Bataille de Narvik
La bataille de Narvik eut lieu durant la campagne de Norvège, autour de la ville de Narvik dans le nord de la Norvège. Elle se déroula en deux temps : d'abord en mer (le 10 et le 13 avril 1940) puis sur le sol norvégien (du 9 mai au 8 juin 1940), ce qui fait que des historiens parlent parfois des « batailles de Narvik » afin de distinguer ces deux temps. Les combats dans la région s'étendent au total du 9 avril au 8 juin 1940.
Date |
Invasion allemande : 1re bataille navale : 10 avril 2e bataille navale : 13 avril Bataille terrestre : du 9 mai au 8 juin 1940 |
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Lieu | Narvik (Norvège) |
Issue | Victoire alliée, puis victoire allemande à la suite de la retraite des Alliés |
Norvège France Royaume-Uni Armée polonaise de l'ouest | Reich allemand |
Général Carl Gustav Fleischer Bernard Warburton-Lee (en) William Whitworth Général Béthouart Général Bohusz-Szyszko | Friedrich Bonte Erich Bey Eduard Dietl |
corps expéditionnaire mixte (naval et terrestre) : 24 500 hommes | 5 600 hommes |
343 tués | 300 tués |
Batailles
Campagnes du Danemark et de Norvège
- Incident de l'Altmark
- Opération Wilfred
- Opération Weserübung
- Plan R 4
- Campagne de Norvège
- Bataille du détroit de Drøbak
- Bataille de Midtskogen
- Bataille de Narvik
- Opération Hammer
- Bataille de Dombås
- Forteresse d'Hegra
- Bataille de Vinjesvingen
- Opération Alphabet
- Opération Juno
- Îles Féroé
- Invasion de l'Islande
- Groenland
- Opération Doomsday
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées 68° 25′ 14″ nord, 17° 33′ 36″ est
Il s'agit de la première victoire militaire des forces alliées au cours de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, cette victoire fut de courte durée car les Alliés durent rapidement se retirer et laisser le champ libre aux forces du Troisième Reich à cause des événements de la bataille de France.
Contexte
Début avril 1940, l'Allemagne a envahi la Norvège afin de sécuriser le transport du fer suédois en provenance des mines de Kiruna. 90 % du minerais de fer suédois allait en Allemagne et cela représentait 50 % des importations en fer de l'Allemagne (le Royaume-Uni était également client, mais seulement à hauteur de 10 % de sa consommation globale). Cette matière première, indispensable aux Allemands dans leur poursuite de la guerre, transitait par la ligne de chemin de fer Malmbanan/Ofotbanen jusqu'au port de Narvik. Il avait l'avantage d'offrir un accès direct à la mer de Norvège et être le seul port praticable en hiver car libre des glaces qui obstruent les autres ports du nord de la Baltique.
Les Alliés avaient pensé à occuper le pays afin de contrer les visées allemandes, mais la décision tardait à venir. C'est donc seulement quand les Allemands assaillent la Norvège, que les Alliés décident d’y envoyer des troupes pour venir en aide à l’armée norvégienne en déroute face à la Wehrmacht.
Forces alliées
Les forces Alliées en Norvège étaient composées comme suit : l’amiral Cork dirigeait les opérations combinées, le corps expéditionnaire britannique était dirigé par le général Mackesy, le général Carl Gustav Fleischer, quant à lui, dirigeait la 6e division norvégienne.
La 6e division norvégienne avait ses quartiers à Harstad. Mobilisée depuis la guerre d'hiver, la division était mieux préparée à la guerre que les autres unités norvégiennes. Elle était composée de deux brigades légères d’infanterie, la 6e et la 7e brigade. Les Britanniques engagèrent la 24e brigade d'infanterie composée de quatre bataillons.
