Ella Fitzgerald

Ella Fitzgerald est une chanteuse de jazz américaine, née le à Newport News (Virginie) et morte le à Beverly Hills (quartier de Los Angeles).

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Ella Fitzgerald
Ella Fitzgerald en concert en 1947, avec Dizzy Gillespie, Ray Brown, et Milt Jackson, au Downbeat Jazz Club de New York.
Informations générales
Surnom The First Lady of Song
Nom de naissance Ella Jane Fitzgerald
Naissance
Newport News, Virginie, États-Unis
Décès
Beverly Hills, Californie, États-Unis
Activité principale Chanteuse
Genre musical Jazz, swing, scat, bebop, blues, rhythm and blues, gospel
Instruments Piano
Années actives 1934 à 1993
Labels Capitol, Decca, Pablo,
Reprise, Verve
Influences Maxine Sullivan
Bessie Smith
Site officiel www.ellafitzgerald.com

Issue d'un milieu modeste, elle commence très jeune à chanter à l'Apollo Theater de Harlem (New York) en 1934. Sa carrière solo débute en 1941 et dure jusqu'au début des années 1980. Elle a également une carrière d'actrice dans plusieurs films des années 1940 à 1960. Durant le début de sa carrière artistique, elle est confrontée aux discriminations contre les Noirs, qui mobilisent alors de nombreux artistes.

Elle est considérée, avec Sarah Vaughan, Nina Simone et Billie Holiday, comme l'une des plus importantes et célèbres chanteuses de jazz de l'histoire de ce genre musical, avec une tessiture de trois octaves, remarquable pour la pureté de sa voix et sa capacité d'improvisation, particulièrement en scat. D'abord surnommée « The First Lady of Swing »[1], elle hérite du titre de Jazz Royalty « The First Lady of Song » après l'apogée du swing (littéralement « La Première Dame de la chanson », mais souvent traduit par « La Grande Dame du jazz »), avec 70 albums vendus à 40 millions d'exemplaires en près de 60 ans de carrière, et 14 Grammy Awards, dont le Grammy du couronnement d'une carrière.

Elle est célèbre entre autres pour ses improvisations, avec en particulier Mack the Knife[2] (extrait de L'Opéra de quat'sous) à Berlin en 1960, morceau au cours duquel elle a eu un trou de mémoire et qu'elle a poursuivi sans hésitation en alternant scat et paroles improvisées. Cette version de Mack the Knife est certainement l'un des succès les plus connus d'Ella Fitzgerald, avec Mister Paganini et How High the Moon. Une autre de ses improvisations fameuses a eu lieu au cours d'un concert à Antibes-Juan-les-Pins sur la Côte d'Azur à l'été 1966, alors qu'elle se produisait dans la Pinède Gould à l'occasion du festival Jazz à Juan, avec sa légendaire interprétation swing-hot jazz de It Don't Mean a Thing (If It Ain't Got That Swing) avec Duke Ellington et son big band[3], ou son hommage aux cigales avec The Cricket Song[4].

Biographie

Jeunesse

En 1962.
Dédicace en 1968.
Avec Willis Conover, producteur de jazz et présentateur de radio Voice of America.

Ella Jane Fitzgerald naît le à Newport News en Virginie[5], fille naturelle de William Fitzgerald et Temperance « Tempie » Henry (1894-1932). Ses parents n'étant pas mariés, son père abandonne le domicile conjugal deux ans et demi après sa naissance. Sa mère qui travaillait dans une blanchisserie, se met alors en ménage avec Joseph Da Silva, un immigré portugais. Le couple part s'installer à Yonkers dans le comté de Westchester, près de New York où Ella grandit. Sa demi-sœur Frances Da Silva naît en 1923.

En 1925, la famille déménage à proximité de School Street, un quartier italien pauvre. Élève exceptionnelle, Ella entre au lycée Benjamin Franklin en 1929

Carrière

Ella Fitzgerald adorait danser, admirait Earl Snakehips Tucker et rêvait d'être danseuse. Or la famille est méthodiste et l' église méthodiste africaine de Béthanie fournit à Ella Fitzgerald ses premières expériences en musique.

Ella commence à chanter à 16 ans en 1934 à l'Apollo Theater de Harlem à New York dans une des premières Amateurs Nights, concours de jeunes espoirs de la chanson, qu'elle remporte, contribuant autant à la gloire de l'Apollo qu'à la sienne. Elle est remarquée par Bardu Ali (en) de l'orchestre de Chick Webb, qui convainc Webb de l'engager.

CBS est sur le point de signer un contrat avec elle en 1932 lorsque sa mère meurt, la laissant orpheline. Elle doit alors se contenter de participer à des concours musicaux.

Ayant « gagné » en 1935 une audition pour une semaine, elle commence à jouer avec l'orchestre de Webb au Savoy de Harlem. Elle enregistre quelques tubes avec lui, dont le célèbre If You Can't Sing It, You'll Have to Swing It, Love and Kisses, mais c'est sa version de la berceuse A-Tisket, A-Tasket qui la fit connaître.

Après le décès de Chick Webb en 1939, l'orchestre continue sous le nom de « Ella Fitzgerald and Her Famous Orchestra »[6].

