Boogie-woogie (musique)

Le boogie-woogie est un style pianistique propre au jazz, consistant à jouer le blues primitif sur un rythme rapide, en le ponctuant d'une formule d'accompagnement constante par le jeu de la main gauche qui frappe la même mesure en triolets.

Pour les articles homonymes, voir Boogie-woogie.

Boogie-woogie
Dudlow Joe
Origines stylistiques Blues
Swing
Jazz
Country
Origines culturelles population noire ségrégée des États-Unis
Début des années 1920
Instruments typiques Piano solo (racine), big band
Popularité Développement dans les années 1930
pic dans les années 1940
persistance en tant que base de beaucoup d'autres musiques

Fondement musical

Notes bleues du mode du blues, également utilisé en boogie-woogie

Le boogie-woogie[1] suit la structure harmonique du blues à 12 mesures[2], utilisant principalement les degrés I, IV et V, soit do, fa et sol dans la tonalité de do[Quoi ?]. Les douze mesures s'enchaînent généralement selon la séquence suivante : I - I - I - I - IV - IV - I - I - V - IV - I - I.

La mesure est en
.ou en 8/8

Le rythme de base du boogie-woogie est donné par la basse, qui s'inspire du jeu des basses de la guitare blues. Généralement interprété dans le registre grave, la basse est un ostinato joué en croches (eight-to-the-bar, soit « 8 notes par mesure »)[3]. Les pianistes utilisent parfois un jeu alternant basses et accords dans le milieu du piano (« stride bass »), technique apparue dans le ragtime,[4].

La mélodie, est jouée par la main droite au piano, elle se développe en des variations improvisées sur une trame rythmico-harmonique.

Histoire

Origines

Le boogie-woogie est la seule musique de piano spécifiquement issue du blues[5].

Au début du XXe siècle, au Texas, des pianistes noirs développent, une forme plus rapide et rythmée du blues[6], qu'ils jouent dans les barrel house et honky tonk du Texas[3].

Lors de la Grande migration afro-américaine durant les années 1920 à 1930 vers les grandes villes industrielles du nord, les pianistes des barrel house vont suivre le mouvement pour s'installer notamment à Chicago, Détroit, New York. Pour faire face à la pauvreté et arrondir leur fin de mois, des afro-américains organisent des "house rent party"[7] (réunions de loyer) où s'illustrent des pianistes de boogie[8], [9].

Le premier boogie enregistré est The Rocks de George W. Thomas en 1923[10], mais c'est avec Clarence « Pine Top » Smith que l'expression "boogie-woogie" apparaît, avec l'enregistrement en 1928[11] de Pinetop's Boogie Woogie[4], [12]. À la suite de cet enregistrement, le terme de boogie-woogie devient un mot générique pour désigner les divers morceaux de ce style de musique facilement reconnaissable.

L'origine du mot "boogie-woogie" est une référence au rythme que font les roues des trains (tadam… tadam… tadam…)[13].

Développement

Les premiers pianistes du boogie-woogie se font connaître dans les environs de Chicago et à Kansas City dans les années 1920, comme Jimmy Blythe (Chicago Stomp, 1924), Cow Cow Davenport, Jimmy Yancey, Cripple Clarence Lofton (en), Charlie Spand, Montana Taylor (en) et Clarence « Pine Top » Smith.

Dans les années 1930, le producteur John Hammond révèle de nouveaux pianistes de ce style : Meade Lux Lewis (Honky Tonk Train Blues), Albert Ammons (Boogie Woogie Stomp) et Pete Johnson (Roll 'Em Pete).

Le , John Hammond organise pour un concert baptisé From Spirituals to Swing au Carnegie Hall de New York[4],[14] où, à côté de Count Basie et Big Joe Turner, figurent au programme Albert Ammons, Pete Johnson et Meade Lux Lewis[15]. Le boogie-woogie franchit alors la barrière des "races" et des genres. Peu à peu, les pianistes de jazz intègrent dans leur répertoire un ou deux boogie-woogies : Count Basie (Boogie Woogie), Earl Hines (Boogie Woogie On St. Louis Blues), Art Tatum (St. Louis Blues), Mary Lou Williams (Roll 'Em), Lionel Hampton et Milt Buckner (Hamp's Boogie Woogie), etc. Mary Lou Williams qui, selon ses dires, écrit le premier boogie-woogie pour big band : Roll'Em, composé pour Benny Goodman vers 1937[16]. D'autres big bands s'y mettent à leur tour, tels Glenn Miller ou Tommy Dorsey[17]. Le boogie-woogie est également adapté au chant (The Andrews Sisters, Ella Fitzgerald, The Ink Spots, Cow Cow Boogie) ou à la guitare (T-Bone Walker, T-Bone Boogie, ou les multiples versions de Guitar Boogie d'Arthur Smith à Tommy Emmanuel[18] en passant par The Shadows[19] et Matt Murphy[20]).