Le corps expéditionnaire franco-polonais dirigé par le général Béthouart était composé de :
- La 1re division légère de chasseurs, créée le 15 avril 1940 à partir de la Brigade de Haute-Montagne, elle est commandée par le général de brigade Béthouart (promu à ce grade ce jour) comprenant :
- La 27e demi-brigade de chasseurs alpins, engagée du 27 avril au 7 juin dans le secteur de Narvik ;
- La 5e demi-brigade de chasseurs alpins qui n'a pas été engagée à Narvik mais dans le secteur de Namsos du 19 avril au 3 mai ;
- Le 2e groupe autonome d’artillerie coloniale ; la 342e compagnie autonome de chars de combat ; la 14e compagnie antichars ; la 1026/40e batterie anti-aérienne et la 802e compagnie de camionnettes.
- La 13e demi-brigade de Légion étrangère composée de deux bataillons en majorité composés d'anciens républicains espagnols, elle est sous les ordres du lieutenant-colonel Magrin-Vernerey (futur général Monclar).
- La Brigade autonome de chasseurs de Podhale, forte de 5 000 hommes et commandée par le général Bohusz-Szyszko. Elle fut formée le 9 février 1940 à Coëtquidan (Morbihan) comme une unité de l’Armée polonaise de l'Ouest.
Les forces navales françaises sont constituées par la « force Z », du contre-amiral Edmond Derrien, composée de deux groupes :
- le « groupe Emile Bertin », chargé de la protection des convois
- le « groupe des transports », constitué de la 1re division de croiseurs auxiliaires du contre-amiral Cadart[1] et des paquebots et cargos, Ville d'Alger, Ville d'Oran, El Djezaïr, El Mansour, El Kantara, Chenonceau, Colombie et Mexique réquisitionnés affectés au transport de troupes, matériels et ravitaillement.
Les forces navales polonaises engagent les destroyers ORP Burza, ORP Grom et ORP Błyskawica, et le sous-marin ORP Orzeł.
Les Alliés disposaient donc de 24 000 hommes et les Norvégiens de 5 000.
Forces allemandes
Le Kriegsschiffgruppe Narvik (Groupe 1) commandé par le Kommodore Friedrich Bonte comprenait 10 destroyers (Georg Thiele, Wolfgang Zenker, Bernd von Arnim, Erich Giese, Erich Koellner, Diether von Roeder, Hans Lüdemann, Hermann Künne, Wilhelm Heidkamp (navire amiral) et Anton Schmitt) et des navires de transport. Ils débarquèrent le 139e régiment de chasseurs alpins (Gebirgs-Jäger-Regiment 139), commandé par le général Dietl de la 3e Gebirgs-Division avec trois « bataillons » (Abteilung), soit environ 2 000 hommes, à Narvik le 9 avril 1940.
Les Allemands disposaient donc de 2 000 chasseurs de montagne (dirigés par le général Dietl) et 2 600 marins à Narvik. La 2e DI de montagne, soit 15 000 hommes, vint les renforcer en juin.
Déroulement
Les Allemands, après avoir rapidement conquis le sud du pays, arrivent à Narvik avec 10 destroyers et balayent sommairement les garde-côtes norvégiens faisant face à l'entrée du fjord.
Ils n'eurent que peu de répit une fois amarrés au port de Narvik, puisque le 10 avril 1940, 5 destroyers britanniques font leur apparition à l'entrée du fjord. Ils transforment le port en véritable cimetière pour bateaux. Cependant la flotte allemande, bien qu'elle accuse de sérieux dégâts, parvient à les repousser.
Trois jours plus tard, les Alliés envoient 8 destroyers et 1 cuirassé pour déloger l'expédition allemande. En infériorité, les Allemands reculent et sabordent leurs derniers navires dans le fjord pour sauver les marins rescapés. Ceux-ci se réfugient dans les montagnes enneigées qui bordent Narvik laissant la ville aux mains des Alliés.
Quelques jours plus tard, les Alliés reçoivent des renforts et comptent désormais 24 500 hommes. Les Allemands sont donc 5 fois moins nombreux. Mais entraînés aux conditions de l'Arctique, ils résistent jusqu'au départ des troupes alliées rembarquées pour la bataille de France. Ils reprendront ainsi la ville de Narvik jusqu'à la reddition du détachement d'armée Narvik le 8 mai 1945.