Elle commence une carrière solo en 1941. Malgré sa notoriété, elle a été victime, comme beaucoup de Noirs à cette époque, de discrimination ; elle s'est battue tout au long de sa vie pour le prouver. Au début chanteuse de swing, elle aborde aussi le bebop. Sarah Vaughan fut une de ses seules rivales dans ce domaine. Elle est la reine du scat, et elle a joué du blues, de la samba, du gospel etc., et même des chants de Noël. Ses concerts sont souvent enrichis par des imitations d'autres chanteurs ; elle imite en particulier à la perfection les voix et les gestes aussi bien de Rose Murphy que de Louis Armstrong.

En 1942, elle apparaît dans le film du duo comique Abbott et Costello, Deux nigauds cow-boys, réalisé par Arthur Lubin[7].

Selon les propres mots d'Ella Fitzgerald, c'est Marilyn Monroe qui apporte un grand soutien à sa carrière en l'imposant littéralement au Mocambo Club de Los Angeles. En effet Marilyn, très grande admiratrice d'Ella Fitzgerald, téléphone en personne au patron du club et lui demande de programmer Ella Fitzgerald contre la promesse de réserver, chaque soir où elle se produirait, une table au premier rang. Ne pouvant refuser une telle publicité, le patron accepte et Marilyn tient parole.

En décembre 1947, elle épouse le contrebassiste Ray Brown[8] avec qui elle adopte son neveu, Ray Brown, Jr. (en) né le (fils biologique de Frances Da Silva, demi-sœur d'Ella). Ils divorcent en 1953.

Elle quitte Decca en 1955. La compagnie Verve a été créée au départ pour elle par son manager Norman Granz.

Ses morceaux les plus connus sont une série produite par Norman Granz sur des chansons écrites par les plus grands compositeurs américains du moment comme George Gershwin (avec l'orchestre de Nelson Riddle), Cole Porter, Duke Ellington...

Avec l'orchestre de Duke Ellington, elle fait des tournées en Europe et en Amérique du Nord. Elle ouvrait le concert avec le morceau de Duke Ellington Take the "A" Train ; elle a été une des rares à chanter des paroles sur ce morceau.

Elle joue en concert avec les plus importants groupes et solistes. Son vrai rôle était « instrumentiste de la voix ». Elle chante avec de nombreux partenaires instrumentaux comme Oscar Peterson, Count Basie (On the Sunny Side of the Street), Roy Eldridge, Joe Pass (Speak Love), Dizzy Gillespie, et le trio de Tommy Flanagan. Elle a aussi chanté avec d'autres voix du jazz comme Nat King Cole ou Frank Sinatra[9].

Porgy and Bess est son enregistrement le plus connu avec la légende du jazz qu'était Louis Armstrong, mais elle a également enregistré avec lui le célèbre album Ella and Louis qui eut un tel succès que Norman Granz leur demanda d'enregistrer un Ella and Louis Again, qui fut également un succès.

Ella apparaît aussi comme actrice et chanteuse, avec Peggy Lee dans le film La Peau d'un autre de Jack Webb en 1955, ainsi que dans les films Deux nigauds cow-boys de 1942, St. Louis Blues de 1958, et Let No Man Write My Epitaph de 1960.

Mort

Le diabète la rend aveugle et conduit les médecins à l'amputer des deux jambes en 1993[10]. Elle meurt d'un accident vasculaire cérébral à son domicile de Beverly Hills à Los Angeles le , à l'âge de 79 ans.

Style

L'agilité vocale d'Ella Fitzgerald est remarquable, comme dans ses interprétations de You'd Be All That I Could Desire ou dans sa finale To Come Home and to Love[11]. Sa facilité pour le scat, par exemple le « bap bi dou dam » entre le deuxième et troisième couplet de You'd Be So Nice to Come Home To, est remarquable et montre son approche très mélodique. Selon Mark C. Gridley[11], elle préférait improviser son scat autour de la mélodie originale plutôt que de pencher vers l'improvisation pure, en paraphrasant, ce qui fait que plusieurs grands compositeurs de musique populaire désiraient lui faire exécuter leurs chansons tant ses lectures étaient proches de l'intention originale.

