Bernard Gravet
Bernard Gravet, né le à Anzin et mort le à Carry-le-Rouet, est un haut fonctionnaire de la police nationale française. D'abord commissaire, il gravi progressivement les échelons de la police judiciaire, notamment au sein des stup', pour finalement être nommé au poste de directeur de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) de 1995 à 1999.
Bernard Gravet | |
Fonctions | |
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Directeur central de la police judiciaire | |
– | |
Prédécesseur | Jacques Franquet |
Successeur | Patrick Riou |
Biographie | |
Nom de naissance | Bernard Francis Gravet |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Anzin |
Date de décès | (à 77 ans) |
Lieu de décès | Aix-en-Provence |
Nationalité | française |
Profession | commissaire de police |
Famille et études
Bernard Gravet est le fils du commissaire de police André Gravet[1] et d'Yvonne Flament.
Bernard Gravet fait ses études secondaires au lycée Ernest Couteaux de Saint-Amand-les-Eaux, puis devient étudiant à la faculté de droit de l'université de Lille. Il obtient sa licence en droit privé et en sciences économiques, puis passe son DES en droit privé. De 1965 à 1967, il a le poste d'assistant de droit privé à la faculté de Lille[1].
Il est marié à Simone Gravet (née Hourdiaux) ; ils ont deux enfants : Emmanuelle et François Gravet[2].
Carrière dans la police
Montée en grade
Élève de l'École nationale supérieure de la Police à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or (promotion 1968 René Lacroix). Bernard Gravet est nommé commissaire de police le avec affectation à la Direction de la police judiciaire à Paris. Le , il rejoint la DGSN, puis la DGPN (Direction générale de la Police nationale).
Il passe au grade de commissaire principal le . Le , il reçoit son affectation au Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Marseille[1], plus précisément à la tête de la brigade des stupéfiants, dans le contexte de poursuite de la lutte contre la French Connection puis la Chinese Connection (trafics de dimension internationale, avec transformation de la morphine-base en héroïne dans les labos clandestins de l'agglomération marseillaise)[3], en collaboration avec le juge Pierre Michel. Puis le , il devient sous-chef du SRPJ de Toulouse[1].
Le , il est chargé de mission à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ)[1].
Le , il est nommé au grade de commissaire divisionnaire. Le , il reçoit le poste de chef de la 4e division (chargée de la répression du banditisme) à la DCPJ. Puis le , il passe chef de la 7e division de la DCPJ, c'est-à-dire l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants[1] (OCRTIS). Interrogé par un journaliste sur la façon de payer les indics, il lui répond « En fraîche ! », c'est-à-dire avec de l'argent d'une caisse noire[4].
Le , il est chargé de mission auprès du directeur central de la police judiciaire, chargé des ressources et des liaisons[1]. À ce titre, il pilote en 1991 le projet « PJ 2000 » lancé par le directeur de la DCPJ Jacques Genthial pour restructurer les services et lutter contre la cooptation (érigé alors comme système de gestion des ressources humaines)[5].
Le , il est nommé directeur central adjoint de la police judiciaire, chargé de la sous-direction de la police technique et scientifique[1]. Quand le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua cherche des services à délocalisation en région (dans le cadre de la politique de décentralisation), Bernard Gravet lui propose et obtient le regroupement et le déménagement de toute la sous-direction de la police technique et scientifique à Écully, dans l'agglomération lyonnaise[6].
Directeur central de la PJ
Le [7], Bernard Gravet est nommé par le ministre Charles Pasqua chef de la Direction centrale de la police judiciaire[8] (DCPJ)[n 1]. Son prédécesseur, Jacques Franquet, venait de démissionner le , après avoir été mis en cause dans l'affaire Schuller-Maréchal, pour les écoutes dirigées contre le juge Éric Halphen[10].
Principales affaires à gérer :
- attentats du 25 juillet à octobre 1995 : colère de Jacques Chirac exigeant des résultats, ciblant Gravet et Claude Guéant[11] ;
- attaques à main armée du gang de Roubaix en 1996 ;
- affaire Tiberi (affaires des HLM de Paris, puis des faux électeurs du 5e), comprenant l'envoi d'une lettre portant les noms de Bernard Gravet et Marc Moinard[12] au procureur Laurent Davenas pour savoir s'il lance une enquête préliminaire sur Xavière Tiberi (le proc' étant au Népal pour gravir l'Imja Tse, le courrier lui arrive par hélicoptère)[13] ;
- affaire Erignac (assassiné le ), enquête confiée par le ministre à Roger Marion (chef de la DNAT)[n 2] et Bernard Squarcini (DCRG)[14], avec querelles de chefs, guerre entre services et investigations parallèles.
Fin de carrière
Le , Bernard Gravet est remplacé à la tête de la DCPJ par Patrick Riou, avec sa nomination (un sinécure pour compenser partiellement, à un an de la retraite) à l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN).