Invasion allemande
Date | |
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Lieu | Narvik (Norvège) |
Issue | Victoire allemande |
Norvège | Reich allemand |
Per Askim Odd Isaachsen Willoch † | Friedrich Bonte Eduard Dietl |
2 navires de défense côtière | 10 destroyers |
2 navires de défense côtière 343 tués | aucune |
L'invasion de la Norvège commence donc au matin du . Dans l'Ofotfjord menant à Narvik, les dix destroyers allemands du Gruppe 1 sont en approche. Avec le HMS Renown et son escorte déroutés plus tôt afin de rendre compte de l'incident du HMS Glowworm, aucun vaisseau britannique ne leur barre la voie, et les Allemands peuvent pénétrer dans la zone sans rencontrer de résistance. Au moment où ils atteignirent le fond du fjord près de Narvik, la plupart des destroyers avait déjà quitté le regroupement principal afin de capturer les batteries avancées de l'Ofotfjord, en laissant seulement trois avec pour mission de réduire au silence les deux vieux navires de défense côtière norvégiens qui montaient la garde, à savoir l'Eidsvold (no) et le Norge . Bien qu'antédiluviens, les deux vaisseaux étaient en mesure de prendre le dessus sur ces destroyers bien plus légers et au blindage moins épais. Après une courte discussion avec le capitaine du Eidsvold, les bateaux allemands ouvrirent le feu par précaution sur le navire de défense côtière, le coulant après l'avoir atteint de trois torpilles. Le Norge entra dans la bataille peu après et tira sur les destroyers, mais ses régleurs de tir manquaient d'expérience, et n'envoya aucun coup au but avant d'être coulé par une bordée de torpilles des destroyers allemands.
Première bataille navale
Date | |
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Lieu | Narvik (Norvège) |
Issue | Victoire britannique |
Royaume-Uni | Reich allemand |
Bernard Warburton-Lee (en) † | Friedrich Bonte † |
5 destroyers | 10 destroyers |
2 destroyers coulés 1 destroyer fortement endommagé | 2 destroyers coulés 1 transport de munitions coulé 6 cargos coulés 4 destroyers endommagés 163 tués |
Bataille navale du 10 avril 1940 : cinq destroyers britanniques surprirent la flotte (10 destroyers) de Bonte d'abord à l'entrée du port de Narvik puis à l'entrée du Vestfjord. La victoire britannique se solda par la perte de deux destroyers et un fut fortement endommagé. La Kriegsmarine perdit également deux destroyers mais quatre autres bâtiments furent endommagés et six navires cargos furent coulés. Durant le retrait, la Royal Navy coula un transport de munitions pour le général Dietl. Le commodore Bernard Warburton-Lee, commandant de la flottille britannique, et le Kommodore Friedrich Bonte furent tués.
Deuxième bataille navale
Date | |
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Lieu | Narvik (Norvège) |
Issue | Victoire britannique |
Royaume-Uni | Reich allemand |
William Whitworth | Erich Bey |
1 cuirassé 9 destroyers 1 porte-avion envoyant quelques Swordfish | 8 destroyers 2 U-Boot |
3 destroyers endommagés 28 tués 55 blessés | 8 destroyers coulés 1 U-Boot coulé 128 tués 67 blessés |
Au matin du 13 avril, les forces de Whitworth fortes du cuirassé HMS Warspite, de neuf destroyers et des avions torpilleurs Fairey Narvik (Norvège) provenant du HMS Furious pénétrèrent dans le Vestfjord avec en tête un avion de reconnaissance (hydravion Swordfish) catapulté du Warspite pour lui ouvrir la voie. Tout en localisant deux destroyers ennemis, l'avion de reconnaissance coula le U-64 ancré à Bjerkvik, première occurrence d'une telle victoire. Les destroyers du Warspite avancèrent de trois miles (5 km) devant le navire de ligne, afin d'engager le combat avec leurs homologues allemands venus à leur rencontre, donnant ainsi le coup d'envoi de la Deuxième Bataille de Narvik. Les vaisseaux allemands se trouvèrent bientôt à court de munitions et furent progressivement repoussés hors du port. Cet après-midi-là, la plupart d'entre eux tentèrent de s'enfuir par le Rombaksfjord, excepté le destroyer Hermann Künne qui s'échoua sur le chemin du Herjangsfjord et fut détruit par le HMS Eskimo. Quatre destroyers britanniques engagèrent la poursuite, dans le Rombaksfjord, le destroyer Eskimo étant bientôt endommagé par l'ennemi qui l'attendait de pied ferme. Toutefois, la situation des Allemands était sans espoir, à court de munitions et de carburant. Lorsque les autres vaisseaux britanniques atteignirent leur position, ils ne purent que constater que leurs équipages avaient abandonné les navires après les avoir sabordés. À 18 h 30, les vaisseaux britanniques quittaient le fjord, désormais nettoyé de toute présence de la Kriegsmarine.
