Bataille d'Alicudi

La bataille navale d'Alicudi, aussi connue sous les noms de seconde bataille du Stromboli[1] et bataille de Milazzo[2], a lieu le , dans la mer Tyrrhénienne au large de l'île d'Alicudi, une petite île volcanique appartenant à l'archipel des îles Éoliennes, situé au nord des côtes de la Sicile. Elle oppose une flotte française commandée par Abraham Duquesne à une flotte hollandaise commandée par Michiel de Ruyter. Le résultat est indécis, même si les deux camps revendiquent la victoire.

Pour la première bataille du Stromboli, voir Bataille du Stromboli (1675).

Le contexte

Pendant la guerre entre la France et la Hollande, la ville de Messine se révolte contre les Espagnols. En 1674, soumise à un blocus, elle appelle à son secours le roi de France. Celui-ci accepte la demande et envoie une flotte sur les côtes de Sicile, avec Valbelle, 1675 avec Duquesne et en 1676 sous le commandement du duc de Vivonne. L'escadre bleue est alors commandée par Abraham Duquesne, la blanche et bleue par le chef d'escadre de Preuilly-d'Humières.

Le ravitaillement des révoltés doit être assuré par des convois, surtout de blé. Les Espagnols subissent plusieurs revers en essayant de s'opposer à ces convois.

Les Hollandais ont décidé de venir en aide à l'ennemi de leur ennemi et envoient une flotte en Méditerranée, sous le commandement de l'amiral Ruyter. Dans la lettre du 26 juillet 1675 que le Stathouder Guillaume III adresse à Ruyter, il lui donne l'ordre d'aller trouver :

« ...l'armée navale d'Espagne, afin que celle-ci étant jointe à la flotte des Etats, elles allassent ensemble, avec la bénédiction de Dieu, faire rentrer Messine sous l'obéissance du roi d'Espagne. »[3]

Mais la campagne manque de véritable intérêt pour les Pays-Bas et la flotte hollandaise est faible et mal équipée. Michiel de Ruyter est un adversaire du Stathouder dans les politiques internes des Pays-Bas et c'est à cause de cela que c'est lui qui reçoit l'ordre de commander cette flotte : tous les deux savent que c'est une mission impossible.

Sur place, Vivonne décide de s'emparer d'Augusta, centre de ravitaillement espagnol et base intéressante pour surveiller la côte méridionale de Sicile. La place est capturée le 12 août 1675.

Le 20 décembre 1675, les Hollandais arrivent à Milazzo.

Les forces en présence

France

Pays-Bas - Espagne

  • 1re escadre
    • Provincie van Utrecht 60 (Jan de Jong)
    • Vrijheid 50 (Adam van Brederode)
    • Gouda 76 (Vice-Admiral Jan den Haen)
    • Wakende Boei 46 (Cornelis Tijloos)
    • Edam 34 (Cornelis van der Zaan)
    • Kraanvogel 46 (Jacob Willemszoon Broeder)
    • Rouaan 8 (senau, Willem Knijf)
    • Roos 8 (senau, Juriaan Baak)
    • Sint Salvador 6 (brûlot, Jan Janszoon Bont)
    • Witte Tas 4 (navire de charge, Adriaan van Esch)
  • 2e escadre
    • Steenbergen 68 (Pieter van Middelandt)
    • Leeuwen 50 (Frans Willem, Graaf van Stierum)
    • Eendracht 76 (Luitenant-admiraal Michiel de Ruyter)
    • Stad en Lande 54 (Joris Andringa)
    • Zuiderhuis 46 (Pieter de Sitter)
    • Leiden 36 (Jan van Abkoude)
    • Tonijn 8 (senau, Philips Melkenbeek)
    • Kreeft 8 (senau, Wijbrand Barendszoon)
    • Salm 4 (brûlot, Jan van Kampen)
    • Melkmeisje 4 (brûlot, Arent Ruyghaver)
  • 3e escadre
    • Oosterwijk 60 (Jacob Teding van Berkhout)
    • Harderwijk 46 (Mattheus Megang)
    • Spiegel 70 (SbN Nikolaas Verschoor †)
    • Essen 50 (Gillis Schey) - Sunk
    • Damiaten 34 (Isaac van Uitterwijk)
    • Groenwijf 36 (Jan Noirot)
    • Ter Goes 8 (senau, Abraham Wilmerdonk)
    • Prinsen Wapen 8 (senau, Hendrik Walop)
    • Jakob en Anna 4 (brûlot, Dirk Klaaszoon Harney)
    • Zwarte Tas 4 (Jacob Stadtlander)

Le combat

L'approche des Français est annoncée à Ruyter par des feux allumés sur les îles Lipari. Le 8 janvier au matin, les deux flottes sont en vue l'une de l'autre, à une vingtaine de lieues[4] au nord des côtes siciliennes.