Le , le ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement confie à Bernard Gravet et à Dominique Garabiol (alors chef de l'Inspection du conseil des marchés financiers) la mission d'étudier la lutte contre le blanchiment de l'argent sale en France. Selon leur rapport, d'une part ils estiment à 40 milliards de francs par an l'investissement criminel en France, d'autre part ils signalent le très faible nombre d'instructions judiciaires (la majorité étant en plus clos sans jugement) par rapport aux autres pays occidentaux[15].
Il prend sa retraite le , avec le titre de directeur honoraire de la police judiciaire[1].
Décorations
- Officier de la Légion d'honneur. Il est fait chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur le , puis passe officier au [16].
- Officier de l'ordre national du Mérite
Notes et références
Notes
- La DCPJ est une des directions de la Police nationale française. Dans les années 1990, elle compte dans ses rangs 4 300 fonctionnaires, dont 3 000 policiers, 1 000 administratifs (pour les tâches de support de la police technique et scientifique) et 300 scientifiques. Sur ce total, 800 fonctionnaires sont affectés aux services centraux, les autres aux 19 services régionaux[9].
- La Division nationale antiterroriste (DNAT) correspond avant 1998 à la 6e division de la DCPJ et désormais à la sous-direction anti-terroriste (SDAT).
Références
- « Notice biographique Bernard Gravet », sur http://www.sfhp.fr/ (Société française d'histoire de la police).
- « Avis de décès », sur https://www.dansnoscoeurs.fr/, .
- « Le commissaire principal Bernard Gravet à la tête de la Brigade des Stupéfiants », Le Méridional, .
- Interview de Bernard Gravet par Philippe Caloni diffusé sur RTL le 8 décembre 1989 à 7 h 50, cité dans Jean-François Gayraud, La Dénonciation, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d'aujourd'hui », , 288 p. (ISBN 2-13-046976-0 et 978-2-13067272-2), p. 274.
- Alain Hamon et Xavier Périssé, Les Seigneurs de l'ordre public : 2000 commissaires de police dans leur fief, Paris, P. Belfond, , 271 p. (ISBN 2-7144-2682-4 et 978-2-71446877-2), p. 263.
- Frédéric Charpier, Au cœur de la PJ : Enquête sur la police scientifique, Paris, Flammarion, , 337 p. (ISBN 2-08-067390-4 et 978-2-40300525-7), p. 266.
- Nomination par le décret du 15 mars 1995 portant nomination d'un directeur des services actifs de la police nationale, publié au Journal officiel de la République française no 64 du 16 mars 1995 page 4121. NOR: INTC9510016D
- « Bernard Gravet », Libération, (lire en ligne).
- « Commission d’enquête parlementaire sur le fonctionnement des forces de sécurité en Corse - Audition de M. Bernard Gravet, directeur central de la police judiciaire », sur http://www.assemblee-nationale.fr/, .
- Franck Johannes, « Une nouvelle tête pour la police judiciaire », Libération, (lire en ligne).
- Claude Guéant, Quelques vérités à vous dire, Paris, Éditions de l'Archipel, , 399 p. (ISBN 978-2-8098-2279-3), ?.
- Jean-Marie Pontaut, « Quand la manipulation atteint des sommets », L'Express, (lire en ligne).
- Laurent Davenas, Lettre de l'Himalaya : à ceux qui jugent et ceux qui sont jugés, Paris, Seuil, , 190 p. (ISBN 2-02-032338-9).
- Jacques Follorou, Corse, l'État bafoué, Paris, Stock, , 296 p. (ISBN 2-234-05185-1 et 978-2-23410610-9), p. 125.
- Chabrun Laurent, « La France, lessiveuse d'argent sale », L'Express, (lire en ligne).
- Décret du 31 décembre 2002 portant promotion et nomination, publié au Journal officiel de la République française no 1 du . NOR: PREX0206237D.
Voir aussi
Publications
- Bernard Gravet, « Police technique et scientifique et pratiques professionnelles », Cahiers de la sécurité et de la justice, no 21, 3e trimestre 1995 (ISSN 1774-475X).
- « Le crime organisé : constat et stratégie de lutte en France », dans L’évolution de la criminalité organisée, Paris, La documentation française, (actes du XVIIIe cours international de haute spécialisation pour les forces de police, Paris, 17 au 24 septembre 1996).
- Dominique Garabiol et Bernard Gravet, La lutte contre le recyclage de l'argent du crime organisé, Paris, IHESI, , 87 p. (ISBN 2-11-091874-8) (rapport pour le ministre de l'Intérieur).
- G. Favarel-Garrigues et B. Gravet, « De l'argent de la drogue à l'argent sale : L'invention de la lutte antiblanchiment », Cahiers de la Sécurité Intérieure, no 52, 2e trimestre 2003, p. 141-153.
Liens externes
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