La Légion dans la bataille
Le groupement de haute montagne de la Légion étrangère qui fut créé en Afrique du Nord comprend : un état-major de groupement, une compagnie hors rang, une section de commandement et 2 bataillons du type haute montagne, l’un devant être formé par les 2e, 3e, 4e régiments étrangers (1er bataillon, CHR et CDT) l’autre par le 2e bataillon du 1er régiment étranger. L’effectif de chaque bataillon comporte 930 officiers, gradés et légionnaires avec une section de skieurs. Le groupement de haute montagne est commandé par le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, qui deviendra Monclar lors de son ralliement aux FFL.
Le 22 mai, vers 23 h 30, le colonel Magrin-Vernerey, les chefs de bataillon, les commandants de compagnie, le chef d’escadron du GAAC, participent à une reconnaissance au large de Langstrand. Ces officiers embarquent à Seynes, sur un ponton à moteur, puis sont ensuite transbordés sur le torpilleur britannique Fame. Le bâtiment met immédiatement le cap sur la pointe sud de la presqu’île de Narvik.
Le Fame contourne la presqu’île, longe à moins de 300 m les rives nord et pénètre dans le Rombaken. Il est violemment pris à partie par une pièce de 77 montée sur wagon-plateau. Deux obus traversent la passerelle sans éclater. Restent seuls sur la passerelle le commandant de bord, le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, le commandant Boyer-Resses et le capitaine Dimitri Amilakvari. Les canonniers se précipitent à leurs pièces. Le capitaine Amilakvari, qui a repéré l’objectif, commande le feu. En quelques minutes, le 77 est réduit au silence.
Le Fame passe lentement devant le mamelon d’Orneset. Au premier plan, ce mouvement de terrain se détache du massif imposant du Taraldsvik par un palier très prononcé où passe la voie ferrée. Les pentes est du mamelon plongent doucement dans le fjord. Cette plage est choisie par le général Béthouart comme point de débarquement.
La tête de pont sera organisée sur le mamelon d’Orneset. Plus au sud, on distingue, au second plan, la Cote 79, qui masque la ville de Narvik. Derrière se profile la pointe de Lillevik.
Revenu à terre, le général Béthouart convoque ses subordonnés pour mettre au point les détails d’exécution de la manœuvre.
Le 26 mai, le commandant Boyer-Resses réorganise son bataillon. Quatre groupements de fusiliers et voltigeurs sont constitués. La compagnie d’accompagnement est partagée entre différents échelons. Le capitaine Guillemain fait mouvement dans la soirée, avec un détachement comprenant la section de commandement de la CAB 1, deux sections de mitrailleuses, la section d’engins et le groupement du lieutenant Bouchet. Ils s’installent dans le bois au sud-ouest de la Cote 115, pour y passer la nuit.