Le vent, changeant, et faible, est passé à l'ouest. Les deux flottes courent au sud-ouest (en direction de Palerme) ; elles sont écartées d'une lieue et demi[5]. Les Français ont l'avantage du vent et peuvent donc choisir le moment de l'attaque.

À neuf heures, les Français attaquent. Les deux lignes se canonnent. Les dégâts causés aux mâtures obligent certains navires à quitter momentanément la ligne pour effectuer des réparations d'urgence, mais cela ne remet pas en cause l'ordre des 2 lignes.

Les Français utilisent 3 de leurs brûlots, mais sans résultats[6].

Au soir, les galères espagnoles essaient de canonner Le Sceptre de Tourville qui riposte en utilisant les pièces de 36 livres de sa batterie basse[7]. Les galères n'insistent pas et se contentent de prendre en remorque 2 des navires hollandais.

Au soir, les Hollandais continuent sur leur cap ; les Français virent pour repartir au nord-est, vers le Stromboli.

Les suites du combat

Cette bataille indécise n'apporte aucun résultat stratégique. Les deux camps clament victoire, mais il faudra attendre les rencontres suivantes, Agosta et, surtout, Palerme, pour que la victoire soit acquise aux armes du Roi-Soleil.

Notes et références

  1. En référence à la première bataille du Stromboli, qui a lieu le 11 février 1675.
  2. Michel Vergé-Franceschi, article « Alicudi » in Dictionnaire d'Histoire Maritime [réf. incomplète]
  3. Cité par A. Jal, page 190 (tome 2).
  4. Il s'agit de lieues marines, valant chacune 3 milles marins.
  5. Ce qui fait environ 8 kilomètres, donc largement hors de portée de canon.
  6. Les 2 attachés à l'avant-garde et l'un du corps de bataille.
  7. Relation de Valbelle, dans E Sue, p. 78.

Voir aussi

Bibliographie

Il n'existe que peu de travaux détaillés récents consacrés à cette bataille. À défaut, on pourra se reporter aux ouvrages suivants :

  • Ernest Harold Jenkins, Histoire de la Marine Française, Paris, 1977 (ISBN 2-226-00541-2)
  • R. Jouan, Histoire de la Marine Française, Paris, 1950,
  • Michel Vergé-Franceschi, Abraham Duquesne, huguenot et marin du Roi-Soleil, Paris 1992 (ISBN 2-7048-0705-1).
  • Philippe de Villette-Mursay, Mes campagnes de mer sous Louis XIV, Tallandier, 1991 (ISBN 2-235-02047-X). Souvenirs d'un participant au combat. Les notes apportées par M. Vergé-Franceschi sont particulièrement bien fournies.
  • Maurice Dupont et Étienne Taillemite, Les guerres navales Françaises du Moyen Âge à la guerre du Golfe, Paris, SPM, coll. « Kronos », , 392 p. (ISBN 2-901952-21-6), p. 92-94
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, notice BnF no FRBNF35734655)
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
  • John A. Lynn, Les guerres de Louis XIV, Paris, éditions Perrin, coll. « Tempus », , 561 p. (ISBN 978-2-262-04755-9)

Les ouvrages anciens sont les plus détaillés.

  • Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
  • Charles La Roncière, Histoire de la Marine française : La Guerre de Trente Ans, Colbert, t. 5, Paris, Plon, , 822 p. (lire en ligne) ;
  • V. Brun, Guerres maritimes de France (port de Toulon) ;
  • Léon Guérin, Histoire maritime de France ;
  • Auguste Jal, Abraham Duquesne et la marine de son temps, 2 volumes, Paris ;
  • Charles Chabaud-Arnaud, Études historiques sur la marine militaire de France, in Revue Maritime et Coloniale, janvier 1889, pages 67 et suivantes. Ce document est consultable sur le site Gallica de la BNF.
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