En 1946, Choo Choo Ch'Boogie par le Tympany Five dirigé par le saxophoniste et chanteur Louis Jordan reste pendant 18 semaines au top[21] et qui se vend en plus d'un million d'exemplaires[22].

L'héritage

La tradition du boogie-woogie reste vivante dans le blues de Chicago et chez quelques pianistes contemporains qui se spécialisent dans ce style.

Le rythme boogie-woogie a fortement influencé les débuts de rock 'n' roll[23], [3].

Des groupes de rock comme Canned Heat[24], ZZ Top (Tube Snake Boogie (en)) ou Status Quo[13] se réclament du boogie.

Artistes de boogie-woogie

Artistes de Hard Boogie

Festivals de boogie-woogie

Quelques festivals se consacrent au boogie-woogie :

Notes et références

  1. (en) « Boogie-woogie », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  2. (en) « Style Sheets — Boogie Woogie », sur Jazz in America (Thelonious Mong Institute of Jazz)
  3. « BOOGIE-WOOGIE - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  4. (en) « Boogie-woogie », sur britannica.com (consulté le ).
  5. (en-US) « A definition of boogie-woogie », sur www.oldmagazinearticles.com (consulté le )
  6. (en) « History of Boogie Woogie », sur nonjohn.com (consulté le )
  7. (en-US) Jered 14 February 2013 February 3rd et 2017, « House Rent Parties : The Vintage Swing & Blues Era », sur Jered Morin, (consulté le )
  8. Dany Ochs, « Les musiciens typés du Boogie Woogie », sur Les Rois du Jazz (consulté le )
  9. (en) « Boogie Woogie: Definition, History, Music & Songs », sur Study.com (consulté le )
  10. (en-US) « George W. Thomas », sur PianoBluesReview.com (consulté le )
  11. (en) « Definition of BOOGIE-WOOGIE », sur www.merriam-webster.com (consulté le )
  12. (en) « Mr. Boogie Woogie, "Pine Top" Smith », sur African American Registry (consulté le )
  13. Mémoires de Guerre, « Boogie-Woogie », sur Rolling Stones Stories (consulté le )
  14. (en) « Boogie Woogie Press Barrelhouse to Carnegie », sur www.colindavey.com (consulté le )
  15. (en) « Various - From Spirituals To Swing - The Legendary 1938 & 1939 Carnegie Hall Concerts Produced By John Hammond », sur Discogs (consulté le )
  16. (en-US) « Mary Lou Williams: Jazz for the Soul | Smithsonian Folkways Magazine », sur Smithsonian Folkways Recordings (consulté le )
  17. « Boogie Woogie », sur dancefans.cultu.be (consulté le )
  18. (en) « Guitar Boogie’: Watch Tommy Emmanuel Shred on this Acoustic Classic », sur acousticguitar.com, (consulté le )
  19. (en) The Shadows : Guitar Boogie (Tab) (lire en ligne)
  20. (en-US) Richard Sandomir, « Matt Murphy, Master of Blues Guitar, Is Dead at 88 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  21. « Biographie de Louis Jordan », sur Universal Music France (consulté le )
  22. (en-US) « Louis Jordan », sur TeachRock (consulté le )
  23. (en-US) « 1940s musicians laid the cornerstone for rock 'n' roll », sur Goldmine Magazine, (consulté le )
  24. « Canned Heat - Boogie with Canned Heat », sur Light In The Attic Records (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • William Karlen, Anthologie du Jazz classique : la synthèse d'un demi-siècle de swing, Sierre, éditions à la carte, , 322 p. (ISBN 978-2-88464-157-9), auto-édition.
  • (en) Peter J. Silvester, The Story of Boogie-Woogie : A Left Hand Like God, Lanham (États-Unis), Scarecrow Press, , 438 p. (ISBN 978-0-8108-6924-0, lire en ligne).

Liens externes

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