La 2/13DBLE et le Groupe Autonome d'Artillerie Coloniale (GAAC), déjà en place, la première vague, comprenant le chef de bataillon Boyer-Resses, une section de mitrailleuses et la 3e compagnie, quittent les emplacements de repos vers 21 h. La piste de Bjerkvik à Oijord est la seule voie de communication de la presqu’île. Elle longe les rives de l’Herjangfjord, au bas des montagnes enneigées. Le détachement s’écoule lentement en deux colonnes de chaque côté de la route. Des petits chevaux norvégiens traînent les voiturettes de mitrailleuses et de mortiers. Au milieu de la route passent rapidement des estafettes à motocyclette.
Le commandant Boyer-Resses, et son officier adjoint, le lieutenant Vichot, ont précédé le bataillon pour reconnaître les points d’embarquement à Seynes. Les pontons blindés attendent au bord de l’eau. Les premiers éléments arrivent et montent à bord avec beaucoup de difficultés. Le premier échelon est enfin embarqué vers 22 h 30. Dans la direction est, la flotte britannique se profile. L’enseigne de vaisseau Duff, officier de liaison, donne le signal du départ à 23 h 39. Un à un, les bateaux s’éloignent de la côte. La petite flottille dépasse bientôt la pointe d’Oijord. Arrivés à 300 m de la côte, les vaisseaux britanniques et le GAAC ouvrent le feu sur les entrées du tunnel, les remblais et les organisations susceptibles des résistances allemandes. L’ennemi, surpris, ne répond pas.
Les premières embarcations accostent. L'échelon de tête débarque aussitôt. La 3e compagnie, entraînée par le capitaine Gilbert et le lieutenant Burtin, gravit rapidement le piton d’Orneset. À mi-pente, les légionnaires sont arrêtés par le tir de soutien du GAAC. Le capitaine Gilbert envoie aussitôt la fusée « allongez le tir ». L’assaut reprend bientôt, les défenseurs du piton d’Orneset n’ont pas le temps d’utiliser leurs armes automatiques, peu efficaces dans cet amas de rochers. Quelques-uns résistent encore à la grenade. Impressionnés par le mordant des assaillants, rapidement débordés, ils abandonnent la position.
La 3e compagnie s’organise défensivement face à Narvik, au Sud-ouest et au massif du Taraldsvik, au Sud-est. Le chef de bataillon Boyer-Resses installe son poste de commandement à mi-pente du mamelon. Dans cette première phase de l’opération sur Narvik, les défenseurs d’Orneset sont prisonniers. Les légionnaires sont émerveillés par les installations. Chaque îlot allemand est relié par téléphone. D’importantes réserves de munitions, de vivres et de tabac sont stockées. Cependant, la deuxième vague du bataillon, comprenant la 2e compagnie et le reliquat de la compagnie d’accompagnement, procède à son embarquement sur la jetée d’Oijord.
Malgré les précautions prises par les légionnaires, un tir allemand, efficace et ajusté, est exécuté, par une pièce de 77 en batterie, sur la voie ferrée, dans la région du tunnel Djupviken. Le capitaine Guillemain et trois légionnaires sont tués ; plusieurs blessés graves jonchent la plage. Les barcasses blindées viennent se mettre à l’abri de la pointe de Toftmoen et l’embarquement du groupement Bouchet se termine sans autre incident. Aussitôt débarquée, la 2e compagnie se porte, de part et d’autre du tunnel d’Orneset. Sous l’impulsion du capitaine de Guittaut, ancien chef de groupe franc de la campagne 1914-1918, du lieutenant Vadot, déjà blessé au combat de Bjerkvik, les légionnaires escaladent les pentes escarpées du Taraldsvik. Le groupement Bouchet, qui colmate le dispositif entre la 2e et la 3e compagnie, face à Narvik, est soumis à des feux nourris. Dès son débarquement, le canon de 25 mm est traîné par ses servants à hauteur de la voie ferrée et aussitôt mis en batterie devant l’entrée du tunnel. Quelques coups bien ajustés obligent la garnison du tunnel, comprenant deux sous-officiers et huit marins allemands, à se rendre. La lutte continue plus âpre, l’ennemi étant remis de sa surprise.