Quelques récompenses

Hommages

Discographie

  • 1947 : For sentimental reasons (Decca)
  • 1950 : Ella Sings Gershwin (Decca)
  • 1954 : Songs in a Mellow Mood (Decca)
  • 1955 : Songs from Pete Kelly's Blues (Decca)
  • 1956 : Sings the Cole Porter Songbook (Verve)
  • 1956 : Ella and Louis (Verve)
  • 1956 : Sings the Rodgers & Hart Songbook (Verve)
  • 1957 : Ella and Louis Again (Verve)
  • 1957 : Sings the Duke Ellington Songbook (Verve)
  • 1957 : Ella at the Opera House (Verve)
  • 1957 : Like Someone in Love (Verve)
  • 1957 : Porgy and Bess (Verve)
  • 1958 : Ella and Billie at Newport (Verve)
  • 1958 : Ella Swings Lightly (Verve)
  • 1958 : Sings the Irving Berlin Songbook (Verve)
  • 1958 : Ella in Rome: The Birthday Concert (Verve)
  • 1959 : Get Happy! (Verve)
  • 1959 : Sings Sweet Songs for Swingers (Verve)
  • 1959 : Sings the George and Ira Gershwin Songbook (Verve)
  • 1960 : Ella in Berlin: Mack the Knife (en) (Verve)
  • 1960 : Wishes You a Merry Christmas (Verve)
  • 1960 : Hello, Love (Verve)
  • 1960 : Sings Songs from Let No Man Write My Epitaph (Verve)
  • 1960 : Sings the Harold Arlen Songbook (Verve)
  • 1961 : Ella in Hollywood (Verve)
  • 1961 : Clap Hands, Here Comes Charlie! (Verve)
  • 1961 : Ella Returns to Berlin (Verve)
  • 1962: Rhythm Is My Business (Verve)
  • 1962 : Ella Swings Brightly with Nelson (Verve)
  • 1962 : Ella Swings Gently with Nelson (Verve)
  • 1963 : Ella Sings Broadway (Verve)
  • 1963 : Sings the Jerome Kern Songbook (Verve)
  • 1963 : Ella and Basie! (Verve)
  • 1963 : These Are the Blues (Verve)
  • 1964 : Hello, Dolly! (Verve)
  • 1964 : Sings the Johnny Mercer Songbook (Verve)
  • 1964 : Lullaby of Birdland (reprise)
  • 1965 : Ella at Duke's Place (Verve)
  • 1965 : Ella in Hamburg (Verve)
  • 1966 : Whisper Not (Verve)
  • 1966 : Ella and Duke at the Cote D'Azur (Verve)
  • 1967 : Brighten the Corner
  • 1967 : Ella Fitzgerald's Christmas
  • 1968 : 30 by Ella
  • 1969 : Watch What Happens
  • 1969 : Ella (Reprise)
  • 1970 : Things Ain't What They Used to Be (Reprise)
  • 1970 : Ella in Budapest, Hungary (Pablo Records)
  • 1971 : Ella à Nice (Pablo)
  • 1972 : Ella Loves Cole (Atlantic)
  • 1973 : Newport Jazz Festival: Live at Carnegie Hall (Columbia Records)
  • 1973 : Take Love Easy (Pablo)
  • 1974 : Ella Fitzgerald Jams (Pablo)
  • 1974 : Ella in London (Pablo)
  • 1975 : Ella and Oscar (Pablo)
  • 1975 : Montreux '75 (Pablo)
  • 1976 : Fitzgerald and Pass... Again (Pablo)
  • 1977 : Montreux '77 (Pablo)
  • 1978 : Lady Time (Pablo)
  • 1978 : Dream Dancing (Pablo)
  • 1979 : Digital III at Montreux (Pablo)
  • 1979 : A Classy Pair (Pablo)
  • 1979 : A Perfect Match (Pablo) (concert public du festival de jazz de Montreux 1979, également diffusé sur le DVD Ella and Basie - the Perfect Match, '79).
  • 1981 : Ella Abraca Jobim (Pablo)
  • 1982 : The Best Is Yet to Come (Pablo)
  • 1983 : Speak Love (Pablo)
  • 1983: Nice Work If You Can Get It (Pablo)
  • 1984 : The Stockholm Concert, 1966 (Pablo)
  • 1986 : Easy Living (Pablo)
  • 1989 : All That Jazz (Pablo)
  • 1958 : Jazz sur la Croisette (compilation avec Ella Fitzgerald lors Jazz festival de Cannes - (INA Mémoire vive / Abeille Musique)

Filmographie

Notes et références

  1. Selon la maison de disques Verve Music Group. Mentionné notamment dans le livret des deux 2 CD : Ella Fitzgerald : Something to Live for (1999).
  2. Ella Fitzgerald MacK the Knife Live in Berlin 1960 www.youtube.com.
  3. Ella Fitzgerald & Duke Ellington - It Don't Mean A Thing If It Ain't Got That Swing www.youtube.com
  4. Ella Fitzgerald - The Cricket Song - Live 1964 www.youtube.com.
  5. (en) Voir extrait du site officiel de la Chanteuse
  6. « Ella Fitzgerald : portrait et biographie sur France Musique », sur France Musique (consulté le ).
  7. Alain Lacombe, Ella Fitzgerald, Editions Parenthèses, , 206 p. (ISBN 978-2-907224-08-6, lire en ligne).
  8. (en-GB) « Ray Brown », Telegraph, (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Ella Fitzgerald and Frank Sinatra - Photos - Remembering Ella Fitzgerald and her legendary career », sur NY Daily News (consulté le ).
  10. « Biographie de Ella Fitzgerald », sur Universal Music France (consulté le ).
  11. GRIDLEY, Mark C., Jazz Styles; History and Analysis, New Jersey, Pearson Education, 2008, 514 pages.
  12. Cf. (en) Ella Fitzgerald : 1985 NEA Jazz Master Consultation du 20 mai 2010.
  13. Lutz D. Schmadel, Dictionary of Minor Planet Names, p. 289.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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