Bataille des Tombettes
La bataille des Tombettes opposa, en 1800, les chouans et les républicains lors de la Chouannerie.

Date | |
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Lieu | Entre Le Châtellier et Parigné |
Issue | Victoire républicaine |
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• Charles Dumoulin | • Aimé Picquet du Boisguy • Auguste Hay de Bonteville • Louis Picquet du Boisguy • François Julien Morel d'Escures • Bertrand de Saint-Gilles |
500 à 4 500 hommes[1],[2] | 2 000 hommes[2] |
inconnues | 50 morts[2],[3] 500 prisonniers[4] |
Batailles
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- 2e Saint-James
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- Les Tombettes
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Prélude
La victoire des chouans à la bataille de Saint-James ne leur avait apporté qu'un sursis, rapidement des troupes républicaines arrivèrent en renfort afin d'occuper massivement le pays de Fougères et le pays d'Avranches. Le , 1 200 hommes arrivèrent en renfort depuis Rennes, à Saint-James le général Dumoulin reçut également des renforts venus d'Avranches.
Aimé du Boisguy décida donc d'évacuer le pays de Fougères, de n'y laisser que 4 compagnies chargées de pratiquer la guérilla. Boisguy ignorait à ce moment la soumission de l'Anjou, il décida de se porter au sud afin de réunir les troupes de Vitré, de La Guerche-de-Bretagne et du Bas-Maine, il envoya des courriers aux officiers de ces divisions, leur demandant de réunir toutes leurs troupes.
La bataille
Le 26 janvier 1800, l'armée de Boisguy se rassembla afin de se mettre en route. Il y eut toutefois un accrochage entre 4 compagnies chouannes se rendant au rassemblement et un détachement républicain qui se replia sur Fougères après avoir perdu 18 hommes. 4 500 hommes selon Pontbriand sortirent alors en renfort depuis la ville et repoussèrent les 4 compagnies, puis arrivèrent à la vue des troupes de Boisguy qui venaient en renfort, cependant les deux troupes se replièrent sans combattre. À leur surprise, les chouans continuèrent cependant d'entendre les tirs des républicains longtemps après leur départ. Mais Boisguy n'accorda pas d'importance à ces actions : il comptait se rendre à Vitré en contournant par l'est, mais il devait d'abord se rendre à Parigné, où il avait fait confectionner des munitions qui manquaient à ses soldats à cause des trop nombreuses escarmouches. Boisguy décida donc de remettre son départ au lendemain et de camper à Parigné pour la nuit. Les chouans prirent la route de la Vieuville pour Parigné et arrivèrent au lieu-dit des Tombettes. Les Républicains commandés par le général Dumoulin les attendaient en excellente formation et bien positionnés. Dumoulin, qui se rendait à Fougères, avait entendu la fusillade un peu plus tôt dans la journée et avait deviné la retraite des chouans. Rapidement, les Républicains entamèrent des manœuvres d'encerclement.
Boisguy jugea qu'il lui était impossible d'éviter le combat et décida de tenter une percée. Les chouans se lancèrent à l'attaque et l'avant-garde chouanne commandée par Bertrand de Saint-Gilles parvint à repousser les premières lignes des républicains et à se frayer un passage. Mais les cartouches manquaient aux chouans et attaqués sur les flancs et à l'arrière, ils furent disloqués et mis en déroute, 50 d'entre eux furent tués, des centaines se dispersèrent de tous côtés. Selon les Républicains, les pertes des chouans étaient de 800 morts. Cependant, Dumoulin choisit de ne pas les poursuivre et repartit pour Fougères. Boisguy parvint à se rendre à Parigné, mais ne put y réunir que 1 000 à 1 200 de ses hommes.
Conséquences
Le plan de Boisguy n'avait presque plus aucune chance de succès, surtout lorsque le lendemain de la bataille, il fut mis au courant de la reddition de l'Anjou. Espérant l'aide des Anglais et des Émigrés, Boisguy resta sous les armes jusqu'au , date à laquelle il apprit que le Morbihan et Cadoudal avaient cessé le combat. Le lendemain il signa sa reddition avec le général Brune à Rennes. La guerre était finie.
« Cependant l'arrivée du général Dumoulin avec son corps d'armée fit penser à du Boisguy qu'on avait l'intention d'occuper si fortement son pays qu'il ne pourrait plus agir. Rien n'était plus vrai, car il lui arriva 1 200 hommes de recrues et le général Dumoulin partit lui-même de Saint-James avec 2 000 hommes pour aller au-devant d'un renfort de 1 800 hommes qui lui arrivait d'Avranches et qu'il ramena avec lui à Saint-James.