L’intervention du bataillon de Norvégiens se fait attendre, la cadence d’embarquement étant de plus en plus lente. À son arrivée au poste de commandement, le chef de bataillon norvégien Ulmo, reçoit du commandant Boyer-Resses les renseignements sur la situation et le terrain. Protégés par la 2e compagnie et le groupement Bouchet, ils doivent dépasser ces éléments et s’emparer de la Cote 457. Le mouvement s’effectue lentement.
Le colonel Magrin-Vernerey et une partie de son état-major ont rejoint le poste de commandement du bataillon, et reconnaissent du piton d’Orneset le terrain d’attaque du 2e bataillon en direction de Narvik. Il est cinq heures environ, le commandant Paris, chef d’état-major du général Béthouart, vient prendre la liaison auprès du chef de bataillon Boyer-Resses. Après avoir apprécié les résultats obtenus par la Légion, il redescend vers la plage pour rejoindre le quartier général. À ce moment, une violente rafale de mitrailleuses provenant des crêtes dominant le tunnel, balaye le terrain conquis par les légionnaires. Le commandant Paris reçoit une balle en pleine tête. Il est tué.
Une contre-attaque, menée avec vigueur par deux compagnies, tombe sur les éléments du premier échelon. La lutte est dure. Les Allemands attaquent à la grenade et aux pistolets-mitrailleurs. Le capitaine de Guittaut, le lieutenant Garoux sont mortellement blessés. Privée de ses chefs, la 2e compagnie se replie légèrement. La section du lieutenant Jouandon, menacée sur trois côtés, tient bon et arrive à freiner la poussée ennemie. Le légionnaire Melis, au cri de « En avant la Légion », entraîne quelques voltigeurs. Les Norvégiens suivent. L’ennemi se replie en abandonnant ses morts. La fusillade reprend par intermittence. La situation reste confuse. Le chef de bataillon Boyer-Resses charge son officier adjoint d’aller examiner la position des éléments de l’échelon, de réorganiser le commandement des unités. Trois groupements, Bouchet, Burtin et Vadot, sont formés sur place en fonction du dispositif des sections.
Le bataillon est très éprouvé, tant par les pertes que par la fatigue due aux efforts incessants que la troupe a dû fournir pour progresser dans ce terrain chaotique. L’occupation et le nettoyage de Narvik sont effectués par la 2/13e DBLE. L’ennemi, poursuivi par le 1er bataillon sur la voie ferrée de Narvik à Luleå, bat en retraite jusqu’à la station de Sildvik.
Les Polonais dans la bataille
Débarqués aux îles Lofoten[2], les Polonais de la Brigade autonome de chasseurs de Podhale sont ensuite transférés (par une navette de bateaux de pêche norvégiens) sur le continent près de Narvik qui était tenu par une forte garnison allemande. Déposé au nord, près de Bogen, le contingent polonais eut à faire une longue marche d'approche vers Bjerkvik, atteint le 13 mai, escorté par un détachement d'éclaireurs norvégiens à ski. Les Allemands sont repoussés vers le nord-est. Un autre contingent est déposé au sud et prend ses positions au sud de Narvik à Håkvik. Au nord, le front était tenu par la Légion étrangère, les Chasseurs alpins et les Norvégiens.
L'ensemble de la brigade polonaise est rassemblé le 16 mai et prend ses positions sur la péninsule d'Ankenes, sur la rive opposée à Narvik.
La bataille commence le 27 mai à minuit et dure trente-six heures au terme desquelles les Polonais sont parvenus à prendre Ankenes, position-clé en face de Narvik, et les villages de Nyborg et Beisfjord et à encercler la ville et la péninsule de Narvik par l’ouest, atteignant ainsi leurs objectifs. Dans le même temps, la Légion et les Norvégiens sont entrés dans Narvik même, tandis que les Chasseurs alpins pressent de près les Allemands au nord du fjord de Rombak.
En dépit de leurs avantages, dus à leurs positions fortement fortifiées et à leur puissance de feu, les Allemands sont non seulement dispersés mais mis en complète déroute par une action puissante où la Royal Navy joua un rôle important. Abandonnant ses hommes, le commandant allemand, le général Dietl, s’enfuit vers la frontière suédoise.
