre des Délassements-Comiques et théâtre Lazari[2],[3]. Entre chaque théâtre, il y avait un café dont trois sont devenus célèbres[4] :

  • le Café des Mousquetaires, principalement fréquenté par « le populo, les artistes qui venaient après le théâtre y souper à bon marché, d'ouvriers, d'étudiants et de provinciaux »
  • le Café de l'Épi-Scié, qui avait été construit sur l'emplacement ou s'illustrèrent Bobèche et Galimafré. Situé dans un sous-sol, la police y faisait régulièrement des rafles. « C'était le rendez-vous de la lie du boulevard, le rendez-vous des « chevaliers du surin »[5] des caroubleurs, des marchands de contre-marques, des lutteurs de foire. Là se combinaient les vols et les assassinats ».
  • le Café d'Achille, surnommé Café de la Basse-Grèce où Café de l'Allumage, était fréquenté par les « grecs » qui opéraient dans des tripots tenus par des marchands de vins où des cafés borgnes pour se vendre où acheter des dupes; Lorsqu'un provincial flânait devant les théâtres, il était abordé par un « dénicheur ». Ce dernier mettait le « pigeon » aux enchères aux « grecs ». Le prix payé, le « grec » donnait rendez-vous au « pigeon » pour le soir afin de le présenter dans le monde. Là il se faisait plumer, par les « canards » et les « poules ». Charles Virmaître indique que plusieurs assassins furent arrêtés dans ce café[3].

Des établissements de loisirs étaient également implantés du côté des numéros impairs

  • le Café Turc, rendez-vous des élégants et des élégantes à l'emplacement de l'actuel numéro 31 à l'angle de la rue Charlot [6]
  • Le cadran bleu en face de l'autre côté de la rue Charlot.
  • La rotonde de Paphos à l'angle de la rue du Temple, salles de danse, lieu de plaisirs et de jeux ouvert en 1797 à l'emplacement de l'hôtel de Vendôme vendu comme bien national. Cet hôtel particulier édifié au début du XVIIIe siècle pour le grand prieur de la maison du Temple Philippe de Vendôme, également nommé « hôtel de l'hôpital » en référence avec l'ordre des hospitaliers du Temple avait été vendu comme bien national. Les jardins annexes de la ronde, les jardins des princes s'étendaient le long du boulevard. La rotonde ferme sous la Restauration remplacée par des boutiques puis par le passage de Vendôme. Son site a disparu lors de la création de la place de la République[7].
  • Le jeu de paume du Comte d'Artois construit en 1780 par l'architecte François-Joseph Bélanger remplacé en 1852 par le théâtre « Les Folies bergères », actuel Théâtre Déjazet[8].

Les transformations haussmanniennes ont radicalement modifié cette partie du Marais et il ne reste aujourd'hui des théâtres de jadis que le théâtre Déjazet, ceux situés sur les numéros impairs ayant été rasés lors de la création de l'actuelle place de la République, agrandissement de l'ancienne place du Château d'eau.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Quelques anciens théâtres du boulevard du Temple

Hôtel de Chabannes

Cet hôtel particulier (1758-1760, détruit), a été mis en chantier en , construit pour Jacques Chabannes, conseiller à la seconde chambre des requêtes du Parlement de Paris. La façade de l'hôtel faisait face au boulevard du Temple. Selon Dezallier d'Argenville, ce fut la première construction parisienne de Pierre-Louis Moreau-Desproux[10].

Véritable manifeste du style « à la grecque », et l'un des premiers édifices néoclassiques, au moment même où Chevotet construisait, à l'autre extrémité du boulevard, le pavillon de Hanovre, ultime témoignage du style rocaille. Sous la corniche, l'architecte avait remplacé les denticules par des frettes et, entre les étages, il avait développé une frise de grecques, comme le firent au même moment Trouard dans sa maison du faubourg Poissonnière et Chalgrin dans son projet pour le prix de Rome. L'abbé Laugier critiqua ces innovations en 1765 dans ses Observations sur l'architecture :

« L'architecte qui a donné les plans de la maison de M. de Chavanes, au coin de la porte du Temple, a montré au public qu'on peut dans un petit espace exécuter les choses en grand. Si au lieu de pilastres il avait mis des colonnes. Si le denticule de la corniche n'était pas à bâtons rompus ; si le même ornement n'était pas répété sur la plinthe qui répare les étages ; si cette plinthe était supprimée ; si les bandeaux des fenêtres d'en-haut étaient raccordés avec ceux des fenêtres d'en-bas, ce morceau serait cité comme un modèle. Tel qu'il est il prouve le mérite de son auteur, et annonce de sa part un génie fait pour aller au grand[11]. »

Notes et références

  1. Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris, Paris, Parigramme, , 246 p. (ISBN 2 84096 322 1), p. 113
  2. Les grandes salles du Boulevard du Temple
  3. Charles Virmaître : Paris oublié
  4. Théodore Faucheur : Histoire du boulevard du Temple : depuis son origine jusqu'à sa démolition
  5. chevalier du surin
  6. Frederick Nash : Boulevard du Temple. Le Café Turc
  7. Philippe Sorel, Vie et histoire IIIe arrondissement, Paris, éditions Hervas, , 160 p. (ISBN 2-903118-22-1), p. 66
  8. Alexandre Gady, Le Marais, Paris, éditions Carré, , 326 p. (ISBN 2 908393 09 3), p. 245
  9. « Le boulevard du Temple », niepce-daguerre.com.
  10. Le projet de Moreau-Desproux, annexé au devis reçu par Me Davier, notaire, le , a brûlé avec les minutes de son étude en 1871. Deux dessins au lavis de l'élévation sur le boulevard existent au musée Carnavalet et dans la collection Wrightsman. Ils ont été publiés par Michel Gallet en 1961 Dessins de Pierre-Louis Moreau-Desproux pour des édifices parisiens », Bulletin du musée Carnavalet) et 1972 (Paris Domestic Architecture of the 18th Century, Londres, Barrie & Jenkins).
  11. Marc-Antoine Laugier, Observations sur l'architecture, La Haye et Paris, Saillant, , 326 p. (lire en ligne), p. 88.

Article connexe

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