Du Boisguy, voyant qu'il ne pouvait résister à toutes ces forces, prit la résolution d'évacuer momentanément le pays de Fougères et de n'y laisser que quatre compagnies, pour faire la petite guerre, tandis qu'il irait chercher des renforts. Son intention était de former une petite armée et de revenir ensuite fondre sur les colonnes ennemies qui auraient occupé son pays. Il ignorait encore la pacification de l'Anjou et comptait marcher d'abord sur Vitré, pour réunir cette division et celle de La Guerche, puis, revenir par le Bas-Maine, dont il espérait rallier toutes les forces. Il avait renvoyé ses compagnies dans leurs paroisses, pour leur donner le temps de faire leurs préparatifs pour cette expédition, et indiqué un lieu de rassemblement ; mai, à la guerre, les dispositions les mieux prises sont souvent dérangées par les plus petits incidents ; il en eût bientôt la preuve.
Le 6 février, un détachement de la garnison de Fougères sortit pour faire une battue dans les environs. C'était le jour désigné pour le rassemblement ; quatre compagnies qui s'y rendaient rencontrèrent ce détachement, et, après un combat qui dura une demi-heure, elles le mirent en déroute et le poursuivirent jusqu'aux faubourgs de la ville, en lui faisant éprouver une perte de dix-huit hommes. Un corps d'environ mille hommes sortit de la ville et repoussa ces quatre compagnies, mais, à la vue de du Boisguy, qui s'était mis en marche au bruit de la fusillade, cette troupe rentra dans la ville en bon ordre, en entretenant un feu bien nourri, que les Royalistes furent surpris d'entendre après qu'ils se furent retirés. Du Boisguy ne réfléchit pas à cette circonstance. Il avait le projet de passer, ce jour-là même, dans la division de Vitré, par la droite de Fougères ; mais ces petites actions avaient pris une partie du jour, et il devait prendre des cartouches qu'il avait fait confectionner à Parigné, — ses soldats en manquaient ; — il remit donc son départ au lendemain et résolut d'aller coucher à Parigné. Il prit la route de la Vieuxville, mais, en arrivant au lieu dit des Tombettes, où il s'était déjà battu plusieurs fois, il rencontra toute une arméerangée en bataille, qui l'attendait dans une excellente position.
C'était le général Dumoulin qui se rendait à Fougères. Au bruit du combat, il avait rassemblé ses troupes, qui formaient une masse de quatre mille cinq cents hommes, et, jugeant bien à la direction du feu que les Royalistes allaient se retirer de son côté, il s'étendit de manière à les envelopper. Dès ce premier moment, du Boisguy vit qu'il était impossible d'éviter le combat. Il prit sur-le-champ le seul parti qui pût le sauver, qui était de percer la ligne de l'ennemi, sur la droite, pour se frayer un passage. Bertrand de Saint-Gilles, chargé de la première attaque, poussa si vivement les troupes qu'il avait en face de lui, qu'il les força à reculer et même à changer de front. Du Boisguy s'élança dans ce passage avec toutes ses troupes ; mais les cartouches leur manquèrent, et bientôt, attaquées de tous côtés, par le général Dumoulin, elles furent rompues, et la déroute, compète, si bien que du Boisguy ne put rallier à Parigné, la nuit suivante, que mille à douze cents hommes. Il perdit cinquante hommes dans cette affaire, dont le brave chevalier de Lambilly, qui périt victime de son humanité, en voulant sauver un soldat blessé qu'il emportait sur ses épaules. Il était major de la division et fut extrêmement regretté.
Ce fut Saint-Gilles qui fraya le chemin aux Royalistes au milieu des colonnes ennemies ; si son attaque n'avait pas réussi, ils allaient être entourés et auraient fait des pertes énormes, car la garnison de Fougères s'était mise en marche aux premiers coups de fusil et leur eût fermé toute retraite. L'affaire était terminée quand elle arriva. Le général ne fit pas poursuivre les vaincus et continua sa marche sur Fougères, où il arriva le soir même[2].. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Bibliographie
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , p. 701-702.
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand, .
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Editions, .
- Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, Paris, édition Honoré Champion, (réimpr. La Découvrance, 1994), p. 431-433.
- Léon de La Sicotière, Louis de Frotté et les insurrections normandes, 1793-1832, t. II, Plon, (lire en ligne).
- Félix Jourdan, La chouannerie dans l'Avranchin, 2e partie, . , p. 239.
Références
- Lemas 1894, p. 337
- du Breil de Pontbriand 1897, p. 430-435.
- Jourdan 1907, p. 251
- de La Sicotière 1889, p. 456
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