Les Allemands ont la maîtrise du ciel, ils en font un large usage en bombardant les positions polonaises et les navires dans le fjord nuit et jour. L’artillerie anti-aérienne est britannique, mais les Polonais découvrent avec amusement que les canons ont été manufacturés en Pologne avant-guerre à Starachowice[3]. Les Allemands inondent les positions polonaises de tracts et d’affiches, en langue polonaise, tentant de convaincre les Polonais qu’ils se battent pour une cause perdue. Près de deux cents morts et blessés sont à déplorer dans leurs rangs. Les pertes allemandes sont plus importantes, plusieurs centaines de corps parsèment les rochers autour de Narvik. De nombreux soldats allemands sont faits prisonniers.
L'évacuation
Malgré la prise de Narvik, le commandement allié, conscient de la difficulté de poursuivre l’opération aussi loin des bases britanniques, sans aérodromes, et face à la situation des armées en France, décide l’évacuation du corps expéditionnaire. Celle-ci, sous le nom d'opération Alphabet[4] fut terminée le 8 juin. La Brigade franco-polonaise débarqua du "duchess of York" à Brest le 15 juin. " L'objectif n'était pas prioritaire pour les Alliés, qui ne pensaient pas pouvoir tenir la région. Ils ont reflué et les nazis sont revenus et ont tout détruit." [5]
Les Allemands reprennent alors Narvik le 9 juin 1940 et y resteront jusqu'à la fin de la guerre.
Tous les soldats allemands ayant participé à la prise de Narvik ont reçu une plaque de bras commémorative portée à l'épaule. Cela représente 8 577 soldats de toutes les armes.
Commémoration
Le nom de Narvik a été donné à des places ou rues dans plusieurs villes de France :
- Paris : Place de Narvik
- Marseille (square devant la Gare Saint-Charles)
- Aix-en-Provence
- Briançon
- Virieu-le-Grand
- etc.
Notes et références
- Jean Emmanuel Cadart sur ecole.nav.traditions
- Polish Troops in Norway, A Photographic Record of the Campaign at Narvik, published for the Polish Ministry of Information by M.I.Kolin (Publishers) Ltd, juillet 1943, chapitre VI
- Polish Troops in Norway
- journal de marche du 14e bataillon
- 'Les Vikings contre Hitler',Thierry Maricourt, Calicot, 2019
Sources
- (fr) Conférence de Joseph Parello à l'ENS Ulm. Les Républicains espagnols dans la France libre et combattante (1940-1945) : une facette de l’histoire de la France contemporaine.
- (fr) JMO 13e DDBLE - Centre de documentation de la Légion étrangère.
Bibliographie
- (de) Daniel Gethmann, Das Narvik-Projekt : Film und Krieg, Bouvier, H. Grundmann, Bonn, 1998, 287 p. (ISBN 3-416-02778-7)
- (en) Geirr H. Haarr, The German invasion of Norway : April 1940, Annapolis, Md. : Naval Institute Press, Annapolis, Md., 2009, 474 p. (ISBN 978-1-591-14310-9)
- (en) Polish troops in Norway, a photographic record of the campaign at Narvik, published for the Polish Ministry of Information by M.I.Kolin (Publishers) Ltd. Londres 1943
- (fr) La Légion étrangère à Narvik (avant-propos du général de Gaulle), Flammarion, Paris, 1945, 157 p.
- (fr) Jean Mabire, La Saga de Narvik : combats au-delà du cercle polaire : printemps 1940, Presses de la Cité, Paris, 1990, 341 p. (ISBN 2-258-03147-8)
- (fr) Johann Waage, La Bataille de Narvik (traduit du norvégien par Raymond Albeck), R. Laffont, Paris, 1965, 264 p.
Articles connexes
Lien externe
- (fr) Narvik, première opération de débarquement (actualités cinématographiques 1940, ECPAD, 12 min, en ligne)
- Den tunge veien hjem fra krigen. 2018-10-01. Dagsavisen
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